Le groupe
Biographie :

Anaal Nathrakh est un groupe de black metal - très influencé par les autres artistes comme Mayhem, Burzum, Darkthrone - formé en 1999 à Birmingham en Angleterre. C'est un des groupes les plus violents et extrêmes sur la scène internationale. Anaal Nathrakh s'est d'abord exprimé sur des sujets tels que le nihilisme ou la devastation totale de l'être humain, puis par la suite sur des sujets plus apocalyptiques. Cependant, on ne peut être totalement sûr de l'idéologie du groupe étant donné que les paroles n'ont jamais été publiées. Le nom "Anaal Nathrakh" est emprunté à la formule magique "Anál nathrach, orth' bhais's bethad, do chel denmha" prononcée par Merlin dans le film de John Boorman, Excalibur (1981). "Anál nathrach" signifie en ancien irlandais" le souffle du serpent". Cette formule peut être entendue au début du morceau "Anaal Nathrakh". En 2009, Anaal Nathrakh annonce sa signature avec le label Candlelight Records pour la publication de l'album "In The Constellation Of The Black Widow" qui est est publié en Juin 2009. Anaal Nathrakh publie son sixième album, "Passion", en 2011 et son septième, "Vanitas", en 2012. Le groupe termine son huitième album, "Desideratum", en Février 2014. La date de sortie est fixée au 28 Octobre, et devient le premier depuis la signature chez Metal Blade Records en Juin la même année. "The Whole Of The Law" est sorti le 28 Octobre 2016. Le groupe entre en studio en Février 2018 pour son dixième album, "A New Kind Of Horror", qui sort en Septembre 2018. Début 2020, Anaal Nathrakh enregistre son onzième album, "Endarkenment", qui sort au mois d'Octobre.

Discographie :

2001 : "The Codex Necro"
2004 : "Domine Non Es Dignus"
2006 : "Eschaton"
2007 : "Hell Is Empty And All The Devils Are Here"
2009 : "In The Constellation Of The Black Widow"
2011 : "Passion"
2012 : "Vanitas"
2014 : "Desideratum"
2016 : "The Whole Of The Law"
2018 : "A New Kind Of Horror"
2020 : "Endarkenment"


Les chroniques


"Endarkenment"
Note : 17/20

Toujours réglés comme une horloge, les Anglais d'Anaal Nathrakh sont de retour avec "Endarkenment" deux ans après un "A New Kind Of Horror" qui s'était montré ravageur et très efficace. Cette fois, le duo fou a encore trouvé le moyen de se renouveler et nous ramène une petite surprise qui risque peut-être de diviser.

Cette surprise vous allez l'entendre dès le titre éponyme qui ouvre l'album et cela va se traduire tout simplement par des mélodies encore plus accrocheuses que d'habitude voire même fédératrices ! Et là j'en entend déjà certains : "Quoi ? Des mélodies fédératrices chez Anaal Nathrakh, on n'est pas chez Iron Maiden là ! Alors ça y est Anaal nathrakh est un traître ? Un vendu ?". Absolument pas et pour plusieurs raisons. Premièrement même si ces mélodies sont plus accrocheuses et fédératrices que d'habitude, la mélodie et le chant clair font partie de l'identité du groupe depuis "Domine Non Es Dignus" donc l'ADN est bien là. Deuxièmement parce que ces mélodies, même si elles sont parfois à la limite du gentillet (le refrain de "Create Art, Though The World May Perish" ou celui de "Singularity"), créent un contraste encore plus brutal avec les parties les plus violentes. Enfin troisièmement parce que ces parties brutales sont toujours là, toujours majoritaires et qu'en plus le groupe ne s'est clairement pas calmé ! Rien que sur ce premier morceau l'ambiance dégagée par les mélodies et le refrain ultra accrocheur n'évoque pas un groupe tentant de séduire un public plus large mais bel et bien un chef de guerre galvanisant ses troupes avant le combat final ! Je vous invite d'ailleurs à aller voir le clip qui a été fait pour ce morceau-titre justement parce qu'il est non seulement original et bien réalisé mais il amorce en plus un minimum de réflexion via son imagerie et les citations qui apparaissent régulièrement à l'écran. L'avantage c'est que ça vous permettre de vous rendre compte que le groupe n'a pas du tout levé le pied et que ce morceau fait preuve d'une sauvagerie peu commune. En plus de permettre à Anaal Nathrakh de se renouveler tout en gardant son style bien connu, "Endarkenment" détruit tout et montre une envie de nous pousser à faire la même chose.

