"Coherence"
Note : 19/20
Be'lakor sort du silence pour nous présenter son cinquième album. Depuis 2004 en
Australie, le groupe aujourd’hui formé de George Kosmas (chant / guitare), Shaun Sykes
(guitare), John Richardson (basse), Steve Merry (claviers) et Elliott Sansom (batterie)
soulève des critiques unanimes. "Coherence" compte bien entretenir cette réputation.
L’album débute avec la lente progression de "Locus", le premier morceau. Les mélodies
s’installent peu à peu, créant un son entêtant jusqu’à cette explosion. Un groove accrocheur
prend place entre les harmoniques tranchantes et l’ambiance majestueuse, puis un sample
vient briser la fureur. Les musiciens se démènent pour alimenter la flamme, proposant
parfois des parties plus lentes, mais le tout reste très cohérent jusqu’au final, qui laisse place
à "The Dispersion", un doux interlude. Cette base mystérieuse de piano est rejointe par une
guitare qui nous mène droit sur "Foothold", une composition énergique et épique. Les leads
nous guident à travers ce superbe paysage de désolation qui propose également quelques
changements de rythme et des mots fantomatiques en plus des hurlements et des riffs
solides, ajoutant une touche de noirceur, tout comme l’oppressante "Valence". Le titre
développe des tonalités pesantes qui créent un contraste avec les mélodies intenses qui
nous hypnotisent en continu.
Un break vient nous autoriser à respirer avant que la mélodie
ne revienne, puis "Sweep Of Days" prend la suite avec une introduction onirique. La
progression nous emporte jusqu’à une partie plus brute et froide, mais les mélodies ne sont
jamais loin, et elles nous guideront en douceur vers des sonorités aériennes, qui donneront
naissance à "Hidden Window", une composition assez old school. Le tempo permet au
groupe de laisser libre cours à sa rage, mais également d’allier une rythmique solide à des
sonorités virevoltantes, des notes envoûtantes et ce groove accrocheur, puis "Indelible"
propose une introduction plus sombre et mélancolique. Les guitares jouent ensemble pour
offrir à cette base de claviers des tonalités entêtantes avant une nouvelle pause, qui leur
redonnera finalement vie avant "Much More Was Lost". Le groupe nous a habitués aux
longues et transcendantes compositions, mais celle-ci est définitivement la plus imposante.
Plus de douze minutes pendant lesquelles les musiciens vont mettre leur coeur dans des
riffs perçants, des hurlements viscéraux et des ambiances aussi différentes que
complémentaires, alternant leads aériens, blasts énergiques et breaks fantomatiques avec
une patte inégalable.
L’absence de Be'lakor a été longue, mais le groupe a réussi à nous la faire oublier. Avec
"Coherence", les portes de leur univers merveilleux sont de nouveau ouvertes, nous
permettant de vibrer avec eux au son de leurs mélodies entêtantes et fantastiques.
"Vessels"
Note : 18/20
Mes amis, voila un album que j'attendais avec à la fois beaucoup de crainte et d'impatience ! En effet, avec leur éblouissant "Stone's Reach" paru en 2009 suivi du tout aussi excellent "Of Breath And Bone", Be'lakor est aujourd'hui pour moi LA grosse référence dans le death mélodique actuel. Alors, pourquoi cette crainte me demanderez-vous ? Justement, parce qu'après avoir réalisé l'exploit de sortir coup sur coup deux albums aussi excellents, on pouvait bien s'attendre à ce que cette nouvelle offrande apparaisse un peu fade en comparaison de ce qui nous a été servi jusqu'ici... Eh bien, je ne ferai pas durer le suspens plus longtemps car je peux vous dire tout de suite que ces craintes n'étaient pas fondées. En effet, c'est encore une petite tuerie que ces infatigables australiens nous livrent ici !
Pourtant, la partie n'était pas gagnée d'avance. En effet, on peut dire que le court titre d'ouverture de cet album ne m'est vraiment pas apparu comme une intro exceptionnelle... Cependant, la suite aura tôt fait de nous rassurer et on se rendra vite compte que le groupe n'a rien perdu de son savoir-faire.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore la musique de Be'lakor, il s'agit d'un death mélodique progressif assez lumineux et aérien qui propose de longs morceaux construits en plusieurs mouvements sur lesquels les musiciens développent différents thèmes mélodiques très inspirés. Forts de deux guitares et d'un clavier, les Australiens s'évertuent à bâtir des architectures musicales complexes mais extrêmement bien construites. Le tout est soutenu par une batterie et une basse efficaces, ainsi qu'un chant growlé très caverneux qui laisse la part belle aux instruments. On regrettera d'ailleurs parfois l'absence totale de chant clair qui pourrait peut-être magnifier certains passages.
Dans ce quatrième album, on reconnaît très rapidement la patte bien familière du groupe, aussi bien dans la construction des morceaux que dans le mixage et le son général des instruments. Cependant, le quintette parviendra encore à nous surprendre en nous sortant quelques thèmes vraiment inattendus. Je pense notamment au passage très "enjoué" dans le premier quart de "Withering Strands" (morceau le plus long de leur discographie actuelle), à la progression malsaine d'arpèges de piano à la fin de "Whelm" ou encore au break electro dans le troisième quart de "Smoke Of Many Fires" (putain, ce passage est tellement jouissif !!!). La recette globale est la même mais on ne se gêne pas pour y intégrer quelques saveurs supplémentaires !
Pour faire court, je dirais que - mis à part une introduction qui n'est pas exceptionnelle - Be'lakor signe tout simplement avec "Vessels" (décidément, la prononciation à la française fait vraiment tâche...) un nouveau quasi sans faute : c'est beau, c'est inspiré, c'est du plaisir à l'état brut. Une tuerie, je vous dis !
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