L'article


"The Spirit Of The Beast"

Article rédigé par Braindead


LORDI était de passage le 13 Février, un évènement qui s’est déroulé au Hard Rock Café, une conférence de presse particulièrement animée et bon enfant pour un groupe à part sur la scène metal internationale. Une occasion de réaliser la biographique des "monstres" finlandais sous forme de dossier carrière.



Il y a dix sept ans, Tomi Petteri Putaansuu alias M. Lordi enfantait un des projets les plus bandants du shock rock moderne, rejeton auto-proclamé de Kiss (il est le président du fan club finlandais), Osbourne, Cooper et consorts. M. Lordi, qui doit son surnom à sa grand-mère (rock’n’roll rules), est ce qu’on appelle un touche à tout.
Diplômé en réalisation cinématographique, le Finlandais natif de Rovaniemi, sait jouer de nombreux instruments, ce qui le décida à enregistrer un premier album solo (après quelques démos plutôt concluantes) en 1999 ; "Bend Over And Pray The Lord" dans lequel nous retrouvons des influences appuyées aux sources d’inspiration bien connues qui deviendront la marque de fabrique de LORDI et un genre à part entière (génération Gwar), le "Monster Metal".
Désireux de s’épanouir pleinement dans sa créativité, il mit de côté sa carrière cinématographique où il excellait dans le story-board publicitaire et… le maquillage, au profit de la musique où le concept "Lordi" lui permit de concilier les deux arts (réalisation des covers, costumes…).
Souhaitant professionnaliser son projet, M. Lordi profita d’un concert de Kiss, pour recruter d’autres membres. Un groupe était né.



Malgré les difficultés inhérentes au genre à trouver un label, les costumes (dont la première version fut inspirée du film Evil Dead) n’arrangeant rien au problème d’étiquetage, mais la persévérance de LORDI paya, le combo sortit un single (resté dans le top 10 des charts finlandais, dix semaines durant), puis l’album "Get Heavy" (disque de platine) sous l’égide de Drakkar, petit label allemand.
2002 fut l’année de la révélation, dès lors le succès sera au rendez vous.
"The Monsterican Dream" en 2004, disque d’or, "The Monster Show en 2005", compilant les deux premiers albums, gros succès mais également un symbole pour M. Lordi.
Gene Simmons, bassiste de Kiss rencontré lors d’un concert, est directement intervenu auprès de la maison de disques Sanctuary Records, pour qu’elle signe ce troisième album, offrant à LORDI une distribution mondiale. Une consécration suivie d’une grande tournée européenne puis d’un premier changement de line-up.



L’avènement sur la scène Internationale se concrétisera un an plus tard et de la façon la plus surprenante, les responsables de l’Eurovision finlandais ayant demandé au groupe de représenter leur pays au concours annuel. Premières vagues de protestations et une promotion inespérée. La polémique enfle notamment chez des groupes religieux qui assimilent LORDI à des représentants du diable (ce qui est totalement grotesque dans la mesure où le combo apparente le Malin à un looser dans un single en 2003).
Malgré la pression des conservateurs, la délégation finlandaise persiste jusqu’à cette finale 2006 où le monde découvrit à travers leur titre fédérateur "Hard Rock Hallelujah", que l’on pouvait remporter l’Eurovision sans pour autant faire de la pop à Papa.
Plus qu’une victoire (une première pour la Finlande), un bouleversement des mentalités qui a vu les juges grecs, pays où les religieux se sont pourtant montrés les plus véhéments à l’encontre du groupe, attribuer la note maximale.



Une allégorie poussée à l’extrême par le comportement puéril et très limite du présentateur has been français Michel Drucker.
Non content de tenir des propos insultants à l’encontre de la Finlande, l’homme, connu pour son étroitesse d’esprit et oubliant quelque peu son parcours personnel (essentiellement les jugements hâtifs liés aux différences) se permet même de parler durant l’interprétation du titre et juger les amateurs de musiques extrêmes (d’où une manifestation improvisée devant France Télévision), un acte que LORDI ne digèrera pas.
Sept ans après, le groupe a pardonné au présentateur français, expliquant avec beaucoup de philosophie que c’est épisode leur aura apporté une com' des plus appréciables. Toujours très positif dans leur façon d’appréhender les évènements, le groupe juge cet épisode comme un coup médiatique, honoré d’être reconnu dans son propre pays, mais déconseille néanmoins aux groupes de rock de participer à cette émission, sûrement par souci de crédibilité.
A l’issu de cette victoire, 70000 personnes reprendront le titre "Hard Rock Hallelujah" le 26 Mai 2006 à Helsinki, record du monde de karaoké à ce jour.



Désormais mondialement connu, LORDI sort la même année "The Arokalypse", distribué également en Amérique et au Japon, totalement accroc à leurs costumes.
Peu de temps après, l’imagerie riche et féconde de M. Lordi lui permit de réaliser son rêve, designer et participer à un authentique film d’horreur old shool, Dark Floors, où les membres du groupe jouèrent leurs propres rôles. Peut être pas un chef d’œuvre, mais une déclaration d’amour sincère au genre (sans compter Kin en 2004, court métrage inédit dans nos contrées).
Dans la foulée sort "Deadache", quatrième album du groupe dont le single "Bite It Like A Bulldog" arriva en tête des charts finlandais. Une tournée internationale suivit.
Deux ans passèrent avant la sortie du nouvel album "Babez For Breakfast", sur lequel LORDI accomplit son rêve de travailler avec une de ses idoles, l’ex-guitariste de Kiss, Bruce Kulick (dont la petite histoire veut que M. Lordi désinhibé par l’alcool et au culot, proposa cette collaboration à Kulick lors d’un festival). Deux titres furent créés, mais un seul a été gardé pour l’album.



Dopé par cet évènement, le groupe fit de nouveau une tournée "Europe For Breakfast", y compris en France, malheureusement interrompue par le départ du batteur Kita, remplacé par Otus qui décédera deux ans plus tard.
Après un ultime changement de line-up (la magnifique claviériste Awa), LORDI sort "Beast Or Not To Beast", dernier album en date au titre évocateur, sorte d’emblème pour un groupe authentique qui aura su conservé cette authenticité, gage de fraicheur créative et d’intégrité qualitative qui fait défaut à de nombreuses formations reconnues.
Un univers très geek, chaque show représentant le point 0 entre la théâtralité d’un Cooper et la pyrotechnie d’un Kiss, des rencontres, une ferveur populaire sincère malgré les attaques incessantes d’intégristes leur reprochant un penchant pour le satanisme des plus ridicules (M. Lordi faisant lui-même partie d’une église), finalement le vecteur énergétique d’un groupe plus enclin à véhiculer une imagerie de films d’horreur tendance drive-in, fun et positive, aux antipodes du nihilisme dont leurs détracteurs les accusent. Pour preuve, l’existence de produits dérivés très sympathiques, bonbons, pétards, comics et même Lordi Cola…



Le restaurant créée par Tomi, le Lordi’s Rocktaurant a également très bonne presse en Finlande.
Une réussite programmée dans l’anonymat, les cinq membres ne se montrant jamais en public sans leurs costumes (qui atteignent les 50 kilos et évoluent à chaque album) contrairement à Slipknot qui ont fait leur coming out facial depuis un moment, et gare aux médias trop curieux, le magazine ayant révélé le visage de M. Lordi s’est vu boycotté par une bonne partie du pays, prouvant ainsi l’importance d’un groupe emblématique.
LORDI sera de retour en France au Hellfest le 23 Juin prochain. Une date à ne pas rater.



Conclusion
Le site officiel : www.lordi.fi