"Onward"
Note : 19/20
Black Therapy est de retour pour jouer avec la mélancolie. Créé en 2009 en Italie, le
groupe mené par Giuseppe Massimiliano Di Giorgio (chant, Beyond The Dark), Lorenzo
"Kallo" Carlini (basse, Invernoir), Andrea Mataloni (guitare, Ghost On Mars), Davide
Celletti (guitare) et Francesco Comerci (batterie, Helslave) annonce la sortie d’Onward,
son quatrième album, illustré par Simon Bossert (Totengeflüster, Imperium Dekadenz,
Necronomicon, Nyktophobia…), qui sort en Juin 2022 chez Black Lion Records.
L’album débute avec "Onward", le titre éponyme, qui nous replace immédiatement dans cette
ambiance mi-agressive, mi-lancinante avant d’accueillir les hurlements torturés et bruts du
vocaliste. Le morceau se montre assez old school tout en dévoilant des parties dissonantes
et épiques, puis "Blindness" nous enveloppera dans une certaine froideur majestueuse avec
ses leads hypnotiques. Les hurlements laissent parfois place à un chant clair apaisant qui
crée un contraste avec ce torrent d’intensité permanent, avant que le groupe n’accueille
Filippo Palma (ex-Lunarsea) sur "Betray My Ideals", un long titre qui démarre assez
lentement. La rythmique se joint peu à peu aux mélodies, puis les voix naissent dans cette
oppression épaisse et pourtant envoûtante avant que "Behind The Glass" ne prenne la suite
avec des éléments lents et mélancoliques. Une fois de plus, la voix claire enchanteresse
fera des miracles dans ce brouillard mélodieux, qui développera un contraste avec les
parties plus tranchantes, couvertes par ces cris de rage.
"Together" prend la suite avec des
riffs plus énergiques, mais qui nous dévoilent une certaine noirceur tout en restant
accrocheuse et en même temps assez pesante. Certaines tonalités nous mettent face à une
misère imposante, retranscrite par ce solo décharné, puis "At The Gates Of Soul" nous
enveloppe avec une douceur réconfortante. Le son clair sert de base à ces leads lancinants,
puis la quiétude nous mène à "The Song Of My Absence", qui se montre beaucoup plus brut
et pesant. Quelques éléments plus agressifs se mêlent au mélange planant qui ralentira
avant le dernier refrain pour permettre à un solo puissant de naître, puis "Destroy The Fate"
fait renaître cette énergie abrasive et sombre. Le morceau est étouffant, entre les riffs
rapides et les parties plus saccadées complétées par la dissonance, mais l’album touche à
sa fin avec "A Quiet Place", un titre aux leads entêtants qui laissent place à Chiara Filippelli
pour certaines parties vocales pour des accents gothiques. Les influences nouvelles se
mêlent à la perfection aux parties brutes, et le duo en chant clair est tout simplement
époustouflant, offrant un relief important au morceau qui nous laissera progressivement
après une explosion de violence.
J’ai toujours été sensible à l’univers de Black Therapy, ce n’est pas un secret. Mais avec
"Onward", le groupe nous dévoile un progrès important. Si certains titres conservent ce
contraste abrasif entre rage brute et mélancolie mélodieuse, on notera également des prises
de risque qui s’avèrent être payantes.
"Echoes Of Dying Memories"
Note : 19,8/20
Inspiré par les plus grands et ayant créé leur propre son, Black Therapy fête cette année
ses dix ans d’existence avec un nouvel album. Créé en 2009 en Italie, le groupe ne compte
plus que deux des membres fondateurs dans son line-up : le chanteur Giuseppe
Massimiliano Di Giorgio (Beyond The Dark) et le bassiste Lorenzo "Kallo" Carlini
(Invernoir précédemment guitariste jusqu’en 2017). A ce duo s’ajoutent en 2017 le batteur
Luca Marini ainsi que la paire de guitaristes Andrea Mataloni et Davide Celletti. Les cinq
musiciens composent et enregistrent "Echoes Of Dying Memories", le troisième album du
combo, que je vous laisse découvrir au plus vite.