"Thus, Always, To Tyrant" ne calme pas le jeu non plus et montre clairement le groupe péter un cable en balançant des riffs plus modernes dans l'esprit avec cette fameuse sauvagerie qui flirte avec le grind, bref malgré un côté globalement plus accrocheur ce n'est pas avec ce nouvel album qu'Anaal Nathrakh risque de séduire les fans de pop et c'est tant mieux ! Encore une fois le mélange refrain très accrocheur et couplet agressif et même malsain avec ces choeurs possédés en fond créent un contraste très efficace sur "The Age Of Starlight Ends" et ce type de morceaux devrait clairement faire un carnage en live le jour où les concerts pourront reprendre. On sent sur le solo des influences clairement heavy metal et c'est assez fort et surprenant d'avoir réussi à conjuguer ça avec la sauvagerie ambiante et es ambiances souvent glauques que développe le groupe. On pouvait déjà les entendre par le passé ne serait-ce que dans les montées aigues de V.I.T.R.I.O.L qui ont toujours clairement rappelé King Diamond, mais cette fois c'est même flagrant dans certains riffs et certaines mélodies. Globalement, la composition en général est montée d'un cran et Anaal Nathrakh maîtrise totalement l'équilibre entre la brutalité, la puissance et la mélodie. Cela donne une dynamique à "Endarkenment" que n'avaient pas ses prédécesseurs et montre du coup un visage du groupe que l'on ne connaissait pas. La métamorphose est légère certes mais suffit à faire en sorte que le duo ne se répète pas tout en suivant la voie qu'il s'est tracée depuis "Domine Non Es Dignus". Certains refrains sont étonnamment gentillets pour du Anaal Nathrakh, comme celui de "Feeding Death Machine" par exemple, mais cela reste placé au milieu de morceaux puissants et de toute façon vous avez au moins 90% de l'album qui déboîte tout.

Voilà donc un nouvel album très efficace au visage parfois plus mélodique et accrocheur mais dont la brutalité et la sauvagerie sont intactes. Les deux frappés de la caboche d'Anaal Nathrakh prouvent qu'ils en ont encore sous le pied et se renouvèlent tout en gardant leur ligne de conduite. Si le live reprend un jour, les morceaux de "Endarkenment" risquent de laisser un gros cratère au milieu de la salle !


Murderworks
Novembre 2020




"A New Kind Of Horror"
Note : 19/20

Si vous avez comme moi navigué dans le metal extrême sous toutes ses formes, il est impossible que vous n’ayez jamais entendu parler d’Anaal Nathrakh. Formé en 1999 en Angleterre par Irrumator (Mick Kenney, compositeur et multi-instrumentiste également impliqué dans Born To Murder The World, ex-Mistress, ex-Fukpig, ex-Dethroned) et V.I.T.R.I.O.L. (chant, également dans Benediction et bassiste live de Fukpig, ex-Mistress, ex-Dethroned), Anaal Nathrakh (“le souffle du serpent” dans la langue de Merlin) est basé sur un mélange dévastateur de black metal et de grindcore avant d’inclure des éléments de metal industriel. Le premier album du combo est composé en 2001 et "A New Kind Of Horror", le dixième, vient tout juste de sortir. Anaal Nathrakh n’a commencé à se produire sur scène que depuis 2011, et le line-up live a accueilli nombre de musiciens dont Shane Embury, Danny Herrera, Nicholas Barker, Duncan “Drunk” Wilkins, Frank Healy, James Walford, Steve “St. Evil” Powell, Anil Carrier, John Cooke… Ces noms vous disent quelque chose ? La fine fleur du metal extrême anglais. Et vous n’allez pas être déçus du voyage.

