Le groupe
Biographie :

Ad Infinitum est un groupe de metal symphonique international formé en 2018 et actuellement composé de : Melissa Bonny (chant / The Dark Side Of The Moon, ex-Evenmore, ex-Rage Of Light), Korbinian Benedict (basse), Niklas Müller (batterie / Devilizer, Blue Label, Fallen After Midnight, MI_Fisto) et Adrian Thessenvitz (guitare / Schwarzlicht). Ad Infinitum sort premier album, "Chapter I: Monarchy", en Avril 2020 chez Napalm Records. Il est suivi de sa version acoustique, "Chapter I Revisited", en Novembre 2020. Le deuxième album, "Chapter II: Legacy", sort en Octobre 2021. "Chapter III: Downfall" sort en Mars 2023.

Discographie :

2020 : "Chapter I: Monarchy"
2020 : "Chapter I Revisited"
2021 : "Chapter II: Legacy"
2023 : "Chapter III: Downfall"


Les chroniques


"Chapter III: Downfall"
Note moyenne : 17/20

Mon amour pour Ad Infinitum, formation suisso-internationale fondée par la grande Melissa Bonny, a débuté sur un coup de foudre instantané en 2020, lors de la sortie de leur premier album, "Chapter I: Monarchy". Cette relation passionnée s’est poursuivie sur "Chapter I Revisited", sans doute à mon avis l’un des meilleurs albums acoustiques de la dernière décennie. "Chapter II: Legacy" se voulait une suite logique du premier album, établissant Ad Infinitum comme l’une des meilleures nouvelles formations de metal symphonique. En moins de trois ans, voici donc "Chapter III: Downfall".

Avec l’expérience que je possède derrière la cravate, je devrais pourtant savoir qu’il ne faut pas juger un album par ses singles, que bien souvent, les meilleurs morceaux sont à venir. Pourtant, je me suis fait avoir comme un débutant avec "Chapter III". En effet, les singles m’avaient laissé sur ma faim et j’appréhendais avec un peu d’anxiété l’écoute de ce nouveau Ad Infinitum. Par chance, j’avais tort et il y a sur celui-ci des perles rappelant le jeune passé du groupe ("From The Ashes", "Architect Of Paradise") tout en procédant à un changement de cap, une évolution lente vers un nouveau son. Ma conclusion personnelle face au principe des singles est que j’imagine que les groupes sortent ce qu’ils considèrent le plus mainstream et qui rejoint le plus grand nombre de gens, laissant aux mélomanes le loisir de découvrir les "perles" d’eux-mêmes sur l’album en entier.

Dans le cadre de ma chronique du premier album, j’avais rapidement fait mention que le groupe me rappelait parfois Evanescence. Personnellement, je trouve que sur "Chapter III", cela est encore plus flagrant, qui plus est, la musique du groupe étant similaire au Evanescence d’aujourd’hui, période "The Bitter Thruth", leur plus récent album. En effet, à part de rares moments, Ad Infinitum évolue maintenant dans un metal moderne aux influences electro et industrielles parfois, avec en trame de fond des arrangements orchestraux sur quelques pièces. Certaines de ces influences plus "mécaniques" sont la résultante directe du jeu de guitare d’Adrian Thessenvitz, qui use de sa huit cordes comme un virtuose, livrant à la tonne des riffs tous plus puissants les uns des autres, sans compter ses solos techniques à souhait.

La pièce de résistance demeure la voix de Melissa Bonny. Malgré que cet album soit peut-être celui qui propose les mélodies les plus simples des trois, il n’en demeure pas moins qu’à nouveau Bonny se surpasse sur des passages vocaux fabuleux comme sur "From The Ashes" et "Under The Burning Skies" pour ne nommer que ceux-ci. Ajoutez à cela quelques growls bien rendus et vous avez à nouveau une performance à faire tourner les têtes.

L’immobilisme peut être réconfortant, mais pour un artiste, l’évolution pousse vers de nouveaux sommets. Tout est dans la manière le faire. On peut être d’accord ou non, mais il semble bien qu’Ad Infinitum s’engage sur la bonne voie, calculant ses risques ("The Underworld" en étant le parfait exemple, clashant avec ce que l’on fut habitué d’entendre venant de Ad Infinitum). Je n’étais pas sûr, comme je le mentionnais d'entrée de jeu, de cette approche plus mainstream, mais maintenant que cette trilogie semble complétée, voyons voir ce que l’avenir nous réserve. Comptez-moi encore parmi les curieux.


