Le groupe
Biographie :

Ancst est un groupe de black metal / crust allemand formé en 2011 (anciennement Angst) et actuellement composé de : Stefan (basse / ex-Redlined, ex-Sinatra, ex-Sleeve), Tom (chant / Afterlife Kids, Henry Fonda, ex-Call Me Betty), Robert (guitare / ex-Imparage, ex-Grimblade, ex-Goldust), Jonas (guitare) et Conor Michael (batterie / In Demise, Orphan Playground Sniper, ex-Requital, ex-Intravenous Contamination, ex-Pighead, ex-Krakonos). Ancst sort son premier album, "Moloch", en autoproduction en Mars 2016, suivi de "Ghosts Of The Timeless Void" en Mars 2018 chez Lifeforce Records, et de "Summits Of Despondency" en Septembre 2020 en co-production avec Lifeforce Records.

Discographie :

2013 : "The Humane Condition" (EP)
2013 : "Lamenting A Dying World" (EP)
2013 : "November" (EP)
2014 : "Taima" (EP)
2015 : "Dark Space Clutter" (EP)
2016 : "Moloch"
2016 : "Stormcaster" (EP)
2017 : "Furnace" (EP)
2018 : "Ghosts Of The Timeless Void"
2018 : "Abolitionist" (EP)
2020 : "The Darkening" (EP)
2020 : "Summits Of Despondency"


Les chroniques


"Summits Of Despondency"
Note : 17/20

L’arrivée de plates-formes telles que Bandcamp, Soundcloud ou Reverbnation a créé une nette évolution, pas seulement chez l’auditeur dans sa façon de consommer la musique, mais surtout chez les artistes, dans leur manière d’appréhender leur orientation artistique. Le fait de passer du producteur au consommateur directement, c’est un sérieux avantage, non pas seulement en termes financiers, mais surtout au niveau du contrôle de l’image. Fini les pochettes imposées ou le tracklisting déterminé par le label, aujourd’hui, les groupes font ce qu’ils veulent, et cette liberté d’expression a forcément généré de nouvelles attitudes, habitudes, et même des nouvelles tendances.

Il y a une forme de retour en arrière grâce à ce mode de fonctionnement à nouveau DIY, un peu comme un retour aux prémices de l’avènement du metal extrême, où les groupes devaient se démerder pour sortir leur démo, l’envoyer à des fanzines ou d’autres combos, en espérant être remarqués et signés sur un label. Avant, le label, c’était une consécration, un stade ultime dans l’évolution d’un projet artistique, aujourd’hui, les nouvelles formations recherchent l’inverse et fonctionnent à nouveau en réseau. Les Berlinois d’Ancst s’inscrivent dans cette mouvance actuelle et revendiquent haut et fort leur indépendance et leur mode opératoire "do it yourself". Productifs, leur Bandcamp foisonne d’EPs, de splits dont beaucoup se déclinent en différents formats : cassette, vinyles proposés en différents coloris, CDs en édition limités, et le merchandising s’en porte très bien également, badges, patchs, shirts, il y a le choix.

Alors bien sûr, on serait tenté de se dire que si les groupes ont l’entièreté du choix et de l’orientation du son et de l’image, c’est parfait, mais en fait, tout n’est pas si simple. Se constituer soi-même son cadre n’est pas une chose facile et surtout, l’auditeur doit aussi pouvoir être suffisamment autonome pour appréhender certains groupes. Dans le cas d’Ancst par exemple, sur leur Bandcamp, le combo définit sa musique comme étant du blackened crust, black metal et dark ambiant, ok, cette association de styles tous plus alléchants les uns que les autres aurait tendance à décrire un truc bien harsh, avec des phases planantes et des moments extrêmement nerveux en mode déguelasse, autant dire de suite qu’en ce qui concerne "Summits Of Despondency", il n’y a rien de tout cela, enfin si, avec le côté déguelasse en moins. En fait, si vous prenez un disque comme "Celestial", là, vous allez vous taper 1 heure de drone ambiant, autant dire qu’il faut aimer le synthé et planer bien loin, donc ici, la terminologie stylistique du groupe ne marche pas. Pour ce nouvel opus, la grosse dominante c’est un mix de deathcore et de black metal mélodique avec une approche un poil plus "post", ni plus ni moins. Hormis ce léger compromis, Ancst, qui nous avait gratifié d’un monument, l’EP "Furnace", qui pour le coup, colle un poil plus à la définition précité, cherche à faire évoluer son style en préservant les bases de leur empreinte sonore. Ici, le groupe s’en sort mieux que sur sa précédente réalisation metal de 2018 "Ghosts Of The Timeless Void", car en effet, "Summits Of Despondency" est plus varié et aéré, tout en préservant l’identité du son des Berlinois. Très mélodique, les riffs contrastent avec une batterie intense et nerveuse, toute en accélérations et breaks efficaces, le tout transcendé par un chant d’écorché vif. Globalement, la construction des compositions se rapproche plus du death melo suédois que du black metal, avec un petit penchant deathcore évident. La production est plus dynamique que le précédent full length et, même si les guitares perdent en définition, la formation gagne en puissance, et sa musique s’en trouve de ce fait plus déterminée et accrocheuse.