L’album débute avec "The Road To…", un sample horrifique qui explose finalement en une rythmique lente, mais malsaine et lourde. Le ton est donné avec la guitare lead plaintive et tranchante qui intervient avant que cette introduction ne laisse place à "Obscene As Cancer". Si la rythmique est impitoyable, la voix alterne entre hurlements à la limite de l’inhumain sur une rythmique surpuissante et chant presque lyrique sur des passages qui mêlent metal indus et éléments symphoniques pour un mélange détonnant. On part ensuite sur "The Reek Of Fear" et un sample effrayant au possible qui sonne comme une sirène d’alarme. Mais l’attaque sera perpétrée par les instruments qui déversent en permanence une rage incontrôlable. Le break saccadé entrecoupé de parties indus sonne à merveille, tout comme la voix suraiguë de V.I.T.R.I.O.L. qui amène cette part de malsain dans la musique. Le groupe continue avec "Forward!", le premier titre qu’ils ont dévoilé. Encore une fois très martial, avec cependant un sample intriguant et reposant au tout début, le riff principal sera doublé par des bruits de chargeur d’arme à feu qui se vide. La pause avant le refrain est tout simplement divine et permet de se prendre à chaque fois une balle en pleine tête lorsque le groupe repart. "New Bethlehem / Mass Death Future" est un titre un peu plus hypnotique avec un clavier juste avant le pré-refrain. Je retrouve sur ce titre ainsi que le précédent le contraste de douceur malsaine et de violence reposante qui les a fait se hisser instantanément dans mon top 5. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? "The Apocalypse Is About You!" repart directement sur un cri bestial. Totalement déchaîné, le chanteur s'époumone pendant que la rythmique d’"Irrumator" dévaste absolument tout sur son passage.

Si le titre dernier m’évoque la violence pure et la haine, "VI Coatus" est un titre que je trouve extrêmement triste. Et l’élément qui renforce cette sensation est la voix qui arrive un peu avant la fin, interprété par Brandan Schieppati (Bleeding Through). On repart sur une violence à la limite de la possession sur "Mother Of Satan" et son refrain frénétique, alors que "The Horrid Stife" est un peu plus théâtral. Les orchestrations font penser à un film d’horreur dont l’ambiance malaisante appelle lentement une rythmique explosive. Le dernier morceau, "Are We Fit For Glory Yet? (The War To End Nothing)" n’est autre que le prolongement de ces orchestrations dans des riffs plus violents et insistants. Les hurlements se marient à la perfection avec ces harmoniques déchirantes qui finissent par exploser au loin pour laisser revenir le calme.

La tempête a cessé. Anaal Nathrakh s’est encore imposé avec un album qui, certes, mélange des genres très complémentaires, mais que les membres ont su exploiter et dont ils n’ont gardé que le meilleur. Leurs rares shows sont également d’une intensité qui ne redescend jamais, et qui vous tient en haleine jusqu’au bout, en attendant que l’apocalypse ne frappe. Car oui, Anaal Nathrakh est l’incarnation sonore de la fin des temps.


Matthieu
Octobre 2018




"The Whole Of The Law"
Note : 16/20

J'avais dit dans les chroniques des deux précédents albums d'Anaal Nathrakh que le groupe était en perte de vitesse, qu'il perdait à la fois son inspiration et son authenticité et que plus le temps passait plus il s'enfonçait. Il faut croire que je ne suis pas le seul à le penser et que quelqu'un d'autre leur a fait entendre le même son de cloche, parce que le groupe s'est enfin ressaisi et remonte la pente avec "The Whole Of The Law".

