Ah, Alfahanne ! Lorsque le premier album de ce groupe suédois est sorti, j’avais été peu impressionnée. J’avais eu cette impression de piston vu la quantité de guests que le groupe avait réussi à attirer, et j’avais décidé de les bouder sans même essayer d’écouter ce qu’ils avaient à proposer. Et vint ce moment de révélation totale au Blastfest, où mise devant le fait accompli de les voir en live, j’ai été tellement convaincue que j’ai directement changé d’opinion, et ai déclaré en des termes peu recherchés que "Bordel c’est trop génial ce truc !". La preuve que rien n’est jamais perdu. Cette anecdote explique donc que j’étais ravie à l’avancer d’écouter leur nouvel album. Et une fois de plus, le groupe a réussi à s’attitrer la visite d’invités d’exception. Mais ça, j’y reviendrai plus tard.

L’album débute sur "Alfa Kropp Alfa Blod". L’introduction parlée reprend d’ailleurs les termes exacts dans une sorte de discours. Et pour en revenir au sujet des guests, qu’au final je n’aurai pas mis longtemps à réaborder, nous trouvons ici le premier invité : Nattfursth de Sohrin. Ici, les sonorités sont résolument rock. Et je retrouve avec plaisir les vocaux caractéristiques d’Alfahanne. J’aime particulièrement cette faculté d’incorporer plusieurs styles différents au son du groupe. Et ici, le contraste des vocaux avec la présence de ce premier invité est appréciable. Nattfursth apporte le côté un brin dégueulasse avec ses vocaux... spéciaux, et donne une identité au titre. Avec "Besatt", le son se veut davantage lourd. Là, je souligne le travail au niveau de la guitare, parce que franchement le rythme m’est resté en tête un bon moment. Le titre envoie, et je pense qu’il sera largement repris en live. Nouveau titre, nouveau guest avec "Skalleromrsgift" qui voit l’apparition d’Erlend Hjelvik qui officie notamment dans Kvelertak. On a ici une mélodie un peu plus tournée vers le black metal. Et une fois de plus (ça m’énerverait presque de le reconnaître), il faut avouer qu’Alfahanne sait choisir ses invités. Les vocaux de Hjelvik se mélangent parfaitement avec le son caractéristique du groupe. Et c’est entraînant, c’est catchy, c’est maîtrisé et ça me plait.

Suit "Vänd Inte Ryggen Till", où les vocaux s’affirment davantage. Et ce mélange entre metal, rock, punk fonctionne toujours à merveille. Mais je suis sans doute déjà probablement acquise à la cause du groupe... Mais tout le charme d’Alfahanne repose sur ce mix entre les genres. Mix qu’on retrouve une nouvelle fois sur "Blodad Tand". Ici, l’influence black metal se fait peut-être davantage sentir et convaincra sans doute les auditeurs les plus attachés à ce genre musical. Mais le côté rock reste bien entendu présent, et on retrouve le son propre à Alfahanne. Mais il faut admettre que le riff de ce titre est foutrement catchy. Une nouvelle fois. Et nous revoilà face à une chanson à invité avec "Hora (Tills Du Dör) / Huora Kuolemaansa" qui voit cette fois intervenir Spellgoth de Horna. Et franchement, ce titre est un coup de coeur. Il est l’équilibre parfait entre rock et black metal, et il est très facile de se prendre à siffloter le morceau tellement il rentre en tête. Le mix est juste parfait, et ce titre est rapidement devenu l’un de mes favoris. Il est génial, c’est tout. Avec "Arkeologen", on retrouve une fois de plus ce mélange si bien dosé. J’ai cette impression que l’album dans son entiéreté a été composé pour me rester en tête.

Parlons de "Berserk" à présent. Là, encore je salue le travail des musiciens. Ce titre est puissant. Il y a aussi une certaine innovation sur les vocaux, qui varient en intensité, et donnent une nouvelle dimension au titre. Ca donne une idée assez intéressante de ce que pourrait être Alfahanne si les vocaux étaient davantage variés, et ce n’est vraiment pas rebutant. Au contraire ! Je donne un vote pour qu’ils continuent sur cette voie. Je suis emballée. Avec "Slutdestination Eskilstuna", on retrouve un invité déjà familier d’Alfahanne qui n’est autre que Niklas Kvarforth de Shining qui avait déjà officié sur l’album précédent du groupe. Et la collaboration s’était déjà révélée efficace. J’ai presque envie de dire que ces gars-là sont une équipe qui gagne, et qu’il ne faudrait presque jamais changer.

Le danger qui planait sur cet album d’Alfahanne était de se laisser bouffer par les invités. Il faut avouer que le groupe n’a encore une fois pas invité n’importe qui, et il aurait été facile de se laisser submerger par les influences de chacun de ces guests. Mais les Suédois s’en sortent superbement. J’attendais beaucoup de cet album, comme de tous les groupes sur lesquels j’ai eu un jour un coup de coeur aussi brutal qu’inexpliqué. Et au final, je ne suis pas déçue bien au contraire. J’ai eu l’album catchy, entraînant, et satisfaisant que j’attendais. Je n’arrive toujours pas à m’expliquer pourquoi j’apprécie autant Alfahanne, mais il y a des choses qui ne s’expliquent pas. Après tout, autant apprécier et arrêter de tergiverser sur la question. C’est génial, c’est tout.