Le groupe
Biographie :

Azziard est un groupe de black / death metal français aux atmosphères guerrières, formé en 2001, qui offre une immersion dans l'univers de la première guerre mondiale. Depuis sa création en 2001, le groupe n'a eu de cesse de chercher à faire évoluer ses racines black metal en les mélangeant avec d'autres styles de metal extrême. Après la démo "Eternal Remains" (black / death symphonique) sortie en 2005, Azziard décide de partir sur quelque chose de plus brut et plus extrême : "1916" (2009) est le premier fruit de ce changement. Après quatre ans de travail et un nouveau line-up avec l’arrivée de A.S.A (The Negation, Mind Asylum) au chant, Nesh (Nydvind, Bran Barr...) à la guitare, Siegfried (Taliesin, Valland...) à la basse, Azziard sort son second album "Vésanie" chez Mortis Humanae (distribué par Code7, Season Of Mist...) en Février 2014, qui présente encore une évolution notable par rapport à "1916". Après avoir exploré l’univers de la première guerre mondiale afin de critiquer notre société sclérosée et infectée par les mêmes maux qu’il y a plus de 100 ans, Azziard arbore un nouveau concept dans une ligne bien plus radicale avec "Metempsychose" sorti en Décembre 2017. Après avoir tourné avec Marduk et Ragnarok en 2018, Azziard revient avec "Liber Secondus - Exégèse" en Avril 2020.

Discographie :

2002 : "Heaven Burn by Hatred" (Démo)
2005 : "Eternal Remains" (Démo)
2009 : "1916"
2014 : "Vésanie"
2017 : "Liber Primus - Metempsychose"
2020 : "Liber Secondus - Exégèse"


Les chroniques


"Liber Secondus - Exégèse"
Note : 18/20

Retour d’un des fers de lance du black / death metal français, Azziard. Créé en 2001 par A.S.A (guitare de 2001 à 2011 puis chanteur, ex-The Negation), il faudra attendre 2009 pour le premier album, après deux démos. Côté line-up, il y a eu du changement depuis la création, et ce sont aujourd’hui Nesh (guitare, End Of Mankind, Katacombes, Nydvind, ex-Bran Barr, ex-The Negation), Anderswo (batterie, Absconditus, ex-The Negation), Gorgeist (guitare, Nydvind, ex-Dreamcatcher) et Sarnath (basse, ex-Insain, ex-The Negation) qui complètent le line-up, enregistrant le troisième mais également "Liber Secondus - Exégèse", le quatrième album de la formation dont nous allons parler aujourd’hui, et qui a été mixé par Etienne Sarthou (Deliverance, Freitot, Karras, ex-AqME).

On démarre avec "Seven Sermons To The Dead", un titre instrumental qui nous offre une première salve des riffs torturés des français, puis des pleurs samplés angoissants. "Retrouvailles Avec L’Âme" prend la suite, et on retrouve cette rythmique sombre, cette ambiance oppressante et surtout ce chant viscéral hurlé. Vitesse et précision font bien évidemment partie du morceau, mais cette petite accalmie avec une voix qui nous parle quelques instants avant de relancer la rythmique, ainsi que ce break plus doux contrastent le morceau. Plutôt compréhensibles et en français, les hurlements nous content cette histoire aux abords du DSBM. On repart sur des riffs plus bruts pour "The Three Prophecies", qui ralentissent que pour créer des ambiances plus aériennes et surprenantes mais qui collent à la perfection à l’univers du groupe. Incantation démarre elle aussi doucement, mais la rythmique deviendra plus imposante et avancera jusqu’à atteindre son point d’orgue avec ces choeurs mystiques froids et majestueux.

