L'article


Le fanzinat est un milieu très particulier, en effet, loin des conventions et des normes imposées par la presse mondaine (nous considérerons que Rock Hard ou encore Metallian sont des magazines populaires), les personnes qui bossent comme des fous pour proposer ne serait-ce qu’un numéro par an sont des passionnés, et prouvent par leur investissement tout leur amour pour la musique metal. Aujourd’hui, on va s’intéresser à In Extremis, fanzine français, œuvre d’un homme qui n’a pas la langue dans sa poche. Nous n’allons pas nous épancher sur les opinions en marge de la bien-pensance clairement assumées par le monsieur, qui transparaissent malgré tout (on ne peut pas ne pas en parler) en filigrane au travers de la lecture, mais nous allons plutôt nous concentrer sur le contenu. In Extremis est un fanzine consistant, avec de nombreuses chroniques et des interviews divertissantes.



En format A5 noir et blanc, le credo du zine, c’est le death et le black sous toutes leurs formes et leurs dérivés. Le heavy metal et le thrash sont aussi fièrement représentés. Niveau look, ce petit canard a de la gueule. Déjà, les nombreuses illustrations sont discrètes mais alimentent agréablement la lecture. Ensuite, la police d’écriture malgré sa petite taille, rend le tout bien lisible, et cela s’avère nécessaire car du texte, il y en a et pas qu’un peu. En effet, les chroniques sont très détaillées, il y a vraiment de quoi s’en mettre sous la dent mais le style utilisé (nous y reviendrons plus tard) permet vraiment de rentrer dans le texte. L’ensemble possède un gros côté DIY, et la thématique morbide, occulte et satanique des dessins donnent du charme à l’ensemble. On s’imagine lire un truc complètement confidentiel, et cela ajoute encore un plus au délire.

Pour en revenir aux chroniques, elles se déclinent de la manière suivante, les CDs et vinyles, les K7 et les autoprods, puis les chroniques d’autres fanzines. Tout est noté sur 5, selon un système de pentagrammes (un peu comme les bombes chez Metallian). 5 pentagrammes, c’est la grande classe, aucun, c’est la loose. Le chroniqueur est franc, brut de décoffrage. Si ça lui plaît, il saura se montrer clément, mais si le disque ne l’a pas emballé, il déballe son sac avec un humour délicieux. Mais attention, ça n’est jamais gratuit et vous aurez toujours une description en détail expliquant pourquoi tel disque lui convient, pourquoi celui-ci ne lui plaît pas. Ainsi, il transparait une honnêteté bienvenue tout au long du fanzine, et ça fait plaisir car de nos jours, bon nombre de chroniqueurs s’interdisent le jugement personnel. Là, ça y va à fond, ça n’est même que ça, nous avons droit à l’impression digérée du chroniqueur, qui témoigne son ressenti à chaque intervention. On sent vraiment qu’il a écouté les disques avec attention et qu’il s’en est clairement imprégné. Le bonhomme a une sacrée culture du metal, et fait souvent des comparaisons et des parallèles toujours pertinents et judicieux. Ainsi, si vous êtes en recherche de références pour élargir votre culture metallique, In Extremis a de quoi vous rassasier.



Le niveau de langage, bien que familier, est très soigné. De nombreuses métaphores aussi drôles que pertinentes permettent de mieux cerner le propos du chroniqueur, qui ne se dégonfle pas, même lors des interviews. En effet, on sent une volonté de sa part de poser les questions qu’il se pose réellement lui-même, au risque de parfois froisser ou heurter son interlocuteur. Encore une fois, le ton employé associé à tous le reste confère à In Extremis une personnalité qui rend le truc assez unique. Personnellement, en tant que chroniqueur, ces chroniques sont inspirantes car elles mêlent humour, culture et opinions authentiques. Après, il est utile de préciser que les valeurs personnelles et politiques du monsieur risquent de déranger une partie du lectorat. Il n’y a aucune propagande ou quoi que ce soit d’autre, rassurez-vous, mais In Extremis affiche clairement ses idées.

Le fanzine aborde tout particulièrement la scène black metal francophone, française et canadienne. Il y a donc beaucoup de chroniques et d’interviews de ce genre, mais In Extremis n’en exclut pas pour autant le reste, death, pagan, folk, heavy, thrash, de tous horizons. Au fil de la lecture, on peut découvrir, grâce à l’appétit insatiable de la tête pensante d’In Extremis, ce chercheur de sensations auditives à tendances bestiales, des albums récents, ou d’autres références qui arpentaient depuis belle lurette le circuit underground. Une bonne soixantaine de pages pour plus d’une centaine de chroniques, ajoutées à une grosse dizaine d’interviews, c’est vraiment du luxe pour seulement 2.50 port compris (attention, le zine est désormais passé à 5.00 par chèque et 5.50 avec PayPal, mais franchement, je trouvais que 2.50 ce n’était pas cher pour la qualité du bousin !).


Trrha'l
Juin 2019


Conclusion
Le site officiel : www.inextremisfanzine.wordpress.com