One-man band danois, le projet Afsky revient avec un troisième album nommé "Om Hundrede År" et son black metal ne s'est clairement pas calmé depuis le précédent album ! Toujours aussi violent, intense et froid, Afsky est bien décidé à se faire une fois de plus le porte parole du désespoir et de la rage.

Comme d'habitude, les morceaux sont longs et tournent autour des sept minutes en moyenne, de quoi assurer une certaine intensité et le développement d'ambiances poignantes et glaciales. "Stormfulde Hav" nous accueille avec une guitare acoustique et des mélodies très mélancoliques qui reflètent bien le thème de l'album qui tourne en gros autour du fait d'accepter sa mortalité. Une fois les guitares saturées arrivées, on retrouve les influences DSBM (Depressive Suicidal Black Metal pour les trois du fond qui dormaient ces vingt dernières années) qu'Afsky avait déjà fait entendre précédemment, le tempo assez lourd aidant à donner à tout ça des airs de marche funèbre. Les blasts finissent évidemment par débarquer eux aussi et le tout prend un air plus désespéré et rageur malgré cette mélancolie voire même cette sensation de nostalgie qui imprègnent toutes les deux une bonne partie de l'album. Malgré près de huit minutes, ce premier morceau passe tout seul et le fait que le tempo bouge régulièrement aide à faire passer la longue durée. Ajoutez à ça des ambiances poignantes et des mélodies qui font toujours mouche et vous avez de quoi vous perdre joyeusement dans la musique du groupe. On a à peu près le même schéma sur "Frosne Vind" qui démarre lentement et tout en mélancolie avant d'amener les blasts pour repartir sur un black metal plus froid et plus violent. "Tak For Alt", par contre, ne perd pas de temps et après seulement quelques arpèges en son clair Afsky fonce dans le tas et blaste de suite. Des passages mid-tempo se font une place de temps en temps mais le groupe se fait tout de même plus intense sur ce morceau.

On retrouve toujours en filigrane ce désespoir et ces ambiances glaciales qui sentent effectivement la mort et le deuil à des kilomètres. "Det Der Var" se fait lui aussi plus intense et confirme que la première moitié de l'album laissait un peu plus de place aux passages mid-tempo et à la mélodie, là où la seconde ressort les blasts et propose un black metal tout aussi mélancolique mais plus violent. "Tid", quant à lui, nous fait entendre du clavecin en début de morceau, ce qui est toujours une très bonne façon d'amener une ambiance baroque et funèbre. Pour un album qui tourne autour de la mort, c'est parfait, et là encore Afsky embraie sur un black metal plus brutal à grands coups de blasts et de riffs glaciaux. Vous ne serez pas dépaysés par rapport aux deux précédents albums puisque le one-man band continue sur sa lancée et n'a rien perdu de son talent pour poser des mélodies désespérées. On est toujours à cheval entre black metal traditionnel, DSBM et froideur mélancolique issue du grand Nord et ce nouvel album distille autant de spleen et de rage que ses prédécesseurs. Il est peut-être un peu moins intense et plus aéré dans sa première moitié mais la seconde rattrape ça avec une violence accrue. Et comme d'habitude, tout ça est suffisamment dynamique pour que l'on ne regarde jamais sa montre malgré des morceaux assez longs, ce qui n'est pas si simple à faire puisque de nombreux groupes de black metal sont tombés dans l'écueil des morceaux longs et chiants. Afsky évite le piège avec brio ne serait-ce que par son talent mélodique et sa capacité à poser des ambiances puissantes.

"Om Hundrede År" est une fois de plus une réussite et Afsky a décidément le don de poser des ambiances poignantes sur un black metal froid et violent. Si les précédents albums vous avaient parlé, vous pouvez foncer sans la moindre hésitation et si vous ne connaissez pas encore, vous allez découvrir un one-man band très intéressant.

Afsky est un groupe de black metal originaire du Danemark, et projet solo d’Ole Luk. Le nom du groupe signifiant "dégoût" en danois, on comprend déjà plus ou moins à quoi on a affaire. A l’origine, le projet n’était pas destiné à voir la lumière des projecteurs live, mais la vie étant ce qu’elle est avec son lot de bouleversements en tout genre, Afsky a finalement eu l’occasion de poser ses valises sur scène pour quelques représentations en Allemagne ou au Danemark. Personnellement, j’ai toujours eu une bonne expérience avec le black danois mais… j’avoue que mon enthousiasme s’est un peu refroidi en voyant que Myrkur était une guest sur cet album. Préférences personnelles, ça ne se discute pas. On va donc voir ce que Afsky a à nous proposer.

L’album s’ouvre sur "Jeg Bærer Deres Lig" qui propose une introduction assez mélancolique, avant de lancer véritablement la sauce. On n’a pas affaire ici à du black pur, et on ressent nettement des influences plus folk ou doom (et oserai-je ajouter que ça ressemble un peu aussi à du DSBM par moments ? Allez oui, je le dis). Les vocaux sont convaincants, et il y a une première ébauche d’une atmosphère un peu glauque. On part donc sur de bonnes bases. Suit "Skær" qui, pour le coup, retourne clairement plus vers le black classique et qui s’avère être un morceau très solide. C’est maîtrisé, ça frappe quand il faut sans tomber dans la redondance. C’est du bon, et cela se confirmera avec le réjouissant "Sterjenerne Slukkes". On poursuit ensuite avec "Vættekongen" qui change radicalement de registre dans son introduction. On se retrouve ici dans ce qui est très à la mode depuis un moment : le pur ambiant traditionnel du folk scandinave. Et je suis faible à ce niveau-là, TRES faible ! C’est typiquement ce qui fait ma joie depuis un moment, donc je prends. Et ce qui suit, avec une telle intensité dans le morceau ne déçoit pas donc… j’accorde le titre du meilleur morceau à ce titre en particulier, c’est vendu. Et je ne crache pas non plus sur la petite pause instrumentale que nous propose "Glemsomhedens Elv". Vient enfin le dernier morceau de cet album avec "Oh Måneløse Nat". Et bon sang, qu’est-ce que ce titre termine en apothéose. Tout y est. J’ai retrouvé l’ambiance typique des groupes qui me font frémir à chaque fois. On y retrouve d’ailleurs la fameuse invitée qui me faisait peur, mais qui se fait suffisamment discrète pour ne pas gâcher mon expérience. On échappe donc à la catastrophe (de mon point de vue personnel, ne venez pas me sortir les fourches) avec brio !

Je ne connaissais pas Afsky, mais cette première découverte m’a donné envie d’en avoir plus. Il y a à boire et à manger dans cet album, et ça vient me conforter dans ma petite fascination personnelle des one-man bands de black metal. Le travail de composition est de qualité, et l’ambiance installée est plus que convaincante. Un nom à surveiller donc.