Le groupe
Biographie :

Fondé en 1986, Agressor est considéré comme le groupe pionnier du thrash / death metal français qui influençera beaucoup d'autres groupes en France comme ailleurs. C’est en 1986 que le groupe enregistre sa première démo, "The Merciless Onslaught". En 1987 sortit "Satan Sodomy", leur deuxième démo dont la pochette fit sensation car fortement teintée de sexe et de black metal. Agressor commence alors les concerts en France et en Suisse avec notamment Messiah, Samael, Sodom et Living Death. La même année, le groupe enregistre avec Loudblast le split LP "Licensed To Thrash". Ce MLP a été remastérisé en MCD par Black Mark Prod en 1993.
Premier groupe français à avoir jamais signé sur un label international, Agressor, quelques mois après la chute du mur de Berlin en 1989, il enregistre "Neverending Destiny" au Skytrak studio produit par Bathory et sorti chez Noise Records. Cet album s'impose à l'époque comme relativement novateur au vu du contenu de certains textes (orientés Science Fiction quand la mode est à l'Occulte et au gore), mais surtout par son artwork signé du très célèbre dessinateur des années 70, Philippe Druillet. En 1992, sort l’album "Towards Beyond" qui fait l'effet d'un énorme pavé dans la mare. Enregistré en Suède au Montezuma studio produit par The Boss en personne (Bathory) et sorti sur Black Mark Prod, il mélange musique médiévale et death assez technique, riffs Thrash, et passages ultra-lourd avec un son caverneux, l'album s'impose d'emblée comme l'une des meilleures surprises death d'une année 1992 pourtant fort millésimée, mais surtout comme le meilleur album sorti par un groupe français cette année-là. Alex Colin-Tocquaine (guitare et chant) est le seul membre restant du line-up original. Avec un nouveau line-up, ils enregistrent en 1994 un nouvel album intitulé "Symposium Of Rebirth". Agressor continue de suivre leur style en restant fidèles à leurs racines tout en explorant un nouveau terrain en faisant appel au Lyon Philharmonic Classical Orchestra Choirs, l’Opéra de Lyon qui a été engagé pour l’enregistrement, et avec la participation de Barney Greenway, chanteur de Napalm Death sur une reprise de Terrorizer. Le groupe enchaîne les tournées et concerts avec des groupes tels que: Sinister, Wargasm, Morbid Angel, Obituary, Pestilence et Biohazard.
Après leur tournée en Grande Bretagne avec Cradle Of Filth en Juin 1996, Alex commence à travailler pour Black Mark Prod et devient démonstrateur pour Ibanez. Le groupe se sépare pour des raisons musicales et relationnelles pour ne revenir qu’en 2000 avec l‘album "Medieval Rites", enregistré avec la participation de nombreux musiciens différents : un flûtiste, un violoniste, des trompettistes, une chanteuse d'opéra, plus d'autres personnes de la scène Metal : Krell et Christina (Bloodthorn), Morten Nielsen (ex-batteur de Mercyful Fate), Kai Hahto (Rotten Sound, Enochian Crescent). S’ensuivra une tournée avec Bloodthorn, …And Oceans et le MCD "The Spirit Of Evil" contenant également une plage rom avec deux vidéos enregistrées à Marseille en 2000 lors d’un concert avec Mayhem et la participation de James Murphy de Testament / Death... En Janvier 2002, le groupe organise un concert anniversaire au Midem de Cannes dont la vidéo sort en 2006 sur un DVD accompagnant le nouvel album "Deathreat" chez Season Of Mist. Ce dernier se veut le plus brutal et le plus rapide que le groupe ait jamais enregistré, renouant ainsi avec ses racines extrêmes au bout de 20 ans de carrière. En 2011, Alex annonce officiellement le retour du groupe après cinq ans d'absence.

Discographie :

1986 : "The Merciless Onslaught" (Démo)
1987 : "Licensed To Thrash" (Split CD avec Loudblast)
1987 : "Satan's Sodomy" (Démo)
1988 : "Satan's Sodomy" (EP)
1989 : "Orbital Distortion" (Démo)
1990 : "Neverending Destiny"
1992 : "Towards Beyond"
1994 : "Symposium Of Rebirth"
2000 : "Medieval Rites"
2001 : "The Spirit Of Evil" (EP)
2004 : "The Merciless Onslaught" (Compilation)
2006 : "Deathreat" 2018 : "Satan's Sodomy Of Death" (Compilation)
2018 : "Rebirth" (Compilation)


Les chroniques


"Rebirth"
Note : 18/20

Attention gros morceau aujourd'hui, Agressor et Season Of Mist rééditent le culte "Symposium Of Rebirth" épuisé depuis bien longtemps et par conséquent difficile à trouver sans payer un prix prohibitif. Sauf que là où certains groupes et labels se contentent de rééditer un album comme ça vite fait, là on a une vraie grosse sortie, d'où le nom "Rebirth".

