Le groupe
Biographie :

Alda est un groupe de black metal atmosphérique américain formé en 2007 et actuellement composé de : Stephanie Knittle (basse, violoncelles, chant), Timothy Brown (guitare), Jace Bruton (guitare, chant / ex-Draugluin, ex-Satus) et Michael Korchonnoff (chant, batterie, bodhrán, harmonium / With The End In Mind, ex-Satus, Ekstasis, Novemthree, River). Alda sort son premier album, "Alda", en Novembre 2009 chez Singularity Publishing, suivi de ":Tahoma:" en Janvier 2011 chez Eternal Warfare Records, de "Passage" en Septembre 2015 chez Bindrune Recordings, et de "A Distant Fire" en Octobre 2021 chez Eisenwald.

Discographie :

2009 : "Alda"
2011 : ":Tahoma:"
2015 : "Passage"
2021 : "A Distant Fire"


La chronique


Bien que de nature chaotique et sulfureux dans ses fondements, le black metal se distingue également par les rapports à la nature qui y sont présentés. Parmi les groupes explorant le plus cette thématique, on trouve bon nombre de groupes qui évoluent dans le sous-genre du black metal atmosphérique. C’est le cas de Alda, formation américaine qui marque donc son retour pour un quatrième album en cette fin d’année 2021. Explorant les thématiques de contemplation et de rapport à la nature, le groupe explore des sonorités qui, si elles ne sont pas nouvelles, sont encore assez peu répandues mais souvent fortement appréciables et majoritairement retrouvées dans le black metal néerlandais, chez des groupes comme Fluisteraars, Turia ou encore Sagenland.

L’album se veut très instrumental et contemplatif, proposant souvent de longs passages dans lesquels le chant est totalement absent. Ces passages mettent principalement en avant les riffs et les lignes de basse, ces dernières étant particulièrement savoureuses dans le morceau "Forlorn Peaks". Derrière tout cela, la batterie se présente, sous-mixée, et seulement pour induire un rythme mais n’est aucunement en lien avec une volonté de violence ou de brutalité. Tout dans ce qui est présenté fait référence au merveilleux et au beau, comme un appel à l’émerveillement face à une nature en constante évolution, qui était là bien avant nous, et qui le sera encore bien après. La plupart des morceaux étant plutôt longs, on retrouve plusieurs passages instrumentaux par morceau, ces derniers offrant souvent une diversité plutôt étonnante dans les sonorités. Notamment dans les introductions et les clôtures des morceaux, on retrouve beaucoup de parties exclusivement acoustiques, apportant une certaine chaleur aux morceaux comme c’est le cas particulièrement pour le morceau "Dawn Astray" qui nous offre plusieurs belles minutes venant tout droit du post-rock et qui ne donnent qu’une envie : se poser dans l’herbe fraîche un soir d’été et fermer les yeux. Les riffs qui suivent ne sont pas en reste et même après la disparition de l’acoustique, ces derniers restent dans une ambiance très propice à l’apaisement et au calme. On regrettera cependant le fait que le violon, très présent dans les passages acoustiques du début de l’album, soit de plus en plus en retrait dans la seconde moitié.

Le chant, s’il n’est pas particulièrement présent dans la plupart de l’album, a tout de même son charme lors des passages où il se fait entendre. Ce dernier est largement mis en avant dans le mixage et ne se veut ni agressif, ni désespéré. On a plutôt affaire à un véritable dialogue entre la nature, représentée par les instruments, et l’homme, représenté par le chant, qui va hurler pour se faire entendre parmi tous les éléments. On notera également des passages en chant clair d’une rare beauté, notamment dans le morceau "A Distant Fire" car superposant un chant clair masculin à un chant clair féminin qui, même s’il est très en retrait, se démarque tout particulièrement et s’impose comme un réel plus dans ce dialogue de la race humaine avec la nature. Cependant, l’album ne se pose pas non plus comme rejetant totalement tous les codes du style dans lequel il évolue, ainsi, on retrouve de nombreux riffs qui raviront les fans de black metal plus traditionnels à grands coup de trémolos et d’accords joués très rapidement, le tout propulsé par un chant growlé admirablement bien maitrisé, en ce sens, le morceau le plus classique semble être "Forlorn Peaks", loin d’être mauvais pour autant, ce dernier propose tout de même des riffs très appréciables, et probablement une des structures les plus mémorables de l’album, mais ne se distingue pas pareillement que le reste des morceaux de l’album. On notera tout de même pour la fin un sample qui semble évoquer une éruption volcanique, sample qui déborde sur "Loo-Wit", qui se présente plus comme une deuxième introduction amenant directement au dernier morceau de l’album, qui est également le titre éponyme et évocateur : "A Distant Fire".

Dans ce dernier morceau, long de plus de quinze minute, il n’est plus question de dialoguer ave la nature, on fait face à une réelle soumission face à sa puissance et son éternité, ce qui se traduit par une abondance de passages instrumentaux, seulement recoupés par les chants clair et growlé, de temps à autre, pour montrer que l’humanité est toujours là, et assiste, impuissante à la démonstration de la puissance ancestrale qui démontre la nature, ici à travers, semble-il du moins, une éruption volcanique. Cet évènement, s’il a déjà été traité plusieurs fois dans la musique comme l’excellent "Endless Fire" de Vanum, illustre parfaitement l’insignifiance de l’homme face à une activité qui a lieu depuis le début de l’histoire de la terre. Ainsi, l’album se termine timidement face à tout cela, sur quelques accords acoustiques portés par un sample qui semble présenter un environnement désormais calme.

A travers cet album, Alda nous présente donc une réelle contemplation de la nature, qui se traduit par un dialogue avec cette dernière, s’illustrant à travers une grande diversité de passages instrumentaux acoustiques et électriques, parfois interrompus par les chants d’un duo dégageant une parfaite harmonie. Cet hommage est finalement magnifié à travers le dernier morceau qui nous présente un réel cataclysme naturel s’illustrant par une synthèse de toutes les idées précédemment utilisées dans l’album, avant un timide retour au calme et au silence.


Praseodymium
Novembre 2021


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.facebook.com/aldacascadia