D’un point de vue purement compositionnel, Ancst a quelque peu délaissé son approche basée sur le blast beat, au profit de riffs plus thrashy, sur lequel les instruments travaillent réellement ensemble, hormis "Final Hour" qui préserve ce mode opératoire. Le disque fait retomber la pression en milieu de partie avec "The Burden Of Hope Part 1" et "2", le premier titre se base sur un arpège de guitare vaporeux très prenant et le deuxième en reprend les bases pour développer un metal résolument puissant, permettant ainsi de récupérer l’énergie développée depuis le premier track. Dans ce disque, Ancst ose plus, il se permet d’incorporer du chant féminin sur le pont de "Monolith" et sur "Razed Eden", titre accrocheur, lancinant qui développe de sublimes harmonies de guitare, la formation flirte aussi allégrement avec l’emo avec "…Of Dying", qui sonne comme un véritable tube, avec ses harmonies glaciales soutenues par un riffing à la limite du punk. Les trois derniers tracks, "Denazification", "Monotony Of Anguish" et "Monolith", font sensiblement retomber la pression en ralentissant la cadence, laissant place à des passages plus lourds ou proposant plus d’harmonies. En découpant ce nouvel opus en différentes parties, Ancst, par le tracklisting, réussit le pari d’accrocher l’auditeur du début à la fin, un atout que le groupe avait négligé d’utiliser sur son précédent longue durée qui s’avérait bien plus linéaire.

"Summits Of Despondency" est un point d’encrage important dans la carrière d’Ancst, car il semblerait que ce disque synthétise toutes les approches stylistiques dont ces Allemands se nourrissent, le death mélo, le black, le post (oui, c’est devenu un style, peu importe ce que l’on y colle en guise de suffixe, c’est Internet qui le dit, pas moi), le deathcore, etc. Le groupe parvient ici à mettre de l’eau dans son vin sans pour autant proposer de la soupe populaire insipide, et cette évolution notable penche en sa faveur. Cet album est à la fois intense, immersif et nuancé, la production soutient admirablement l’ensemble et la haine du chanteur semble plus crédible que jamais, "Summits Of Despondency" vaut le détour, et Ancst doit désormais songer qu’en proposant un tel pavé, il va falloir assurer après ça.


Trrha'l
Novembre 2020




"Ghosts Of The Timeless Void"
Note : 15/20

Ancst est un groupe allemand qui a sorti pléthore d'EPs et de split albums avant de dévoiler son premier album "Moloch", à la face du monde, en 2016. Deux ans séparent donc cet opus de celui dont il est question aujourd'hui et qui se nomme "Ghosts Of The Timeless Void". Entre temps, le groupe s'est adonné à ses petites activités discographiques annexes en participant à trois splits et en réalisant deux EPs suplémentaires. Autant dire que nos amis teutons ont la compositionnite aiguë, d'autant plus que pour ce nouvel album, c'est 11 titres que Ancst vous propose, pour 41 minutes de “metooool “ rapide et puissant !

Depuis le début des années 2010, l'Allemagne voit émerger une nouvelle vague de groupes dont l'esthétique mélange habilement la noirceur du black metal avec des harmonies depressives empreintes de post-metal comme Unru, Ast, Ultha, Jungbluth, ou encore Alpinist. Par rapport aux groupes pré-cités, Ancst est donc beaucoup plus accessible car la formation s'inscrit dans une démarche moins expérimentale, avec des compositions plus linéaires et un son à la fois propre et précis. Pour paraphraser, Ancst fleure bon l'eau de Cologne après le bain du soir, alors que les autres formations auraient tendance à humer tels de vieux pieds engourdis après avoir passé la journée dans des après-skis trop serrés, si vous voyez ce que je veux dire...

D'un point de vu stylistique, nous avons droit ici à un subtil mélange de heavy black mâtiné à la sauce post-core, dans le sens où les harmonies et le climat engendrés par les riffs dénotent une certaine mélancolie associée à la froideur assez caractéristique dans ce genrre musical. A la fois mélodique et puissant, le groupe traduit en musique une atmosphère grandiose par l'usage de riffs exécutés en trémolo picking, avec ce son aigu des guitares contrastant avec la basse, à la fois lourde et bien ronde. Le chant, dont le timbre granuleux s'inscrit dans une tendance blackcore vraiment vénère, contraste habilement avec l'ambiance épique et majestueuse développé tout au long de cet album. Du côté des tambours, et vas-y que ça déroule de la double !

L'alternance de passages rapides et de tempos pachydermiques offrent une vision du black metal résolument moderne, non seulement vis-à-vis des choix artistiques du groupe, et surtout par la production, claire et précise, mais également par le choix des riffs et des mélodies qui ont une sensibilité qui s'inscrit dans une tendance metal très actuelle. Donc, pour résumer : voix beuglée, gros son de guitare bien lourd, bon équilibre général, "Ghosts Of The Timeless Void" est en définitive assez accessible. Osons définir ce pamphlet numérique comme étant du commercial post-blackcore, même si je me doute fortement qu'une telle appellation ne soit pas tout à fait de bon goût.

Globalement, cet album passe très bien. Il est certes assez linéaire, plutôt répétitif, mais l'atmosphère et l'énergie qui y sont déployés, consolidés par une production vraiment honnête, donnent véritablement du crédit à ce nouvel acte discographique. Si vous cherchez un bon disque de metal actuel, dans le registre post-core, et que vous n'êtes pas réfractaires au black metal, "Ghosts Of The Timeless Void" est le disque qu'il vous faut.


Trrha’l
Mars 2018


Conclusion
Le site officiel : www.ancstcollective.com