Le groupe
Biographie :

Aoratos est un one-man band de black metal américain formé en 2017 et dans lequel opère Naas Alcameth (chant, guitare, clavier / Akhlys, Bestia Arcana, Excommunion, Nightbringer, ex-Rhune, ex-Serpentinam, Temple Of Not). Aoratos sort son premier album, "Gods Without Name", en Mars 2019 chez Debemur Morti Productions.

Discographie :

2019 : "Gods Without Name"


La chronique


On avait découvert les Américains d'Aoratos avec la compilation que Debemur Morti avait sorti en fin d'année pour célébrer ses quinze ans, voilà cette fois le premier album, "Gods Without Name", qui va nous permettre de voir ce que le groupe a dans le ventre après un apéritif très intéressant sur la fameuse compilation.

"Parallax I" fait office d'intro glauque à souhait avec ses riffs rampants et ses mélodies malsaines et inquiétantes. Pour rappel, le groupe fait évidemment du black metal mais dans un style plus proche des groupes orthodoxes que de la vague norvégienne, donc un black blindé de dissonances et au son plus grave et imposant que sale et strident. "Holy Mother Of Terror" annonce d'ailleurs la couleur avec ses percussions martiales en début de morceau et ses guitares complètement tordues, dissonantes, aux allures de cauchemar sonore. Les blasts n'arrivent qu'à partir de "Of Harvest, Scythe And Sickle Moon" et ne font rien pour alléger l'ambiance qui nous rappellent presque aux bons souvenirs des premiers Aevangelist, plus pour le côté fantomatique, malsain et extrêmement dissonant que pour le côté bordélique et insaisissable. Aoratos pratique un black fantomatique et malsain, très dissonant et puant la folie plus que la mort. En tout cas, le groupe a sa patte et son black est très efficace pour vous pourrir l'ambiance en quelques minutes et vous faire baisser la température en mode chambre froide. Si la violence et les blasts se font une bonne place aux cotés des gros tapis de double, c'est plus pour épaissir encore la brume qui entoure les morceaux et rendre le tout encore plus étouffant que pour vous écraser la gueule. Aoratos tient presque de la créature lovecraftienne dans sa tendance à vous enserrer et vous baver une substance inconnue dans les oreilles. Sachant que le nom du groupe veut dire "invisible" en grec, on n'en est pas loin (et ces dieux sans nom dont parle le titre de l'album), de l'invisible à l'indicible il y a un pas que je franchis. On y retrouve les mêmes thèmes de la peur et de la folie avec une touche de mort pour rajouter un peu de goût.

"Gods Without Name" vous ouvre bien grandes les portes de l'enfer et vous invite à faire le tour du proprio et à vous imprégner de l'ambiance qu'il y règne. En tout cas, le rendu est réussi, les morceaux passent et l'impression de descendre dans un puit sans fond se fait de plus en plus prégnante. Un voyage aux confins de la folie et de la mort dont vous ne reviendrez pas indemnes et qui va permettre à Aoratos de tirer son épingle du jeu. Sans compter que le groupe a visiblement envie de tabler sur une imagerie assez forte, complément idéale à ce black très expressif et très malsain. Les bruits et autres samples ambiants que l'on entend en fond en rajoutent encore une couche à cette ambiance de caveau hanté et de cerveau malade, là encore comme Aevangelist le faisait sur ses premiers albums. En tout cas, voilà encore une preuve qu'ils ont le nez creux chez Debemur Morti, "Gods Without Name" est très bon dans le genre et si le groupe arrive à tenir la distance, nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Précisons que le maître d'œuvre d'Aoratos, Naas Alcameth, est du genre prolifique puisque c'est lui qui officie aussi chez Nightbringer et Akhlys entre autres, deux groupes dont je vous ai déjà parlé en ces pages d'ailleurs. Ce premier album garde le fond du black metal en en faisant bouger la forme comme beaucoup de groupes dits orthodoxes même si Aoratos n'entre pas totalement dans cette catégorie.

Un premier album prometteur qui balance un black très malsain, fantomatique, étouffant et inquiétant. Plus proche de la mouvance orthodoxe que dans l'ancienne vague norvégienne, "Gods Without Name" fait de l'effet et installe une ambiance tarée et délétère en moins de temps qu'il ne m'en faut pour l'écrire.


Murderworks
Mai 2019


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.aoratos.bandcamp.com