Mathieu
Avril 2023
Note : 17/20

Tournons ensemble une nouvelle page de l’histoire d’Ad Infinitum. Depuis 2018 en Suisse, le groupe composé de Melissa Bonny (chant, Malefistum, ex-Evenmore, ex-Rage Of Light), Adrian Thessenvitz (guitare, Schwarzlicht), Niklas Müller (batterie, Devilizer, Fallen After Midnight) et Korbinian Benedict (basse) nous dévoile son histoire. En 2023, le groupe annonce "Chapter III: Downfall", chez Napalm Records.

L’album débute avec "Eternal Rains", un titre motivant et assez lourd qui met en avant des influences relativement modernes, collant parfaitement avec le chant motivant ou avec les quelques cris plus agressifs, rendant l’ambiance assez sombre tout comme sur "Upside Down", une composition qui pioche dans des racines metalcore pour donner une touche énergique supplémentaire. La voix mène aisément la rythmique saccadée complétée par quelques claviers plus aériens, que l’on retrouvera également sur "Seth", un titre assez accessible qui fait se rencontrer les influences symphoniques avec les sonorités alternatives accrocheuses. "From The Ashes" repart sur les sonorités mélancoliques et éléments majestueux pour donner un relief intéressant aux riffs efficaces et énergiques, puis "Somewhere Better" développe un contraste important entre la rythmique agressive et les parties les plus douces, où la vocaliste se retrouve seule entourée de claviers planants. Les musiciens préféreront une approche rapide pour "The Underworld", un morceau mystérieux et sombre où quelques hurlements viendront alimenter la rage créée par le tapping fou.

L’énergie brute s’apaisera légèrement avec "Ravenous", une composition plus mélodieuse où l’accent sera à nouveau mis sur les parties vocales entêtantes accompagnées de douces mélodies ambiantes, mais le chant saturé refera surface avant le dernier refrain, qui nous mène à la majestueuse "Under The Burning Skies" où l’instrumentale accompagne simplement la vocaliste avant de prendre une place plus importante. "Architect Of Paradise" revient dans l’approche groovy et lourde pour construire un son entêtant et saccadé qui sait parfois se montrer féroce avant de revenir dans la douceur, laissant "The Serpent's Downfall" placer des sonorités plus lumineuses sur une rythmique énergique. La fin de l’album se dessine avec la douce "New Dawn", une composition aux influences heavy metal qui se place facilement en tant que power ballad planante avant que "Legends" ne mette un point final à ce chapitre avec une introduction inquiétante menée par une voix sombre, suivie par les riffs inquiétants du combo, qui sauront se renforcer au dernier moment pour un break massif, avant le dernier refrain.

Avec "Chapter III: Downfall", Ad Infinitum continue son aventure en explorant des territoires plus sombres, des riffs plus lourds, et des éléments plus agressifs tout en conservant son approche moderne et majestueuse.


Matthieu
Avril 2023
Note : 17/20




"Chapter II: Legacy"
Note : 18/20

Au risque de me répéter, n’en demeure pas moins que 2021 en est une faste pour le metal symphonique. Bon an mal an, chacun des sous-genres du metal présente son lot d’albums, autant d’artistes établis que de nouvelles recrues. De mon humble mémoire, cependant, je ne me souviens pas avoir connu une année aussi remarquable pour le metal symphonique.

En parlant de recrue, je vous mets au défi de m’en nommer une aussi prolifique qu’Ad Infinitum, groupe suisse-allemand fondé en 2018 par la tout autant prolifique chanteuse Melissa Bonny (Malefistum, Serenity (live), Warkings (live), The Dark Side Of The Moon, ex-Evenmore, ex-Rage Of Light). Leur feuille de route témoigne de leur hyper-activité, autant au niveau des videos qu’ils produisent, du contenu que Melissa propose sur le web, que des trois albums déjà à leur actif en une courte période de temps (certes l’un d’eux est une réinterprétation acoustique de "Chapter I", n’en demeure pas moins que le travail de réécriture y était colossal).

Ce qui est le plus remarquable avec Ad Infinitum, c'est qu’ils ont réussi, avec seulement deux albums, à définir leur son au point que l’on peut les reconnaître à la première chanson. Cela est exceptionnel et certains groupes auront besoin d’une bonne partie de leur carrière afin de parvenir à un tel exploit. Ce constat ne s’applique pas d’ailleurs qu’au niveau du chant, mais bien des autres musiciens également. La construction et la composition des morceaux, les mélodies, les riffs, tout sonne Ad Infinitum, comme personne d’autre. À la tête donc du groupe l’on retrouve la talentueuse Melissa Bonny, une chanteuse qui peut évoluer autant dans un registre clair que dans des growls, qu’elle utilise avec parcimonie, mais toujours de manière précise et chirurgicale. Chacune des interventions plus agressives de la chanteuse viennent appuyer l’émotion véhiculée à travers la chanson, et ajoute à la diversité déjà immense de la musique du groupe. Ajoutez à cela son incroyable talent pour la conception de mélodies vocales travaillées et accrocheuses, comme le magnifique pont dans "Afterlife", repris par la suite par Nils Molin (Dynasty), qui chante ici en duo avec Melissa.

