Le groupe
Biographie :

Créé en 2013 à Milan (Italie) par Samuele Faulisi (voix, guitares, synthé, programmation), Atlas Pain est un projet qui ambitionne de mêler le metal folk d'un Equilibrium ou d'un Wintersun à l'univers grandiose des bandes originales de film à la Hans Zimmer ou à la John Williams. Il s'entoure pour cela de Luca Ferrari (guitare), Riccardo Floridia (batterie) et Louie Raphael (basse). Après une première démo enregistrée en 2014, le groupe sort un EP en 2015 intitulé "Behind The Front Page" qui leur permet de partager la scène avec des groupes tels que Korpiklaani, Anthrax, At The Gates, Enslaved, Kampfar, Skiltron, Sacred Reich, Skalmold ou Negura Bunget. En 2017, le groupe sort son premier véritable album intitulé "What The Oak Left" chez Scarlet Records. Le deuxième album, "Tales Of A Pathfinder", sort en Avril 2019.

Discographie :

2014 : Démo
2015 : "Behind The Front Page" (EP)
2017 : "What The Oak Left"
2019 : "Tales Of A Pathfinder"


Les chroniques


"Tales Of A Pathfinder"
Note : 18/20

Après une introduction étrange, qui simule une présentation de freak show, Atlas Pain nous assène un heavy mélodique mâtiné de chant black, à grand renfort de synthés glorieux. Très proche d’un Children Of Bodom, mais en plus épique, comme si Blind Guardian avait fusionné avec Wintersun, "Tales Of A Pathfinder" est un disque bourré de mélodies, de moments forts et de passages fantastiques. Nous avons là un concentré d’exubérance à l’italienne, car Atlas Pain est un groupe issu du pays en forme de botte, et musicalement ça se ressent. Cette surenchère, comme on peut en trouver chez Rhapsody ou Lacuna Coil, associée à un traitement germanisant de la composition, forment un cocktail détonnant. Le groupe raconte en musique une expédition dans un monde steampunk, tout un programme qui semble s’inspirer d’éléments plutôt "tendance".

En ce qui concerne la production, elle est claire, limpide et efficace. L’enregistrement est très professionnel. La double bombe, omniprésente, encourage au headbanging, l’équilibre entre les guitares et les sons de claviers est impec’, aucun ne prend le pas sur l’autre et le chant est suffisamment en avant. Les nombreux chœurs, lorsqu’ils interviennent, ajoutent de la superbe à cet enregistrement riche et varié. Même si le communiqué disponible avec l’album qualifie la musique d’Atlas Pain comme étant du "epic pagan metal", je préfère qualifier ce groupe de power metal avec des relents sympho. Certes, quelques instruments synthétiques ajoutent une dimension celtique à ce "Tales Of A Pathfinder" résolument entraînant, mais, à l’instar d’un Finntroll qui n’axe pas de manière quasi exclusive sa musique sur ce paramètre-là, la formation n’a pas forcément tout misé sur le côté pagan. Et puis ce côté pagan, justement, renverrait à une musique plus extrême, là, on est face à un groupe qui fait du gentil metal pour des métalleux tout mignon. Un excellent moyen d’agrémenter en musique des parties de cartes Magic : l’Assemblée, ou de faire une soirée jeu en réseau, avec une pizza, et, pour les plus dingues, de la Heineken, car la Duvel, mon Dieu c’est trop strong ! On a même droit à un passage qui flirte avec la dance music post-2010 sur le titre "The Great Run", le genre de truc dont serait capable un groupe comme DragonForce. Alors bon, s’il vous plaît mesdames et messieurs des labels, soyez honnêtes avec ce que vous vendez. Après, oui en effet, on trouve des éléments qui sonnent ma foi assez folk, comme cette sautillante mélodie pour hobbit sur "Kia Kaha", mais l’éloquence power metallique reprend vite le dessus. Ce n’est pas non plus le chant aux accents black metal qui va rattraper la chose.

