"Gravity"
Note : 14/20
Je trouve toujours que déclarer qu'un album marque un tournant dans la carrière d'un artiste est un peu présomptueux puisque l'on ne peut jamais savoir à l'avance ce que l'opus suivant aura à nous offrir. Aussi pour ce nouvel album de Bullet For My Valentine, répondant au nom de "Gravity", parlerais-je plutôt d'ouverture et ce à plusieurs niveaux.
"Gravity" est un album un peu spécial puisqu'il est intimement lié à la vie privée du leader du groupe. En effet, ce dernier a été composé alors que Matthew Tuck expérimentait quelques mésaventures dans sa vie personnelle, notamment un divorce. Pour la première fois depuis le début sa carrière, Matt a donc décidé de ne pas écrire ses nouveaux morceaux pour les fans mais pour lui-même. Ainsi chaque titre de cet album reflète les différents états émotionnels qu'il a pu traverser au cours de ce procédé difficile qu'est la rupture, ce qui est sans conteste une magnifique ouverture pour qui voudra l'entendre sur son existence en tant qu'homme et non en tant qu'artiste.
Une autre particularité de cet album se trouve au niveau même de son nom : "Gravity". Ce titre, clairement moins agressif que ceux des précédents opus (pour rappel : "The Poison", "Scream Aim Fire", "Fever", "Temper Temper" et "Venom"), va de pair avec la musique contenue dans cet album, un peu plus rock que metal sur certains titres. Avec ce sixième album, BFMV explore donc de nouvelles pistes sonores, pour le meilleur et pour le pire.
Personnellement, j'estime qu'il faut plusieurs écoutes pour apprécier l'album dans son ensemble. Grande fan du groupe depuis ses débuts, j'ai été un peu déroutée par la présence de clavier sur pas mal de titres dont "'The Very Last Time'" ou encore "'Breaking Out'" que je n'arrivais pas à apprécier lorsque j'ai découvert l'album pour la première fois. Pourtant, ce sont de plutôt bons morceaux si l'on accepte le fait que BFMV sort de sa zone de confort pour s'ouvrir à de nouveaux genres.
Autres nouveautés, on compte sur cet album plus de chœurs mélodiques que de scream ou de growl. Assurés à la fois par Matt et Jamie Matthias, bassiste du groupe, ceux-ci donnent aux morceaux un aspect assez catchy et seront, sans aucun doute, reprit par le public lors des concerts à venir, tout comme les petits "Oh oh oh oh" qui ont eux aussi fait leur apparition dans les pistes "Gravity".
Ce sixième album ne sera donc sûrement pas le meilleur de leur discographie mais il compte un bon nombre de titres qui rendront très bien en concert et renforceront le lien entre les fans et les artistes le temps d'une soirée.
"Venom"
Note : 15/20
Semblant fatigués sur leur précédent "Temper Temper" (2013), les Gallois de Bullet For My Valentine reviennent en force avec leur cinquième album intitulé "Venom". Il est vrai que le groupe avait besoin d’un bon coup fouet, car fort de son monumental succès avec "The Poison" (2005), tant commercial qu’artistique, l’essai n’a malheureusement jamais été renouvelé de la sorte (peut-être avec "Scream Aim Fire" (2007), le single "Waking The Demon" raisonne encore dans mes oreilles !). Au contraire, une sorte de routine s’était progressivement installée jusqu’au point d’apercevoir le fond avec le banal "Temper Temper".
Alors comme ça, BFMV est de retour ? La réponse est oui ! Loin de réaliser un miracle ou un tour de magie, les Gallois utilisent la bonne vieille recette qui marche (en générale) : le retour aux sources. Il faut entendre par là : le retour à la production de Colin Richardson (présent sur "The Poison") et un regard tourné vers l’âge d’or passé. Le choix du titre de l’album n’est pas étranger à cette démarche.
Gardant leur metalcore mélodique habituel, BFMV saupoudre sa base d’un peu de thrash metal et davantage de growls. Ok, rien de neuf, ça a toujours été comme ça, mais cette idée se confirme dès les deux premiers titres, "No Way Out" et "Army Of Noise" et le tout joué à fond la caisse ! De plus, la part belle est donnée aux solos et aux leads comme sur "Skin", véritable morceau de démonstration technique. Ainsi, le mot d’ordre est de rester le plus heavy et pêchu possible sur l’ensemble de la galette. Plus question de chercher à amasser les tubes, le but est d’être tout percutant à chaque titre. Cette stratégie s’avoue payante, car aucune trace de relâchement n'est à déplorer (à part peut-être sur "Hell Of High Water", moins inspiré que tout le reste). Seuls les titres "Venom" et "Worthless", les deux "fausses ballades", cassent peut-être un peu trop le rythme très soutenu de cet album sans pour autant être dénuées d’intérêt. Par ailleurs, remarquons que Matt Tuck propose sûrement le meilleur travail de toute sa carrière au chant. Gardant bien entendu son grain ultra reconnaissable, sa voix a enfin du corps et paraît plus puissante qu’à l’accoutumée.
Durant sa recherche d’énergie via un retour aux sources, BFMV ne retrouvera que sa fougue d’antan. En effet, incapable de ressortir des tubes comme à l’époque, la formation se forge toute de même une nouvelle jeunesse avec "Venom".
"Temper Temper"
Note : 14/20
La dernière livraison de Bullet For My Valentine sent bon le retour aux sources. Je m'explique : le temps et les années ont passé, les Gallois ont persisté dans ce qu'ils ont de plus cher, une identité très actuelle mais en même temps terriblement heavy metal. A l'heure où le monde ne jure plus que par le metalcore ou le deathcore, les métalleux diront ce qu'ils veulent, mais un peu de heavy, de solos, et de riffs rock'n'roll ne font pas de mal. Le groupe envoie une bonne grosse sonorité metal, s'appuyant sur un frontman excellent dans son style, proposant des parties hurlées qui auraient mérité une mise en avant plus poussée. Bullet For My Valentine amène des compositions variées, metal, même si par moments la transformation en "ballades" est trop présente et des cassages de rythme trop importants réduisent considérablement le charme de certains morceaux.
Bullet For My Valentine, dans un paysage sclérosé, nous fournit une galette intéressante, rafraîchissante, aux riffs musicaux sympathiques, oscillant entre mélodies, riffs heavy, le tout agrémenté d'une grosse rythmique et de solos bien sentis. L'enchaînement des titres se fait naturellement et même sans heurts, et il faut bien le reconnaître, les titres, même s'ils ne seront pas des tubes, nous font tout de même passer un bon moment musical.
BFMV a grandi, mûri, les titres se font moins rapides qu'à leurs débuts, et ceci tout en gardant un son et un style caractéristiques au groupe, un son qui mélange les mélodies, les riffs metal, les solos, sur lesquels se repose un chant maîtrisé (nous aurions préféré tout de même des parties hurlées plus en avant). Le groupe propose un bon moment, une belle galette sans forcément de surprises et avec beaucoup plus de ballades qu'à l'accoutumée, et qui, sans se surpasser, trouvera forcément des fans. Et pour les néophytes du genre, ceci les intéressera probablement, même si, malgré une production quasi impeccable, nous aurions aimé une prise de risque beaucoup plus importante dans la création des morceaux et dans le déroulement de cette galette.
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