Le groupe
Biographie :

Carach Angren est un groupe néerlandais de black metal symphonique fondé en 2003 et composé de : Seregor (guitare, chant / ex-Inger Indolia, ex-Vaultage) et Ardek (clavier, piano, orchestrations, chant / Clemens Wijers, ex-Dark Mutation, ex-Vaultage). Après une première démo en 2004 puis un mini CD en 2005, le groupe enregistre l'album "Lammendam" en Janvier 2008 sous le label Maddening Media, album très bien accueilli par la critique et le public. Le groupe devient rapidement populaire et un second album produit par Maddening Media voit le jour en 2010 : "Death Came Through A Phantom Ship". Les thèmes abordés dans les paroles des chansons concernent essentiellement les fantômes et les phénomènes paranormaux. Le nom du groupe, Carach Angren ("les mâchoires d'acier"), est issu de l'univers de Tolkien. Il désigne un lieu du Mordor. L'album "Where The Corpses Sink Forever" sort le 18 Mai 2012 chez Season Of Mist. L'album suivant, "This Is No Fairytale", sort en Février 2015. "Dance And Laugh Amongst The Rotten" sort en Juin 2017, toujours chez Season Of Mist. "Franckensteina Strataemontanus" sort en Juin 2020.

Discographie :

2004 : "The Chase Vault Tragedy" (Démo)
2005 : "Ethereal Veiled Existence" (MCD)
2008 : "Lammendam"
2010 : "Death Came Through A Phantom Ship"
2012 : "Where The Corpses Sink Forever"
2015 : "This Is No Fairytale"
2017 : "Dance And Laugh Amongst The Rotten"
2020 : "Franckensteina Strataemontanus"


Les chroniques


"Franckensteina Strataemontanus"
Note : 19/20

De quoi avez-vous peur ? Carach Angren est là pour le découvrir. Fondé en 2003 aux Pays-Bas, le groupe s’axe sur un univers horrifique incarné par le trio Seregor (chant / guitare, ex-Inger Indolia, ex-Vaultage), Ardek (claviers, Clemens Wijers, ex-Vaultage) et Namtar (batterie, Consonance, ex-Anxiety, ex-Vaultage). Une démo voit le jour en 2004, puis un EP en 2005 et le premier album sort en 2008. Depuis, le groupe évolue en live, engageant parfois un bassiste (entre 2008 et 2010), repartant en trio, puis s’adaptant en tant que quartet live avec différents guitaristes. Depuis 2017, c’est Bastiaan “The Butcher” Boh (guitare) qui tient ce rôle, et le groupe est aidé en studio de Nikos Mavridis (violon, ex-Rome) et Patrick Damiani (basse). Mais juste avant la sortie de "Franckensteina Strataemontanus", le sixième album du groupe, Namtar décide de partir. C’est donc avec Michiel van der Plicht (God Dethroned, ex-Apophys, ex-Prostitute Disfigurement) qui aide le duo à conter ses histoires sombres… Et celle-ci développera l’univers du monstre de Frankenstein de Mary Shelley…

Commençons avec "Here In German Woodland", une invitation dans ce théâtre de l’horreur qui ouvre ses portes. "Scourged Ghoul Undead" offre un premier riff, puis la voix de l’introduction renouvelle ses avertissements. Et la rythmique nous tombe dessus, accompagnée des hurlements de Seregor . Et on remarque que le vocaliste alterne entre différent types de cris, ainsi qu’un peu de voix claire pendant que ses camarades forgent l’univers violent du titre à grands coups de blasts et d’ambiances. L’aspect film d’épouvante est parfaitement incarné par "Franckensteina Strataemontanus", le morceau éponyme. Entre bruits étranges, riffs rapides et chant saturé, impossible de ne pas accrocher. Le groupe ralentit, nous propose un passage au chant clair effrayant mais intriguant, et le manège infernal repart. Un son de basse, un rire angoissant, et The Necromancer prend la suite. Plus lente, la composition m’a donné l’impression de suivre un cortège militaire constitué de zombies, chose qui sied parfaitement aux paroles. On remarque cependant que les orchestrations prennent une place plus importante dans le mix, tout comme sur "Sewn For Solitude", un morceau qui joue énormément dessus ainsi que sur plusieurs types de chant pour recréer une oppression unique en son genre, ainsi qu’un contraste entre hurlements et paroles douces. Nous plongeons à nouveau dans un univers guerrier avec "Operation Compass", et son sample introductif qui nous annonce l’année: 1940. Une peur rampante, une noirceur omniprésente, mais des riffs qui servent à merveille la cause du groupe, accompagné d’un break orchestral.

