Le groupe
Biographie :

BabyMetal est initialement formé comme un sous-ensemble du groupe féminin Sakura Gakuin. Le concept imaginé consiste à fusionner le metal et la musique "idol" japonaise. Aucun des trois membres du groupe ne savait ce qu’était le metal avant de se lancer dans cette nouvelle aventure. Un premier single nommé "BabyMetal × Kiba Of Akiba" atteint la troisième place du chart indie hebdomadaire Oricon ; il atteint aussi la première place du classement de Tower Records Shibuya. Le single "Ijime, Dame, Zettai" se vend à 19 000 copies. Un nouveau single, "Megitsune", ainsi qu’un premier DVD live comprenant trois concerts différents sortent respectivement en été et en automne de l’année 2013. BabyMetal annonce la sortie d’un premier album début 2014. Ce disque de treize titres est également disponible en version limitée avec DVD comprenant clips vidéo et extraits live. En 2014, des concerts sont donnés en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, aux États-Unis, au Canada et au Japon. Le Babymetal World Tour 2015 a lieu du 9 Mai au 21 Juin 2015 avec des concerts au Mexique, au Canada, aux Etats-Unis, en Allemagne, en Autriche et au Japon. Le groupe fait son retour avec son deuxième album "Metal Resistance" sorti le 1er Avril 2016. Après le départ de Yui "Yuimetal" Mizuno en 2018, le troisième album, "Metal Galaxy", sort le 11 Octobre 2019. Momoko "Momometal" Okazaki rejoint BabyMetal en 2023, juste après la sortie de "The Other One" au mois de Mars.

Discographie :

2014 : "BabyMetal"
2016 : "Metal Resistance"
2019 : "Metal Galaxy"
2023 : "The Other One"


Les chroniques


"The Other One"
Note : 16/20

Baby Metal se targue d’avoir inventer le "Kawaii Metal" (idol metal, cute metal, J-pop metal or kawaiicore). Autant leur succès est indéniable, elles ne font pas non plus l’unanimité, les puristes du metal trouvant le tout beaucoup trop populaire à leur goût. Je fais partie de ceux qui trouvent le groupe curieusement bon, malgré leur intense gimmick, qu’elles assument par contre à 100%.

Permettez-moi un jeu de mots et disons seulement que BabyMetal devient avec "The Other One" en quelque sorte TeenMetal, ou AdultMetal. En effet, là où par le passé, leur musique avait ce côté enfantin electro-pop, cette fois-ci le groupe semble prendre en maturité. Certes les influences pop et électroniques sont toujours présentes, cependant, l’on trouve maintenant un côté un peu plus sombre dans leur musique, moins sucré que précédemment. Également, il faut entendre l’introduction ultra technique de "Mirror Mirror" pour saisir l’actuelle évolution de la musique du groupe.

Par contre, malgré ces moments proches du metalcore, le groupe ne se gêne pas pour s’aventurer dans le pur electro comme la pièce "Time Wave", qui délaisse pratiquement à 100% les influences metal. Lorsque les deux types d’influences entrent en collision, avec une certaine cohésion, cela donne l’excellente "Believing" avec ses passages purement metal ainsi que son refrain pop parfaitement agencé. Il est clair que, malgré le professionnalisme des musiciens accompagnant les trois chanteuses / danseuses, cet album ne laissera pas indifférent et fera parler de lui, autant en bien qu’en mal.

Produit par Ted Jensen, maître derrière des albums légendaires tels que "Hotel California" des Eagles ou bien "American Idiot" de Green Day, clairement le tout est mixé de manière professionnelle, cependant, j’ai trouvé le son parfois beaucoup trop saturé, surtout au niveau des guitares, comme un mur de son typique de la "guerre du volume". Le tout aurait gagné en précision plutôt qu’en force à mon humble avis. Les voix des trois chanteuses sont bien en avant-plan par contre, et leur chant en japonais ajoute bien entendu une touche exotique et manga au tout.

Plusieurs réactions peuvent entrer en ligne de compte avec un groupe comme BabyMetal. Soit les métalleux de la vieille école crieront au scandale, soit les plus ouverts d’esprit apprécieront le fait que ce groupe apportera sans doute plus de fans au genre que le death ou le black pourraient réussir comme recrutement. Je me range dans le camp des derniers et crois sincèrement en l’utilité d’un tel genre.


Mathieu
Avril 2023




"Metal Galaxy"
Note : 12/20

Le phénomène BabyMetal m'a tout de suite plu dès 2014. Ce mélange de compositions metal abouties et agressives mixées avec tous les éléments japonisants traditionnels de la j-pop donnant le style kawaï metal. Le concept est d'autant plus efficace en live où, si l'on est un tant soit peu au fait de l’univers kawaï et ouvert d'esprit, le spectacle (chorégraphies) et le rendu musical sont vraiment au top. Après deux albums dans la même lignée, "BabyMetal" (2014) et "Metal Resistance" (2016) , le dorénavant duo (suite au départ de Yui en 2018) revient vers nous avec le déroutant "Metal Galaxy".

