Le groupe
Biographie :

Créé en 2007 au Canada sous le nom de Defenestrated, le combo, sous l'impulsion de Jaron Evil (basse, chant / Artep, Funeral Fornication, ex-Gremory, ex-Lashing Ether, ex-Seasons Of Sorrow) avec des potes barbus genre bûcherons, c'est-à-dire Spencer Prewett (batterie / ex-Gremory, ex-Impure, ex-Artep), Tobi Morelli (guitare / ex-Muspellheim) et Dean Lamb (guitare), se lance rapidement dans un death brutal très mélodique. Aprés s'être séparés du vocaliste Shawn Hache pour le remplacer par le monstrueux Oli Peters (ex-Enchanted Faeries), ils enregistrent en 2011 l'énorme "All Shall Align". Puis, ils se font remarquer notamment en France où ils tournent avec Fleshgod Apocalypse, Aborted et Decapitated. "The Lucid Collective", le deuxième album du combo, sort en Avril 2014 chez Season Of Mist. En Juillet 2016, Archspire est annoncé de retour au studio Flatline en Août avec le producteur Dave Otero pour l'enregistrement d'un nouvel album prévu pour 2017 et un nouveau bassiste, Jared Smith, suite au départ de Jaron Evil pour raisons de santé. "Relentless Mutation" sort au mois de Septembre, toujours chez Season Of Mist. Quatre ans plus tard, "Bleed The Future" sort en Octobre 2021.

Discographie :

2011 : "All Shall Align"
2014 : "The Lucid Collective"
2017 : "Relentless Mutation"
2021 : "Bleed The Future"


Les chroniques


"Bleed The Future"
Note : 19,5/20

Alors que le monde redémarre, Archspire nous dévoile "Bleed The Future", son quatrième album. Créé en 2007 sous le nom de Defenestrated, le groupe change de nom en 2009 avant de sortir un premier EP. Mais c’est en 2017 que Spencer Prewett (batterie), Dean Lamb (guitare), Tobi Morelli (guitare), Oliver Rae Aleron (chant) et Jared Smith (basse) prouvent au monde qu’ils sont les maîtres du death technique. Et ce nouvel album s’annonce encore plus puissant.

L’illustration d’Eliran Kantor (Helloween, Atheist, Bloodbath, Loudblast, Gutslit…) confirme cette annonce de violence, tout comme le fait de savoir Dave Otero (Akhlys, Allegaeon, Cattle Decapitation, Skinless…) aux manettes, de l’enregistrement au mastering. Première claque avec "Drone Corpse Aviator" qui rappellera bien vite à ceux qui l’avaient oublié quelle est la vraie puissance de feu du groupe, qui mélange à la perfection technicité, vitesse extrême et lourdeur. On remarque que le chant a encore gagné en intensité, et que la rythmique sait toujours placer des harmoniques destructrices sur un blast incroyable, puis le groove assassin de "Golden Mouth Of Ruin" vient frapper. Le séisme est aussi brutal que technique, dévoilant des tonalités sous-accordées étouffantes qui restent accrocheuses. Si vous aviez été surpris par la vitesse que le groupe peut atteindre, vous le serez également sur ce titre-ci, tout en vous faisant balayer par la puissance des riffs, alors qu’"Abandon The Linear" dévoile une dissonance entêtante qui va de pair avec ce son que rien ne peut arrêter. Le titre nous laissera parfois respirer avant de laisser ce flot de technicité reprendre, mais "Bleed The Future" ne sera pas aussi tendre et proposera une avalanche de violence ininterrompue.

A nouveau, le tempo est incroyablement élevé, mais les musiciens suivent le rythme avec une virtuosité incroyable. Le chant n’est pas en reste, puisque chaque syllabe est parfaitement prononcée tout en caressant les limites connues, puis un doux break nous permet de nous remettre de nos émotions avant de nous écraser à nouveau. L’introduction de "Drain Of Incarnation" nous propose une mélodie aérienne et entêtante, puis la rythmique revient à la charge. On notera que ce titre reste tout de même assez mélodieux, tout en incluant des parties purement brutales ou des leads enchanteurs, puis "Acrid Canon" développe une certaine noirceur dans ses parties instrumentales. Sans négliger cette extrême technicité, le groupe propose des tonalités plus inquiétantes, tout comme l’introduction mystérieuse de "Reverie On The Onyx", qui sera rapidement rattrapée par les éléments habituels. Le groupe inclut quelques moshparts pachydermiques dans ces rafales techniques, puis "A.U.M." fait resurgir le côté fun des musiciens avec une introduction samplée. Le répondeur éteint, le groupe nous offrira une dernière composition incroyablement rapide, technique et diversifiée, tout en proposant des tonalités un peu différentes des autres. La basse est mise à l’honneur sur le break, puis la déferlante se poursuit jusqu’au final.

