L'article

THE CNK - TOUR REPORT
18/03 au 24/04/11


Tour report rédigé par Lenore


On va tenter un Tour Report un peu original, en effet, je ne connais pas THE CNK, je les ai écoutés pour la première fois le 18 Mars 2011, lors de leur date à Paris, au Glaz’art. Et c’est suite à la rencontre avec le groupe lors de multiples soirées que j’ai décidé de les suivre sur une partie de leur tournée.
Commençons donc avec ce fameux soir à Paris :



Hreidmarr - Backstage Paris                                                                

Je rate la première partie Argentum Mori, et arrive donc pour la fin du concert d’Herrschaft et pile à l’heure pour le changement de plateau pré-CNK. L’audience a alors le privilège d’entendre, et ce pour la première fois en ce début de tournée, le mix de pré-concert concocté par l’ami Doug Montmartre (nocast.org). C’est donc sur un enchaînement noïsy de Morsay, Britney Spears et autre 25G que l’équipe du groupe met en place la scène et ses décors à base de drapeaux pas rigolos. Forcément cela en étonnera plus d’un, le public étant sensiblement plus habitué aux musiques d’ambiance en 7/4 de "metal treu-treu" lors des changements de plateaux.

L’écran placé sur le côté de la scène n’aidera pas spécialement à apprécier l’excellent video-show concocté par Valnoir, et le décérébré hurlant "Moi aussi j’aime Hitler !" lors de la diffusion d’un extrait d’un discours de Klaus Kinski n’améliore pas l’humeur.

Le dernier concert Parisien du Klub lors du Dark Castle Festival constituait le baptême du feu de Zoé, remplaçant Valnoir à la basse. Sept mois plus tard, on sent qu’il a bien pris en assurance, et pour leur premier concert à Paris en tête d’affiche, ils avancent en terrain conquis. Prenant le public à rebrousse-poil avec leur attitude hip hop militariste, les quatre droogies ne sont clairement pas là pour faire plaisir. Ils exposent. Si vous ne suivez pas, tant pis, et si vous suivez… Tant pis aussi ! Le groupe assène sa musique plus qu'il ne la joue, déflagration de violence impériale qui met la ville à genoux. Au rayon "séquence émotion", Hreidmarr dédicace "Everybody Knows" à sa "future ex-femme" (sic). Explosant sur un "Too Fast For Love" final d'une rare flamboyance, le gang quitte la scène sous un tonnerre d'applaudissements, après un slam de Hreidmarr, quelque peu forcé par le public.

Après le show, les choses se corsent, un after bucolique se met en place chez un fan un tantinet entreprenant, passionné d’aluminium (symbolisant le... euh… metal, selon lui) et de CNK, qui crève d’envie de montrer au chanteur du groupe ses autels et autres murs-musées à la gloire de la bande. C’est donc une traversée chaotique de Paris plus tard, que l’on se retrouve chez lui le ventre noué, les bouteilles à la main et les yeux écarquillés. Trop.

Quelques heures de beuverie plus tard, retraversée de Paris pour un rendez-vous autour du camion de Diego Negative, le chauffeur / roadie, guitariste de Sickbag de son état : 11h sur le pont pour partir à Amiens, gueule de bois et camembert étant du voyage.



Hreidmarr - Amiens

Le groupe est en forme et satisfait du live de la veille, malgré quelques problèmes techniques qui ne devraient pas se reproduire ce soir. On arrive donc à La Lune des Pirates, salle Amiénoise chic et classe, pour les balances, certains accusent un peu plus la cuite de la veille que d’autres. Ceci dit, les CNK ont du temps devant eux pour se remettre, ne jouant qu’à 23h, après deux groupes locaux (Kernaoth, Moonwrath). Par décence et pudeur, nous ne commenterons pas leurs prestations, indulgents que nous sommes.

Pendant ce temps-là, le groupe se pomponne…



Backstage Amiens – Zoé, Heinrich von B – Hreidmarr

C’est donc la soirée bien avancée et dans une salle pleine que le groupe entre en scène, un peu stressé, pressés de faire encore mieux que la veille.