"The Scarlet Man" démarre en trombe, et une voix furieuse se superpose à une rythmique effrénée bourrée de leads tranchants, créant une sensation à la fois de malaise et d’inconfort, mais également d'agressivité. Les cris se transforment en complainte, et l’atmosphère change presque imperceptiblement pour se renforcer à nouveau et enfin cesser brutalement. "Images Of The Wanderer" démarre lentement mais instaure son propre climat en puisant dans la noirceur et la dissonance, avant de lancer la rythmique, qui reste très aérienne. Même lorsque le morceau devient martial, elle reste perceptible. Lorsque "Le Chemin De Croix" démarre on remarque deux choses. La première, ce titre est plus violent que les autres. La deuxième, le groupe se démène pour y insuffler une ambiance revancharde et énergique qui fonctionne à merveille avec la hargne de leur univers. Dernier morceau, "Le Désert" mêle habilement une rythmique massive et des sonorités dignes d’un rituel sombre pour asséner un ultime coup à son auditoire. Et ça fonctionne. On se laisse aisément captiver par le tableau que nous offre le groupe, et le final n’en est que plus beau.

Azziard est l’un de ces groupes qui nous prouve que l’attente en vaut la peine. "Liber Secondus - Exégèse" est un excellent album qui s’imposera sans problème aux côtés des opus de formations renommées du black / death. Si les Français avaient déjà franchi un pallier avec le précédent, cet album est sans nul doute celui de leur sacre.


Matthieu
Juin 2020




"Liber Primus - Metempsychose"
Note : 18/20

Si chaque pays a un ou plusieurs styles de prédilection, il est certain que le monde du metal voit la France comme un pays prolifique en matière de black metal. Il suffit de voir le nombre d'excellents groupes de black que nous comptons dans notre patrimoine. En 2001 se forme Azziard à Paris. Le groupe tentera de se faire remarquer à travers quelques démos puis sort finalement son premier album en 2009. Le deuxième suit en 2014, et c'est finalement "Metempsychose" qu'ils nous offrent en cette fin 2017. Si le line-up du groupe est très changeant, A.S.A., guitariste fondateur du projet et actuellement chanteur en est le seul membre d'origine encore présent. En 2011, Nesh (guitare) se joint à lui, ainsi qu'Anderswo (batterie) en 2015, Gorgeist (guitare) en 2016 et finalement Sarnath (basse) cette année. C'est ensemble qu'ils arrivent à un résultat qui rampe aux frontières de l'horreur, en compagnie de Julien Truchan (Benighted) et Psycho (Antilife).

"Premier Jour", une introduction au son effrayant, à la fois saturé et clair, vient débuter cet album. Des murmures surgissent de toute part pour se taire uniquement lorsque débute "L'Enfer". Ce titre violent et rapide nous projette de gré ou de force dans le monde macabre des Parisiens, et ne nous lâchera absolument pas jusqu'à la fin. Que ce soit avec un blast féroce et des riffs glaciaux ou un son beaucoup plus apaisant, les ténèbres se répandent lentement. "L'Anachorete, Dies" arrive juste après, bien plus progressif et qui se fait languir, mais lorsque sa rythmique vous frappe, la brulure est vive. Le groupe ne prend de pause que pour accélérer à nouveau. "L'Ascension" est littéralement une progression lente des ténèbres qui ont lâché leurs tentacules sur nous, les choeurs hurlés renforçant grandement la sensation de malaise qui s'empare de nous. Vient alors "Le Meurtre Du Héros" qui prend à peine le temps d'une introduction de quelques riffs avant qu'A.S.A. ne commence à hurler. L'homme n'a rien à envier aux poids lourds du genre, sa voix puissante menant son office comme personne. Une petit pause sera marquée par "Second Jour", un autre sample terrifiant qui contient une boîte à musique qui ne s'éteint que pour la rythmique démoniaque d'"Archetype". Bien plus marqués, les riffs de ce titre sont martiaux et lourds. Les harmoniques tranchantes transcendent l'auditeur, mais c'est un chant growlé qui intervient pour nous assommer un peu plus. Nouvelle claque avec "Unus Mundus" et ses riffs qui arrivent littéralement de partout sous un mur de blasts ravageur, mais ce titre reste au final assez basique. La vraie surprise viendra de "Psyché". Le chant presque vomi pousse encore d'un cran la puissance brute que le groupe développe depuis le début de l'album, provoquant un headbang frénétique et incontrôlable. La rythmique, au final très ambiante, ne fait que soutenir cette impression de frénésie, même lorsqu'une voix vient perturber le tout. Le dernier titre, "Le Sacrifice", est incroyablement long. Sans sortir de l'univers du groupe, il apporte son propre lot de surprises et son propre monde. Plus brut, plus sanglant, sans aucun compromis. Et malgré ses neuf minutes, il ne souffre d'aucune longueur.