"Monster" nous fait revenir dans l’univers de Frankenstein avec une introduction glaçante mais absolument merveilleuse, puis le chanteur prend le relais. Plus le titre avance, et plus les éléments sont majestueux, effrayants et l’arrêt brutal y contribue. "Der Vampiir Von Nüremberg", mon morceau préféré, est le suivant. La plupart d’entre vous le connaissent déjà, et il est celui qui, à mon sens, fait le lien entre le black metal symphonique des débuts, et le concept d’horror metal avec les influences plus récentes. Ce "Morgue Rat!" lâche avec dégoût au centre du morceau reste en tête, je vous aurais prévenus. Partagé entre anglais et allemand, le morceau laisse place à "Skull With A Forked Tongue", un autre titre qui pioche dans les influences des premières productions. De loin le morceau le plus long, "Like A Conscious Parasite I Roam" débute par des sonorités rassurantes qui vont peu à peu s’assombrir, puis redevenir aussi épiques que noir pour laisser place à la folie du groupe. Une fois encore, ce morceau conviendrait parfaitement à une bande originale de film, et ses nombreuses nuances permettent de couvrir tous les aspects de la musique des Néerlandais. Dernier titre, "Fredrick’s Experiments" est court et plus brut, mais ce format convient également à l’univers du groupe, puisqu’il leur permet de combiner des riffs efficaces à des orchestrations épiques pour clore ce chapitre de leur histoire.

Quand j’ai découvert Carach Angren il y a de cela huit ans, j’ai tout de suite été happé par leur musique. Mais "Franckensteina Strataemontanus" est à mon avis une de leurs oeuvres les plus abouties, car l’album permet de se plonger dans ce récit et de le vivre littéralement avec le groupe à chaque titre, sans jamais en sortir. Le groupe a évolué, et il est définitivement au sommet de son art, aussi riche que sombre.


Matthieu
Juillet 2020




"Dance And Laugh Amongst The Rotten"
Note : 18,5/20

Vous les avez entendus ? Les bruits de pas à l'étage... Ce sont probablement ceux des membres de Carach Angren ! Le groupe naît en 2003 dans l'esprit dérangé de Seregor (Dennis Droomer de son vrai nom, chanteur / guitariste) en Hollande, il fait appel aux frères Namtar (Ivo Wijers, batteur) et Ardek (Clemens Wijers, claviériste / choriste) pour écrire son abominable théâtre. Ensemble, les mâchoires d'acier (traduction littérale de Carach Angren en Sidarin, la langue inventée par J.R.R. Tolkien, qui représente également un endroit dans le Mordor) ont sorti une démo, un EP puis enchaînent cinq albums depuis 2008, qui ont achevé de populariser leur black metal symphonique. Scéniquement, le groupe est réellement déchaîné, Seregor donnant du fil à retordre aux photographes, principalement depuis qu'ils ont engagé un guitariste live pour permettre au monstre de se libérer totalement. Leur dernier album, "Dance And Laugh Amongst The Rotten" qui sort le 16 Juin, est celui qu'ils considèrent comme le plus abouti dans l'horreur... Voyons voir ça !

Lever de rideau avec "Opening", le titre d'introduction, qui nous mettra directement dans l'ambiance. Quelques notes de claviers réellement intrigantes qui nous donnent envie de regarder partout à la fois pour voir s'il n'y a pas de petits yeux tapis dans un coin d'ombre qui nous observent alors que les sons plus épiques débarquent pour annoncer l'arrivée de "Charlie" par la grande porte qui grince. Ils l'annonçaient comme le titre le plus effrayant, et je crois qu'ils ne se sont pas trompés... Un savant mélange de blasts, d'orchestrations et du chant démentiel de Seregor. Les choeurs nous donnent littéralement l'impression d'être au centre d'une tornade, et que ledit Charlie va débarquer à n'importe quel moment. Une expérience grisante avec un casque. On repart sur un titre plus classique avec "Blood Queen". Du black metal lourd, qui tirerait presque sur des riffs death metal. Beaucoup plus direct, cette composition joue énormément sur les ambiances combinées des claviers et de la guitare sous une pluie de double pédale et les hurlements de Seregor, alors que "Charles Francis Coghlan" est un morceau qui s'axe sur le talent d'Ardek pour créer des ambiances tantôt glaciales, tantôt épiques, avec des murmures de Seregor. Vous la connaissiez déjà, mais "Song For The Dead" fait toujours son petit effet... Placée en plein centre de l'album, cette chanson martiale et lourde sera leur prochain incontournable de scène. Combiné avec les effets orchestraux, cette rythmique lente et lancinante ne vous quittera plus jamais. "In De Naam Van De Duviel" laissera plus de place à la guitare de Seregor pour s'exprimer, et nous mener droit vers un mur de son composé d'un riff lead persistant et de la double pédale monumentale de Namtar, alors que "Pitch Black Box" est un véritable orage. Je ne dis pas ça pour le court sample du début, mais une fois le clavier passé, vous allez comprendre ce que signifie être frappé par la foudre. C'est au tonnerre de gronder sur "The Possession Process" avec des riffs sanglants qui nous rappellent les premiers titres de Carach Angren avec bonheur, sans pour autant négliger les orchestrations et les blasts rapides. Le dernier coup sera donné sur "Three Times Thunder Strikes" et sa rythmique entrecoupée d'harmoniques tranchantes qui feront le bonheur des mélomanes. Décalés vers le milieu du titre, les riffs reviennent à la normale après une petite pause douceur au clavier.