Je leur faisais aussi le reproche de n'avoir fait qu'une collaboration artificielle avec Gore Tech dont les biouillages électroniques ne servaient qu'à fournir un vulgaire habillage discret alors qu'une vraie fusion des deux mondes aurait donné quelque chose de bien plus violent. Et bien sachez que c'est corrigé, cette fois on sent que les compositions ont été pensées dès le départ avec les apparitions de Gore Tech et comme je le prévoyais, le rendu est bien plus couillu comme ça. "Depravity Favours The Bold" ouvre réellement l'album après une courte intro et Anaal Nathrakh revient avec un morceau aussi violent que malsain, exactement ce qu'on veut entendre quand on se glisse un album du groupe dans les esgourdes. Les passages en chant clair redeviennent épiques et ne laissent plus cette impression de gimmick obligatoire qu'on pouvait entendre sur "Vanitas" ou "Desideratum". Globalement, la formule n'a pas changé c'est simplement qu'Anaal Nathrakh a retrouvé l'inspiration et la patate et revient enfin avec un album digne de son rang. "Hold Your Children Close And Pray For Oblivion" prouve que le premier morceau n'était pas une feinte avant de retomber dans la paresse, le groupe nous bourre la tronche et les attaques electro de Gore Tech nous rappellent le bon vieux temps du "Dissimulate" de The Berzerker. Le groupe se permet même de partir un en vrille, notamment sur "Extravaganza" qui porte assez bien son nom et qui balance des parties de chant clair assez particulières dirons-nous.

Pour le reste, comme je le disais, on retrouve Anaal Nathrakh, la personnalité du groupe n'a pas changé depuis pas mal d'albums et ne changera sûrement plus. Reste qu'avec une inspiration retrouvée, ce nouvel album envoie du bois bien comme il faut, on retrouve un équilibre entre passages mélodiques et la furie habituelle du groupe qui fait plaisir à entendre. Je ne sais pas ce qui leur est arrivé cette fois mais j'espère que cette remontée va durer parce que c'est un groupe que j'apprécie depuis très longtemps (depuis les démos en fait ) et ça me faisait mal de les entendre s'enliser dans une musique qui tenait plus du gimmick que de l'authenticité pure. Si Anaal Nathrakh continue sur cette lancée, on devrait avoir un prochain album assez dévastateur dans deux ans, même si "The Whole Of The Law" est déjà bien meilleur, je suis sûr qu'ils peuvent encore pousser le bouchon plus loin et tout raser comme ils le faisaient il y a encore quelques années. Notamment au niveau des sonorités electro ou des samples qui sont certes mieux intégrées cette fois mais qui pourraient, j'en suis sûr, prendre un peu plus de place sans dénaturer pour autant la musique du groupe. Les samples de "Of Horror And The Black Shawls" sont d'ailleurs parfaitement intégrés et apportent une ambiance sombre qui va très bien à ce morceau. On notera également que l'édition digipack renferme deux reprises assez surprenantes à savoir "Man At C&A" de The Specials et "Powerslave" d'Iron Maiden !

Un nouvel album bien plus inspiré que ses deux prédécesseurs qui ramène enfin Anaal Nathrakh sur les rails. On retrouve le groupe violent et malsain que l'on connaissait et qui commençait à s'enliser dans un metal extrême faussement méchant. Cette fois, la rage et l'inspiration sont revenues et ceux qui ont été déçus de "Vanitas" et "Desideraturm" devraient jeter une oreille attentive sur "The Whole Of The Law".


Murderworks
Février 2017




"Desideratum"
Note : 10/20

Anaal Nathrakh n'a décidément pas envie de le ver le pied et conserve son rythme de sortie, "Desideratum" débarque 2 ans après "Vanitas" qui, sans être mauvais, montrait un groupe qui commençait tout de même à se répéter et à s'essouffler. Voyons ce que ce nouvel album a dans le ventre, histoire de voir si un quelconque changement s'est introduit dans la formule bien rodée d'Anaal Nathrakh.

