"A Different Painting For A New World"
Note : 17/20
Catalyst revient en force. Créé en 2016 dans l’Est de la France, le groupe mené par Jules
Kicka (chant / guitare, Névrose, Nihilism), Florian Iochem (guitare, Sangdragon),
Jefferson Brand (basse, Crystal Throne) et Stéphane Petit (batterie, Exorbited) signe
chez Non Serviam Records en 2022 avant d’annoncer la sortie de son deuxième album, "A Different Painting For A New World".
"Gathering Of New Forces" ouvre l’album avec des mélodies douces renforcées par quelques
frappes, puis par des orchestrations avant de laisser "To Unleash Thy Heinous Fate" nous
écraser avec un son massif et des riffs effrénés. Les leads perçants s’intègrent parfaitement
à cette base agressive surmontée de hurlements gutturaux massifs, créant un contraste
avec les breaks mélodieux et le chant clair qui nous mènent rapidement sur la prochaine
phase violente. Les mosh parts accrocheuses sont également de sortie, tout comme sur "To
Unleash Thy Heinous Fate" et son agressivité brute complétée par des pointes de technicité
virulentes. Les choeurs en chant clair viennent tempérer la rage qui s’exprime en
permanence dans ces riffs saccadés et vifs, puis "Worms And Locusts" vient faire renaître
cette violence effrénée et bourrée d’éléments techniques. La rythmique ne ralentit que pour
laisser le groove naturel parler et créer un son très efficace avant de nous offrir un léger
moment de répit avec "Arise Of The Anathema" et sa douce mais inquiétante introduction.
Elle
laissera rapidement place à la saturation et aux riffs lourds, mais aussi à des choeurs hurlés
impressionnants et à des éléments prog inattendus qui collent parfaitement à l’atmosphère
mystique avant un final pesant mais groovy. L’album continue avec "Paragon Of Devastation",
une composition énergique et saccadée qui combine parfaitement une certaine simplicité
ravageuse avec des pointes de technicité, notamment au niveau de la basse, puis "Behold
Thy Purification" prend la suite avec un son tout aussi contrasté. A nouveau, les différentes
voix se mêlent habilement par dessus une rythmique déchaînée, laissant parfois les
musiciens proposer des parties instrumentales chiadées pour rythmer ce long titre, alors que
"Peripeteia" nous laisse respirer en compagnie de sonorités épiques et apaisantes qui nous
mènent à "The Catalyst's End" et ses tonalités inquiétantes old school. La quiétude rencontre
la rage dans un fracas épique, laissant la longueur du morceau attribuer un terrain de jeu à
chaque atmosphère avant qu’elles ne viennent à nouveau s’influencer, nous laissant
refermer l’album sur "A Different Painting For A New World", le titre éponyme. Sans surprise,
le titre déploie inventivité, maîtrise et rage pour mêler toutes les influences du groupe tout en
restant extrêmement agressif et cohérent.
Le précédent album de Catalyst n’a que quelques années, mais le groupe a déjà parcouru
énormément de chemin. Pourquoi ? Car "A Different Painting For A New World" est riche,
inspiré et travaillé, témoignant d’un travail acharné de la part des musiciens.
"The Great Purpose Of The Lords"
Note : 17,5/20
Une pochette magnifique, un logo classieux, une intro de synthétiseurs orchestraux, on ne peut pas se tromper sur la marchandise, Catalyst sent le death metal technique à plein nez ! Après un premier EP sorti en 2016, nos confrères de Metz nous pondent un full-length fabuleux tout droit sorti de chez Great Dane Records. 12 titres pour plus d’une heure de pur death metal aussi mélodique que puissant, autant dire que nous sommes plutôt gâtés.
Dès le deuxième track, "An Unworthy Covenant", longue pièce progressive de 10 minutes, Catalyst nous assène de blast beats rapides et de guitares acérées, sans pour autant laisser de côté l’aspect mélodique, très présent tout au long de l’album. En effet, la formation française pioche dans de multiples genres de death metal pour façonner sa musique, quelques touches de mélodeath à la Suédoise, des growls puissants et graves bien evil, des riffs thrashy entêtants et groovy à souhait, quelques passages acoustiques sublimés par des ambiances synthétiques qui ne font pas tache pour autant, des chorus de guitares virtuoses, il y a de quoi s’en mettre sous la dent. On trouve aussi ce truc heavy qu’il y avait chez le groupe Death, période "Symbolic" et "Sounds Of Perseverance" surtout au niveau du drumming, qui, au passage, est véritablement excellent "The Empire That Failed".
Un truc intéressant à savoir, c’est que tout l’album est construit autour d’une histoire écrite par les membres du groupe, et cette trajectoire entreprise se ressent dans le cheminement des compositions qui s’enchaînent de manière très cohérente. Catalyst puise son inspiration dans le death metal de la fin des années 90 et celui du début des années 2000. Bien différent de ce qui se fait actuellement, on ressent ici un respect des codes du technical à tendances brutales à la Nile, notamment dans les leads de guitares harmonisés comme sur le titre éponyme et le côté incisif des riffs "…To Chaos". Enregistré au Vamacara Studio à Clisson, un endroit fortement métallique, la production concilie puissance et clarté, à l’image des compositions, qui alternent des passages calmes et ambiants avec d’autres parties réellement accrocheuses, notamment l’enchaînement du titre planant "First Light" avec "In Mist We Are Born" et sa construction à la The Black Dahlia Murder. Parfois, quelques lignes de chant clair viennent aérer l’ensemble, sans briser l’élan généré par le reste des instruments, il y a même quelques parties vocales aiguës à la black metal assez convaincantes. Catalyst se permet quelques cassures rythmiques surprenantes, qui viennent surprendre de belle manière l’auditeur happé par le déluge de décibels catalytique, comme l’intro très thrashy, voire légèrement Gojirienne, du titre "Demophobia" ou encore le très mélo-heavy "Celestial Resurection" très Anata dans le genre.
Même si le style de Catalyst est un tantinet rétro, le death technique que le groupe nous propose est hautement convaincant, avec ses accélérations, ses breaks, ses ambiances, sa fougue et son aplomb. "The Great Purpose Of The Lords" est un album vraiment pro et mature, autant en termes de son que de composition. Une réelle surprise qui confirme qu’il n’y a pas que Gorod en France, c’est juste qu’il faut savoir où faire trainer ses oreilles et fureter dans les bacs ou sur le net, parce que là, en ce qui concerne Catalyst, on tient un bon groupe !
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