Le groupe
Biographie :

Barús évoque la lourdeur, le fardeau. Il tente de révéler à travers la musique un état : celui d’un grain de sable face à l’immensité, la mise en doute de toute chose, la sensation de mort. Barús joue du death metal. Le groupe grenoblois est actuellement composé de : K (chant), J (guitare / basse), M (guitare) et A (batterie). Barús sort son premier EP en Mars 2015. Le premier album, "Drowned", sort en Octobre 2018 chez Memento Mori. Un deuxième EP, "Fanges", sort en Décembre 2021.

Discographie :

2015 : "Barús" (EP)
2018 : "Drowned"
2021 : "Fanges" (EP)


Les chroniques


"Fanges"
Note : 17/20

Après un premier EP en 2015 et son premier album "Drowned" en 2018, Barús revient cette fois avec un EP du nom de "Fanges" qui voit le groupe expérimenter encore un peu plus. Seulement constitué de deux longs morceaux pour une durée avoisinant les trente-cinq minutes au total, cet EP va nous faire retrouver l'univers étouffant de Barús avec quelques petites surprises. Le groupe s'est entouré d'Anthony Barruel pour la composition et de l'auteure Sarah Onave pour l'écriture, un processus ouvert qui va laisser place à un peu plus d'expérimentations.

Le premier morceau "Fanges" est donc évidemment une composition inédite de dix-neuf minutes et le groupe nous y fait une fois de plus entendre son death atmosphérique poisseux, malsain, gras et lourd. L'ambiance est oppressante d'entrée de jeu, la batterie prend d'abord des airs de percussions pour installer un climat rampant qui laisse deviner une montée en puissance à venir. Une montée en puissance qui s'étale progressivement sur près de cinq minutes avant de faire retomber la pression au moment où l'on pensait que l'explosion arrivait. S'ensuit une partie vocale quasiment narrative sur fond d'arpèges en son clair pour une ambiance générale plus posée qui semble nous emmener dans les abysses, totalement immergés dans les tréfonds. Il y a quelque chose d'aquatique dans ce passage presque ambiant / noise juste avant que les gros riffs n'arrivent enfin pour mettre un peu de plomb dans tout ça. On retrouve une fois de plus une production massive, claire, surpuissante qui donne toute l'ampleur dont ont besoin ces ambiances écrasantes et oppressantes. Barús maîtrise tellement son sujet et ses ambiances sont tellement puissantes que ces dix-neuf premières minutes passent toutes seules et que le morceau semble en avoir durer moins de la moitié ! Encore une fois, la violence brute n'est pas le propos et pourtant quand le groupe veut vous concasser les vertèbres il y arrive sans aucune difficulté. Comme d'habitude, on retrouve des moments presque noisy au milieu de ces riffs puissants hérités du death, des ambiances oppressantes et poisseuses et quelques mélodies vaguement plus lumineuses pour vous faire croire qu'il reste un peu d'espoir par ici. On reconnaît bien la patte du groupe mais on sent déjà qu'il y tente de nouvelles choses, une approche différente. Cela se fait de manière subtile mais c'est bien là et la différence vient peut-être d'un côté atmosphérique un peu plus marqué ici, la durée du morceau permettant au groupe de construire plus longuement ses ambiances. Les amateurs de blasts à outrance et de brutalité frontale en seront pour leurs frais comme pour les deux précédentes réalisations, encore que le deuxième morceau de cet EP pourrait leur proposer de quoi les rassasier.

