Le groupe
Biographie :

Angra est un groupe de power metal progressif mélodique et symphonique brésilien créé en 1992. Le premier line-up d'Angra est constitué d'Andre Matos (chant, ex-Viper), Rafael Bittencourt (guitare), Kiko Loureiro (guitare), Luis Mariutti (basse) et Marco Antunes (batterie). Ce dernier quitte le groupe dès 1992 et Ricardo Confessori (ex-Korzus) ne le remplace qu'après l'enregistrement du premier album, "Angels Cry" (enregistré par un batteur de session, Alex Holzwarth, actuel batteur de Rhapsody Of Fire). Le morceau "Never Understand" préfigure l'album suivant, "Holy Land", qui quitte le registre purement speed metal mélodique pour un style plus progressif, avec l'introduction d'éléments musicaux sud-américains. "Holy Land" voit le jour en 1996 et est l'album de la consécration. Ce concept-album, sur l'histoire du Brésil, offre une grande variété d'ambiances, mélangeant des influences brésiliennes avec du heavy / speed et du progressif en poussant le concept symphonique. En 1998, Angra sort son troisième album, "Fireworks", produit par Chris Tsangarides. "Fireworks" marque un brusque changement de direction vers un heavy metal plus classique : les influences sud-américaines disparaissent quasiment, tout comme le côté power metal. En 2000, à cause de problèmes de management et de divergences musicales et personnelles, Andre Matos, Ricardo Confessori et Luis Mariutti quittent Angra et forment, en 2001, le groupe Shaaman ; les deux guitaristes d'Angra recrutent trois remplaçants : le bassiste Felipe Andreoli, le batteur de Paul Di'Anno, Aquiles Priester, et le chanteur Edu Falaschi. En 2001, "Rebirth" sort. Avec cet album, Angra revient à un style power metal plus marqué. En 2004, sort l'album "Temple Of Shadows", reprenant à nouveau des airs brésiliens, avec plus de percussions que les albums précédents, et une orientation progressive plus subtile. L'album suivant, "Aurora Consurgens", sort le 30 Octobre 2006 et on y retrouve un style se rapprochant du métal progressif. En Mars 2009, le groupe annonce officiellement que Aquiles Priester est remplacé à la batterie par son prédécesseur Ricardo Confessori. En Septembre 2010, l'album "Aqua" sort ; album concept autour de la pièce "The Tempest", de Shakespeare. En Mai 2012, Eduardo Falaschi annonce qu'il quitte le groupe. Il est remplacé par Fabio Lione (ex-Labyrinth, Rhapsody Of Fire). En 2014, le batteur Ricardo Confessori est remplacé par Bruno Valverde. Le huitième album studio, "Secret Garden", sort en Janvier 2015. Cette même année, Kiko Loureiro est remplacé par Marcelo Barbosa. Le neuvième, "Ømni", sort en Février 2018. Le dixième album, "Cycles Of Pain", sort en Novembre 2023.

Discographie :

1993 : "Angels Cry"
1994 : "Evil Warning" (EP)
1996 : "Holy Land"
1996 : "Freedom Call" (EP)
1998 : "Fireworks"
1998 : "Acoustic… And More" (EP)
2001 : "Rebirth"
2002 : "Hunters And Prey" (EP)
2004 : "Temple Of Shadows"
2006 : "Aurora Consurgens"
2010 : "Aqua"
2015 : "Secret Garden"
2018 : "Ømni"
2023 : "Cycles Of Pain"


Les chroniques


"Cycles Of Pain"
Note : 17/20

Après le très bon "Ømni" en 2018 qui offrait quelques petites surprises agréables, voici le dixième album d'Angra, "Cycles Of Pain". Il aura fallu cinq ans que le groupe remette le couvert mais une certaine pandémie et quelques galères sont passées par là entre temps. On se réjouit donc de pouvoir écouter un nouvel album du groupe puisque ce dernier semble en forme et plutôt inspiré ces derniers temps.