Soyons clair, cet album, pour moi, est une déception. Au-delà de certains titres vraiment faibles (que je détaillerai plus tard), tout ce "Metal Galaxy" respire le sérieux et manque cruellement de naïveté ! Ce qui fait l'attrait de BabyMetal, c'est le côté musical lyrique blasté et puissant mêlé aux refrains "cul-cul", enfantins et super entraînants. Et là … bof on a des choses parfois intéressantes et novatrices et parfois tout juste digne du générique d'un anime, mais plus beaucoup de kawaï metal. De plus, pratiquement tous les morceaux tournent en rond... Couplet / refrain, couplet / refrain, couplet / refrain… etc. Sans faire du titre à titre, arrêtons-nous sur certains : "Shanti Shanti Shanti", bien foutu, on mixe bollywood et Tokyo, le truc vous reste dans le crâne... mais c'est vraiment pas metal. Efficace toutefois.  "PA PA YA" : musicalement, ça aurait pu, mais le refrain "PA PA YA" en mode grosse voix de rappeur sud-asiatique est immonde. Comme beaucoup, une fois passé le duo couplet / refrain, il ne se passe plus rien. Avec "Oh! Majinai", j'ai touché le fond... Déjà je supporte pas Sabaton (la vulgarité incarnée) mais là qu'est-ce que BabyMetal est venu chercher Joakim Broden, c'est immonde. Des "Laï-laï-laï" de mecs bourrés en fin de soirée pour refrain ?! Au secours ! "Brand New Day" et "Kagerou" où on a pompé du Bring Me The Horizon de 2019 et "In The Name Of" avec son break de batterie Sepultura sans intérêt.

Par contre, la fin de l'album rallume l'espoir avec trois titres dont la qualité augmente crescendo. "Starlight" est très beau et a beaucoup d'atouts. Le refrain est magnifique, il se passe des choses, la rythmique djent est efficace, on passe un bon moment et on retrouve les vocaux des filles au meilleur. "Shine" est une superbe ballade épique où Su éclabousse de son talent. Les guitares se répondent de manière jouissive et les mélodies sont sublimes. L'album se termine en beauté par un morceau typique de BabyMetal. En effet, "Arkadia" nous transporte durant plus de 5 minutes sur l'autoroute du kawaï metal à l'ancienne. Cavalcade musicale, couplets mignonnets et refrain épique où s'expriment parfaitement les harmonies des ados-idols. Si tous l'album avait été de cette veine !!

Je suis déçu, c'est sûr, mais il n'en reste pas moins que BabyMetal est un groupe à part dans notre paysage, qu'en live c'est vraiment sympa et que les compositeurs ont voulu innover, on ne réussit pas à tous les coups. Je regrette un peu la naïveté des débuts et certains choix de mauvais goût à mon sens, mais ça ne m’empêchera pas d'aller à l’Élysée Montmartre le 9 Février prochain.


JP
Novembre 2019




"Metal Resistance"
Note : 18/20

Eh bien ! Que de réactions autour de BabyMetal !! Popularisé en Europe depuis un an, le trio de chanteuses japonaises Suzuka Nakamoto alias "Su-metal", Yui Mizuno alias "Yuimetal", et Moa Kikuchi alias "Moametal" déchaînent partout, sauf en Asie sans doute, un flot de commentaires (souvent pas super positifs) autour d'elles. Disons le tout net, ça me fait bien rire ! Je suis dans le monde du metal depuis plusieurs décennies et c'est toujours la même rengaine, il ne faut pas toucher à notre musique de "bonhommes" réservée à de grosses brutes nourries à la bière et à la rillettes ! Second degré interdit, évidemment. Ah non, en fait… Les mecs en viking et peaux de bêtes, ça passe, les maquillages des groupes de black, ça passe, les masques de clown, ça passe. Je ne parle même pas de la noire période des années 80 dans le metal niveau look (y compris le mien, sûrement), c'est trop hardcore ! Ceci dit, pour apprécier pleinement la musique de BabyMetal, il faut tout de même connaître et apprécier la culture japonaise. En effet, la J-pop possède ses codes et nos amis japonais ont des attractions pour certaines choses qui nous semblent étranges comme par exemple l'omniprésence des Idols, genre de girls bands d'ados en tenue d'écolières. Le génie autour du concept BabyMetal, c'est de mixer le heavy metal et la J-pop. "Metal Resistance" est donc le second album faisant suite à l'éponyme "BabyMetal", sorti au Japon en 2014.