Il y en a mais très léger, et encore c'est un élément qui avait déjà été inséré depuis un moment mais pas de la même façon. Le groupe a bossé avec Gore Tech, projet electro qui a saupoudré de ses bidouillages le nouveau méfait des Anglais. Et même si l'intro instrumentale fait diversion avec ses riffs quasiment djent, ou qui pourraient venir d'un album de Sybreed, la musique d'Anaal nathrakh est globalement restée la même. Dès "Uleash", le groupe reprend ses bonnes vieilles habitudes sur fond de blasts et de chant hurlé saturé, et des riffs qu'on pourrait croire tout droit sortis de "Eschaton" ou "In The Constellation Of The Black Widow". L'alternance entre les couplets hurlés et les refrains en chant clair devient elle aussi bien trop prévisible, là où à une certaine époque le procédé n'était pas systématique et uniquement placé sur les morceaux qui étaient taillés pour ça. On ne peut s'empêcher d'avoir l'impression que la hargne et la rage du groupe sont forcées maintenant, les anciens albums rasaient tout sur leur passage alors que ces dernières années la mélodie prend plus de place. Les accès de fureur à grands coups de blasts semblent téléphonés, comme s'ils n'étaient placés là que pour assurer la présence d'une marque de fabrique bien établie. On sent de moins en moins de sincérité et si les derniers albums du groupe sont censés être des monuments de violence, je dois dire que l'effet commence à s'estomper. Et ce ne sont pas quelques rajouts electro bruitistes qui pourront redonner à Anaal Nathrakh sa rage d'antan, parce que même si ça joue encore vite et que ça gueule encore, l'intensité n'est plus la même.

Le constat est sévère et on pourra penser que ce "Desideratum" est une bouse, ce n'est pas le cas. Seulement quand on connaît le groupe depuis ses débuts il n'est pas étonnant de trouver ses dernières productions en dessous, ça fait le boulot pour ce qui est de rentrer dans le lard mais ça fait des entailles très propres. Jusqu'à "In The Constellation Of The Black Widow" (même si ça commençait déjà à s'adoucir), les coups de lame d'Anaal Nathrakh étaient imprégnés de rouille, on chopait le tétanos en écoutant ça, maintenant ça taille avec une lame de rasoir stérilisée. Plus rien de malsain, plus rien de glauque, l'album passe comme du miel dans les oreilles alors que ça devrait presque être une épreuve d'écouter un album entier ! Si au moins le côté electro avait été poussé à fond ça aurait pu donner quelque chose de vraiment violent, mais non ils ont décidé de laisser ça à l'état de gadget. A la limite on serait plus indulgent si la communication du groupe n'était pas constamment basée sur le côté soit disant violent et haineux, là une évolution serait cohérente. Mais quand un groupe vous est vendu comme une des pires boucheries, ce qu'il était effectivement à ses débuts, et que vous entendez "Desideratum", vous vous dites qu'il y a un os quelque part. Alors certes la qualité d'un album ne se résume pas à sa violence, le problème c'est que celui-ci n'a pas grand-chose d'autre à proposer. Les riffs ne sont pas des plus inspirés, ça sent l'auto-repompe et on a l'impression d'entendre des morceaux de "Eschaton" et "In The Constellation..." en plus soft.

Je ne sais pas si on peut encore attendre quelque chose de particulier de la part d'Anaal Nathrakh, l'inspiration baisse d'album en album et la rage aussi. Et si cet album n'est pas immonde, il est inutile dans la discographie du groupe, et ce n'est pas celui que je conseillerais à quelqu'un qui voudrait découvrir le groupe.


Murderworks
Décembre 2014




"Vanitas"
Note : 13/20

Un an à peine après la sortie de "Passion", Anaal Nathrakh nous ressort déjà un album ! On ne peut dire qu'ils chôment ceux là, en même temps sans réelle tournée ça laisse plus de temps pour le studio. En parlant de temps je les aurais bien vu en prendre un peu plus pour confectionner ce nouvel album, mais bon on va voir ça plus en détail.

Concrètement quoi de neuf depuis "Passion" ? Ben pas grand chose et c'est bien le principal problème de cette nouvelle galette. Jusqu'à récemment Anaal Nathrakh nous avait habitués à se remettre régulièrement en question, il y avait toujours une évolution qui justifiait la présence d'un nouvel album. Bon bien sûr il y a certains groupes auxquels on ne reprochera jamais leur immobilisme, mais le style d'Anaal Nathrakh est tellement cloisonné et ses limites s'atteignent tellement vite qu'au bout d'un moment on peut légitimement commencer à s'ennuyer. Pourtant ce "Vanitas" est loin d'être mauvais, il est même plutôt efficace dans son genre. Le problème c'est qu'il réutilise la même formule que "Passion", qui réutilisait déjà plus ou moins celle de "In The Constellation Of The Black Widow".