Après la petite introduction de rigueur, "Ride Onto The Storm" ouvre le bal de très belle façon avec des orchestrations et des choeurs épiques, des riffs heavy speed mélodique dans la grande tradition qui se partagent la place avec d'autres riffs plus puissants et plus teigneux. Le refrain est comme d'habitude accrocheur et mélodique tout en gardant ce côté épique avec encore des choeurs en soutien, bref pour une ouverture d'album c'est très efficace et cela confirme qu'Angra a encore la patate. "Dead Man On Display" enchaîne avec une ambiance plus sombre et un mid-tempo menaçant en guise de comité d'accueil. On retrouve le heavy et des touches progressives par la suite avec en plus une petite dose de blasts ! Même si c'est par de petites touches, Angra continue à tenter des choses, à incorporer des sonorités qu'il n'a pas l'habitude d'utiliser, bref la musique du groupe évolue encore. De gros coups de double grosse caisse sur fond de riffs de bûcheron amènent aussi une bonne dose d'agressivité à ce deuxième morceau décidément bien méchant par rapport à ce que propose le groupe habituellement. Bruno Valverde s'y amuse d'ailleurs pas mal à la batterie en nous envoyant des plans bien pensés et qui sortent des patterns metal classiques. On savait déjà que ce batteur était talentueux mais sur "Cycles Of Pain" son jeu brille de mille feux ! Les autres membres ne sont pas en reste et Fabio Lione s'impose clairement comme le bon choix avec ses lignes de chant qui passent avec une facilité déconcertante de la puissance à l'émotion. Felipe Andreoli nous fait entendre de très belles lignes de basse sur "Tide Of Changes - Part 1", mélodiques et techniques à la fois avant de proposer quasiment un mini solo de basse la deuxième partie ! Quant aux deux guitaristes Marcelo Barbosa et le vétéran Rafael Bittencourt, ils se font bien plaisir aussi entre les leads lumineux, les soli impressionnants, les parties plus complexes et touffues et les riffs puissants et directs.

Il aura fallu près de six ans pour avoir droit à un nouvel album d'Angra mais le groupe est bel et bien vivant et en grande forme ! Certains pensaient que le groupe allaient avoir du mal à se relever à chacune de ses galères, mais il en est toujours revenu et "Cycles Of Pain" confirme que ces gens ont du talent. Certes l'effervescence que le groupe a connu en France à ses débuts est passée depuis bien longtemps, mais il sort toujours des albums de qualité et ce dixième opus est clairement à ranger dans le haut du panier. Le heavy metal, le speed, le power, tous ces styles connaissent un regain d'intérêt ces dernières années mais la plupart des groupes se contentent de ressortir de vieilles recettes. Angra fait partie de ceux qui veulent encore avancer et le talent de compositeurs des membres du groupe s'entend clairement sur ces douze morceaux. Les sonorités latines font leur retour sur "Vida Seca" et les rythmiques dansantes se mélangent à des riffs agressifs et plus modernes d'un côté et une mélancolie plus marquée de l'autre. Malgré le niveau technique affolant de tout le monde, le groupe met comme toujours l'accent sur les mélodies et les émotions, en ajoutant juste ce qu'il faut de puissance purement metal et d'agressivité pour rendre le tout plus dynamique et proposer des morceaux qu'Angra n'aurait jamais sorti à ses débuts. On se souvient des trois premiers albums qui faisaient entendre des mélodies plus douces, une certaine naïveté aussi parfois. "Cycles Of Pain" se fait plus dur, plus sombre par moments, et fait donc honneur à son titre. On entendait déjà des sonorités plus dures sur les précédents albums, on se souvient aussi du guest d'Alissa White-Gluz sur "Ømni" par exemple. Le groupe élargit son spectre sonore avec le temps et ne se prive pas de tester de nouvelles sonorités, ce que peu de groupes cherchent encore à faire au bout de dix albums !

"Cycles Of Pain" comble donc avec succès une longue attente et Angra revient en forme avec un album qui continue de proposer quelques petites surprises. Loin de rester en pilote automatique, le groupe continue à progresser et à se faire plaisir malgré les galères.


