Le groupe
Biographie :

Au-Delà est un groupe de black / thrash metal originaire de Belfort, formé en 2013, et actuellement composé de : Jc Reiss (batterie), Lethal (basse / chant) et Grank (guitare). Au-Delà sort son premier EP à l'automne 2017, puis son premier album, "Sentence", en Mai 2021 chez Epictural Production.

Discographie :

2017 : "Au-Delà" (EP)
2021 : "Sentence"


Les chroniques


"Sentence"
Note : 15/20

En 2017, Au-Delà sortait un EP de black plutôt sympa influencé par la seconde vague norvégienne avec quelques touches de thrash. On attendait un album complet pour mieux juger et c'est ce qui nous occupe aujourd'hui, le groupe est revenu avec "Sentence" qui affiche une bonne heure. De quoi voir ce qu'Au-Delà a réellement dans le ventre...

On remarque très vite que le groupe a gardé son amour des morceaux longs puisque l'album démarre sur "Décharné" qui dépasse déjà les huit minutes. Un morceau qui démarre de façon très black / thrash, voire même carrément heavy metal dans l'esprit ! C'est quand les blasts arrivent que les riffs se font plus froids et évoquent la vague norvégienne, créant d'ailleurs un contraste intéressant entre les deux mondes. Le black metal d'Au-Delà affiche sa note d'intention dès le début, par ici c'est old school à tous les niveaux. Les ambiances malsaines, les dissonances, les blasts à outrance ce n'est pas par ici. L'ambiance est belliqueuse et froide mais ne se départit jamais de ce bon vieux groove qui fait headbanguer et qui se trouve plus souvent dans le thrash justement. Après un premier long morceau, c'en est un autre encore plus long qui prend le relais, "Veni Vedi Vici" s'approchant carrément des dix minutes. Les riffs se font un peu plus malsains pour le coup pendant les premières secondes et la suite part sur quelque chose de plus pagan dans l'esprit, on sent même des relents des premiers Enslaved. Mais ça c'est avant que les gros blasts n'arrivent et fassent virer le tout en gros black qui tache. C'est bon ? Vous voyez le truc ? Au-Delà passe d'un style de black à un autre sans prévenir et on est très souvent pris à contre-pied pendant l'heure que dure "Sentence". Comme précisé plus haut, les chapelles du black metal qu'utilise Au-Delà ont toutes en commun d'être old school et presque aucune concession n'est faite à la modernité. C'est surprenant mais dans le bon sens du terme et le groupe évite au moins de s'enliser, vu la longueur de certains morceaux cette variété de sonorités est salutaire.

D'autant qu"Au-Delà construit suffisamment sa musique pour que tel passage ne donne pas l'impression de tomber comme un cheveu sur la soupe. On sent parfois du Mayhem, du vieux Emperor, du vieux Enslaved, bref on repère certaines influences mais le groupe passe tellement d'un style à l'autre qu'il reste assez insaisissable et qu'il est bien difficile de deviner de quel côté il va nous attaquer. Si "Sentence" est très direct, il reste assez dense et il va falloir lui accorder un minimum d'attention pour ne pas être perdu en route. Les morceaux les plus longs bougent beaucoup et il se passe toujours quelque chose, on n'a pas vraiment le temps de s'endormir par ici. On sent aussi un peu de Darkthrone dans les moments les plus froids ou les plus thrash'n'roll, ce qui s'entendait déjà sur le EP. De toute façon, Au-Delà continue sur la voie tracée par l'EP éponyme justement et si vous aviez accroché, vous savez ce que vous allez trouver sur "Sentence". Le groupe n'a pas changé d'épaule, il a simplement plus de place pour s'exprimer et ne se gêne pas pour le faire. On retrouve d'ailleurs le morceau "Bitchkiller Bliss" qui y était déjà présent mais qui dure cette fois quatre minutes de moins ! Cela permet d'ailleurs d'entendre les progrès réalisés en matière de production, avec un son cette fois bien meilleur et plus puissant qui garde la froideur typique du black metal et les guitares tranchantes. La violence est bien présente aussi et les blasts se font entendre plus d'une fois, même si Au-Delà ne mise pas tout sur la brutalité il lui laisse tout de même pas mal de place. L'outro qui ferme l'album est d'ailleurs toute en mélodie, en mélancolie et en feeling. Une respiration bienvenue pour faire office de palier de décompression après un album qui n'aura que peu relâché la pression.

Au-Delà confirme donc le potentiel montré sur son précédent EP et dépasse même ce nos attentes. Son black metal polymorphe ancré dans le black metal old school est suffisamment varié et vivant pour garder un impact maximal malgré la longueur des morceaux. C'est violent, ça thrashe, c'est froid et ça fait headbanguer en permanence, que demander de plus ?


Murderworks
Juillet 2021




"Au-Delà"
Note : 14/20

Scène française toujours avec cette fois le premier EP éponyme d'Au-Delà, groupe de black metal comprenant en ses rangs un membre de Karne dont je vous ai parlé ici même il y a quelques temps. Trois morceaux dont un en live pour vingt et une minutes, le groupe aime visiblement installer ses ambiances.

"Hérétique" ouvre le bal avec un black metal froid, proche des origines et de la vague norvégienne, sans compromis et avec du blast en veux-tu en voilà. Les mélodies sont présentes et sont évidemment glaciales comme le veut la tradition, le son, quant à lui, est assez roots et rappelle là encore l'époque des premiers groupes norvégiens. Pour autant, Au-Delà ne pompe personne et son black metal, s'il rappelle ses influences dans l'esprit, propose tout de même sa propre sauce et crée un contraste intéressant entre les passages mélodiques et les explosions de fureur. "Hérétique" se fend d'ailleurs d'un break basse - solo de guitare assez inhabituel dans du black traditionnel, mais pour le coup plutôt plaisant et bien placé. "Memento Nihil" se montre encore plus violent et blast à tout-va et même si les mélodies sont toujours présentes et que le groupe lève le pied sur certains passages, ce deuxième morceau est tout de même assez direct dans le genre. "Bitchkiller Bliss", quant à lui, et malgré ses neuf minutes, se révèle être le morceau le plus primaire et direct de cet EP, les riffs sont proches du thrash et on se retrouve propulsés près de trente ans en arrière en entendant ce black / thrash basique et primitif qui fonce dans le tas sans faire de quartier. Et quand le thrash cède un peu de place, c'est pour que des riffs à la Darkthrone prennent le relais, du bon vieux black à l'ancienne presque sans blast. Le son n'est finalement pas plus roots que celui des morceaux enregistrés en studio et tout ça s'écoute plutôt bien quand on est habitué aux productions dégueulasses des illustres ancêtres du grand Nord. Sur les trois morceaux, on peut à la limite pointer certaines transitions un peu trop abruptes mais rien de bien méchant, le côté "fait avec les moyens du bord" contribue à rendre ce genre de petit détail un peu plus flagrant. Toujours est-il qu'Au-Delà connaît ses classiques et que son black cru et sale est plutôt efficace.

Un premier EP plutôt sympa dans un genre très cru aux frontières du black à l'ancienne et du thrash, pas de compromis et même si la mélodie est présente ça reste assez frontal. Quelques petites erreurs de jeunesse qui devraient disparaître avec le temps et trois morceaux respectueux du genre mais qui montrent quand même une patte naissante, à surveiller donc.


Murderworks
Août 2018


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/audela.bm