Le groupe
Biographie :

Le groupe allemand Accu§er a été fondé, en 1986, dans la ville de Kreuztal en Allemagne et évoluant dans le sillage de la première vague de groupes allemands de thrash metal (Kreator, Destruction, Sodom). Le groupe evoluera rapidement passant d'un thrash metal rapide ("The Conviction" et "Experimental Errors") à un thrash metal plus technique à l'instar de ce qui se faisait dans la scène de la "Bay Area" de San Francisco ("Who Dominates Who?", "Double Talk" et "Repent"). En 1991, les deux guitaristes, Frank Thoms et René Schüt, tiendront les guitares sur l'album "I" de Die Krupps qui est un des albums précurseurs du metal industriel. Pour ses derniers albums ("Reflections" et "Taken by the Throat"), le groupe évoluera vers un sonorité groove metal plus moderne à l'instar de groupes comme Pantera ou Machine Head avec une approche tribale à la Sepultura. Les années suivantes, le groupe s'effacera progressivement. Passé ensuite sous le nom de Scartribe, le groupe redevient Accu§er pour sortir l'album "Agitation" en 2010, "Dependent Domination" en 2011 et "Diabolic" en 2013. Par la suite, Accu§er signe chez Metal Blade Records et sort "The Forlorn Divide" en 2016 et "The Mastery" en 2018.

Discographie :

1987 : "The Conviction"
1988 : "Experimental Errors" (EP)
1989 : "Who Dominates Who?"
1991 : "Double Talk"
1992 : "Repent"
1994 : "Reflections"
1994 : "Confusion/Romance" (EP)
1995 : "Taken by the Throat"
2010 : "Agitation"
2011 : "Dependent Domination"
2013 : "Diabolic"
2016 : "The Forlorn Divide"
2018 : "The Mastery"


Les chroniques


"The Mastery"
Note : 17/20

Chaque passionné de metal (ou d'art en général) se retrouve un jour confronté à un frustrant paradoxe : plus on cherche à découvrir des artistes, plus on a l'impression de n'en connaître aucun... C'est ainsi que je me retrouve aujourd'hui à chroniquer un groupe de thrash allemand dont je n'avais encore jamais entendu parlé et qui sort pourtant son onzième album cette année !

Amorcé par des guitares anxiogènes qui gémissent comme des sirènes d'alarme, ce "The Mastery" nous propose un thrash metal bien lourd avec une production plutôt moderne qui rappelle les derniers Testament. Après deux premiers morceaux tout à fait honorables, on arrive sur la première grosse tuerie de l'album avec "Solace In Sorrow". Les riffs y sont percutants, le chant imposant, les soli démentiels et le refrain malsain est extrêmement réussi avec ses voix occultes qui viennent vous glacer le sang. Avec ce superbe morceau, les Allemands nous prennent à la gorge et ne semblent pas décidés à relâcher leur étreinte de sitôt. En effet, le fracassant « Time For Silence » qui arrive juste après ne nous offre pas vraiment le loisir de reprendre notre respiration. Il faut attendre le début du sombre « My Skin » pour que le groupe relâche un peu la pression... Mais ce n'est que pour pouvoir mieux la faire remonter sur la fin avant d'enchaîner sur le suffocant "Catacombes", un autre petit bijou de cet album. Et que dire du mid-tempo "Morning" sinon qu'il nous montre un sens du groove et du feeling tout à fait hors du commun ? Dommage que ce morceau se termine de façon aussi décevante... Je ne m'étendrai pas sur les trois derniers titres qui, sans être aussi marquants, continuent de nous proposer un thrash metal de grande qualité. Je pense notamment au morceau éponyme, long de presque sept minutes, qui clôture l'album en beauté.

Comme le laisse entendre son nom, "The Mastery" est une belle leçon de maîtrise thrashesque qui propose dix morceaux très cohérents et suffisamment variés pour nous tenir en alerte tout au long de ces cinquante minutes. Le chant imposant de Frank Thoms y est tout à fait convaincant, la batterie de Olli Fechner très efficace sans jamais être lassante, et la basse tranchante de Frank Kimpel assure pleinement son rôle de soutien rythmique. Mais, par dessus tout, la part belle revient indéniablement au travail magistral des guitares, aussi bien par leurs incroyables soli qui parsèment l'album que par leur excellent riffing.

Non seulement "The Mastery" est une grosse claque, mais c'est aussi un des rares albums de thrash sortis récemment qui parviennent à vraiment sortir du lot. Ce onzième opus nous montre clairement que les vétérans de Accu§er ont encore des choses à dire ! Que les fans de metal se rassurent, il n'est jamais trop tard pour découvrir d'excellents groupes !


Zemurion
Février 2018




"The Forlorn Divide"
Note : 16/20

Fondé en 1986, Accu§er est un de ces groupes qui, malgré des albums solides, n'a jamais vraiment sorti d'album "cultissime", et, de ce fait, est toujours resté à l'ombre du Big 4 teuton, à savoir Destruction, Sodom, Kreator et Tankard. Après avoir coupé avec leurs origines techno-thrash il y a 3 ans, Accu§er nous sort un nouvel album.

