Ah là là, quand on évoque le Texas, forcément on pense flingues, cow-boys, JR Ewing, Sue Ellen mais pas seulement, les fans de black metal occulte vous diront que c’est aussi ici qu’est née l’une des formations les plus intéressantes des années 90, à une époque où les noms d’Immortal, Impaled Nazarene, Marduk ou encore Necromantia faisaient la fierté du label Osmose Productions… Merde, ça nous rajeunit pas tout ça ! Et oui car ce début d’année voit Absu revenir sur le devant de la scène, et croyez moi quand je vous dis qu’ils sont fermement décidés à reconquérir la place qu’ils occupaient, car après 7 ans d’absence, les Américains ne sont pas venus les mains vides… Je dois avouer avoir ressenti une certaine curiosité "malsaine" pour ne pas dire d’excitation à l’idée d’entendre le résultat, et ma foi, qu’il est bon de retrouver un grand groupe des 90’s en aussi bonne forme, c’est bien simple Absu nous revient plus fort, plus dévastateur que jamais !!!

Oubliés les passages parfois brouillon d’antan, non pas que les compositions aient perdu de leur complexité, au contraire, elles n’ont jamais sonné aussi riches, non la vraie performance vient plutôt du fait que même dans les parties les plus chargées, chaque instrument sonne juste et à sa place ! Les Américains se payent même le luxe d’inclure des parties très techniques qui se fondent à merveille dans les compos et n’alourdissent en rien leur fluidité ; la fluidité, la vitesse parlons en les morceaux sont habités d’une fougue, d’une furie qui dévaste tout sur son passage. Direct la piste 1 pose la barre très haut, une parfaite tuerie, épique à souhait... mais heureusement il ne s’agit pas d’un coup de chance car tout au long de l’album, le groupe réitéra ses prouesses sur des compos tantôt plus brutales, tantôt plus atmosphériques en parvenant a instaurer un niveau constant…

La piste 2 fait la part belle à des guitares qui chantent, qui filent sur un tempo élevé et qui m’ont notamment fait penser à Morbid Angel ou à Nile pour cette savante alchimie entre feeling et technique, ambiance et efficacité. La piste 3 titrée "Amy" est par exemple un très bon exemple de l’art pratiqué par Absu, une savante osmose de black / thrash occulte qui n’aurait pas oublié d’être mélodique et efficace. Non, franchement le niveau est bon, très bon même, les guitares font des merveilles, elles fusent à toute allure bien sûr mais nous offrent aussi des moments de bravoures lors de solos intelligemment amenés. L’écriture est inspirée et le groupe nous distribuent ici sans doutes parmi les meilleurs riffs de son histoire et les rythmiques sont diaboliquement efficaces. On entend même ici et là des petites inspirations typées "orientales" que n’aurait pas renié Nile, c’est vous dire !

Les parties de synthés sont majoritairement peu présentes mais cette présence subtile des claviers confère aux compos une atmosphère grandiose et atmosphérique, tout en contribuant à évoquer les ambiances ésotériques et rituelles si chère à Prosciptor McGovern (occultiste de son état). J’en veux pour preuve le titre 6, (un véritable petit chef d’œuvre !) dont le nom réjouira les vieux de la vieille car en effet, en effet Absu est toujours atteint du syndrome des titres à rallonges. Le chant sonne comme du Absu pur souche, un chant assez aigu, si caractéristique de son leader, une signature vocale reconnaissable entre mille… Autant vous dire que les fans apprécieront, quant aux autres, à eux de se faire un jugement ! La grande absente de cette prod sera comme souvent la basse, quasiment noyée dans la tempête qui inonde nos oreilles. La batterie quand à elle est d’une présence sans faille, tantôt hyper speed, tantôt martiale, tantôt plus modérée ! Il faut voir les rythmiques et blast beats que nous envoie Proscriptor à la gueule, c'est parfois tout simplement époustouflant, écoutez attentivement le titre 5 par exemple, qui sous ses petits airs "speed / thrash" s’avère une pure démonstration de batterie ou McGovern se lâche d’une manière bluffante… Difficile de ne pas avoir le souffle coupé !

Enfin dernière précision, aux grandes occasions les grands moyens, les Américains se sont fait plaisir en invitant plusieurs guests pour célébrer leur come-back, et croyez moi la liste est longue, jugez plutôt par vous-mêmes : Ashmedi de Melechesch, Blasphemer de Mayhem, Nornagest d’Enthroned ou encore David Harbour de King Diamond, j’arrête là et pourtant ce n’est pas fini ! En définitive, voila une galette assez ambitieuse dans son contenu, et aussi dans ce qu’elle symbolise, un retour aux sommets par 8 ans d’absence. J’en viens à penser que plusieurs écoutes s’avèreront nécessaires afin d’en capter la précieuse essence et toutes les subtilités qu’elle contient. Alors ok, 8 ans d’absence c’est long certes mais ça valait la peine d’attendre quand on voit la qualité, la maîtrise du groupe sur ce nouvel opus. Un chef d’œuvre ? Sans nul doute, en tout cas une pièce maîtresse dans la discographie déjà qualitative des blackeux Américains… The Tyrant Rises Again !!!

(PS : J'ai déjà dû écouter cette galette une bonne demi-douzaine de fois sans que la lassitude apparaîsse, au contraire, chaque écoute révèle des petites surprises que j'avais omises, avouez que c'est plutôt bon signe non ?)