Archspire nous avait proposé un excellent album en 2017. Difficile de faire mieux ? C’est vrai, pourtant "Bleed The Future" l’a fait. Une fois de plus, le groupe propose un condensé entre technicité, brutalité, sonorités accrocheuses et un nombre incalculable de notes. 400 BPM ? D’accord. Faire sonner ça intéressant ? Défi relevé, et on est loin de la démonstration de force inutile.


Matthieu
Octobre 2021




"Relentless Mutation"
Note : 19,5/20

Des fois, la vie vous impose des épreuves et tout ce dont vous avez envie, c'est de vous battre, n'est ce pas ? Ou alors vous êtes en quête d'une technicité à toute épreuve pour tester votre maîtrise d'un instrument. Eh bien les Canadiens d'Archspire vont pouvoir vous offrir les deux d'un seul coup. S'ils se sont fait connaître de manière locale sous le nom de Defenestrated en 2007, c'est en 2009 avec la sortie de leur premier EP que tout prend sens. Le tout premier album arrivera en 2011, puis le deuxième en 2014 et enfin "Relentless Mutation", la troisième et dernière merveille en 2017. A part Jared Smith (basse) qui est arrivé en 2016, tous les membres sont présents depuis le changement de nom. Spencer Prewett (batterie) nous offre des blasts inhumains, alors qu'Oli Peters (chant) hurle comme un damné sur les rythmiques démentielles de Tobi Morelli et Dean Lamn (guitares). Vous pensiez connaître la violence ? Moi aussi, mais en fait je n'en savais absolument rien.

Le premier parpaing que vous allez vous prendre en pleine tronche est "Involuntary Doppelgänger". "Pas l'temps d'niaiser" comme disent nos cousins québécois, et même si le groupe n'est pas de la même province, ils vont appliquer ce principe avec une perfection rarement égalée. Que ce soit en rythmique pure ou en solo (de basse ou de guitare), ces mecs sont littéralement nés avec leurs instruments dans les mains ! Le morceau se coupe d'un coup pour repartir de plus belle avec un cri plus bas que terre. Le deuxième titre, "Human Murmuration", commencera lentement pour vous aider à vous remettre de cette tornade avant qu'Oli ne se remette à hurler. La technique reprendra le dessus, mais la rythmique est tellement lourde qu'il est impossible de ne pas headbanguer devant la puissance de cette composition. Si le son arrive de loin, "Remote Tumour Seeker" ne mettra pas longtemps à vous éclater au nez. Vous pensez que c'est une image ? Non, c'est la seule et unique vérité, le son va vous clouer au sol. De plus, le refrain est réellement entraînant et vous allez vous surprendre à le chantonner !

Le titre éponyme, "Relentless Mutation", est un concentré d'atmosphère oppressante, planante et de rythmique violente. Les nombreux coups d'harmoniques vont probablement vous désarçonner, mais la voix vous ramènera sur Terre pour mieux vous asséner des coups plus violents les uns que les autres. Vers le milieu du titre, une petite pause arrivera avant un hurlement clairement inhumain. "The Mimic Well" prendra la peine de s'introduire avec une batterie rapide puis c'est un mur de son qui s'abattra de temps à autres sur vous. Entrecoupé de passages techniques à en faire pleurer un virtuose, Oli ramènera les morts à la vie avec ce cri démentiellement bas, alors qu'il s'acharnera à plomber quiconque écoute le début de "Calamus Will Animate". Si je vous dis que cet homme est une mitrailleuse niveau débit vocal, ce n'est pas pour rien. Les musiciens ne seront pas en reste avec des parties lead de chaque instrument, mais surtout Jared Smith, le nouveau venu. Déjà le dernier titre ? Oui, moi aussi j'en pleure. Mais j'en pleure également de joie à entendre "A Dark Horizontal" et son introduction presque jouable. Si les membres se déchaîneront par la suite, ils laisseront la vedette à Jared Smith et ses parties lead à la basse en pleine rythmique. La rythmique se brise brusquement pour devenir aussi atmosphérique qu'entraînante.

Vous avez compris ? Parce que j'en suis à la huitième écoute et je ne m'en remets toujours pas. Je tuerais des gens pour voir ce groupe en live, je me saignerais pour acheter leur merch alors que sur les albums précédents ils ne m'avaient "seulement" laissé une très bonne impression. Le death metal technique vient simplement de trouver un de ses leaders, Archspire domine la partie. Mon seul reproche ? Trop court. Mais ça vous donne une raison de plus pour le réécouter en boucle pendant des jours entiers.