Un petit mot sur la pochette avant de passer aux choses sérieuses, à savoir la musique. L'artwork de cet album est très sombre, on y voit au premier plan un chemin, qui semble tapissé de pièces d'or, bordé par des gens crucifiés, dont certains semblent même en train de brûler. Au second plan, des montagnes, ou plutôt des pics, frappés par la foudre. Une impression de douleur et négativité se dégage de la pochette. Passons maintenant à la musique.

S'ouvrant sur un morceau instrumental faisant office de "calme avant la tempête", à savoir "Predawn", l'album ne nous donnera plus beaucoup d'autres moments de souffler, donc prenez une grande inspiration tant qu'il en est encore temps. Le reste de l'album ressemblera plus à la piste suivante, "Lust For Vengeance" : une vraie putain de claque. Les solos ne manquent pas, et sont disséminés intelligemment, là où il faut, sans parler de leur efficacité à toute épreuve. Je vais maintenant me concentrer sur deux morceaux qui m'ont particulièrement plu. Tout d'abord "Arbitrary Law". L'intro prend la forme d'un solo de batterie, le chant prend celle de murmures par moments, et son refrain... Dans la tête pour quelques jours je crois ! Ensuite, je m'en vais parler d'"Impending Doom", je crois que c'est vraiment mon coup de cœur de cet album. Cette intro tout en douceur, ce chant repris en écho..., ces breaks, reprenant l'intro et et ces solos... Mes amis, ce solo aux alentours de 3 minutes 15, cela me fait penser à certains albums solo de Marty Friedman. Un régal. Un pur régal que ce morceau.

En conclusion, cet album reprend les ingrédients clés d'un bon album de thrash metal : la rapidité, la technique, l'agressivité, et y ajoute quelques touches personnelles qui en font un très très bon album, que je me risquerais presque à qualifier de grand album.


Skull
Mai 2016




"Diabolic"
Note : 12/20

Pour ceux qui ne connaissent pas encore Accu§er, sachez que ce groupe allemand s'est formé en 1986 et qu'il avait cessé ses activités après l'album "Taken By The Throat" sorti en 1995. Ces thrasheurs sont de retour depuis 2010 et ce "Diabolic" est déjà leur troisième album depuis ce retour aux affaires. Apparemment ils ont envie de rattraper le temps perdu les bougres !

Sauf que même si le groupe a eu l'intelligence de ne pas rester bloqué dans le passé, on ne peut pas dire non plus qu'il enchaîne les chefs d'œuvre, et ce n'est pas ce "Diabolic" qui va changer la donne. Non pas qu'ils fassent de la daube, c'est juste que malgré le rajout de quelques influences plus récentes, leur thrash a quelques défauts dont celui d'être plutôt convenu. On cite souvent Exodus et Testament quand on parle d'eux, et on pourra une fois ressortir les noms de ces deux monstres du thrash. Ce détail pourrait passer plus facilement si le groupe raccourcissait un peu ses morceaux, parce que ça tourne quand même souvent autour des 6 ou 7 minutes ! Et même si l'ajout de quelques mélodies sympa de temps en temps rehausse l'intérêt de la chose, il faut bien dire qu'à la longue on a tendance à se lasser un minimum. C'est dommage parce qu'encore une fois on ne peut pas dire que la musique d'Accu§er soit mauvaise, seulement elle est banale et vu le revival thrash qu'on voit en ce moment, on ne peut s'empêcher de se dire que certains groupes font ça mieux qu'eux. Ce qui est quand même le comble pour un groupe qui a autant de bouteille !

Concrètement, on est en face d'un album de thrash pas très finaud sans être très brutal non plus, quelques mélodies et solis sympa se glissent de temps en temps au milieu des morceaux mais le tout reste bien trop homogène et répétitif. Ce qui aurait pu passer sur 35 ou 40 minutes voit son efficacité amoindrie quand ça s'étale sur une bonne heure comme c'est le cas ici. Malgré les riffs sont plutôt taillés pour le headbanging sauvage et si on se passe quelques morceaux comme ça en vrac, ça fonctionne plutôt bien, mais ce n'est pas le genre d'album sur lequel on risque de revenir souvent. A la limite, ça passerait sûrement bien mieux en live, sur album on finit par trouver le temps un peu long. Les structures sont quasiment les mêmes sur tous les morceaux, on n'a qu'une poignée de riffs qui tournent pendant 6 minutes, et on a l'impression que presque tout l'album tourne sur le même rythme. Un peu plus de variation et plus de dynamique auraient permis de rendre tout ça bien plus vivant. La plupart des morceaux auraient pu être raccourcis sans problème, l'album aurait sûrement gagné en impact et en intensité. Là ça devient juste rébarbatif et on finit par passer à autre chose, pourtant les rares écarts que s'autorise le groupe prouve qu'il pourrait proposer quelque chose de plus consistant.

Bref, voilà un album qui sans être foncièrement mauvais est bien trop long et répétitif pour vraiment convaincre, et avec toute la meute de jeunes loups qui débarquent dans le style, plus les vieux qui reviennent, on peut facilement trouver plus intéressant. Reste que de temps en temps c'est sympa à écouter pour se défouler, mais le groupe gagnerait vraiment à varier un peu les plaisirs et à raccourcir ses morceaux qui ont tendance à s'étaler sans raison.


Murderworks
Octobre 2013


Conclusion
Le site officiel : www.accuserdomination.com