Résultat même si ça tabasse toujours pas mal et que l'écoute d'un tel défouloir est toujours plaisante je ne peux m'empêcher de penser qu'Anaal Nathrakh est arrivé au bout de ses possibilités d'évolution et que le groupe n'aura plus grand chose de neuf à nous proposer. En plus de ça même si le côté bourrin est encore là, j'ai l'impression qu'il n'est pas aussi intense que sur les précédents albums et que le groupe se force un peu histoire de coller à la formule. Alors certes on trouve quand même quelques morceaux qui rajoutent un ou deux petits détails à la tambouille, "To Spite The Face" possède sûrement les parties les plus mélodiques que le groupe ait pondu jusqu'à présent en plus de quelques bidouillages electro qu'on retrouve de temps en temps au cours de l'album. En particulier sur le morceau suivant, "Todos Somos Humanos" assez déjanté et violent, surmonté de beats electro bien méchants.

Mais tout ça ne suffit pas à véritablement apporter de l'eau au moulin, et le groupe égrène ses morceaux sans faire d'étincelles. On serait tenté de me répondre que le propos du groupe n'est pas là et qu'on écoute Anaal Nathrakh pour se faire ruiner la tronche, mais justement comme je le disais plus haut je trouve que le groupe commence à ramollir. Sans être plus soft je trouve leur musique moins spontanée, peut-être moins sincère alors que sur les anciennes réalisations du groupe nous ruinaient réellement les tympans par une débauche de haine et de rage incontrôlée. C'est dommage parce qu'il y a quelques morceaux vraiment sympa, mais pour quelqu'un qui possède déjà toute la discographie du groupe jusque là je ne pense pas que ce "Vanitas" soit vraiment indispensable. On avait eu le black crado avec "The Codex Necro", un côté plus sophistiqué et mélodique avec l'apparition des voix claires sur "Domine Non Es Dignus", l'hystérie totale d'"Eschaton", un album plus death et plus lourd avec "Hell Is Empty And All The Devils Are Here" et "In The Constellation Of The Black Widow" mélangeait un peu toutes les périodes avec brio.

Si vous voulez mon avis, je trouve que le dernier album réellement intéressant du groupe est justement "In The Constellation Of The Black Widow". C'est le dernier à changer assez d'ingrédients pour maintenir mon attention du début à la fin, je conseillerais donc à ceux qui ne connaissent pas le groupe de se procurer tous les albums jusqu'à celui-ci. Les deux derniers sans être mauvais ne sont pas indispensables, la substantifique moelle d'Anaal Nathrakh se trouve dans tous les albums qui les ont précédés.


Murderworks
Décembre 2012




"Passion"
Note : 14/20

Il y a des groupes et des artistes prolifiques, dont on sait qu'on n'aura pas à attendre 4 ans pour entendre du neuf. Anaal Nathrakh fait partie de ce genre de groupes, bon en même temps ils ne font pas de réelles tournées donc ça leur laisse plus de temps pour enregistrer un album. A peine 2 ans après "In The Constellation Of The Black Widow", les Anglais fous nous livrent déjà une nouvelle galette, d'ailleurs nommée plus sobrement "Passion".

Et pour commencer je vais évoquer directement le plus gros défaut de cet album, qui découle justement des courts délais entre leurs différentes réalisations. Vous l'avez deviné la formule n'a quasiment pas bougé, et même si c'est du bon il va quand même falloir qu'ils pensent à se renouveler un minimum à l'avenir. Mais si vous aviez justement envie d'entendre un album dans la même veine que "In The Constellation Of The Black Widow" vous devriez être ravis, on retrouve les même ingrédients et la même folie dès le premier titre. Les voix claires sur les refrains accrocheurs sont toujours là elles aussi, tout en étant encore ét toujours en cohabitation avec ces fameux hurlements totalement décharnés et haineux propres au groupe.