Matthieu
Septembre 2017




"The Lucid Collective"
Note : 18/20

Raaaaah. Archspire. LE groupe qui désanusse tout le monde. Que tu aimes le style ou pas, que tu sois adepte ou non de l'extrême, voilà un groupe qui ne peut que te calmer.

C'était déjà le constat que je faisais avec l'énooooormissime "All Shall Align", le premier skeud des Canadiens, avec mon collègue Arch Gros Barbare. On a beau être des brutes, le skeud nous avait suffisamment calmés pour imposer le respect. Alors oui, quand on m'annonce comme ça que je vais gérer le petit dernier, ce qui s'apparente à une érection s'est bel et bien emparé de mon corps. Et autant dire que je ne me suis pas balancé ça dans les oreilles, ça non. Comme attendu, les furieux Canadiens envoient du très rapide, du très complexe et du très fouillé. Du death guttural, visceral, très très technique et pointu. Un poil encore au-dessus de la qualité pourtant énorme de "All Shall Align". Au-dessus de la fange ambiante, à l'image de son squelette halluciné de la pochette, se tenant par dessus le marasme du milieu, peut-être, va savoir ?

Que de morceaux énormes ! Que de passages à retenir qu'une simple chronique n'y suffirait jamais. L'intro ? Une tuerie dans ses riffs carrés, voire même angulaires. "Scream Feeding" ? Une guttu énorme, des idées de breaks à la pelle. Je ne vais pas tous les faire, mais franchement, tous les morceaux sont complétement énormes et placent Archspire un cran plus haut encore. Des mélodies à toute épreuve, une technique irréprochable et une férocité de porc en rut, une symphonie de charcuterie artisanale mais incisive où on sent une façon de faire, des envies mises en avant : ne pas mettre l’auditeur dans une routine ou dans un bloc musical monolithique. Du coup, on a une sensation particulière à l’écoute de "The Lucid Collective" : même les personnes qui ne sont pas habituées à cette brutalité extrême ne la prendront pas comme une agression musicale. C’est tellement extrême qu’on a dépassé les limites du genre.

Boah, bon comme sur "All Shall align", la partie chant est juste hallucinante de guttu, elle, débitant toujours un nombre impressionnant de mots à la minute avec une clarté étonnante et bluffante (une bonne partie de "Fathom Infinite Depth" est hallucinant de ce côté). En fait, tu te rendras compte que l'air de rien, les Archspire te font entrer dans un monde à la fois mélodique et brutal, sans aucune concession et pourtant qui induit un plaisir certain. Rien ne semble être rejeté par tes oreilles, rien ne choque. Tu te fais juste ramasser la tronche, mais quelque chose de bien. Il est cependant vrai que le côté massif de la musique va nécessiter quelques écoutes pour passer au-delà de la jouissance procurée par la première écoute. "Lucid Colective", à l'image de "All Shall Align", est un maelstrom musical qui dépasse le death brutal technique, en gardant une ligne directrice bien définie, celle des Archspire, mais arrivant à la renouveler malgré tout, surprenant même le fan que je suis (écoute juste "Seven Crowns..." pour te calmer, non mais putain mais QUEL MORCEAU !!!!) .

Ecouter "The Lucid Collective", c'est faire face à un monument. Etre prêt à subir quelque chose de fort et à en revenir vivant. C'est plus que du death brutal ou technique. C'est plus qu'une simple démonstration. C'est au-delà. Le meilleur skeud de 2014 ? Sans aucun doute un bon prétendant !


Groumphillator
Janvier 2015




"All Shall Align"
Note : 18/20

- En premier lieu, l'artwork parle de lui même. Sorti du chaos, propageant le chaos. Une onde sonore maléfique sorti du bruit originel pour les maintenir tous alignés.

Pour calmer tout le monde ?

Mont-joie, donc, le premier opus des Archspire est sur ma platine. Et autant dire que ça envoi grave du bois vert. Et oui, le bois vert qui vient du Canada, c'est t'y pas beau cette transition ?

Bref, le propos du groupe est simple et alambiqué à la fois. Du death technique, très technique même avec des grandes envolées mélodiques mais également brutal, très brutal.

Sur le papier c'est séduisant. Et pour les avoir vus en live, le groupe assure grave le côté brutal et énergétique. Mais la galette studio rend quoi, en pratique ?

Tiens, je m'ouvre une bonne Labatt Ice pour chroniquer ce monstre. Comme mon skeud, c'est glacé parce que ça vient du canada, et, comme lui, ça à l'air de rien comme ça mais ça envoi grave.

