Un "pygmalion", c’est un instructeur référent. "Pygmalion", c’est également la fameuse pièce de George Bernard Shaw. Le terme "pygmalion" réfère en réalité à bon nombre de concepts et de réalités, mais celui qui nous intéresse aujourd’hui ne concerne ni la psychologie, ni autre acte de ballet. Aujourd’hui, pas de surprise, c’est de musique dont il s’agira, avec le premier album de Calling Of Lorme.
Mix et mastering réalisés au Studio Fredman à Göteborg en Suède (qui a vu défiler les disques de divers groupes tels qu’Arch Enemy, Dark Tranquility, Dimmu Borgir, Myrath et Arkan) ; artwork signé Gwen Vibancos (notamment connu pour son travail avec Zuul Fx) ; prestations scéniques déjà très travaillées : le ton est donné. Calling Of Lorme met les petits plats dans les grands afin de délivrer le paquet complet le plus intéressant possible. Et lorsqu’un chroniqueur reçoit de telles promesses, forcément, les attentes sont élevées. Autant le dire immédiatement : j’étais ravie de constater que les miennes n’ont pas volé en éclat à l’écoute de la galette ! Et je profite de ma chronique pour remercier chaleureusement le groupe pour son album physique, chose suffisamment rare et appréciable pour être soulignée. Et c’est d’autant plus appréciable de constater qu’effectivement, les Sudistes donnent le meilleur d’eux-mêmes d’un bout à l’autre !
Néanmoins, que les allergiques à Rammstein passent leur chemin, vu l’inspiration poussée et les ‘similitudes’ entre les deux groupes ("Lore" en devient même troublant). Mais les amateurs de musique martiale teintée d’electro devraient sans peine y trouver leur compte, ainsi que bon nombre de simples curieux. Car si cette recette a déjà été testée et approuvée par différents groupes reconnus (Rammstein, bien sûr, mais également Deathstars, voire Laibach, dans un domaine nettement plus axé sur l’electro-goth), elle n’en demeure pas moins efficace pour autant. Et reprocherait-on à un groupe bien ancré dans sa musique et ses influences un soi-disant manque d’originalité sous prétexte que ce qu’ils font a déjà été écouté ailleurs ? Lorsque la mission est brillamment remplie, je ne crois pas, non.
Et Calling Of Lorme nous a sorti un album intéressant. Les influences se devinent –voire plus si affinités–, certes, mais loin de devenir une pâle copie pour autant, les Sudistes puisent leur force et leur intérêt dans ces sources mêmes. Prenons par exemple un "Away The Grim Stars", puissant, où se mêlent avec justesse le chant clair et le chant saturé. Prenons également "Babylon", qui ralentit le tempo et propose par la même occasion quelques lignes mélodiques intéressantes. Le quintette propose suffisamment de bonnes idées tout au long de son album pour donner au futur auditeur d’excellentes raisons de se pencher sur son cas. Le chant, entre voix claire (parfois étonnamment proche de celle de Konstanz de The Vision Bleak, bien que, cette fois-ci, la référence ne me paraisse pas consciemment recherchée) et timbre martial, est partagé entre JY (vocaliste principal), Jo (basse) et Seth (guitare). En plus de ce trio, le groupe s’octroie les services de pas moins de trois chanteuses, apparaissant respectivement sur "Away The Grim Stars", "1720" et "Hindsight". En réalité, la liste des invités ne s’interrompt pas là, mais pour en connaître l’intégralité, je vous conseille tout simplement de jeter un œil à la fin du livret.
Un autre point positif à noter pour Calling Of Lorme est son travail sur les atmosphères. Un titre comme "1720" -est-il vraiment nécessaire d’en expliquer le thème ?- n’en ressort que grandi, grâce à son ambiance sombre et oppressante.
Pour sûr, avec son "Pygmalion", Calling Of Lorme se place aisément parmi les groupes à suivre. Le seul élément qui pourrait vraiment jouer en leur défaveur serait l’assimilation des références parfois maladroites. Un mauvais point qui devrait rapidement s’atténuer.
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