A la limite on ressent une patte black metal parfois plus marquée à certains moments, et les passages mélodiques le sont quelques fois encore plus qu'avant. Le son de l'album est identique à celui de son prédécesseur et les morceaux vous explosent toujours littéralement à la gueule. Bon on a quand même deux détails qui renouvellent un peu le truc, par exemple le deuxième morceau qui tape dans les 7 minutes. Alors bien sûr Anaal Nathrakh a déjà fait ce genre d'exercice, mais là placé sur le même album que deux autres morceaux qui eux n'atteignent même pas les 2 minutes ça crée un contraste intéressant.

L'autre détail va faire bondir de joie les amateurs d'extrême, puisque Rainer Landfermann vient nous poser sa délicate voix sur "Tod Huete Uebel". Et pour ceux qui ne l'ont pas reconnu c'est le fou dangereux qui hurlait déjà sur "Dictius Te Necare" et "S.U.I.Z.I.D." de Bethlehem, et je vous garantis qu'il n'a rien perdu de sa voix depuis ces albums. C'est encore une fois un arrachage de tympans en règle et la musique d'Anaal Nathrakh sur ce titre se retrouve avec une folie décuplée. Si vous ne connaissez pas Landfermann et que vous trouvez les hurlements de V.I.T.R.I.O.L. extrêmes vous allez méchamment trembler en entendant ceux de l'autre fou.

Pour le reste on nage dans du Anaal Nathrakh tout ce qu'il y a de plus classique, ça fonctionne encore bien mais gare à la répétitions outrancière. C'est vrai que le groupe a trouvé sa propre formule et qu'on peut les reconnaître tout de suite, mais maintenant il va falloir la faire mûrir et évoluer. Sans quoi les amateurs du groupe vont s'en aller voir ailleurs si l'herbe est plus brûlée, d'autant plus que de plus en plus de groupes apparaissent ou sont déjà apparus dans ce genre de mouvance bruitiste (écoutez le premier album de The Axis Of Perdition vous verrez).

Donc voilà quoi, bon album d'Anaal Nathrakh, impeccable si vous voulez entendre le groupe répéter "In Constellation..." ad vitam. Si vous attendiez un minimum de changements sur cet album la déception vous guette, et je vous conseille d'écouter avant d'acheter. C'est du bon, ça arrache la gueule, on a des refrains accrocheurs en voix claire mais c'est un peu toujours pareil depuis 2 ou 3 albums. Bon par contre si vous voulez pourrir la vie de vos voisins ce "Passion" est tout indiqué, le volume à fond et à mon avis ça devrait vite les calmer... ou vous ramener les flics à la maison.


Murderworks
Mai 2011




"In The Constellation Of The Black Widow"
Note : 17/20

La haine. Dans le metal on vous la sert à toutes les sauces, beaucoup de groupes un tant soit peu extrêmes la revendiquent comme une inspiration intarissable et sans faille. Mais la ressentez-vous souvent à l'écoute d'un album, je veux dire vraiment la ressentir, qu'elle vous saute à la gorge pour vous arracher la jugulaire et vous laisser vous vider de votre sang. Et bien c'est un peu l'effet que me fait la musique d'Anaal Nathrakh. Je dois bien avouer qu'à la sortie de "Domine Non Es Dignus" j'avais été quelque peu déçu par la nouvelle orientation du groupe qui délaissait le black metal originel et malsain pour une mixture de metal extrême beaucoup plus habitée par la folie furieuse et la rage. Or ce n'était pas ce que je recherchais à l'époque, puis les années aidant je me suis repenché sur leurs travaux. Et la vérité m'a littéralement explosé à la figure, malgré le nombre d'excités qui peuplent le monde du metal on n'avait rarement vu des hystériques comme eux.

