Barishi est un groupe jeune groupe américain qui nous livre ici son troisième album, "Old Smoke", et qui propose une musique intéressante aux frontières du sludge, du doom et du prog, donc les ambiances sont de la partie et il y a de fortes chances que l'on finisse par patauger joyeusement dans la boue.

Pour situer un peu la bête à ceux qui n'auraient pas encore compris, dites-vous que "The Silent Circle" ouvre l'album avec près de onze minutes au compteur, c'est bon, vous situez mieux ? Dès le démarrage, on sent que c'est lourd mais surtout malsain, poisseux et bien sale. Barishi ne donne pas dans la mélancolie et la pleurniche, ici ça patauge dans la crasse et dans le sang et ça agresse avec des riffs vicelards ou de larsens qui prennent un malin plaisir à vous percer les tympans. Le chant growlé presque aboyé n'adoucit évidemment par les mœurs locales et le tout balance des ambiances à mi-chemin entre la rage et la folie avec de très sales dissonances dans les mélodies et les riffs. Les morceaux sont bien plus longs que sur "Blood From The Lion's Mouth" sur lequel ils avoisinaient presque tous les quatre ou cinq minutes, alors que sur "Old Smoke" la moitié des morceaux dépasse les dix minutes. On retrouve la patte que le groupe montrait déjà sur le précédent album mais cette fois tout est bien plus dur, le ton est plus mençant, les riffs plus agressifs et plus malsains, bref l'ambiance a pris un coup de plomb dans l'aile. Barishi s'énerve et commence à pondre des ambiances d'une noirceur bien plus prononcée qu'il ne l'a jamais fait. La production s'est adaptée et le groupe adopte un son plus caverneux, plus sourd qui convient très bien à ces nouvelles aspirations malsaines, noires et agressives. Même le chant de Graham Brooks se fait bien plus grave et menaçant, plus death metal que celui de Sascha Simms sur "Blood From The Lion's Mouth".

Je ne sais pas ce que les membres du groupe ont mangé mais la différence de ton entre le précédent album et celui-ci est vraiment marquée, on reconnaît bien Barishi mais on retrouve le groupe en train de se vautrer dans les dissonances à tous les étages. "Blood Aurora" se permet même une bonne accélération pour un des morceaux les plus sales de l'album qui, pour le coup, balance des ambiances vraiment méchantes et malsaines. Ceux qui ont aimé "Blood From The Lion's Mouth" risque d'être assez surpris à l'écoute de "Old Smoke" tant le groupe propose une musique plus dense, plus épaisse, plus noire. Même le court interlude instrumental acoustique "Cursus Ablaze" ne relâche pas vraiment la pression avec ses arrangements presque bruitistes en arrière-plan qui, là encore, plombent méchamment l'ambiance et laissent planer l'ombre d'une menace. "Entombed In Gold Forever", qui le suit, confirme en balançant des blasts en plein milieu d'un morceau une fois de plus très sale, malsain et blindé de dissonances en tous genres qui lui donnent presque des airs black metal. Seul le morceau titre qui clôt l'album lève le pied et nous propose des ambiances plus mélodiques et plus planantes pour faire retomber un peu la pression après une telle agression. Treize minutes au compteur ,ce qui en fait le morceau le plus long de l'album et c'est pourtant le plus facile à digérer tant ce qui le précède est intense et étouffant ! Le groupe prend clairement le risque de laisser ceux qui ont apprécié les deux premiers albums sur le carreau mais c'est la preuve qu'il refuse de stagner. Une démarche honnête qui en fera probablement partir certains pour en faire arriver d'autres et qui découle peut-être aussi de certains changements de line-up.

Nouvel album beaucoup plus dur pour Barishi qui montre une volonté nette de nous faire du mal avec "Old Smoke". Les riffs sont plus dissonants, plus agressifs et l'ambiance générale est bien plus malsaine que sur "Blood From The Lion's Mouth" donc attendez vous à quelques surprises.