Les Portugais d’Amputate reviennent avec un deuxième album après le très bon "Tortura Macabra" sorti en 2016, si l’artwork est globalement beaucoup plus insipide et ressemble tout simplement à une copie de "The Interstice" de Brand Of Sacrifice, ce n’est heureusement pas le cas de la musique qui, elle, va être beaucoup plus satisfaisante. Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’album ne va pas aller chercher dans les fioritures et autres effets grandioses : il attaque directement par une violence pure et frontale avec le morceau "Plague Upon Plague" et vient directement donner le ton pour la demi-heure qui va suivre : aucune concession, de la brutalité pure. Et c’est finalement tout ce que l’on peut souhaiter venant de cette formation.

Ce qui va venir directement frapper et ce dès les toutes premières secondes de l’album, c’est la production et le mixage extrêmement soignés qui ont été apportés sur ce disque, aucun instrument n’est laisse derrière et on comprend parfaitement tout ce qu’il se passe même sous une avalanche de blasts supportée par des riffs extrêmement rapides et agressifs, ce qui rend le tout extrêmement satisfaisant. Le chant est également un gros plus dans l’album, si ce dernier est la plupart du temps un chant assez classique que l’on peut retrouver dans le death metal, il subit assez souvent des variations, devenant des fois plus éraillé, parfois plus caverneux jusqu’à devenir même quasi inhumain sur certains passages, on retiendra notamment sur ce point le morceau "Conquering Thy Flesh" qui semble tout droit venu d’un autre monde et fait monter la brutalité encore d’un cran à travers ce chant extrêmement bien maîtrisé et juste impressionnant. On remarquera cependant que le chant n’est pas le fait d’un seul homme mais bien de deux, les guitaristes s’attelant tous les deux à cette tâche, il est cependant facile de distinguer l’un de l’autre et de remarquer que tous deux possèdent une technique admirable. Le fait d’avoir deux chants permet également de les combiner sur un seul et même passage comme on peut l’entendre en ouverture d’album dans "Plague Upon Plague".

On ne boudera pas non plus notre plaisir sur quelques passages mid-tempo qui viennent intensifier la brutalité des compositions et qui ne seront pas sans nous rappeler le son de formations légendaires comme Cannibal Corpse avec notamment un passage absolument jouissif dans le morceau "Asphyxiation" ou encore celui qui vient précéder le solo de "Feeding On Thee". Si ce procédé se fait un peu plus rare dans la seconde moitié de l’album, c’est au profit d’un tempo plus lent de manière générale dans les morceaux, apportant un côté plus insidieux qui vient servir la brutalité d’une autre manière et permet un petit vent de fraîcheur au sein de l’album, ce qui l’empêche de devenir répétitif ou lassant. En termes de solos, l’album vient d’ailleurs nous en servir dans la plupart des morceaux, si ces derniers ne sont pas forcément tous mémorables ni très originaux, ils viennent apporter un petit côté death old school dans un album qui se veut définitivement plus moderne dans ce qu’il propose par rapport au précèdent, ce qui n’est pas forcément pour déplaire. Cette touche old school va aussi venir se faire ressentir dans quelques riffs avec notamment l’intégralité du morceau "When The Sun Turns Black" qui va faire office d’interlude dans l’album, proposant uniquement un riff de guitare insidieux et malsain, sorte d’annonciateur du déferlement de violence à venir, comme si tout ce qui avait été mis en place avant n’était qu’un prélude.

Cette suite va justement être marquée par une réelle différence dans les compositions, ces dernières étant moins frontalement agressives et jouant plus sur quelque chose de plus lent et rampant, comme une menace planante, on aura d’ailleurs dans les deux derniers morceaux de longues intros en mid-tempo qui viennent une fois de plus marquer cet effet death old school remarqué plus tôt. C’est donc sur un tout autre schéma que ces deux derniers morceaux sont axés et on peut ainsi confirmer que "When The Sun Turns Black" vient marquer une véritable césure au sein de l’album pour nous amener vers des contrées différentes en termes de composition . On aura par ailleurs un chant beaucoup plus en retrait, et même carrément absent, dans "Buried By Ashes" qui va terminer l’album sur un long passage instrumental qui démontre que le chant n’est pas toujours essentiel pour dépeindre la violence. L’absence de chant démontre aussi que le chaos qui a été déchaîné lors des morceaux précédents est terminé, que ce déferlement de violence a trouvé son point de rupture et sa fin lors du morceau éponyme de l’album, il ne reste maintenant rien d’autre que des cendres.

Avec "Dawn Of Annihilation", Amputate nous livre un album efficace qui va puiser dans beaucoup des codes du death metal pour les utiliser avec une efficacité indiscutable sans chercher à les renouveler. Alliant compositions tirant sur le death old school avec un mixage et des sonorités définitivement plus modernes, l’album ne cesse de nous plonger dans une brutalité cathartique dont on ne se lasse pas un seul instant. L’induction d’une vraie césure au sein de ce dernier et la présence de deux morceaux instrumentaux constituent une originalité surprenante mais intelligemment mise en place et qui devrait plaire aux nostalgiques des premières décennies du death metal comme aux adeptes du death plus moderne.