Que ce soit Death, l’ancien Opeth, ou plus près de chez moi au Canada, avec Martyr et Quo Vadis, les fondations du death metal technique sont connues et reconnues. Certaines de ces formations n’œuvrant plus sur la scène (la mort de Chuck pour Death et la mort de l’envie de composer de la musique death pour Opeth), les nouvelles formations de haut niveau dans le genre ne sont pas légion. Augury, par contre, est dans une classe à part. Son death metal ultra technique, produit par quatre musiciens chevronnés, ayant tous évolué dans des diverses formations au fil du temps, n’est pas pour le commun des mortels.

Contrairement à certains groupes du genre qui, après quelques chansons, donnent l’impression de ne jouer que le même morceau une heure durant, Augury maintient toujours un niveau de composition relevé, que ce soit des passages de basse endiablés, des blast beats à réveiller les morts, ou des changements de tempo mathématiques à souhait. Le niveau de qualité est ainsi assurément relevé et ne laisse jamais le temps aux auditeurs de reprendre leur souffle. Le tout est bien entendu mené de main de maître par Patrick Loisel au chant. C’est grave, c’est malsain, c’est démoniaque. Ses growls sont maîtrisés, sa technique est impeccable.

J’ai décidément un faible pour ce genre musical, puisque celui-ci permet à l’ensemble des membres du groupe de prouver son talent. La basse n’est pas reléguée aux oubliettes comme moult formations metal le font trop souvent. En effet, c’est plutôt la somme de toutes les parties au sein d’Augury qui lui confère un son et une technicité aussi unique, tout en se permettant au passage bien sûr, un hommage bien senti, conscient ou inconscient, aux plus grands du genre.

Le monde de la musique est cruel et les moyens sont minces, mais pourtant, Augury poursuit son chemin, en partie grâce au dévouement et au travail acharné de ses membres. Il est primordial, peu importe de quel coin de pays vous venez, d’encourager votre scène locale.

Une chanteuse soprano (Ariane Fleury) associée à un guitariste-chanteur guttural aux voix parfois claires, des musiciens inventifs et très techniques font de ce " Concealed" un véritable melting pot de death metal progressif. On y retrouve tout ce qu’il faut de double grosse caisse et autres parties survoltés de blast beat mais toute cette ébauche de violence et de puissance se combine à merveille avec de véritables parties douces ou ces messieurs / dame prouvent que le death metal reste encore un style aux multiples facettes qui nécessite une vrai maîtrise de son instrument, des ambiances et du son… Les envolées de guitare lead et de basse (notamment sur "Nocebo") regorge de riffs hallucinants et on est soufflé par tant de maîtrise dès la première écoute. A l’instar d’un Cynic ou d’un Atheist, les titres s’enchaînent à vitesse grand V, laissant peu de place à l’auditeur pour respirer tant ce disque est intense avec des milliers de riffs originaux et improbables à la minute. "The Lair Of Purity" avec ses relents celtiques démarre sur une intro acoustique de bonne facture et reste le morceau le plus accessible avec un réel potentiel de tube malgré sa durée (7’26). Les Canadiens d’Augury ont su éviter les pièges pour ne pas se retrouver destiné à un public uniquement composé de techniciens de la six cordes et mélange très savamment des ingrédients aussi difficile à marier que le baroque, le thrash, le death, le progressif…vraiment un disque plaisant pour tout ceux qui rêvaient de voir The Gathering rencontrer Nile ou le Strapping Young Lad. On attend impatiemment la suite…