Le groupe
Biographie :

Fondé à Lyon en 2012, Buy Jupiter est un groupe de death progressif moderne qui tire son nom d'une nouvelle d'Isaac Asimov. Cette nouvelle inspirera une trilogie de trois EPs dont les deux premiers volets sortent respectivement en 2016 et 2017. Le dernier chapitre, "Eclipse", sort en Juin 2019 chez Apathia Records. Actuellement,le groupe est formé de Py au chant, Manus et Vinz aux guitares, Martin à la basse et Lucas à la batterie.

Discographie :

2016 : "Departure" (EP)
2017 : "Crossworlds" (EP)
2019 : "Eclipse" (EP)


Les chroniques


"Eclipse"
Note : 16/20

Nouvelle signature Apathia, Buy Jupiter est un jeune groupe français déjà auteur de deux EPs, "Departure" et "Crossworlds", et qui nous amène cette fois un troisième EP, "Eclipse", qui sert de conclusion conceptuelle. Le groupe officie dans un djent assez méchant et on va voir de suite ce que ce nouvel EP a dans le ventre.

"Arrival" le bien nommé nous accueille avec ses huit minutes au compteur et ses ambiances froides et sombres sur fond de djent, comme je le disais, assez méchant et agressif. Le chant est exclusivement hurlé et les riffs viennent plus d'une confrérie de bûcherons que de groupes amateurs de mélodies sucrées. Ceux qui trouvent que le djent est un genre trop soft et que ses lignes de chant sont trop radio friendly devraient jeter une oreille sur la musique de Buy Jupiter puisque ces jeunes loups sont bien plus orientés metal qui tache. La finesse a son mot à dire puisque le groupe crée des ambiances collant à son concept et évoquant un monde où la conquête spatiale a commencé et où l'humain est confronté au vide spatial. Les mélodies sont donc souvent froides, les ambiances soit aériennes soit sombres voire oppressantes et le tout donne un metal certes moderne mais tout de même bien énervé. D'ailleurs, des bons petits blasts des familles se font entendre sur "Obscured"  qui jongle entre la violence et les passages aériens et mélodiques. La technique est évidemment présente aussi mais Buy Jupiter n'en profite jamais pour en mettre plein la vue, les rythmiques sont souvent syncopées mais personne ne s'amuse à épater la galerie en étalant bêtement son niveau.

L'accent est mis sur les ambiances et la musique du groupe colle au concept et développe un univers qui lui est propre. Les morceaux sont d'ailleurs tous assez longs, entre six et huit minutes en gros, histoire de prendre le temps de poser les ambiances et de plonger l'auditeur dans ce monde désolé et glacial. En vingt-trois petites minutes, le groupe arrive à nous embarquer dans son univers et à nous convaincre de son potentiel. Après trois EPs, la suite logique sera à mon avis un premier album longue durée et je suis impatient d'entendre comment le groupe va s'en sortir sur une durée plus longue. Je ne me fais pas beaucoup de soucis vu sa capacité à garder ses morceaux percutants sur "Eclipse" malgré leur longue durée. C'était déjà le cas sur "Departure" et "Crossworlds" qui montraient eux aussi une belle efficacité et des ambiances déjà bien développées et installées. Voilà encore un groupe qui prouve aux détracteurs du djent que non, le genre n'est pas une repompe de Meshuggah et que chaque groupe peut emmener cette branche du metal dans une direction différente et y apposer sa patte.

Un nouvel EP qui confirme le potentiel de Buy Jupiter et qui nous donne envie de les entendre sur un album complet maintenant. Nul doute qu'un format plus long leur permettra de développer encore plus leurs ambiances et d'emmener tout ça à un autre niveau.


Murderworks
Juillet 2019




"Crossworlds"
Note : 15/20

Aujourd'hui, j'ai le plaisir de chroniquer un groupe de chez moi. En effet, j'ai déjà eu l'occasion de voir Buy Jupiter plusieurs fois en concert et je n'ai pas tardé à leur acheter leur premier EP, "Departure". Il faut dire que, quand on les voit sur scène, ces garçons ne font pas rigoler. Reste à voir ce que le groupe nous a concocté pour ce second EP.