Atlas Pain nous sert un plat musical bourré de saveurs, on s’imagine des collines, des rivages, des bottines en peau de bêtes et des barbes tressées. Je vois facilement un village moyenâgeux en train de fêter le printemps, plutôt que de sombres batailles ensanglantées, en atteste les "lalalas" et les clappements de main à la toute fin de "Baba Jaga". Nous avons droit ici à un power heavy de bonne facture, épique à souhait. "Tales Of A Pathfinder" est extrêmement bien produit, très accrocheur et entrainant. Il plaira énormément à votre cousine goth de 15 ans, celle qui se prend en photo sur Instagram avec ses nounours et son nouveau corset, en faisant sa petite tête de gamine sur-maquillée, des posters de Kev Adams en fond qu’elle a oublié de décrocher du mur, et qu’elle n’assume plus. Ce skeud est fichtrement bien foutu, moi-même, qui aime arpenter les recoins metalliques les plus sombres, j’ai été assez emballé par ce full length lumineux. Mais je vous aurez prévenu, c’est gentillet, très gentillet…


Trrha'l
Mai 2019




"What The Oak Left"
Note : 15/20

Le jour et la nuit, l'hiver et le printemps, la vie et la mort... La couverture de "What The Oak Left" nous montre deux aspects à la fois opposés et complémentaires de la nature. Une thématique universelle et contemplative qu'on retrouve tout de suite en lisant les titres des morceaux qui composent cet album : "The Time And The Muse", "To The Moon", "Bloodstained Sun", "Till The Dawn Comes", "The Storm"...

L'album débute par une intro sombre au piano sur laquelle vient se poser une belle voix grave. On pourrait s'attendre à du prog un peu mélancolique avant qu'apparaissent les orchestrations épiques et des mélodies de guitares qui nous ramèneront tout de suite vers un death symphonique à la Wintersun. Au fur et à mesure de l'écoute, on sent la musique des italiens est portée par une énergie à la fois grandiloquente et naïve, avec des orchestrations synthétiques foisonnantes et une approche très mélodique qui me fera penser, dans la démarche, au metal symphonique d'un Fairyland en plus folk. On aura même droit à un côté pirate metal à la Alestorm sur le titre "The Storm" ou à certaines sonorités à la Finntroll.

Difficile de savoir quoi penser de ce "Disney metal" qui s'inspire avec brio des musiques de grands films d'aventure familiaux à la Hans Zimmer ou à la John Williams. On commence par se demander : "Qu'est-ce que c'est que ce nouveau truc ultra kitsch produit avec les moyens du bord ?", mais une fois qu'on s'habitue à l'ambiance joyeuse et féerique de leur musique, force est de constater que le travail est quand même très bien fait. Certes, on sent que les orchestrations sont jouées par un logiciel et n'arrivent pas à égaler la saveur musicale d'un véritable orchestre, mais on n'imagine pas les semaines de travail qu'ont dû représenter l'écriture et le mixage de ces dizaines et des dizaines d'instruments différents. On ne peut, notamment, qu'être admiratif devant la prouesse que représente l'écriture et l'interprétation de "White Overcast Line", ce titre instrumental de presque douze minutes qui conclut cet album en beauté.

D'ailleurs, le côté un peu innocent de leur musique est contrebalancé par des aspects plus extrêmes avec un chant lead souvent saturé et certaines grosses rythmique de batterie qui ne lésinent pas sur la double pédale et le matraquage de caisse claire (bien que, là encore, on se demande si on n'a pas affaire encore une fois au son d'un logiciel...). Enfin, l'utilisation d'éléments théâtraux tels que des rires, des cris et autres clameurs au milieu des morceaux, achèvent de donner un aspect immersif et plein de vie à ce "What The Oak Left", ce qui rend son écoute à la fois sympathique et agréable.

Pour un premier LP, les Italiens de Atlas Pain se sont dépassés en nous offrant un album déroutant par son aspect mais parfaitement assumé dans son côté épique et féerique, parvenant ainsi à se démarquer des autres groupes qui pullulent dans le style folk metal très en vogue en ce moment. A la manière de Rhapsody ou de BabyMetal, il s'agit typiquement du genre de groupe qui clivera très clairement l'opinion entre ceux qui trouveront ça génail et ceux qui trouveront ça affreux et ridicule. Ils ont, en tous cas, déjà une solide base de fans un peu partout en Europe, et quelque chose me dit qu'avec un tel album, le phénomène ne fait que commencer !


Zemurion
Mars 2017


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/atlaspain