Pour commencer, voilà une nouvelle qui devrait ravir aussi bien les curieux que les puristes, l'album est disponible dans une version en grande partie réenregistrée mais aussi dans sa version d'origine ! Notons d'ailleurs que le tracklisting a été légèrement modifié sur la version réenregistrée, en faisant du coup une véritable nouvelle version retravaillée en détail. Agressor a décidé de ne pas faire les choses à moitié et cet album méritait un traitement de faveur, car pour ceux qui sont trop jeunes pour l'avoir connu jusqu'à maintenant, "Symposium Of Rebirth" était à sa sortie ( et encore aujourd'hui d'ailleurs ) un album très aventureux et très surprenant. Qu'un groupe de death / thrash soit rejoint par l'orchestre philharmonique de Lyon le temps d'un album au début des années 90 en a mis plus d'un sur le cul, sans compter évidemment tous les passages épiques, ceux empruntés à la B.O de Conan le Barbare ou les sonorités médiévales. Tout ça mélangé à un metal extrême brutal et sauvage avait de quoi déconcerter et pourtant le mariage fonctionne du feu de dieu ! Il suffit de réécouter "Barabbas" pour s'en convaincre avec ces chœurs et ces mélodies qui vous prennent aux tripes vers la fin du morceau (sans déconner, si vous n'avez pas la chair de poule avec ce morceau, je ne sais pas ce qu'il vous faut). Pour ce qui est du son, comme je le disais, vous avez la version d'origine avec le son d'époque qui n'a pas si mal vieilli que ça finalement et la nouvelle version partiellement réenregistrée qui redonne à l'album une sacrée puissance de feu ! La basse est bien en avant, les guitares sont surpuissantes et le tout redonne une seconde jeunesse à cet album cultissime.

Comme si cela ne suffisait pas, le groupe nous a rajouté quelques morceaux bonus, notamment "Someone To Eat", "Vanguard Of Naught" et "The Word Of Dog" en plus de version démos, instrumentales et autres rough mix. Bref, on est loin des rééditions faites à l'arrache par certains labels, là il y a du vrai boulot, de vrais bonus et la version originale de l'album en prime. On dit de certains albums cultes qu'ils sont parfois surestimés et que la nostalgie ne nous rend pas objectifs, ce n'est pas le cas avec "Symposium Of Rebirth". Cet album était une claque avant-gardiste pour l'époque et met encore à l'amende pas mal de groupes d'aujourd'hui malgré l'arrivée de toute une scène expérimentale. Il restait encore pas mal de morceaux pour les amateurs de death / thrash mais les expérimentations présentes sur cet album étaient quand même sacrément couillues pour l'époque ! Le pari a payé puisque "Symposium Of Rebirth" est considéré comme un monstre du death français et un album culte en général, un classique qu'il était temps de voir rééditer comme il se doit. C'est maintenant chose faite et bien faite avec un objet blindé ras la gueule de matériel et un artwork retravaillé, on se dit d'ailleurs en voyant le travail effectué ici que l'on ne serait pas contre des rééditions d'autres albums du groupe même sans le réenregistrement.

Merci à Agressor et Season Of Mist d'avoir réédité sérieusement cette perle avec pas mal de bonus et les deux versions à écouter. Il n'y a maintenant plus qu'à espérer qu'on réentende du neuf d'Agressor avec un nouvel album.


Murderworks
Novembre 2018




"Neverending Destiny"
Note : 14,5/20

Avant de commencer, je voulais juste signaler que j'allais dire que Black Mark était un super label, parce qu'ils avaient signé Agressor... Mais en gros boulet que je suis qui ne regarde pas forcément quel label signait qui à l'époque, j'ai eu le réflexe de regarder que c'était Noise... C'est dommage je voulais faire l'éloge de Black Mark, on verra plus tard... Bref, c'est avec une énorme émotion que ce fabuleux label Noise (oui, je sais quel faux-cul...) signe Agressor en 1990 !!! Eh oui, ce n'est pas d'aujourd'hui , ce premier album a 19 ans, il y en a qui n'étaient même pas encore dans la tête de leur parents parce qu'ils n'avaient même pas encore envie d'avoir des gosses !! En 1990, en France, je ne sais plus trop, ma mémoire a quelques défaillances parfois, mais il n'y avait pas énormément de groupes à part Anthropophagous, Asshole, Nomed, Vulcain, Sortilege, Warning, Rozz, Trust, Massacra... Bon okay... en tous les cas on n'avait pas Internet pour tous les connaître à fond et donc Agressor qui avait trois/quatre ans d'existence commençait à se faire un nom. On avait pu avoir un aperçu auditif avec la démo "The Merciless Onslaught" (dont certains, pour ceux qui sont intéressés, pourront écouter sur la réédition de 2004 sortie chez Deadsun Recs, mais ceci est une autre histoire.) et surtout, oooooooh oui surtout avec le split légendaire "Licensed To Thrash" en compagnie de la bande à Buriez, un groupe du nom de Loudblast je crois... Hé, hé... De toute façon, cette année 1990 était un bon cru, on a pu se régaler avec "Eaten Back To Life" des Canniboules, le "Persistence Of Time" des moshers d'Anthrax qui avaient encore un line-up (hahahaha !!!), "Left Hand path", "Spiritual Healing", "Final Holocaust", j'en passe, on ne va pas tout sortir non plus.