Évidemment, l'effet de surprise ne joue plus pour ceux qui ont déjà fait tourner le premier album, certains titres comme "Karate" auraient d'ailleurs pu en faire partie. Mais, et ça va dans une démarche de pérennisation du groupe (concept ?), le style a évolué et s'est grandement enrichi, en titres génialissimes ("GJ !" ou "Sis Anger"), mais également en bien nazes (l'affreux "From Dusk Till Dawn"). Je veux dire par là qu'il aurait suffi d'enregistrer une seconde série de tubes et basta ! Là, non, on s'est creusé le casque ! En conservant pratiquement sur chaque titre la dualité entre musique bien bourrine et chants relativement enfantins, "Metal Resistance" explore l'indus, le néo-metal, le death... avec plus ou moins de réussite mais à de rares exceptions près, ça fonctionne ! Le premier morceau de l'album, "Road Of Resistance", a été écrit par DragonForce (bah oui !) et déchire méchamment, ou encore "The One", petite perle metal qui fera mouche en live, sont deux beaux exemples de la maîtrise du groupe. En parlant maîtrise, comment ne pas mettre en avant le Kami Band (les musiciens qui accompagnent les filles), mis à part faire preuve d'une sacrée mauvaise foi, on reconnaîtra le talent des musiciens qui ferait pâlir pas mal de "bonhommes". Pour les plus grincheux, tout le monde joue et chante en vrai, j'ai eu la chance de voir BabyMetal en live à deux reprises et c'est une expérience à faire, un vrai gros concert bien death mais avec des gamines déglinguées, chorégraphiées et souriantes.

En conclusion, je dirais que cet album est plus pop que le précèdent et que l'atmosphère est un poil moins sombre. Toutefois, la liberté de ton qui s'en dégage est rafraîchissante, une folie toute japonaise que comprendront mieux les otakus mais qui reste, si on ouvre un peu son esprit, accessible à tous. Vous avez bien dû voir des photos du groupe avec certains de leurs fans comme : Manson, Slipknot, Megadeth, Kiss, Bring Me, Faith No More, Anthrax… laissez-vous tenter !


JP
Mai 2016




"BabyMetal"
Note : 18/20

Certes, des groupes étranges ou décalés, nous en recevons couramment. Mais BabyMetal, là, ça dépasse les limites ! Ah, dès le départ, j’ai compris que ce que j’allais entendre allait être particulier. Ceci dit, je ne me serais jamais attendue à… ça !

Vous connaissez bien sûr tous le Japon, ce pays étrange ou l’originalité semble ne jamais atteindre ses limites. En ce jour, le pays du soleil levant nous présente trois jeunes demoiselles issues du monde de la j-pop qui désirent faire leurs premiers pas dans le monde du metal. Environnement musical qu’elles ne connaissent ni d’Eve, ni d’Adam, est-il bon de préciser. Alors, comment faire fusionner de manière convaincante deux styles si diamétralement opposés ? A en croire BabyMetal, c’est en fait très simple ; il suffit de reprendre tous les clichés possibles et imaginables de la j-pop (tenues ultra extravagantes –ceci dit, dans le metal, on n’est plus à ça près–, voix enfantines, mélodies attitudes similaires,… chorégraphies !,…), et mêler-les comme bon vous semble à non seulement un son metal parfois étonnamment puissant, opulent, voire typé death et un chant hurlé sporadique apportant énergie et cohésion à l’ensemble. Ajoutez à l’ensemble une touche de dubstep, quelques notes d’électro, et même, si le cœur vous en dit, une pincée d’influence hip hop, et vous obtiendrez ce mélange détonnant et totalement inédit.

Là où tant de combos de la scène metal peinent à se renouveler, préfèrent user jusqu’à la corde des pseudo-formules miracles par appréhension ou simplement par paresse, BabyMetal réalise enfin notre vœux secret. Ce trio étonnant se moque des conventions aux origines inconnues. Les jeunes filles font preuve, au contraire, d’une imagination débordante sur chacune des treize pistes de l’album pour nous offrir un cocktail aux saveurs tour à tour acides, sucrées, amères, astringentes et grasses. Uniques, en somme.

Atypique n’est même plus seulement un doux euphémisme lorsqu’il s’agit de décrire BabyMetal. Mais un disque pareil, soit vous l’adorez, soit vous le haïssez. Pour ma part, je me place sans hésiter l’ombre d’un instant dans la première catégorie, au pas de course, les bras en l’air et en poussant un cri de joie. Et si vous pensez haïr l’album… décoincez-vous, par pitié ! Faites-moi ce plaisir, et réécouter attentivement, sans oublier de vous laisser emporter par cette vague de fraîcheur. Cet opus mérite sans peine le statut de disque culte, croyez-moi !


Gloomy
Mars 2014


Conclusion
Le site officiel : www.babymetal.jp