Cathartic, c’est le genre de groupe qui ne trompe pas sur la marchandise, le logo et la pochette suffisent amplement à nous donner une idée de ce qui nous attend. Il faut dire que l’artwork est magnifique, il me rappelle "Verminous" de TBDM dans les tonalités de couleurs mais évoque également d’autres images de lieux de cultes en proie à des entités qui nous dépassent. L’idée de préserver une imagerie occulte et fantastique au travers de pochettes très travaillées est un élément essentiel du death metal, qui n’a jamais passé des heures à observer les détails sur les artworks de Dan Seagrave, pour ne citer que lui ?

Le quartette mexicain s’inscrit donc dans une démarche assez old school, au travers d’un death plutôt rétro qui tape dans divers éléments stylistiques pour façonner sa musique. Ainsi, des passages mélodiques portés par une guitare lead omniprésente viennent ajouter du contraste à des riffs engagés, le tout consolidé par un son massif et ultra granuleux. Dans une approche très disto HM2, le groupe s’inspire des pionniers du death nordique européen, Entombed, Dismember, les premiers Amorphis, Edge Of Sanity, etc. La basse est énorme et écrasante, le drumming s’équilibre bien dans le mix et, même si le son fait moins le poids par rapport à la basse et les guitares, mine de rien, l’ensemble fonctionne plutôt bien et on a cette sensation de se retrouver au milieu des années 90, lorsque toute une flopée de groupes reprenaient les arcanes du genre et proposaient une musique à la fois mastoc et atmosphérique : Anata, les premiers Dark Tranquillity ou le "Two Feet Stand" de Gardenian.

Après, là où "Through The Abysmal Gates Of Subconscious" se démarque, c’est dans le travail global des compositions, qui finalement, sont un judicieux mix, à 50% mélo et à 50% Swedish death à la Entombed / Dismember. L’intensité ne prend pas le pas sur la mélodie et vice versa. Avec ses riffs en trémolo picking radicaux et ses structures composées essentiellement de blast et de d-beat, quelques moments plus lourds ajoutent de la matière et permettent d’aérer le disque dans une violence constante, car oui, ce disque est hargneux et te saute à la jugulaire dès les premières notes. Autre point non négligeable, le chant, de très bonne facture, assez black / death dans l’approche, entretient le côté occulte et radical par des vociférations inhumaines, on est loin des soirées tequila paf au bord des piscines avec des sombréros nous protégeant d’un soleil de plomb. Avec Cathartic, on se plonge rapidement dans une atmosphère ésotérique et délicieusement menaçante que le groupe maintient avec un engagement qui ne triche pas. Chaque relance, chaque break, chaque changement de riff maintiennent une énergie primaire mais maîtrisée qui plaira sans aucun doute au fan de death rétro.

Sans rien apporter de nouveau, "Through The Abysmal Gates Of Subconscious" s’inscrit dans une lignée métallique qui tente d’éveiller l’homme des cavernes qui sommeille en chacun de nous. Sans fioritures, les 9 titres s’enchaînent comme les prises lors d’un main event de la WWE, c’est du pur wrestling sonore. Certes, il y a peu de solos, peu de variation au niveau des tempos, mais sans trop en faire et en misant tout sur l’énergie et l’atmosphère, Cathartic nous ouvre les portes d’un death metal volontaire qui porte en lui toutes les qualités d’un bon album efficace. Voilà donc une excellente découverte signée chez Raise The Dead Records, label anglais plutôt discret mais dont le catalogue comporte quelques petits joyaux bien old school. Ce premier album de Cathartic laisse présager du bon pour la suite car la formation a réussi le pari de proposer un death old school intègre et impliqué. Du bonbon pour les oreilles pour tout bourrin qui se respecte. Nostalgiques des nineties, à vos platines !