Et les tarés en question viennent justement de sortir leur nouvel album tendrement nommé "In the Constellation of the Black Widow". Précisons de suite que les ceusses qui étaient intéressés exclusivement par le côté jusqu'au boutiste et continuellement orienté sur les blast de la chose risquent d'être déçus. En effet celui-ci suit la voie tracée par "Hell Is Empty And All The Devils Are Here", à savoir du Anaal Nathrakh un peu plus aéré (vous noterez que je n'ai pas osé dire calme). Mais attention quand je dis aéré ça veut juste dire que le groupe a appris à lever le pied de temps en temps pour nous délivrer des passages dévastateurs par d'autres moyens. Même les voix claires présentes depuis "Domine Non Es Dignus" n'adoucissent pas l'ensemble, elles donnent au contraire un côté plus majestueux et dominateur à leur musique, évoquant comme d'habitude Emperor. Parce qu'il s'agit quand même de ne pas se tromper, ça blaste quand même encore énormément et le tout donne l'impression de se faire concasser la tronche pendant 35 petites minutes. Mais les Anglais ont utilisé d'autres ressources dont certaines empruntées au metal moderne, comme ce gros break bien rouleau compresseur sur "The Lucifer Effect" ou le début de "The Unbearable Filth Of The Soul" qui me fait presque penser au morceau "Puritania" de Dimmu Burger avant de partir dans une crise d'hystérie dont ils ont le secret. En bref l'album est truffé de parties plus lourdes et plus écrasantes que par le passé sans pour autant négliger le bombardement massif. Le fait que le groupe ait daigné faire du live après "Eschaton" leur a sûrement permis de composer des morceaux moins unidimensionnels et plus portés sur l'efficacité.

Un petit mot sur le chant aussi qui a toujours été l'un des points qui permet au groupe de se démarquer, l'usage de la disto sur les voix hurlées aident beaucoup, il est vrai, à faire passer un climat haineux. Mais force est d'avouer que le père V.I.T.R.I.O.L. s'arrache bien les cordes vocales pour obtenir ce résultat, l'état d'esprit misanthropique revendiqué par le duo est bien mis en avant par ces voix de malade mental. Le premier morceau de l'album est d'ailleurs bien sournois dans le genre, il commence par des accords plaqués tranquillement sur un tempo bien lourd et s'embarque d'un coup sec dans un déferlement de blasts accompagnés des fameux hurlements. Le moins qu'on puisse dire est que ça décape méchamment, surtout quand on ne s'y attend pas, vos voisins vont adorer. Et celui à côté duquel il ne faut absolument pas passer est "More Of Fire Than Blood" qui synthétise à merveille les deux visages d'Anaal Nathrakh. A savoir que celui-ci a un couplet complètement furieux à base de blasts assaisonés aux mix hurlements / growls, et un refrain tout en voix claires. Imparable, on est habitués à ce que le groupe nous en délivre au moins un comme ça par album, mais le résultat est meilleur à chaque tentative et celui-ci est clairement au dessus des anciens.

Pour les puristes on pourra aussi noter la réapparition du morceau "Satanarchrist" qui date de leur démo "Total Fucking Necro" et qui dénote donc un petit peu du reste par son orientation clairement black traditionnel. L'album a été enregistré dans le studio des deux compères et le son est monumental, gros, puissant, clair avec le petit grain de crasse qui va bien et tous les instruments sont clairement mis en valeur. Même la basse est bien présente, ce qui est assez rare pour être signalé surtout chez un groupe de metal extrême. La boite à rythme quand à elle a un rendu relativement organique, ou du moins loin d'être aussi synthétique que certains groupes d'aujourd'hui. Anaal Nathrakh nous délivre donc un excellent album qui pourra quand même décevoir ceux qui n'avaient que moyennement apprécié "Hell Is Empty And All The Devils Are Here" encore que le petit dernier bénéficie d'une orientation un peu plus black metal que son successeur. Pour les autres vous pouvez aller prendre votre ration de coups sans problèmes, les Anglais en ont encore dans le ventre et n'ont pas fini de faire souffrir les âmes sensibles.


Murderworks
Août 2009


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/anaalnathrakhofficial