Enfin voilà Agressor qui nous pond tranquillement son premier album. Et celui-là je l'ai toujours adoré, parce que leur style bien speed, était vachement singulier. Un thrash/death ultra speed même qui écorche bien à vif, en passant du sel sur les blessures après coup... La pochette ici de Philippe Druillet aussi était sympatoche, ce thème récurrent de l'espace est revenu trois fois, jusqu'à "Symposium Of Rebirth", dans l'absolu, maintenant on pourrait trouver ça à chier, mais pour l'époque c'était cool, un dessin simpliste , mais ce rouge au milieu du cube stellaire avec le logo juste au dessus, ça pétait bien... La première chose qu'on soulignera c'est qu'Agressor ne s'est pas reposé sur ses lauriers, car sur cet album, on ne retrouvera que "Bloodfeast" et "Brainstorm" du split le reste étant de la nouveauté. L'album n'est pas très long cependant, seulement 36 minutes environ pour 11 titres, c'est assez court, reconnaissons le... Allez reconnaissons le... faites moi plaisir. Hum... bon, le booklet est simpliste même s'il se déplie en longueur.

Les paroles et la musique ont été écrites par M Colin-Tocquaine, et c'était dans l'air du temps de 1990, comme on le disait plus haut, un thrash/death avec des guitares rapides, mais qui prenaient encore les réminiscences du thrash de la grande époque qui a dominé la fin des années 80's. La batterie aussi ne laisse pas le temps à l'auditeur de se reposer, Thierry est un véritable robot, une machine à tuer, derrière ses fûts... La chose évolutive c'est qu'Agressor n'a pas à ce moment-là de véritable adversaire dans ce style. Je ne parle pas de death metal , mais d'un style hybride qui joue sur la rapidité de riffs agressifs et violents. Oui Agressor est agressif, le nom ne pouvait pas mieux tomber. Les morceaux ne sont pas racés armes de destruction massive, on est loin du missile qui défonce tout mais on se trouve plutôt dans une guerre au corps à corps avec chacun un vieux couteau de combat un vieux pistolet mitrailleur à moitié rouillé, mais avec une hargne dévastatrice, avec une énergie explosive. Les morceaux comme "Elemental Decay" ou "Neverending Destiny" arrivent à accélérer encore plus sur certains passages pour booster ces derniers et décoller la face. Du dépecage en direct, sans anesthésie, les lambeaux de chair s'arrachent un à un au fur et à mesure des chansons. Ce que j'adore encore, c'est qu'à cette époque on savait aussi faire des soli, ce qui se retrouve de moins en moins chez les groupes d'aujourd'hui, ils préfèrent s'arracher sur de grosses rythmiques plutôt que de lâcher un solo torturé au bon moment dans un morceau. Agressor n'a pas regardé à la dépense de ce côté-là. Alors bien sûr il y aura toujours du monde pour dire que l'album a mal vieilli. Mais si on y regarde de plus près , ou plutôt écoute, il n'a pas si mal vieilli que ça. Avec le revival qui taquine nos oreilles, et certains groupes qui se sont déterrés tels des zombies avides de chair de métalleux, Agressor, même s'il n'a pas eu la notoriété internationale de certains groupes, c'est tout de même un groupe dont nous pouvons être fiers et "Neverending Destiny" est un merveilleux album qui décrasse, sans aucun souci...

Celui qui aime Agressor se doit d'avoir cet album même si après celui-ci leur style s'est endurci, si c'est devenu de plus en plus death au fur et à mesure des années, avec un son nettement plus puissant et écrasant, rien que "Symposium Of Rebirth" était déjà plus lourd. De plus "Neverending Destiny" n'a pas été réédité, ça vous occupera un moment de le chercher. Je l'ai eu quand il est sorti, la fatalité a fait qu'il est passé dans les mains de quelqu'un d'autre sans que je sache qui ni quand, ni où (oui ça s'appelle un vol) et j'ai eu du mal à me le rechopper en CD. Mais franchement c'est tout un son, tout un style qui est contenu dans cet album... Début de l'autosatifaction : Argh !!!! J'avais bien raison, je viens de lire sur un petit bout du booklet, que l'album était sous licence Black Mark !!!! Ha ha hahaha !!!! Je le savais !!!!! (fin de l'autosatisfaction) Et donc pour clore... Oui... "Neverending Destiny" reste un album culte, vraiment culte avec un Alex très en forme, normal il était plus jeune aussi...


Arch Gros Barbare
Octobre 2009


Conclusion
L'interview : Alex Colin-Tocquaine

Le site officiel : www.agressor.fr