Le groupe
Biographie :

Brood Of Hatred est un one-man band de death metal progressif tunisien formé en 2010 et dans lequel opère Mohamed Mêlki (basse, chant / : ex-Vielikan, ex-Vomit The Hate). Brood Of Hatred sort son premier album, "Skinless Agony", en Mars 2014 chez Crime Records, suivi de "Identity Disorder" en Mai 2018, et de "The Golden Age" en Février 2022 chez Gruesome Records.

Discographie :

2012 : "New Order Of Intelligence" (EP)
2014 : "Skinless Agony"
2018 : "Identity Disorder"
2022 : "The Golden Age"


La chronique


Si c'est la première fois que nous parlons par ici de Brood Of Hatred, son instigateur n'en est pas un inconnu pour autant puisque Muhammed Mêlki a aussi été membre des très bons Vielikan dont on avait parlé à l'occasion de la chronique de "A Trapped Way For Wisdom". Cette fois, il est seul maître à bord et Brood Of Hatred est annoncé comme n'ayant aucune barrière ou limite même s'il s'accorde une étiquette death metal. "The Golden Age" est le troisième album du projet et vu que ce dernier semble apprécier les ambiances hantées et les labyrinthes sonores, le voyage promet d'être intéressant et agité.

Les deux premiers albums "Skineless Agony" et "Identity Disorder" avaient déjà effectivement laissé entendre que le projet aimait les mélodies poignantes, les ambiances fortes et que l'esprit aventureux le rapprochait du progressif. Brood Of Hatred a donc annoncé dès le départ que l'ouverture d'esprit était exigé et que sa musique allait couvrir de nombreux territoires musicaux pour nourrir des ambiances systématiquement puissantes voire poignantes. "God Over Demons" nous accueille et le projet pose déjà un climat particulier à la fois planant, hanté, violent et sombre pour un death metal très progressif et dissonant. On entend de suite que Brood Of Hatred aime le clair obscur puisque sa musique mêle habilement mélodies sombres et éclats lumineux en un ensemble qui a tout de l'introspection. Ce premier morceau arrive à être à la fois complexe, profond et très riche sans jamais être hermétique et si la musique du projet est très travaillée, elle reste relativement abordable et trouve toujours le moyen de vous saisir par des mélodies, des leads ou quelques arpèges. C'est d'ailleurs assez impressionnant de se dire qu'une seule personne est derrière un album aussi riche, le travail que tout cela a dû demander doit être assez colossal. Les structures bougent en permanence, les riffs et les leads s'entrecroisent pour créer une toile d'ambiances noires et presque éthérées. Les éclats de violence n'en sont que plus surprenants puisque relativement rares et placés en plein milieu d'un climat général noir mais parfois presque cotonneux. La musique de Brood Of Hatred est clairement torturée mais ne vous bouscule que rarement, préférant vous envelopper dans une une brume vénéneuse qui finit par briser vos défenses.

Il est bien difficile de rapproche Brood Of Hatred d'un quelconque groupe tant sa personnalité est affirmée. On y entend certes du death, un esprit proche du progressif, quelques dissonances et une approche relativement moderne mais en dehors de ça, il est compliqué de citer ne serait-ce qu'une influence précise ! Les passages les plus brutaux et dissonants pourraient éventuellement rappeller Gorguts ou Ulcerate mais de très loin, d'autant que ces passages ne sont pas ce qui constitue la véritable substance de Brood Of Hatred. Ce sont ses ambiances profondes, prenantes, poignantes et parfois noires comme la suie qui le caractérisent en premier lieu. En tout cas, le travail effectué sur "The Golden Age" est impressionnant et encore une fois le fait qu'une seule personne soit derrière ce travail à la fois technique, violent, mélodique et immersif est bluffant. D'autant que ce troisième album est très bien produit en plus de ça avec un son propre, puissant, clair qui laisse entendre les moindres nuances dont Muhammed Mêlki a orné sa musique. Si la particularité de l'ensemble le rend difficile à catégoriser et à chroniquer, il ne rend que plus marquant à l'écoute et on sent que le projet a une âme. Le fait que "The Golden Age" ne dure pas plus de trente-cinq minutes n'est pas un mal puisque l'intensité de l'album le rend déjà éprouvant malgré cette durée relativement courte. Ces huit morceaux sont tellement complexes, riches et profonds que votre attention sera déjà mise à rude épreuve, s'étaler plus longtemps n'aurait donc probablement pas été une bonne idée.

Brood Of Hatred nous amène donc un troisième album très personnel, sombre, technique, violent et éthéré à la fois, d'une profondeur indéniable et assez riche et complexe pour tenir en haleine un certain nombre d'écoutes. On sent que Muhammed Mêlki se livre sur "The Golden Age", qu'il met son âme dans sa musique et qu'il est à des années-lumière d'une quelconque considération commerciale. Un projet honnête, original et qui arrive à se montrer touchant malgré son côté rude et parfois aride. Ce nouvel album vous demandera un certain investissement personnel et une ouverture d'esprit mais laissez lui une chance, ce qu'il a à proposer ne se trouve pas à tous les coins de rue.


Murderworks
Février 2022


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.facebook.com/broodofhatred.official