On commence avec "Phoenix Rising", un morceau que les Italiens nous ont déjà révélé il y a
quelques semaines, et le moins que l’on puisse dire c’est que ce changement de line-up n’a
absolument pas entaché la créativité des musiciens ! Les harmoniques éthérées se mêlent
avec passion à une rythmique lourde, en attendant le chant de Giuseppe. Lorsque celui-ci
paraît, il est rocailleux, puissant et transmet toutes les émotions nécessaires au death
mélodique. Si les riffs semblent s’arrêter, ils repartent bien vite et permettent à la guitare
lead de placer un solo qui à mes yeux décrit parfaitement le vol du phénix. On passe à "Ideal",
un morceau plus martial et direct, mais qui n’oublie pas cette touche mélodique qui reste en
tête, et que le groupe maîtrise à la perfection. Ne pas headbanguer sur ce morceau est un
véritable défi, que j’ai par ailleurs échoué dès les vingt premières secondes. Plus lourde que
le titre précédent, cette composition s’achève pour laisser place au titre éponyme, "Echoes
Of Dying Memories", un autre titre qui met en avant les tonalités dissonantes et entraînantes
développées par les guitaristes. La rythmique est très saccadée, et les accélérations
permettent de renouveler le son sans partir du point de vue créatif de départ, ce qui fait qu’il
est aisé d’apprécier ce titre à sa juste valeur.
On accélère à nouveau avec la guitare lead de "Dreaming" qui appelle un rythme plus
soutenu et des hurlements intransigeants pour coller à cette volonté du groupe de créer un
titre sur lequel on peut tout autant avoir envie de ravager une fosse comme de planer seul
dans son coin. Très axée sur la capacité émotionnelle de la musique, "Rejecting Me" est le
titre le plus long. De ce fait, les Italiens prennent le temps d’instaurer une ambiance toute
particulière pour ce morceau, où le chant n’intervient que près de deux minutes après le
début. Si l’instrumentale est particulièrement réussie, toute la détresse qu’inspire ce
morceau se ressent de manière décuplée grâce aux hurlements du chanteur. "The Winter Of
Your Suffering" commence par des nappes de claviers samplées, un piano qui vient déposer
une douce et mélancolique mélodie par dessus. A la fois d’une tristesse infinie, mais
également d’une beauté glaciale à recommander à tous les mélomanes.
Après cette petite pause arrive "Burning Abyss", qui fait revenir les riffs que l’on attend du
combo ainsi qu’un chant torturé. La violence du death metal rencontre des mélodies
mystiques, parfois dissonantes mais toujours d’une justesse effroyable pour toucher notre
corde sensible. L’accélération laissera place à un solo qui se fond parfaitement dans la
double pédale avant de repartir sur ce refrain dans lequel il est aisé de se noyer entièrement
pour quelques minutes. "Scars" prend la suite et les harmoniques tranchantes des Italiens
trouvent parfaitement leur place sur cette rythmique saccadée et enveloppée d’un clavier.
Plus la mélodie avance, et plus j’ai l’impression que les notes jouées par la guitare lead
(jouée par Asim Searah, guitariste de Wintersun et chanteur de Damnation Plan) sont
puissantes et appuyées, sensation qui sera renforcée par le solo, appuyé par une batterie
plus technique que d’habitude. On arrive déjà au dernier morceau, et c’est "Ruins" qui a été
choisi par le groupe pour clore ce troisième album. A nouveau, l’équilibre parfait entre les
mélodies et la rythmique lourde nous emporte, menés par le duo vocal de Giuseppe et
Sami El Kadid (chanteur d’ Admirion et Invernoir). Les hurlements rencontrent un chant
clair apaisant, et ce contraste permet aux italiens de nous offrir une dernière part de rêve
avant de cesser brutalement la composition.
