Il n’est pas rare dans le monde de la musique, surtout dans le rock et dans le cas qui nous concerne ici, le metal, que des groupes décident de reprendre certaines de leurs chansons, voire même des albums entiers, de manière acoustique. Qu’en serait-il si une formation décidait de sortir un album à la mentalité metal, mais directement acoustique ? C’est un peu en quelque sorte la démarche artistique derrière "Ill'usions", premier album du groupe français An’Hedonya.

On associe, avec raison, le metal aux guitares saturées, à la section rythmique appuyée et aux voix d’outre-tombe. Pourtant, peut-on parler d’un esprit metal ? À l’écoute des huit morceaux d’"Ill'usions", nous pouvons constater qu’il existe peut-être en effet une manière de penser "metal" en n’ayant nul besoin des effets et artifices habituels du genre.

En effet, An’hedonya, plutôt que de tenter de reproduire, par exemple, des riffs de guitare metal, sans la distorsion, s’inspire des éléments musicaux derrière la construction d’une pièce metal pour en faire une musique qui sort des étiquettes habituelles. L’on entend à travers leur musique, malgré la facette acoustique, je le répète, des influences doom, gothiques et même progressives. C’est difficile à décrire, mais à titre de comparaison, je dirais qu’An’Hedonya se rapproche de ce que fait Kingfisher Sky ou bien des dernières offres plus soft de The Gathering.

Principalement portée par la voix enchanteresse de Marie Soler, An’Hedonya ne se gêne pas pour incorporer du chant growlé dans certaines pièces, créant du même coup un contraste paradoxal entre la "douceur" de leur musique et l’agressivité de ce type de chant. Il ne faudrait pas passer outre le travail du guitariste Fred Martin (colossal sur "Yesterday You Were Laughing", où il se rapproche vraiment le plus près de riffs de guitare metal) et de la section rythmique constituée de Thibaut Gérard à la basse et Léo Margarit (Pain Of Salvation) à la batterie. Leur jeu respectif ne fait pas seulement office de faire-valoir, livrant plutôt une performance fusionnelle avec les guitares et la voix de Marie Soler.

Moi qui m’autoproclame saint protecteur de l’originalité, je serais bien mal placé pour critiquer les choix faits ici par le groupe. Leur genre n’a rien de nouveau, je le concède, c’est la manière d’émuler la réflexion metal de façon acoustique qui me semble ici unique. J’espère sincèrement que les amateurs de metal auront l’esprit assez ouvert pour se laisser prendre dans l’univers d'An’Hedonya et de comprendre franchement l’effort artistique derrière ce premier album.