Un show de Carach Angren est visuel, mais leur musique suffit à nous transporter. Essayez de fermer les yeux sur un de leur titres, et dites moi ce que vous voyez. Les Hollandais sont réellement les maîtres de l'horreur, ils ont saisi la volonté de Black Sabbath de créer une "musique qui fait peur" et l'ont poussée à l'extrême. Messieurs, vous pouvez être fiers de vous.


Matthieu
Juin 2017




"This Is No Fairytale"
Note : 15/20

Voilà quelques années que le sombre trio néerlandais Carach Angren fait planer une ombre de plus en plus pesante sur la scène du black metal symphonique. Leur musique permet au genre de prendre un nouveau souffle. Leur son est cru, froid, la voix haineuse et l'ambiance est bien plus noire et oppressante que celle de groupes comme Dimmu Borgir... Les orchestrations sont aussi bien plus recherchées. Elles ne sont pas simplement "accompagnatrices", elles sont fondues intégralement avec le reste de la musique et trouvent leur inspiration chez des compositeurs modernes tels que Danny Elfman pour ne citer que lui. Le dernier album que Carach-Angren avait sorti, "Where The Corpses Sink Forever", en 2012, était d'une extraordinaire qualité. Ce n'est donc pas très surprenant d'entendre que son successeur, "This Is No Fairytale"est d'aussi bonne qualité... ou presque.

Le disque s'ouvre sur une introduction recherchée et fine, comme sur le précédent album. Elle est peut-être un peu moins prenante et angoissante mais elle nous emporte tout de même dans le sombre univers du groupe. Là où "Where The Corpses Sink Forever" se voulait occulte et fantomatique, "This Is No Fairytale" est bien plus ancré, par son ambiance et ses paroles, dans le thème de l'horreur à proprement parler... La musique est bien plus crue et oppressante, il y a moins de respirations. Nous avons affaire à un seul et même bloc plutôt qu'à plusieurs morceaux qui auraient une ligne conductrice. Il est donc très difficile de faire ressortir un morceau plus qu'un autre au dessus du lot. Cependant, si nous avions à le faire, le choix se porterait sur "Two Flies Flew Into A Black Sugar Cobweb". Ses orchestrations sont très approfondies et il laisse apparaître plusieurs passages où les guitares et la basse se taisent pour laisser place à la batterie et l'orchestre. Ces parties renforcent clairement l'ambiance oppressante de ce titre. La fin en est le meilleur exemple : un solo de guitare est brutalement interrompu pour laisser place aux cordes, très dissonantes, et à un grincement de porte à faire froid dans le dos.

Cette sensation de "bloc" énoncée plus haut est à prendre dans le bon sens du terme. Carach Angren nous offre un album d'un homogénéité exceptionnelle. Leur son et la musique ne dépaysent pas mais on sent que le groupe essaye de rendre une sorte de grande symphonie macabre et d'aller toujours plus profondément dans la recherche d'ambiances et d'unification entre des parties raffinées d'orchestre qui contrastent avec les parties black brutes et froides. La recherche sur les timbres, comme l'utilisation de percussions à clavier, de cordes en pizzicato ou du cor autrement que pour des parties épiques, rend cet album atypique malgré un style dont on pourrait croire qu'il n'y ait plus rien à tirer.