T'en veux un peu, Arch ? T'en penses quoi toi de tout ce concept ?

- J'en pense que c'est une grosse tuerie, une fois de plus Trendkill a eu le nez fin, c'est vrai que le digipack, même s'il lui manque un véritable booklet et j'ai mal aux yeux à lire les paroles, est tout de même somptueux. Cette peinture de Joshua Dartez et le logo en imposent. Clair que leur death technique, voire plus que précis, aux frappes chirurgicales dans les oreilles, a des allures de grand maître de cérémonie à la Cephalic Carnage, à la Obscura, Jack Slater, Japanische Kampfhörspiele ou encore Dying Fetus. C'est d'ailleurs ça qui est dangereux, cet album est tellement bon qu'on se dit déjà qu'il va être dur de lui succéder... Je pense aussi que, autant toi que moi avons pris une bonne baffe dans la tronche, lors de leurs prestations scéniques... Ce qui est impressionnant indépendamment des instrumentistes c'est le débit ultra soutenu du vocaliste Oli Peters, j'ai été sur le cul en écoutant la manière dont il arrive à articuler dans un chant death le nombre infini de paroles... Mais tu vois même si Archspire reste dans une veine death brutale, on sent qu'ils ont envie de s'orienter vers des passages plus mélodiques, sans tomber dans le death mélo bien sûr, comme ce que l'on peut découvrir sur "Ancient Of Ancients"... Et toi, t'en dis quoi de leurs mélodies ? En plus t'as pas l'impression que l'album s'avale super vite ?

- Ouaip, je m'en faisais la réflexion également. Tout ce beau fatras arrive tellement à toute vitesse et on est tellement occupé à en prendre plein les oreilles qu'on se rend pas compte que les morceaux défilent à toute berzingue. Quand le titre éponyme uniquement instrumental débarque finalement en posant une ambiance macabre avec des mélodies lugubres de toutes beautés, on peine à reprendre son souffle mais c'est déjà la fin de l'opus.

D'ailleurs c'est assez pervers, puis qu’automatiquement on se le remet et que c'est reparti pour un tour. Ils sont loin d'être vertueux ces Canadiens, je te le dis moi.

Niveau mélodie, c'est vrai que cet album déboîte également et que la part belle est donnée à de grosses envolées bien trippantes pour sacrifier au langage commun (on en est tous là). Je me suis souvent dit en apostille durant l'écoute que certaines mélodies n'avaient rien à envier à celles du "Symbolic" de Death. Y'a un truc qui m'a bien plu également, c'est l'attention particulière apportée au mixage. Lors des descentes de toms par exemple, où le son est clair comme l'urine d'un bambin au matin. Stuart Mc Killop (qui a bossé également avec Bison B.C ou Baptists) a fait là un sacré boulot m'est avis, donnant un nouveau sens à la brutalité des breaks qui explosent d'autant plus la tronche de l'auditeur.

- Finalement, il n'y a rien à foutre de côté dans cet album, on a l'impression que le tri a déjà été fait par le groupe et qu'ils ont mis en avant la crème de la crème de leurs compos...

Maintenant c'est vrai que les mélodies permettent d'aérer l'album parce que si sa durée est courte, et sa densité compacte grâce au sweeping et au matraquage de manches, ça empêche l'ennui de venir se poser dès les deux, trois premiers morceaux, alors que dans ce genre death on se fait vite chier... Et Archspire s'en sort avec les honneurs. On a donc ici un premier album largement méritant, avec sept petits brulôts qui réchauffent l'atmosphère hivernale et de toutes façons, pour ma part, je ne pouvais qu'apprécier un groupe qui commence par Arch... C'est ainsi que je te laisse le mot de la fin mon cher Groumph...

- Rhooo qu'est-ce que t'es nombriliste comme mec alors. Devant une tuerie comme ça, il ne pense qu'au bout de son... pseudo.

Mais t'as raison, t'as mille fois raison.

Débarqués de nulle part (si ce n'est Vancouver, mais les X-Files et McGyver aussi) ce petit combo va, à mon avis, vite se faire une chouette petite réputation de gros bouchers mélomanes experts dans les riffs-evol-de-la-mort-qui-tue. Ce skeud pour le coup fait office de signature sanglante et purulente sur la poitrine du monstre metal qui ne s'y attendait pas. L'impact est tellement puissant que seule une paire de chroniqueurs experts de leurs mains pouvait l'analyser.

A écouter dans tous les cas sans tergiverser !


Arch Gros Barbare
et Groumphillator
Décembre 2011


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/archspireband