"Love Will Kill All"
Note : 17/20
Il y a bien longtemps que je n’avais pas entendu parler de Bleeding Through et encore bien plus longtemps que je n’y avais pas jeté une oreille ("The Truth" en 2006 plus exactement). C’est donc bien surpris que je fus lorsque je découvris l’existence d’un nouvel album de Bleeding Through, son huitième. Et c’est tout aussi frustré que je fus lorsque je découvris que j’étais passé à côté de l’éponyme "Bleeding Through" (2010) qui est une sacrée petite claque.
Retraçons donc l’histoire et replaçons les choses dans leur contexte puisqu’avant ce "Love Will Kill All", Bleeding Through a subi quelques périodes troubles avec une séparation suivie d’un hiatus de plusieurs années (de 2014 à 2018 précisément). Non seulement "Love Will Kill All" a la lourde tâche d’affirmer que Bleeding Through est toujours envie, que Bleeding Through n’a rien perdu et surtout que Bleeding Through est de retour (et accessoirement, que le metalcore n’est pas mort). Le doute ne sera que de courte durée, de une minute et vingt-et-une seconde précisément (soit le temps de l’intro "Darkness A Feeling I Know"), puisque dès "Fade Into The Ash", Bleeding Through réaffirme ce que je connaissais de Bleeding Through à l’époque à laquelle je l’avais laissé : ça tatanne, il y a une pointe de mélodie quand il faut, et une grosse part de bourrinage le reste du temps. Evidemment, Brandan Schieppati en a toujours dans le coffre quand il s’agit de s’égosiller mais également lorsqu’il s’agit de chant clair ("Cold World", "Set Me Free", "Remains"). Ajoutons à cela des synthés plus orchestraux que jamais, et "Love Will Kill All" atteint voire dépasse facilement ma préférence jusqu’alors : "This Is Love, This Is Murderous" de 2003 ("Dead Eyes", "Buried", "No One From Nowhere"). Bleeding Through se permet donc de renouer avec ses origines, sa bestialité mais aussi un certain type de groove ("No Friends", "Slave", "Life"). En d’autres mots, Bleeding Through livre ici un opus plein de rage, tranchant entre un metalcore, un groove metal et un metal symphonique pour n’en faire ressortir que le meilleur : une branlée !
Finalement, je suis ravi que ce groupe ait traversé les années, bien qu’il soit l’un des précurseurs d’une espèce de metalcore. Mais encore plus ravi je suis de voir que les années n’ont pas eu raison de l’efficacité de Bleeding Through (et ce malgré un split). Une bonne (re)découverte et un excellent jet de cette année 2018 !
"The Great Fire"
Note : 14/20
Bleeding Through a toujours été pour moi une énorme énigme. Le son un peu crado sur les bords, quelquefois confus dans sa construction, des parties chantées pas franchement convaincantes, une batterie qui sonne très "carton" et des constructions de morceaux pas forcément toujours très convaincantes, et pourtant je resigne pour cet album.
En effet, bénéficiant toujours de cette production quasi parfaite sur les guitares, quelque chose de gras et tranchant à la fois, on ne peut toujours pas en dire de même sur une batterie omniprésente, talentueuse mais franchement rebutante à l'écoute. Le chant déchiré comme jamais rend cette section rythmique plus écoutable niveau sonorités (pas niveau talent et placement, attention ! Ces derniers sont tout à fait intéressants et puissants !). Le synthé de la belle est plus présent que sur les anciens albums mais reste toujours de très bon goût !
Au niveau des compositions, Bleeding Through fait du BT. Un mélange entre du metal extrême à base d'apocalypse et de descente aux enfers et des gros breaks empruntant au hardcore et thrashcore des plus tranchants.
Dans les paroles du frontman, c'est véritablement la haine que l'on ressent. "Walking Dead", morceau d'une puissance inouïe, autant dans ses couplets très mid-down tempo pénétrants, et amenés par une voix puissante que ses refrains, nous emmenant dans la plus sombre des marches d'un death metal transcendant. Pour le reste c'est un très bon album. Rien d'exceptionnel ou qui ne ressort. Les amoureux du genre apprécieront, les adeptes du secouage de tête également. Le tout est bien ficelé, une production correcte si l'on passe sous silence les petits défauts évoqués plus haut. Le groupe arrive mieux à enchainer les différentes phases "rapide / lent" sans perdre de punch, ce qui n'était pas forcément le cas dans les albums précédents et ce qui est fortement appréciable.
La voix a été bien mise en valeur, et en avant, on trouve également des subtilités comme un ou deux solos distillés ici et là ("The Devil And Self Doubt" qui nous fait penser à un Soilwork ou encore In Flames toute proportion gardée) avec une grosse présence (beaucoup plus que sur les anciens albums, tout du moins des synthétiseurs et claviers). Après pour le reste, c'est du Bleeding Through, les albums se suivent et se ressemblent. Rarement décevants, pas forcément transcendants, mais franchement bien foutus. "The Great Fire" est pas mal, mais aurait pu l'être encore plus, je reste sur ma faim, connaissant le talent des bonhommes. A écouter pour peu que l'on aime la violence et que le sang ne nous fasse pas peur... Les morts non plus, remarquez.
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