Le groupe
Biographie :

Bound In Fear est un groupe de deathcore anglais formé en 2016 et actuellement composé de : Steven Hunt (guitare), Ben Sutherland (guitare / Scribe Of Existence, Harbinger, Immerse, ex-Acrania), Alex Richins (batterie) et Ben Mason (chant / ex-Pathological Waste). Bound In Fear sort son premier album, "The Hand Of Violence", en Août 2019 chez Unique Leader Records, suivi de "Penance" en Octobre 2021.

Discographie :

2019 : "The Hand Of Violence"
2021 : "Penance"


La chronique


Bound In Fear est un groupe de deathcore signé chez Unique Leader, voilà, j’ai fini ma chronique. Après tout c’est vrai, cette première phrase résume tout, vous avez de quoi vous faire une idée de ce que contient "Penance" en quelques mots. Déjà, ça fait quelques années que toutes les prods de chez U.L. se ressemblent, et vu que le deathcore reste le genre où les mecs ont énormément de difficulté à s’extraire des clichés, ben du coup, il n’y a pas grand-chose à dire en fait. Bon, en même temps, on est là chez French Metal, à faire comme dans tous les autres webzines, on est censé être spécialistes, et donc de pouvoir discuter du contenu d’un disque clairement et avec les bons arguments, mais pour le coup, avant de passer au peigne fin le contenu sonore de "Penance", mettons-nous au point sur un élément, la redondance. Chaque style possède ses clichés et de nombreux groupes pratiquent une musique similaire dans un genre déterminé. Un néophyte va trouver que tout le death metal se ressemble au même titre que tout le slam, tout le grind (il n’y a que le black qui a su s’émanciper de ses clichés), mais il s’avère qu’on arrive à déceler des subtilités dans chacun, notamment en termes de production, de choix d’instruments, de capacité compositionnelle, etc. Par contre, soyons francs, les groupes de deathcore se ressemblent tellement que je me pose la question de la sincérité artistique de ce genre de musiciens.

Bound In Fear propose des compos avec des nappes de sons dystopiques omniprésentes en fond, du rythme saccadé accordé hyper grave avec des interventions de pédales whammy aigues, des gros breakdowns, un chant beuglé complètement dans les carcans du genre, bref, on a tout ce qu’il faut pour identifier cette formation comme une formation lambda, clone d’elle-même et de ses congénères. Alors forcément, le son est très bon, quelques compos se démarquent comme "Scar Of Man" avec ses licks qui imitent les consoles 8 bits et son rythme lourd à souhait, suffisamment soutenu par une voix death bien gutturale qui se mêle aux chants deathcore (avec celui de Kevin Muller d’Alluvial), pour que ça donne envie d’écraser des gens avec un tractopelle. Bon, forcément, à un moment donné, tu as un gros breakdown bien abusé qui te donne envie de soupirer quand il arrive tellement tu t’y attends, bref, l’étonnement et la surprise ne restent jamais bien longtemps. C’est vraiment sur ça que ça pêche dans ce genre musical, parce qu’après, les groupes qui tapent dans ce style sont toujours composés de musiciens talentueux qui possèdent une prod' de gros débile, Bound In Fear en reste un parfait exemple.

Bon, on a quelques petites surprises, un morceau qui dénote, c’est le dernier : "Polarity", un poil plus mélodique et qui fait un peu plus voyager que le reste (il a tout d’un single d’ailleurs) et ça, ça fait plaisir d’avoir un moment de surprise parce que sinon… Peut-être qu’aujourd’hui, ça sert plus à rien d’être surpris, et puis de toute façon, quand tu écoutes un disque en même temps que tu joues à ton FPS préféré tout en streamant sur Twitch pendant que tu dialogues avec tes "followers" à coup de "Ouaich, on est bien là fréro, hein ? Quoi ? Le son ? Ouais c’est le dernier Bound In Fear, c’est chanmééééé t’as vu ?", tu vois l’tableau ? A-t-on besoin en 2023 de se pencher vraiment sur la question de "Qu’est-ce qu’elle te procure la musique ?" ? Est-ce qu’on consomme le metal, ou est-ce que c’est toujours un mode de vie ? Tant de questions… J’ai des potes à fond de ce genre de musique deathcore, je suis certain que je leur fait écouter "Penance", ils vont devenir fous, c’est sûr, car ce disque est quand même gigantesque et les dix compos sont ultra quali’. Après, ce sont des gratteux qui jouent dans des groupes du même genre, ils sont dans ce trip, ils kiffent parce qu’ils peuvent puiser des idées pour leur formation. Moi j’apprécie la puissance, le son, le côté dark, mais par contre, je sais que je suis incapable de déceler le truc qui va me faire dire "Tiens, ça c’est du Bound In Fear, je reconnais ce son, cette manière de composer, ce plan très caractéristique du batteur, ce grain de voix du chanteur". Non, la prochaine fois que je tomberai sur un truc du genre, je me dirai, "Tiens, du deathcore actuel de chez Unique Leader".

Malgré mon découragement et le ton de cette chronique qui transpire l’exaspération et l’essoufflement, la note attribuée à ce disque est quand même bonne, 17/20 c’est joli ! Ben ouais, le disque est bien, ça sonne, ça arrache, c’est puissant, il y a tout, c’est le cliché musical comparable à une Instagrammeuse : le contenu est alléchant, tu vas mater les photos où la meuf se prélasse au bord d’une piscine à Doubaï, tout est beau, sa plastique bien sûr mais le reste aussi, les décors, le temps, tout ! Mais bon, tu vas pas passer des heures à bloquer la photo car ce n’est pas du contenu artistique, c’est du bonbon pour les yeux et rien de plus, mais un bonbon, ça fond dans la bouche, et vite en plus ! Le brutal deathcore à la Bound In Fear, c’est du bonbon pour des oreilles de métalleux, un petit plaisir sur le moment, mais après, qu’en reste-t-il ?


Trrha'l
Mars 2023


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.facebook.com/boundinfear