Ce deuxième morceau d'une quinzaine de minutes et nommé "Châssis De Chair" est un exercice particulier puisqu'il reprend en gros le squelette musical de "Fanges" pour en livrer une autre interprétation en partant dans une toute autre direction. Dit comme ça, vous avez peut être l'impression que vous allez entendre deux fois le même morceau mais c'est très loin de la vérité et si vous ne prêtez pas attention à la première écoute, vous aurez même du mal à percevoir les éléments communs. L'autre particularité de ce morceau est que le groupe a décidé de l'enregistrer live, un procédé qui n'est plus très utilisé de nos jours et qui permet pourtant de faire ressortir quelque chose de plus authentique, de plus spontané. C'est d'ailleurs une bonne occasion de remarquer que le groupe sonne très gros, massif et puissant même sans le moindre artifice et que techniquement c'est très carré chez Barús. L'optique choisie pour cette nouvelle interprétation est bien plus brutale et "Châssis De Chair" nous rentre dans le lard dès le début en prenant de faux airs d'Ulcerate avec un visage death brutal, technique et dissonant très marqué qui crée un contraste assez violent avec "Fanges". Pour autant, Barús ne se contente pas de ruer dans les brancards et construit là aussi une ambiance plus pesante par moments mais différente de celle de "Fanges". Il y a sur ce deuxième morceau quelque chose de plus noir, de plus malsain, de plus désespéré qui le rend plus méchant et teigneux à tous les niveaux. Les structures bougent bien plus, les riffs sont bien plus durs, le rythme plus nerveux et les guitares reprennent l'espace qu'elles avaient laissé sur "Fanges". On a donc un équilibre intéressant entre un premier morceau qui laisse pas mal de respirations entre ses ambiances étouffantes, qui fait monter la pression sans jamais la laisser exploser et qui présente un visage torturé mais contrôlé. Et à l'opposé, un deuxième titre bien plus véloce, plus méchant qui lui ne lâche jamais la pression et nous étouffe sous les attaques brutales et les dissonances malsaines en laissant exploser toute sa rage.

Barús revient donc avec un EP intéressant dans sa démarche mais aussi par la musique qu'il nous propose puisque le groupe s'y fait toujours aussi personnel et immersif. Son death atmosphérique passe ici d'un extrême à l'autre et nous balade d'ambiances oppressantes et écrasantes à une furie malsaine et décomplexée. On savait le groupe ouvert à l'expérimentation et "Fanges" en est une preuve supplémentaire en plus de renfermer trente-cinq minutes de très bon death aussi atmosphérique que brutal (pour faire simple). Cela demandera certes un minimum d'investissement, d'ouverture d'esprit et d'attention à l'écoute mais ça vaut largement le coup de s'y plonger !


Murderworks
Mars 2022




"Drowned"
Note : 17/20

En vous parlant de Barús en 2015, j'espérais voir un premier album longue durée, le voilà qui arrive en cette fin d'année en guise de cadeau. La musique du groupe était poisseuse, plombée, grasse et le fait que cet album s'appelle "Drowned" me fait dire que l'ambiance ne sera toujours pas à la fête !

"Descry" sert de comité d'accueil et nous balance des riffs dissonants et malsains d'entrée de jeu pour installer une ambiance une fois de plus bien noire et étouffante. Pas de fioritures chez Barús, on ne cède pas à la tradition de placer une intro en début d'album, ici on attaque dans le vif du sujet sans perdre de temps. On retrouve toujours ce death metal écrasant aux relents doom dégueulasse saupoudré de dissonances et d'éclats de violence typiquement black pour un metal extrême éprouvant et sale. Les vocaux sont partagés entre des growls profonds, des cris rageurs et désespérés et des hurlements hystériques, bref l'asile vous ouvre ses portes et si le décor ne vous plaît pas l'enfer et les profondeurs abyssales de Cthulhu sont aussi disponibles au programme. Le nom de l'album est bien trouvé puisque ce dernier a tendance à proposer des morceaux étouffants qui ne vous laissent quasiment aucun espace pour respirer, aucun rayon de lumière pour rendre le décor plus accueillant non plus. Pendant près d'une heure, vous allez descendre de plus en plus bas et si le désespoir ne vous prend pas c'est la folie qui s'en chargera. Certains se diront peut-être en lisant ces quelques lignes qu'un groupe qui mélange la lourdeur du doom à la brutalité du death doit rappeler les antiques Disembowelment sauf que non, dans l'esprit peut-être mais pas du tout dans la forme. Barús a sa propre patte et ce depuis son précédent EP, et c'est bien dans son univers que vous allez vous perdre. Un univers déjà maîtrisé, personnel, qui ne laisse jamais deviner ses influences créé par un groupe qui ne laisse rien au hasard.

