Le groupe
Biographie :

Brotthogg est un groupe de black metal mélodique et progressif norvégien formé en 2017 et actuellement composé de : Kristian Larsen Moen (instruments / Subliritum, ex-Hinn Mesta, ex-Toxic), Craig Furunes (chant / Chton, Demontera) et Jonas Moen (chant / Subliritum, ex-Hinn Mesta). Brotthogg sort son premier album, "Echoes Of The Past", en Juillet 2019 en autoproduction, suivi de "The Die Is Cast" en Août 2020, et de "Epicinium" en Octobre 2022.

Discographie :

2017 : "The Last Traveler" (EP)
  2019 : "Echoes Of The Past"
2020 : "The Die Is Cast" 
2022 : "Epicinium"


La chronique


Il semble que les Norvégiens de Brotthogg aiment brouiller les pistes puisque leur troisième album "Epicinium" continue à pratiquer un mélange des genres assez touffu et encore plus poussé que sur "Echoes Of The Past" et "The Die Is Cast" sortis respectivement en 2019 et 2020. On se retrouve en gros avec une sorte de black / death / thrash progressif qui va donc piocher dans pas mal de scènes différentes pour créer une musique assez variée et complexe.

"The Die Is Cast" pouvait d'ailleurs parfois faire penser à la musique de Keep Of Kalessin dans sa recherche d'accroche et d'efficacité et son mélange black / death mélodique. Cette fois, le progressif s'infiltre un peu plus et l'album laisse plus de place aux ambiances, "When The Curtain Falls" ouvre l'album avec quelques sonorités prog justement en plus d'un feeling black metal dans les riffs en trémolo qui renvoient évidemment à la classique froideur norvégienne. Quand on parle de progressif dans le cas de Brotthogg, c'est dans cette volonté de mélanger les styles, de ne pas s'imposer de barrières et de construire des morceaux un peu plus complexes et riches que la moyenne (et le groupe cite quand même Symphony X dans ses influences), n'allez pas vous attendre à du Dream Theater sous hormones non plus. Comme sur les deux albums précédents, les structures bougent régulièrement et les morceaux ne passent pas leur temps à répéter des couplets et des refrains en boucle. On est plus sur des titres à tiroirs qui vont passer d'une ambiance à l'autre et d'une scène à l'autre sans prévenir. Brotthogg garde toujours en ligne de mire l'efficacité et les mélodies se font toujours une place quelque part pour accrocher l'oreille et ne pas nous perdre en cours de route. On ne part donc jamais en dérive technique ou en jam improvisée, les morceaux de "Epicinium" sont complexes mais toujours bien pensés et précisément construits. Brotthogg sait où il va et si sa musique variée et riche elle reste relativement accessible pour peu que le mélange des scènes extrêmes et progressives ne vous dérange pas. La plupart des titres tournent autour des cinq ou six minutes et le groupe prend le temps de développer ses ambiances.

Une ambiance d'ailleurs bien froide et assez sinistre sur ce premier titre mélodique mais inquiétant qui va laisser la place à "Forvitring" qui poursuit avec quelque chose d'assez lourd et assez fantomatique. Cette entame d'album nous fait entendre un Brotthogg plus posé et moins frontal que sur ses deux précédents albums, la brutalité cède du terrain et laisse plus de place à des ambiances sombres et glaciales. C'est "Vengeance" qui nous remet une bonne dose de blasts dans la tronche et qui fait honneur à son titre pour le coup, ce qui nous ramène à ces sonorités proches de Keep Of Kalessin. Après deux titres assez froids et posés, le groupe nous met un bon boost avec un titre bien plus brutal et nerveux pour amener ce qu'il faut de puissance. "Ravn" retourne aux ambiances fantomatiques plus proches du black metal et en particulier d'Emperor pour un morceau là encore mid-tempo et glacial. "Ved Skumringens Ytterste Rand" ne fait pas monter la température avec là encore une orientation clairement black metal avec un rythme un peu plus soutenu et des ambiances là encore glaciales et fantomatiques. La petite surprise qui fait plaisir c'est le nombre de soli de guitare que le groupe place dans quasiment tous les morceaux, même dans les titres les plus lourds ou les plus froids dans lesquels on ne s'attend pas à en entendre. Ceux qui aimaient le côté frontal et agressif de "Echoes Of The Past" vont peut-être un peu tirer la gueule puisque ce nouvel album est bien plus nuancé et plus porté sur les ambiances, les blasts se font rares sur "Epicinium" et on a plus souvent droit à du mid-tempo énervé à grands de double grosse caisse. Le morceau-titre fait partie des exceptions comme "Vengeance" et se montre bien plus agressif et teigneux avec là encore un excellent solo très heavy metal dans l'esprit, "Possessed" qui clôt l'album met lui aussi un dernier coup de boost avant la fin pour marquer les esprits et donner un goût de reviens-y.

Brotthogg nous livre donc un album plus posé et nuancé avec "Epicinium" même si quelques explosions de violence se font encore entendre. Les plus brutaux n'y trouveront peut-être pas leur compte mais le groupe prouve qu'il a de la ressource et qu'il ne s'endort pas sur ses lauriers. Il explore cette fois des ambiances plus froides et plus proches du black metal, délaissant un peu les sonorités death ou thrash que laissaient entendre les deux premiers albums. Tout le monde n'y trouvera peut-être pas son compte mais on ne va pas reprocher à Brotthogg d'évoluer, surtout quand il nous livre un album aussi efficace, riche et accrocheur !


Murderworks
Décembre 2022


Conclusion
Note : 15/20

Le site officiel : www.facebook.com/brotthogg