Ad Infinitum compte peut-être seulement quatre membres mais cela n’empêche pas la musique du groupe d’être puissante et épique. Les orchestrations sont parfois un peu à l’écart, mais ce sont les arrangements, pris dans leur ensemble, qui font la force des compositions du groupe. Ajoutez à cela la guitare à huit cordes d’Adrian Thessevitz (ses riffs sur "Your Enemy" sont malsain d’efficacité), le tout appuyé par une section rythmique de premier plan (Niklas Müller à la batterie et Korbinian Benedict à la basse) qui ne fait pas seulement acte de présence. Tout juste comme je le mentionnais, le talent des quatre membres pour la composition et l’écriture est indéniable et fait en sorte qu’il n’y a jamais un moment où l’on s’ennuie à l’écoute de "Chapter II: Legacy".

Le nom de ce deuxième album ne pouvait être mieux choisi, tellement il appert sans l’ombre d’un doute qu’Ad Infinitum laisse déjà derrière lui un héritage qui ne saura que grandir dans le futur.


Mathieu
Novembre 2021




"Chapter I Revisited"
Note : 18/20

Il est clair qu’il n’est plus nécessaire de faire mention de la situation en 2020 et quiconque ne saurait pas que nous sommes en pleine pandémie vit clairement dans une grotte. Beaucoup de gens et d’industries diverses souffrent de ces conditions particulières, et les artistes en première ligne, se retrouvent bien souvent à ne plus arriver à exercer leur métier. Plusieurs réactions sont possibles face à ce "merdier" et bien entendu, cela est personnel à chacun d’entre nous. Autant il est facile de sombrer dans le pessimisme à outrance, autant plusieurs artistes ont relevé le défi avec brio. C’est le cas d’Ad Infinitum qui, n’ayant pu promouvoir en tournée son excellent premier album "Chapter I: Monarcy", s’est retroussé les manches et a refusé de baisser les bras.

Nous arrive donc entre les mains, plus ou moins six mois plus tard seulement, "Chapter I Revisited", en version entièrement acoustique. J’ai confiance en mes compatriotes metal et je sais que ceux-ci on l’esprit ouvert. En effet, il est clair que ce "Revisited" n’a rien du genre dont il provient, et l’on pourrait pratiquement dire qu’il est un album à part entière. C’est dire combien le travail derrière celui-ci est magistral. Je ne suis pas friand habituellement de ce genre d’exercice, que ce soit acoustique ou "live" car la plupart du temps les groupes ne font que soit enlever tous les artifices ou bien reprendre note pour note l’album qu’ils veulent soumettre dans une nouvelle version. J’en appelle donc à ce désir de découverte de mes confrères et consoeurs ainsi qu’à leur esprit critique.

Ce n’est résolument pas le cas ici avec Ad Infinitum. Avec à sa tête la plus que talentueuse Melissa Bonny (je découvre cette année cette artiste, autant au niveau humain que musicalement), les membres du groupe ont complètement réarrangé les pièces de l’album pour passer d’une épopée symphonique à une approche plus intime, sans pour autant dénaturé la puissance émotionnelle de chacun des morceaux. Au-delà de l’angélique et puissante voix de Melissa (n’allez pas la contrarier pour autant par contre, elle n’hésite pas à pousser le growl à bon escient), il y a sur ce "Revisited" un effort colossal au niveau des guitares. Il ne faut pas se leurrer, une bonne partie du son metal provient de la tonalité distortionnée des guitares, et une fois l’ensemble des effets enlevé, le tout pourrait perdre de sa puissance et de son attrait. Tel n’est pas le cas ici et Adrian Theßenvitz a réussi ici un tour de force hors du commun en reprenant entièrement ses parties de guitare, le tout en très peu de temps. Les autres membres du groupe ne sont surtout pas à négliger et je lève bien haut mon chapeau à Jonas Asplind (basse) et Niklas Müller (batterie) qui eux aussi ne se sont pas seulement contentés de copier-coller leur travail pour cette plus qu’importante section rythmique.