On ne se perd jamais dans des longueurs inutiles, dans des passages à vides ou mal amenés et Barús confirme tranquillement le potentiel que l'on sentait déjà sur le EP éponyme. Le mélange des genres pratiqué ici a déjà été fait plus d'une fois et pourtant le groupe ne donne jamais l'impression d'avoir déjà entendu ça ! Rien d'expérimental n'ayez crainte, mais une personnalité affirmée et un groupe qui sait clairement ce qu'il veut et où il veut nous amener. L'enchaînement "Benumb" / "Perpetrate" est assez éprouvant, le premier étant une sorte d'interlude ambiant / bruitiste et le second un morceau aux accents presque rituels qui balance une ambiance malsaine et qui laisse entendre que la santé mentale des tauliers commencent à partir en sucette. Malgré la durée de près d'une heure et le fait que l'album vous écrase sous une chape de plomb et vous maltraite, "Drowned" passe quand même bizarrement tout seul et on ne voit pas le temps défiler. Les morceaux sont suffisamment vivants pour ne jamais s'enliser dans le piège du riff pesant qui tourne en boucle, le coup du mammouth qui s'est pris les pattes dans le tapis très peu pour Barús. Non, eux sont plutôt du genre limace géante d'une provenance inconnue et aux intentions pas vraiment amicales. En gros, le beau frère de Chtulhu qui aurait fusionné avec Satan le tout en ayant forniqué avec une race insectoïde dégueulasse, bref pas le genre de truc que vous pourrez écraser avec une coup de savate ou de chaussure bien placé, et qui va vous laisser des traces de bave radioactive sur la moquette. Quant au son, il est une fois de plus énorme et puissant, la production parfaite pour ce style de metal crade et poisseux avec des guitares aussi puissantes que crado et une basse bien présente.

Voilà donc un premier album qui confirme tout le bien que je pensais déjà de Barús et qui devrait faire du bruit chez les amateurs d'extrême. Une ambiance aussi désespérée que dingue et des morceaux inspirés, personnels et émotionnellement dévastateurs, vous êtes prévenus !


Murderworks
Décembre 2018




"Barús"
Note : 16/20

Barús est un groupe grenoblois fraîchement formé qui nous délivre déjà un premier EP éponyme, 5 morceaux pour 23 minutes d'un death metal glauque et pesant.

Si la musique du groupe a effectivement les pieds solidement ancrés dans le death, il n'empêche que certaines dissonances ou ambiances flirtent avec le black metal, en particulier avec la mouvance dite orthodoxe. Mais c'est bien la lourdeur du death voire même du doom qui domine ici, les riffs rampants et les growls profonds dominent clairement ces 4 titres. Quelques blasts débarquent de temps en temps apportant une folie supplémentaire, un soupçon de chaos en plus dans un univers qui n'est déjà pas franchement accueillant. Barús vous veut du mal, son but est de broyer ce qu'il vous reste de santé mentale, de vous écraser sous une chape de plomb, et je dois dire que l'exercice est réussi ! Et comme si ça en suffisait pas le groupe s'amuse en plus avec quelques parties déstructurées comme sur "Tarot" ou "Disillusions", histoire de nous perdre encore un peu plus dans ce dédale poisseux. Quelques voix claires viennent même semer le trouble et calmer le jeu quelques secondes, avant que le groupe ne revienne à la charge avec encore plus de fureur. "Chalice" débute quasiment comme du doom, tempo lent, guitares énormes et grasses, dissonances en fond, des textes déclamés plus que chantés ou growlés, bref une fois de plus c'est la fête.

C'est d'ailleurs un des nombreux bons points de cet EP, malgré sa durée relativement courte, il arrive quand même à nous surprendre, à nous tendre des pièges dans lesquels on tombe joyeusement. Techniquement, ces gars-là ne sont clairement pas des manches, ils jonglent avec différents univers, différentes structures et retombent tranquillement sur leurs pattes. Globalement, la musique de Barús donne une impression de chaos contrôlé, on a systématiquement l'impression que ça va partir en vrille mais le groupe sait où il va. Ce n'est pas aussi évident pour celui qui aura le malheur d'avoir laissé traîner ses oreilles par ici, le groupe nous bouscule du début à la fin et fait tout pour qu'on ne sache plus où l'on est. Ces quatre morceaux sont à la fois pesants, gras, glauques voire même hypnotiques, comme ce "drink it" répété tel un mantra à la fin de "Chalice". Pour ce qui est de la production elle est énorme, les guitares sont grasses et puissantes et c'est au final un son en fusion qui vous coule dans les oreilles.

Une première réalisation prometteuse qui nous fait nous dire que 23 minutes c'est trop court et qu'on en veut encore plus, sur un futur premier album peut-être. En attendant, rien ne vous empêche de vous plonger dans ces 4 morceaux, vos tympans vous remercieront.


Murderworks
Mai 2015


Conclusion
L'interview : James

Le site officiel : www.facebook.com/barusband