Pour le reste, la prestation du groupe est exemplaire, et malgré un petit souci de voix, Hreidmarr s’en sort à merveille. Le show est parfait, les vidéos concoctées par Metastazis, le graphiste du groupe sont toujours aussi efficaces et, malgré un public semi mort / semi priapique du bras, on sent que le groupe prend plaisir à être là. Comme à Paris, Rose scande "Est-ce que vous aimez le Hip Hop ?!", et comme prévu, le public hurle sa désapprobation. En réponse, ils auront le droit à un sec "Ben nous, si ! Tant pis pour vous !", et c’est parti pour la reprise de "Sabotage" des Beastie Boys. Peu importe qu’ils aiment ou pas, de toute façon ils n’ont rien compris.



On finit après une heure de photos et dédicaces autour de fans pour le coup bien grillés, bien gratinés. Autrement que par leur musique, je découvre CNK et ce qu’ils transmettent au public. Force est de constater que le public n’a pas l’air d’y entendre grand-chose. Mais qui sont ces gens ?



On rentre à l’hôtel, toujours embarqués par Diego. Le roadie, tombeur grande classe arrive à ramener deux filles à l’hôtel. Je vous laisse deviner la suite : du sexe, du fun, de l’élégance : en bref, du rock ’n’ roll. On pourrait penser que le charisme de Hreidmarr et les tatouages de Diego auraient raison de ces deux nanas passablement pompettes, mais non, c’est le sourire aux lèvres que Diego s’acharne à raconter des histoires de plus en plus glauques, suggérant qu’il pourrait sans scrupules baiser une morte, tandis que Hreidmarr, vidant ses shooters de Jagermeister, préfère leur annoncer comment il pense finir la soirée. Suite à cette nuit quelques peu agitée et vraiment pas glorieuse, les minettes reparties péniblement en taxi, l’ami Diego nous ressort un mot hélas trop peu usité : "Maussade...". Ce sera le mot clé pour la suite de la tournée.




En entracte, je vous propose une compilation de quelques brèves de tournée (pêle-mêle, alain chabat style) :

"Ouais, ouais, ouais… le rock 'n' roll c'est bien joli... Tu iras en parler à mon gynéco !"

"C'est la première fois que je vois un groupe nazi, mais j'ai bien aimé hein !"

"Le show était bien... mais le fusil à la fin, c'est NUL"

"T'es pourtant pas une lumière hein, mais avec le spot que t'as sur la gueule, je comprends que tu dragues la lighteuse !"

"Je l'ai retourné toute la nuit ! Mais au fait... c'était laquelle ?"

"Ca pourrait être ta mère !"
Réponse de l’intéressée : "Oui c'est vrai !"

"Je veux sucer une queue, donnez-moi une queue ?"
"Oui donnez-lui une queue comme ça on l’entendra moins !"


"La sueur dilate les pores de la peau, c'est pour ça que les gros ont beaucoup de barbe."

"Dans les chiottes, le son était super bon !"

"J'ai pas un putain d'herpès, c'est une croûte !"

Et on reprend ! C’est quelques semaines plus tard, à Lyon, et plus précisément au CCO de Villeurbanne que l’on retrouve CNK, cette fois-ci accompagné sur la route par l’imposant tour bus de Loudblast, qui embarque dans la foulée leurs congénères de Destinity. CNK revient de Suisse, quelques nouveaux accessoires trônent dans le van (Soutien-gorges accrochés aux rétros et chapeaux chargés d’histoires, mais nous en reparlerons plus tard).

Ratant tout le concert à cause d’un malencontreux retard, je n’ai rien à raconter. Mais pour le coup, je n’ai pas loupé une seule miette de l’after. Les CNK n’ont rien trouvé de mieux que de passer la soirée sur le toit de l’Etap Hotel, entre un flacon de méthadone et un vieux kébab humide (après avoir retourné le bus des Louds à grand coup de rap gitan, de mauvaise vinasse et de diverses substances plus ou moins légales). Maussade. Tour à tour, à chaque coup de grâce, les membres du groupe s’échangent un vieux chapeau de paille, frappé du "In God we Trust" ricain et du "Born to Kill" kubrickien : "le chapeau de la honte", subtilement volé lors de leurs dates en Suisse, pays qui a l’air d’avoir subi le plus d’outrages sexuels et "autres" de la part du Klub. "Normal, c’est un pays neutre", expliqueront-ils plus tard, benoitement.





