Le groupe
Biographie :

Bishop est un groupe de sludge / post-black metal actuellement composé de : Arnaud Ness (batterie / X-Vision), Julien Rosenberger (guitare, Loth) Loic Le Goff (piano, basse / DCA, Le Seul Elément) et Matthieu Pellerin (chant, clavier / Loth, Le Seul Elément). Bishop sort son premier album éponyme en Octobre 2021 chez Specific Recordings / No Good To Anyone / Neutral Records.

Discographie :

2021 : "Bishop"


La chronique


Le premier album éponyme de Bishop a droit a pas moins de trois labels pour sa sortie : Neutral Records pour la version cassette, No Good To Anyone pour la version CD et Specific Recordings pour la version vinyle. Ce dernier n'est autre qu'un des labels fondé par le disquaire La Face Cachée que les métlaleux messins et amateurs de vinyles connaissent bien. Et que propose donc ce premier méfait ? Un post-black teinté de sludge et à la froideur industrielle, ou pour faire plus simple trente-sept minutes de noirceur qui vont suinter de vos enceintes.

Une durée qui se retrouve étalée sur seulement quatre morceaux qui vont prendre le temps d'installer leur ambiance méphitique et désespérée, ce qui devrait aussi vous faire comprendre que la violence brute n'est évidemment pas le propos de Bishop. Les morceaux sont simplement numérotés de "I" à "IV" comme une note d'intention qui annonce d'entrée de jeu que vous allez plonger dans les abysses et que toute notion de personnification ou d'humanité n'a pas sa place ici. Ce qui frappe en tout cas en premier lieu, c'est cette production monstreuse qui donne à ce premier album un son énorme, ample et organique qui donne l'impression que le groupe joue live dans votre salon ! Non seulement ça colle très bien à cette bête massive et tentaculaire mais c'est aussi un régal pour les oreilles et on aimerait entendre ça plus souvent. Les onze minutes de "I" ouvrent l'album et on sent très vite que Bishop ne va pas faire de quartier, car même si le groupe ne joue pas sur la violence brute quelques blasts se fraient un chemin et l'ambiance générale est apocalyptique. Les riffs ont la crasse et la noirceur du sludge, le chant est totalement habité, les guitares tranchent dans le gras et balancent une bonne dose de dissonances héritées du black et Bishop déploie sur ce premier titre une ambiance à couper au couteau. C'est noir, poisseux, malsain, rageur et tout ce bordel produit une brume sonore qui vous enveloppe, vous assomme et vous broie sans ménagement. Les ténèbres vous enserrent dans leurs tentacules, le vide vous engloutit et le temps n'existe plus. Vous vous retrouvez à la fin de de premier morceau à vous demander où vous êtes, depuis combien de temps vous êtes là et ce qui vient de se passer.

Et ce n'est que le début, la suite ne va pas vous laisser le temps de respirer ni de reprendre vos esprits et va au contraire encore appuyer là où ça fait mal. "II" démarre de façon bien noisy avec une basse qui drone sévèrement et qui nous rappelle au bon vieux souvenir du "Streetcleaner" de Godflesh par son extrémisme sonore. C'est sur ce genre de passages que vos voisins vous vous aimer, quand les murs vont trembler et que les pires saletés imaginées par Lovecraft sembleront prêtes à sortir de vos enceintes. Le contraste avec la furie que déploie ensuite ce deuxième titre n'en est que plus violent. "III", quant à lui exhibe un visage encore plus froid et indus qui n'est pas sans rappeler une version plus dur et plus metal de In Slaughter Natives. Autant dire que là non plus ça ne rigole pas des masses, l'ambiance semble devenir de plus en plus noire et apocalyptique au fur et à mesure que la fin de l'album approche. Plus vous avancez dans l'écoute, plus vous descendez, Bishop vous envoie tout au fond et ne vous laisse pas espérer le moindre rayon de lumière ou la moindre bouffée d'air. Tout est étouffant et ces trente-sept minutes ne relâchent jamais la pression, cherchant constamment soit à vous écraser et à vous broyer les os, soit à annihiler ce qu'il vous reste de santé mentale. "IV" se charge d'ailleurs de détruire toute résistance et malgré certaines mélodies qui laissent traverser de maigres rayons de lumière il y a là toute la puissance de feu de Bishop. On y retrouve des blasts destructeurs, des riffs massifs et gras, des dissonances glaciales, cette fameuse ambiance apocalyptique et la fournaise comme destination finale. Quatorze minutes là encore éprouvantes et sans pitié qui finiront de vous mettre à genoux, si toutefois vous teniez encore sur vos jambes.

Bishop nous livre là un album noir comme la suie, suffoquant et sans pitié qui navigue joyeusement dans les eaux troubles du sludge, du post-black avec quelques touches d'indus pour une mélasse sonore qui va s'infiltrer dans les moindres recoins et infester tout ce qu'elle trouvera sur son passage.


Murderworks
Décembre 2021


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.specific.bandcamp.com