Que ce soit les guitares à saveur hispanophone sur "Marching On Versailles" (je vous conseille également l’excellente vidéo promotionnelle de cette pièce) ou les magnifiques lignes mélodiques sur "Fire And Ice", tout de cet album permet un voyage hors du commun, une expérience musicale unique et enivrante. Et que dire des growls de Melissa sur "Maleficient" ? Bien que ce style vocal ne soit plus aussi impressionnant pour les habitués du metal, d’en entendre sur un fond acoustique m’a agréablement surpris et je pense que cela pourrait être intéressant, ou à la limite, dérangeant, d’entendre du death acoustique avec du growl…

Qu’Ad Infinitum est sans doute produit le meilleur album de metal symphonique de 2020 à ses tout débuts est déjà un solide tour de force. Qu’il est réussi à sortir de son chapeau (ou de ses masques...) une version "Revisited" la même année est d’autant plus impressionnant. Au-delà de cette pandémie, il est clair que l’avenir du groupe est plus que reluisant. Je serai aux premières loges, c’est certain.


Mathieu
Décembre 2020




"Chapter I: Monarchy"
Note : 17/20

Mais qu’entends-je donc ici ? Un groupe de metal symphonique avec chanteuse ? Mais que cela est impressionnant ! Cette réaction, je l’ai eue il y a maintenant vingt-deux ans lors de ma première écoute du majestueux "Oceanborn" de Nightwish. Beaucoup d’eau s’est maintenant écoulée sous les ponts depuis la sortie de cet album phare. Les formations du genre pleuvent maintenant à la tonne et il peut parfois être fastidieux de s’y retrouver. Directement de Suisse nous vient donc Ad Infinitum qui nous présente ici son tout premier album. De prime abord, je dirais qu’il s’avère plus que difficile pour un groupe évoluant dans ce style d’innover et de sortir du lot. Quand est-il donc d’Ad Infinitum ? Disons seulement que le titre de l’album porte bien son nom, car s’il s’avère que "Chapter I" n’est que le début d’une longue saga, clairement l’auditeur est prêt pour une relecture du genre fort intéressante.

En effet, la première chose qui ressort de cet album est son dynamisme. Empruntant toutes les influences du style, incorporant des passages plus modernes et des voix harsh reprenant la structure "Amaranthe", Ad Infinitum a clairement fait ses devoirs et démontre qu’il est ici pour laisser sa marque et faire sa place dans le déjà populeux monde du metal symphonique. Autre qualité de ce premier album : sa durée. Faisant dans les 43 minutes, "Chapter I: Monarchy" n’ennuie jamais l’auditeur et son contenu, plus que dense, tient tout le long en haleine. Il est fou de constater combien les membres du groupe ont su concocter autant de contenu dans un si petit contenant. Dans les petits pots, les meilleurs onguents.

Affublé d’une production sans faille, puissante et claire, laissant respirer tous les instruments, y compris les excellentes orchestrations, "Chapter I: Monarchy" se démarque de par son côté résolument plus sombre, comme une sorte d’Evanescence à saveur symphonique ("See You In Hell"). L’amateur de power metal ne sera pas en reste non plus puisque l’album regorge d’hymnes typiques du genre, le tout fait de manière intelligente et recherchée, comme en témoigne la progressive et puissante "I Am The Storm" qui rappelle l’excellent deuxième album de Dawn Of Destiny, "Rebellion In Heaven".

Les arrangements, multiples et variés, sont la clé de voûte de cet album. "Chapter I: Monarchy" regorge de changements de tempo, de couches sonores et d’atmosphères, le tout dans un amalgame savamment orchestré. Et lorsque le groupe se permet de lever le pied de l’accélérateur, n’ayez crainte, cela a pour résultat la touchante et intelligente power ballad "Fire And Ice", laissant toute la place à la plus que fabuleuse Melissa Bonny au chant, qui démontre l’étendue de son talent, au travers de lignes mélodiques superbes et nettement travaillées. Étant moi-même chanteur à mes heures, je suis plutôt sensible aux mélodies, et une pièce comme "Live Before You Die" ne peut que ravir le plus pointilleux des amateurs. Bonny navigue au travers de cette pièce avec une souplesse et une aisance, que seules les grandes chanteuses savent maîtriser.

Le danger d’un aussi imposant premier album est l’incapacité pour certaines formations d’atteindre à nouveau un tel niveau de qualité. Souhaitons que les prochains chapitres qui constitueront l’histoire d’Ad Infinitum permettront ainsi d’obtenir une romanesque épopée que l’on louangera encore vingt-deux ans plus tard.


Mathieu
Juillet 2020


Conclusion
L'interview : Melissa Bonny

Le site officiel : www.adinfinitumofficial.com