Alors que le nom d'Azziard m'était presque inconnu, je viens de réaliser que j'étais passé à côté d'un très bon groupe pendant de longues années. Très abouti, cet album sera probablement celui de la consécration pour les Français, qui s'imposent comme des acteurs de poids dans le monde du black metal français, mais également mondial. Toutes ces ambiances ne sont pas sans rappeler un Behemoth d'il y a dix ans, et ce vent de fraîcheur est absolument divin.


Matthieu
Décembre 2017




"Vésanie"
Note : 16/20

Quatre ans après leur convaincant premier essai "1916", les Parisiens d'Azziard reviennent avec ce "Vésanie". La thématique ne change pas, à savoir la première guerre mondiale, mais le groupe lui donne ici une toute autre profondeur. Ne sachant ce que voulait dire "Vésanie", j'ai donc appris que cela désignait un désordre mental. Un concept album de huit titres de l'album sur l'histoire d'un soldat qui s'est laissé débordé par l'horreur de la guerre et finit par sombrer dans la folie jusqu'à être interné. En résumé, si Panzerchrist et Hail Of Bullets jubilaient à recomposer la B.O d'un film comme Patton (sorti en 1970, avec Georg C. Scott), Azziard se chargerait probablement de Voyage au bout de l'enfer... même si le sujet du film cité est la guerre du Vietnam.

Malgré les multiples changements de line-up que le groupe subit depuis 2002 (date de la démo "Heaven Burn By Hatred"), Arkyon (batterie) et Zyule (guitare) n'ont jamais perdu la foi, et se sont toujours donnés les moyens de leurs ambitions, il n'y a qu'à voir leur site internet assez fabuleux et original. Je n'en avais jamais vu de tel !!!! Les nouveaux arrivés que sont Nesh (guitare), Siegfried (basse) et le vocaliste A.S.A également frontman chez les furieux The Negation ont considérablement enrichi la musique et l'identité d'Azziard qui commence à sortir du lot à présent ! Le titre d'ouverture, "Allegorie" en dit déjà long sur les aspirations des Parisiens, intro martiale sur laquelle se greffe un riff dissonant propre à un Godflesh, s'enchaîne ensuite un gros blast à forte vertu cathartique. Riffs aussi épais que précis, rythmiques toujours bien senties sachant alterner de violentes furies, mid tempos ravageurs et un certain groove qui brise la monotonie et donnent une cohérence implacable à l'ensemble de l'oeuvre. Les ambiances sont tout aussi travaillées à l'instar de "Sur La Toile", les excellents "Dialyse" (ses choeurs d'outre tombe, et son riff black bien vicieux à la Dissection) et "Ekphrasis", machine de guerre à la Bolt Thrower calibré pour mettre le feu sur scène. Car le groupe use parfaitement des genres pour mieux illustrer son propos que ce soit le thrash, le death et bien sur le black en y ajoutant des dissonances rappelant l'indus.

Enregistré au Hybreed Studio par Andrew Guillotin (Temple Of Baal, Glorior Belli...) et masterisé par Maor Applebaum (Malmsteen, Halford, Sepultura), le son est massif et puissant. Toujours chanté en français également, Azziard s'inscrit dans une certaine tradition “black” du meilleur effet. Du coup, même si nous ne sommes pas en présence d'un album d'une grande originalité, on ne peut que saluer l'efficacité du songwriting dont fait preuve les Parisiens et, parier sur l'accroche des titres sur scène.


Boris
Mars 2014


Conclusion
L'interview : A.S.A

Le site officiel : www.facebook.com/azziard