Episode maussade donc, et le lendemain, c’est avec un léger mal de crâne et beaucoup de soleil que le groupe reprend la route tranquillement en direction de Nantes, pour leur concert suivant, au Ferrailleur, dit "la feraille". Pour cette date, on prend les mêmes, et on recommence (Loudblast et Destinity). Dans le van du Klub, ça balance de la vieille vanne, regarde American History X, boit de la chartreuse concentrée pour hommes, et danse sur du Lady Gaga. Pour le rock ’n’ roll, rappelons-le.




On arrive à Nantes donc pile poil pour l’heure de l’apéro, somme toute le leitmotiv du groupe, qui retrouve pour l’occasion Martin, leur tourneur de N-Syndicate. La soirée se passe grassement s’achevant sur un coma de l’ensemble du groupe et de leurs techniciens. Hreidmarr inventant sur le coup un nouveau concept : "Comment saboter sa propre soirée quand on commence à devenir lourd : deux xanax, un whisky, et au lit". Genius indeed.

Rendez-vous donc, frais comme des gardons, le lendemain au Ferrailleur pour les balances, sous une chaleur insupportable. A noter toutefois que Hreidmarr, qui semble avoir la poisse comme personne, arrive à perdre l’usage de son doigt sur le trajet. Forcément, Heinrich s’étant stratégiquement appliqué à refermer la lourde porte du van sur la main de son chanteur… Maussade, toujours. Effectivement, il avait beaucoup plus de classe ensuite, arrivant en interview arborant un t-shirt Truand2laGalère et un pansement ridicule, ou lors du maniement de son énorme kalachnikov durant les shows, le doigt toujours enrubanné dans sa poupée. On remarquera qui porte le plus régulièrement le chapeau de la honte.



Le concert Nantais se déroule comme les autres, un public au rendez-vous, un show bien léché qui impressionne toujours autant, en bien comme en mal. Le groupe est content et se laisse donc gaiement embarquer par Loudblast dans une after sur les quais de Nantes, finissant l’alcool des loges du Ferrailleur et faisant des concours de pisse. La routine quoi. On perdra quand même dans l’affaire le chanteur du groupe, qui, je cite "ne veut pas partir à l’hôtel", soit, on le laisse dans le tourbus des Loudblast, craignant un peu pour sa survie. Apparemment c’est avec beaucoup de mal de fait, mais le pouce toujours en l’air que CNK retrouve son compatriote le lendemain à Niort, en boule dans un coin du bus. C’est parti pour la suite et fin de tournée, avec un passage très maussade à Toulouse, dans une salle des fêtes miteuse, qui achèvera subitement le moral du groupe, avant le début du concert ou finalement, miracle, le public, s’avère frappé et surtout au top.  Le groupe retrouvait d’ailleurs pour cette date ses kamarades de Varsovie, rejoints pour l’occasion par Hreidmarr sur leur tube "Etat d’Urgence".

La tournée se terminera en apothéose : le concert à Limoges avec Enslaved, une affiche canon, et surtout un after dans l’ancien bar tenu par Hreidmarr : “L’Arkange”, dans lequel vous auriez pu entendre Enslaved chanter leur hymne national a capella, ou encore les membres du groupe vomir tour à tour, ayant encore bu plus que de raison, mais surtout subissant le contrecoup d’une dizaine de jours de tournée, et une tournée CNK, ça fait mal.

Laissons le mot de la fin à Zoé, poète du bitume et éphèbe blond de la route :

"Il est 6h du matin.

Doug, notre pilote, dort. Hreidmarr éructe dans le van, Fabrizzio veut se taper une grosse soirée en arrivant, et nous roulons vers Paris. Malades, surexcités, éteints, nous avalons les kilomètres dans les états les plus hétéroclites qui soient. Un Camaïeu d'humeurs, un parfum d'effroi et des vapeurs d'illégalité. Si vous croisez un van sombre marqué TERREUR, c'est nous.

Une fin de Tournée qui chante, merci à tous ceux qui sont venus à notre rencontre sur la route. Nos tranchées n'ont pas finies d'être creusées au travers de la France et de l'Europe.

THE CNK DO YOUR SHITTY TOWN !"