Murderworks
Décembre 2023




"Ømni"
Note : 17/20

Pas de perte de temps pour Angra qui revient déjà nous visiter avec "Ømni", deuxième album avec Fabio Lione au chant qui avait prouvé il y a trois ans que sa voix passait très bien chez les Brésiliens, et premier sans Kiko Loureiro à la guitare, remplacé par Marcelo Barbosa. Sachant que "Secret Garden" m'avait plutôt enthousiasmé, c'est avec une curiosité non feinte que je me suis penché sur ce nouvel essai.

Pour le coup, l'entame de "Lights Of Transcendence" pourrait presque rappeler Rhapsody, mais la patte Angra revient bien vite avec un heavy speed et mélodique typique du groupe. Pour ceux qui craignaient la perte de Kiko Loureiro, pas d'inquiétude, les riffs sont toujours dans les standards du groupe et les soli très techniques et mélodiques sont toujours présents aussi et de qualité. On a d'ailleurs une petite surprise sur "Black Wido's Web" qui, en plus du chant de Fabio Lione" nous offre celui de Sandy, chanteuse de pop brésilienne, et celui d'Alissa White-Gluz d'Arch Enemy qui vient poser ses growls ! La preuve qu'Angra en a encore sous le pieds et peut encore nous surprendre, parce que qui aurait parié sur la présence de growls dans la musique du groupe à l'époque de "Holy Land" ou "Fireworks" ? On y retrouve aussi des sonorités très modernes, des riffs saccadés presque dignes du djent par moments, comme c'était déjà le cas sur "Secret Garden". Angra vit avec son temps et intègre avec brio les sonorités que l'on retrouve sur la scène metal moderne, gagnant pour le coup en agressivité et en puissance. "War Horns", comme son titre l'indique, balance lui aussi son lot de riffs bien méchants, pour du Angra en tout cas, et quelques mélodies bien plus sombres que ce à quoi le groupe nous habitue. Une preuve que malgré sa discographie maintenant conséquente et une personnalité encore reconnaissable, le groupe évolue constamment, les fondamentaux restent mais de nouveaux éléments se greffent progressivement par dessus.

"Caveman", quant à lui, nous renvoie aux morceaux les plus prog que le groupe a pu proposer depuis "Temple Of Shadows" en gros, des morceaux plus techniques aux structures plus complexes. "Magic Mirror" fait carrément penser à du rock prog dans la grande tradition par moments, encore une petite surprise sur un album d'Angra même si le groupe a toujours aimé les mélodies soft. Les sonorités brésiliennes sont elles aussi toujours présentes, que ce soit sur "Caveman" ou sur l'album en général, le groupe n'oublie pas ses racines. Bref, si vous avez apprécié ce qu'à fait Angra depuis quelques albums, il y a peu de chances que vous soyez déçus avec "Ømni", on y retrouve tout ce qu'on avait pu aimer ces dernières années avec quelques surprises supplémentaires dont j'ai parlé plus haut. Kiko Loureiro vient d'ailleurs poser sa guitare sur "War Horns" en guest, comme quoi la séparation s'est bien passée. L'album se termine par le morceau "Ømni" séparé en deux parties dont une de plus de huit minutes qui voit le groupe revenir avec ces fameuses sonorités brésiliennes pour nous faire deux morceaux plus posés et plus riches en ambiances. La production concoctée par Jens Bogren est évidemment puissante, claire et dans les standards du genre, offrant un écrin sonore adapté à ce nouvel Angra.

Nouvel album dans la lignée de son prédécesseur pour Angra avec quand même deux ou trois petites surprises en plus, ce qui permet au groupe de prouver aux sceptiques qu'il peut survivre sans Kiko Loureiro. Ceux qui n'aimaient pas n'aimeront toujours pas, et les autres devraient trouver leur bonheur sur cet "Ømni".