"Crossworlds" est un EP conceptuel qui raconte la suite de l'histoire débutée à travers le précédent opus, "Departure". Une histoire qui s'inspire directement de la nouvelle Chère Jupiter d'Isaac Asimov, dans laquelle les terriens passent des accords commerciaux pour vendre la planète Jupiter à d'autres peuples extra-terrestres qui veulent en faire un gigantesque panneau publicitaire. Le groupe invente ici les péripéties des Joviens, les habitants de Jupiter, contraints à un exil forcé de leur planète. Après leur départ dans le premier EP, ce second volet nous raconte leur voyage à travers l'espace. Les amateurs de science-fiction relèveront aussi que l'EP tient son titre d'un film de science-fiction des années 90 dans lequel jouait Rutger Hauer, l'acteur qui tient le rôle de Roy Batty dans Blade Runner. Pour terminer cette introduction, je me dois aussi de souligner le superbe travail graphique qui a été réalisé sur la pochette de ce deuxième EP. Venant compléter la pochette du précédent EP, on y voit une petite navette fusant dans l'espace qui passe devant une grande sphère énigmatique. On ne sait pas s'il s'agit d'une planète, d'un trou noir ou d'un portail vers une autre dimension...

L'EP démarre sur ce qu'on imagine être le son d'un vaisseau traversant l'espace. Rapidement, les guitares commencent à se faire entendre discrètement avant que tout le groupe se mette en branle au son d'une rythmique très lourde et saccadée. On sent là tout de suite l'influence de la scène djent à la Meshuggah, très en vogue en ce moment. Pour ajouter à cette lourdeur, Py nous balance un gros chant extrême qui nous tombe dessus comme une massue. Ce côté très lourd et rouleau-compresseur est tout de même contrebalancé par quelques mélodies plus légères et quelques parties de guitares claires très aériennes. Le second morceau, "Uprising", redouble de violence avec des rythmiques encore plus déstructurées et l'ajout de quelques blast beats. Le passage le plus énorme arrive, selon moi, en milieu de morceau avec l'arrivée d'un tapping qui propulse le groupe vers une charge furieuse et vertigineuse qui dévaste tout sur son passage ! Après un moment de furie death / thrash, on repart vers une seconde moitié de morceau plus prog avec une fin qui tire vers le doom. Bref, le groupe nous sert là un morceau extrêmement réussi ! On calme ensuite complètement le jeu avec "Monolith", un morceau instrumental de quatre minutes, très apaisé et presque ambiant. On retrouve tout de même un peu de lourdeur et de dynamisme avec l'arrivée des guitares saturées sur la deuxième moitié du morceau. Arrive alors "New Era" qui affiche plus de huit minutes au compteur . Là encore, le groupe nous propose un savant mélange de djent et de prog pour un résultat assez complexe et, au final, pas toujours évident à suivre. Pour moi, la production très lourde, caractéristique de ce style moderne, n'en facilite pas non plus l'écoute. Attention, je ne dis pas que le son est mauvais ! Au contraire, on a affaire ici à un travail de mixage et de mastering très poussé. Cependant, ce genre de production ultra musclée et très impressionnante au premier abord peut aussi avoir tendance à fatiguer l'oreille de l'auditeur. Ainsi, j'ai du mal à rester absorbé jusqu'à la fin dans cet EP malgré l'accroche plus brutale et directe du dernier titre "Collide".

Il faut dire aussi que j'écoute généralement assez peu de metal extrême. C'est un style que je me surprends à adorer en concert, quand la violence joue l'effet d'un superbe défouloir. Cependant, lorsque je suis installé dans mon canapé, cette même violence peut alors aussi jouer l'effet de repoussoir. Cela explique aussi pourquoi la musique du groupe me séduit moins ici qu'en concert. Dernier petit bémol à signaler, on regrette l'absence d'un livret qui aurait pu aider l'auditeur à plonger plus intensément dans l'histoire développée par le groupe à travers cette trilogie. Une contrainte certainement liée au fait qu'il s'agisse ici d'une autoproduction.

En résumé, "Crossworlds" est un EP très travaillé qui jouit d'un son très massif et d'un concept narratif fort. Le style est inventif et on y décèle de très bons passages, comme dans l'excellent "Uprising". Cependant, l'aspect très complexe et déstructuré de leur musique peut avoir tendance à assommer un peu l'auditeur sur la deuxième moitié de l'EP. Une musique qui s'apprécie plus facilement en concert grâce à l'énergie débordante que transmet le quintette, chaque fois qu'il monte sur scène.


Zemurion
Octobre 2017


Conclusion
L'interview : Le groupe

Le site officiel : www.facebook.com/buyjupiter