Les bruitages, bien que peu nombreux, jouent un rôle très important dans ce disque. Ils sont les points d'appui de l'ambiance de l'album : un pleur, un râle, un grincement de porte, un rire macabre et fou... Toutes sortes de sons pour se sentir à l'aise et en confiance... Ajoutons à cela une voix tantôt hurlée tantôt glaçante et chuchotée et nous avons tous les éléments pour se faire un film d'horreur dont "This Is No Fairytale" serait la B.O... Une seule chose est décevante... la fin. L'album ne cesse de nous éblouir, tant par sa finesse de composition que par ses orchestrations bien pensées, ses ambiances poussées à leur paroxysme et la qualité d'interprétation des musiciens, mais le groupe nous plante là sur un feed-back des plus basique et décevant alors que la partie sur laquelle il a lieu permettrait un tas d'ouvertures incroyable pour une fin à la hauteur du reste de l'album... Quel dommage qu'ils aient fait une telle faute de goût alors qu'ils nous avaient prouvé dans "Where The Corpses Sink Forever" qu'ils étaient capables de nous livrer une fin bouleversante... Rappelez-vous ces chœurs plaintifs et descendants, ce noir tango en duo violon et piano, ces cris de folie désespérés sous cette pluie douce et apaisante... Alors que Carach Angren nous montre l'étendue de son talent de compositeur dans "This Is No Fairytale", ils ont choisi la facilité décevante du fade out pour conclure leur grande et glaçante symphonie...

Le disque n'en est pas moins d'une immense qualité mais il nous laisse sur notre faim alors qu'il aurait pu atteindre de très hauts sommets...


Thomas
Mars 2015




"Where The Corpses Sink Forever"
Note : 19/20

Carach Angren fait partie de ces groupes encore bien underground il y a quelques années et qui commencent à sortir de l'ombre. Ironique, pour un groupe de black, non ? Je les avais découverts avec leur album "Lammendam", sorte de fresque black metal fantomatique assez caractéristique avec ses envolées au piano et ses ensembles de cuivres emprunts d'émotions fortes. L'opus qui a suivi m'ayant moyennement convaincu au départ, je m'attele à la chronique du dernier album intitulé "Where The Corpses Sink Forever".

Dès l'introduction, aucun doute. L'ambiance fantomatique si chère au groupe et plutôt rare dans le black metal sonne comme le clocher une nuit orageuse d'automne. Je ne sais pas si certains d'entre vous se rappeleront de la série télévisée Poltergeist et son générique particulier. Eh bien l'esprit est le même ici. A la base, je ne suis pourtant pas un grand fan des histoires de fantômes qui ont plutôt tendance à m'endormir... La folie furieuse est assez présente à certains moments, mais la brutalité n'est pas du tout la priorité. Les riffs black sont cependant marqués et plutôt frais. Les orchestrations, quoiqu'omniprésentes, ont le mérite de ne pas gâcher les sonorités des guitares, ce qui est fort appréciable et pas toujours le cas. La production est vraiment nikel. La basse est toujours absente, ce qui n'est pas réellement un problème dans ce genre de productions. Les claviers sont fort appréciables, on se croirait véritablement dans un film de fantômes. Etant "calviériste" et appréciant la musique de films, je ne peux qu'en dire du bien. L'ambiance est là. Les voix sont sympathiques, les ambiances parlent parfaitement. Cependant, je me vois dans l'obligation de prévénir : il faut prendre l'album surtout d'un point de vue cinématographique, et pas réellement "métallique" et ce, même si les guitares sont travaillées. L'accent est beaucoup mis sur les ambiances synthétiques, qu'on peut qualifier d'irréprochables. L'ensemble de l'oeuvre est une véritable épopée, plus à contempler et à voir qu'à headbanguer je dirais. Les 44 minutes filent à une vitesse. On ne s'ennuie pas une seconde.

Pour moi, cet opus surpasse "Lammendam". Moins poussif dans les orchestrations, plus poussé au niveau des ambiances, Carach Angren a le mérite de se bonifier avec le temps. Bien évidemment, les puristes (et ceux qui n'apprécient pas spécialement les bandes originales de films) répudieront cet album. Trop d'orchestrations, à mon avis. C'est pour cela qu'il est difficile de le qualifier d'album metal au final. Pour ma part, aucun problème, l'écoute se fait le plus agréablement du monde. Les pistes se suivent mais ne se ressemblent pas. "Little Hector..." semblera peut-être un peu trop pouet pouet par moments, mais ça passe. L'ensemble s'achève sur un piano plutôt pessimiste derrière quelques cris de désespoir d'un protagoniste semblant devenir fou, pendant que la pluie tombe discrètement en fond. Pour conclure, une brève phrase : si l'on devait réaliser un bon film de spectres, nul doute que "Where The Corpses Sink Forever" en serait une parfaite bande originale.


Lukos
Juin 2012


Conclusion
Le site officiel : www.carach-angren.nl