Avec "Echoes Of Dying Memories", j’ai voyagé aux côtés de Black Therapy pendant trois
quarts d’heure. Pas physiquement évidemment, mais mentalement. Sur cet album, tout est
parfaitement géré, que ce soit la puissance, l’émotion, l’enchaînement des morceaux ou la
qualité des compositions. Si vous n’avez pas envie de passer à côté de ce qui s’annonce comme
l’un des incontournables de l’année, jetez-vous dessus immédiatement !
"In The Embrace Of Sorrow, I Smile"
Note : 17,5/20
Définitivement, l’Italie regorge de trésors… Black Therapy, formé en 2009, est un groupe de
death mélodique d’une qualité exceptionnelle. Si Luca Soldati (batterie), Lorenzo "Kallo"
Carlini, Daniele Rizzo (guitares) et Giuseppe Massimiliano Di Giorgio (chant, également
chanteur live de Beyond The Dark et ancien Eyeconoclast) sont dans le groupe depuis sa
création, le bassiste Alessandro Finocchiaro n’est arrivé qu’en 2014.
Mêlant une guitare lead actuelle avec une rythmique qui nous rappelle avec émotion le son
des débuts du genre, le groupe a sorti l’an dernier son deuxième album, "In The Embrace Of
Sorrow, I Smile". Quelques racines thrash sont également disséminées dans les
compositions. Amateurs de rythmes épiques, à vos casques !
Après l’introduction en douceur au piano incarnée par "Tears Of Innocence", place à la
tempête, personnalisée dans le titre "In The Embrace Of Sorrow, I Smile". Un chant criard qui
exprime tellement de choses personnelles, une rythmique d’une violence incroyable et des
choeurs qui offrent un rendu épique. Un excellent premier titre qui sera secondé par "The
Foolishness Of Existence" qui prouvera que si les racines thrash metal ne sont pas loin, les
claviers et le groupent parviennent à rester sur une base death mélodique poussée à
l'extrême.
On poursuit avec "Stabbed", composition plus calme mais non moins prenante, encore une
fois grâce à la superposition de la voix de Giuseppe et des choeurs sur une rythmique
travaillée, alors que "She, The Weapon" prendra à peine quelques secondes pour introduire la
déferlante de notes qui suivra. Si la rythmique peut paraître simple, elle colle parfaitement à
la guitare lead qui incite au headbangg dès les premiers instants.
"Paintings Of A Black Ocean" sera la pause douceur tant attendue par notre nuque, à base
d’ambiances au clavier et à la guitare sur un chant susurré, qui prendra fin avec la
naissance de "Voices In My Head". Une nouvelle vague de puissance qui nous submerge
littéralement, autant par la puissance de la rythmique que par l’hypnotisme de la guitare lead
et du chant. Vous recherchiez la violence pure ? Alors vous pouvez dès à présent vous
tourner vers "Theogony". Si le titre commence de manière presque atmosphérique, c’est pour
continuer sur la rythmique la plus chiadée de l’album, avec la superposition vocale de
Giuseppe pour couronner le tout. Une petite perle en son genre.
"The Final Outcome" semble vouloir annihiler toute définition du mot “lourd”. Si leurs
instruments sous-accordés y sont pour quelque chose, c’est également leur créativité pour
le mélange basse / batterie / guitare rythmique que les connaisseurs remarqueront, alors que
commence "Infected", la dernière composition. Une fois encore, il est nécessaire de s’allonger
avec un casque pour profiter pleinement de l’étendue atmosphérique de cette chanson qui
vaut vraiment le détour.
Si les puristes dénoteront un mélange d’Insomnium et de Kalmah chez les Italiens, il est
évident que le chant est plus axé entre le thrash et le black. Cette addition assez hors
norme permet au groupe de se démarquer, sans renier les racines héritées de la seconde
moitié des années 90 chez les Scandinaves, et c’est avec plaisir que je découvrirai le
groupe en live lors de son (j’espère) prochain passage près de chez moi !
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