Murderworks
Septembre 2018




"Secret Garden"
Note : 16/20

Je vais faire mon vieux con mais quand je vois le nom d'Angra, j'ai tout de suite les souvenirs des trois premiers albums qui me reviennent en tête, avec tout le barouf fait autour du groupe en France à cette période grâce à la distribution assurée par NTS à l'époque. Le groupe était constamment présent en live, dans les magazines, avec des éditions spéciales de leurs albums ou des lives spécialement dédiés à la France, bref c'était l'effervescence. Une effervescence qui est quelque peu tombée après les changements de line-up que l'on sait. Pourtant si le visage de groupe avait légèrement changé avec des incursions dans le domaine du prog bien plus prononcées qu'auparavant, les albums restaient très solides et la patte du groupe était toujours reconnaissable. Tout ça pour dire qu'Angra est de retour avec "Secret Garden" après "Aqua" sorti il y a près de 5 ans et qu'il est une fois de plus confronté à un changement de line-up, à savoir la défection du chanteur Edu Falaschi au profit de Fabio Lione venu tout droit de Rhapsody (ouais, le "Of Fire", je ne m'y ferai jamais).

Et on commence avec un "Newborn Me" dont le couplet est étonnamment agressif pour du Angra, très metal prog dans l'esprit avec de grosses saccades et des contretemps un peu partout. Premier contact aussi avec le chant de Fabio Lione qui s'intègre parfaitement à la musique du groupe, ce qui n'est pas franchement surprenant. On retrouve aussi ces soli de guitares de fous furieux dont leur précédents albums étaient déjà parsemés et qui sont un vrai plaisir pour les oreilles, d'autant qu'ils restent toujours mélodiques et donc très loin de la démonstration technique. On note aussi une première incursion de la part des habituelles percussions propres à la musique traditionnelle brésilienne dont Angra a toujours été friand. Globalement, ce nouvel album ne devrait pas dépayser ceux qui ont apprécié ce que le groupe fait depuis "Rebirth", à savoir un mix entre le heavy speed mélodique des trois premiers albums et un côté prog plus technique et plus sombre, même si à bien y réfléchir ce "Secret Garden" se rapproche plus du très prog "Temple Of Shadows" que de "Aqua" qui était un peu décevant d'ailleurs. En tout cas l'album se montre très varié, rien que les 5 premiers morceaux tapent chacun dans un registre différent, et "Storm Of Emotions" est plutôt poignant dans le genre morceau intimiste mid tempo. On note aussi la présence de plusieurs guests avec entre autres Doro qui chante en duel avec Rafael Bittencourt sur "Crushing Room" et Simone Simons qui chante sur "Secret garden". Un morceau éponyme qui sans être mauvais fait un peu tâche dans le décor, même si Simone chante toujours aussi bien le morceau est un peu mièvre et plutôt convenu pour du Angra.

Les amateurs d'efficacité en seront une fois de plus pour leurs frais, car même si Angra sait toujours faire son heavy speed et direct il explore des territoires bien plus proches du prog depuis quelques années et a par conséquent considérablement complexifié les structures de ses morceaux. Certains considèreront ça comme un défaut et une perte d'efficacité, d'autres comme moi apprécieront le travail d'orfèvre effectué et se délecteront de ces titres un peu plus tortueux et riches. D'autant que le groupe ne tombe jamais dans des débordement de mesures impaires comme peut s'amuser à le faire Dream Theater par exemple, dont on peut tout de même sentir l'influence par moments. "Secret Garden" reste tout de même relativement accessible et ne nécessite pas d'avoir fait le conservatoire pour comprendre ce qui s'y passe, les morceaux sont tous très travaillés et si les musiciens se font plaisir techniquement, on arrive toujours à trouver un repère auquel s'accrocher, en bref c'est toujours assez complexe mais jamais indigeste. "Upper Levels" est sûrement un des morceaux les plus proches de Dream Theater d'ailleurs, même son break sent le Petrucci à plein nez ! "Perfect Symmetry" remet les pendules à l'heure avec du heavy speed mélodique et accrocheur comme l'aiment les fans d'Angra, le tout agrémenté de quelques orchestrations du plus bel effet.

Au final, un très bon album qui sans révolutionner le style d'Angra montre que le groupe continue à progresser et à expérimenter sur la voie qu'il s'est tracée depuis une paire d'années maintenant. Angra explore des terres bien plus prog depuis "Rebirth" et les nostalgiques de leurs débuts ne trouveront toujours pas leur bonheur sur "Secret Garden", mais pour les autres ça reste bien meilleur que "Aqua" et Fabio Lione prouve que le groupe a fait le bon choix.


Murderworks
Février 2015


Conclusion
Le site officiel : www.angra.net