Le groupe
Biographie :

Abyssic est un groupe de doom / death metal symphonique norvégien formé en 1997 (ex-Abyssic Dreams) et actuellement composé de : Memnoch (chant, guitare, basse / Susperia, ex-Lost In Time, ex-Metadox, ex-Vanaheim, ex-Seven Sins, Antiqva, Art Of Departure, ex-Black Comedy, ex-Old Man's Child), André Aaslie (clavier, orchestration / Funeral, Gromth, Images At Twilight, Profane Burial), Elvorn (guitare / Susperia, ex-Ringnevond, ex-Vanaheim, ex-Seven Sins), Makhashanah (basse, chant / ex-Sirenia, ex-Lazy) et Tjodalv (batterie / Gromth, Susperia, ex-Black Comedy, ex-Requiem, ex-Seven Sins, ex-Dimmu Borgir, ex-Old Man's Child). Abyssic sort son premier album, "A Winter's Tale", en Février 2016 chez Osmose Productions, suivi de "High The Memory" en Février 2019, et de "Brought Forth In Iniquity" en Octobre 2022.

Discographie :

2016 : "A Winter's Tale"
2019 : "High The Memory"
2022 : "Brought Forth In Iniquity"


Les chroniques


"Brought Forth In Iniquity"
Note : 19/20

Abyssic réveille à nouveau les ténèbres. Créé en Norvège en 1997 sous le nom d’Abyssic Dreams, le groupe change de nom en 2012 avant de signer chez Osmose Productions. Un premier album sort en 2016, un second en 2019, puis Memnoch (chant / contrebasse, Antiqva, ex-Old Man's Child, ex-Susperia), André Aaslie (claviers, Funeral), Elvorn (guitare, Susperia), Makhashanah (basse, ex-Sirenia, Asagraum en live) et Tjodalv (batterie, Susperia, ex-Dimmu Borgir, ex-Old Man’s Child) annoncent la sortie de "Brought Forth In Iniquity" pour 2022.

L’album débute avec le son inquiétant de "Cold As Winter Storm", une première composition à la fois majestueuse et violente qui laisse le groupe nous présenter ses différentes influences avant que le chant ne rejoigne le mélange. Des sonorités orchestrales imposantes accompagnent les hurlements massifs et les riffs lourds d’une façon incroyablement oppressante, rendant le son du groupe aussi sublime que pesant, en particulier sur la partie finale qui nous conduit à "Chronicle Of The Dead" et sa lenteur écrasante. Le contraste avec les claviers aériens est une fois de plus très intense, et si la rythmique s’apaise peu à peu, elle explose finalement d’un seul coup pour devenir encore plus puissante en intégrant parfois des leads entêtants, puis le titre laisse "Mirror Of Sorrow" prendre la suite en dévoilant des sonorités plus étouffantes et mystérieuses.

Le son proposera également de petites pauses plus douces avant de revenir à son agressivité brute et à sa noirceur originelle, tout en développant une mélancolie frappante avant que "Djevelens Lys" ne dévoile sa fureur sous une rythmique effrénée surmontée de sonorités martiales. Les riffs ralentissent pour laisser les ténèbres nous envahir, mais l’agressivité n’est jamais loin, et elle ne tardera pas à refaire surface pour frapper avec toute sa puissance. "Brought Forth In Iniquity", le dernier morceau, est une composition extrêmement longue de plus de dix-huit minutes qui laisse le groupe mêler son oppression lourde et sombre accompagnée de parties vocales imposantes et d’orchestrations majestueuses avec des coupures douces et envoûtantes qui nous laissent reprendre notre souffle avant de suffoquer à nouveau.

Abyssic possède une identité incroyablement contrastée. Entre le blackened doom / death des riffs et les orchestrations symphoniques majestueuses qui savent se montrer martiales, "Brought Forth In Iniquity" se place comme un incontournable de l’année.


Matthieu
Novembre 2022




"High The Memory"
Note : 14,5/20

Toute musique a une fonction. Le disco a pour vocation de faire bouger les fesses, les chorals de Bach permettent de se rapprocher de Dieu, Mayhem donne envie de brûler des églises et Type O Negative te permet de sacraliser ta nouvelle nana piercée / tatouée en te mettant dans un mood lovegoth qui mélange sexe et sentiments interdits. Abyssic, avec "High The Memory", a choisi de façonner une musique résolument désespérée pour plonger l’auditeur dans un état de léthargie profond grâce à une bande-son morne et accablante.

Pour synthétiser vite fait avant de rentrer dans les détails, cet album est lent, ultra lent, et pose des ambiances qui s’étirent indéfiniment, sur deux titres pendant 20 minutes, et plus de 10 minutes sur 2 autres. Le funeral doom death de Abyssic est… abyssal, là, on peut pas dire qu’il y ait tromperie sur la marchandise. 1h17 de musique pour 5 titres, c’est ambitieux. Le chant guttural se mixe à des guitares rugueuses sur fond de nappes de clavier qui font penser à Cradle Of Filth. D’ailleurs, on retrouve chez Abyssic des mecs qui sont passés par des groupes comme Dimmu Borgir, Borknagar, Sirenia, Susperia, Old’s Man Child, ou encore Ihsahn.

De par l’extrême lenteur des titres, on passe d’une plage du skeud à une autre sans s’en rendre compte, ce qui renforce la sensation d’un voyage musical dans une dimension où le temps n’a plus d’emprise. Niveau production, c’est très correct, le son est compact et quelques timbres insolites font office de lueur dans le brouillard ténébreux généré par ces Norvégiens déprimés. On s’imagine aisément les plaines du Mordor, sans âmes qui y vivent. Pour le coup, c’est plutôt réussi, mais le groupe a choisi de se manifester au travers d’une musique qui possède très peu de reliefs. Les alternances de passages calmes, comme ces accords de guitare sur le titre "High The Memory" qui me font penser au jeu Diablo II, apportent une certaine variété à la musique, mais l’album dans son ensemble est volontairement terne, à tel point qu’il faut vraiment être un grand amateur de doom / death funéraire pour véritablement apprécier. Vous connaissez le disque "Into Darkness" du groupe anglais Winter ? C’est une sorte d’album culte de doom / death sorti en 90, eh bien Abyssic s’inscrit dans la même veine, avec le côté symphonique en plus. On trouve aussi des ressemblances avec le groupe ukrainien Autumnia ou encore Camel Of Doom sans les influes modernes, voire même du Therion. La voix particulièrement profonde du chanteur est particulièrement efficace, on dirait un Uruk Hai mélancolique (oui, c’est pas très vendeur comme métaphore). Le chant n’est pas forcément très présent, il y a beaucoup de moments instrumentaux qui s’étirent sur de longues périodes et cela a pour effet d’effacer l’aspect structurel des compositions. Impossible d’identifier un refrain, un couplet, rien de cela n’existe chez Abyssic. Par contre, et c’est assez inattendu, "High The Memory" est aussi apaisant, de par sa linéarité.

Vous l’aurez compris, ce disque n’est pas à diffuser entre toutes les oreilles. Il faut vraiment être initié au funeral doom pour véritablement apprécier "High The Memory". Vous pouvez tout de même accrocher si vous êtes du genre à vous plonger dans l’écoute car cet album à un petit côté BO de film. Extrêmement lent, volontairement monotone, résolument orchestral, Abyssic colporte avec lui toute la froideur norvégienne ajoutée à un pessimisme profond. Si vous êtes rôliste, voici la bande-son idéale pour accompagner votre périple dans les méandres de l’œuvre de Lovecraft.


Trrha'l
Février 2019


Conclusion
Le site officiel : www.abyssic.com