Le groupe
Biographie :

Cavalera Conspiracy est un groupe américano-brésilien de metal fondé par les frères Cavalera : Max au chant et à la guitare, et Igor Cavalera à la batterie. Le groupe est complété par le guitariste Marc Rizzo et le bassiste Johny Chow. Cavalera Conspiracy se forme en 2007 en tant qu'Inflikted, nom qui a du être modifié suite à des conflits juridiques. La création du groupe a marqué la fin d'une querelle de 10 ans entre les deux frères Cavalera, qui avaient déjà fondé Sepultura au début des années 1980. Le groupe enregistre son premier album, "Inflikted", avec l'aide du coproducteur Logan Mader (ex-Machine Head) en Juillet 2007. "Inflikted" sort chez Roadrunner Records le 25 Mars 2008. En Octobre 2009, Max et Igor travaillent sur le second album de Cavalera Conspiracy. Cavalera Conspiracy entre en studio en Avril 2010 pour commencer l'enregistrement du second album. En Mai 2010, le groupe termine l'enregistrement avec le producteur Logan Mader, en coproduction avec Max. Cavalera Conspiracy recrute le bassiste Johny Chow pour jouer de la basse sur l'album. Celui-ci sort le 29 Mars 2011. À la fin de l'année 2013, Max, Igor et Marc entrent en studio en compagnie de Nate Newton (Converge) et commencent à enregistrer pour un troisième album studio du groupe. Intitulé "Pandemonium", il est produit par John Gray, qui a déjà travaillé auparavant avec Max et Soulfly, et sort le 4 Novembre 2014 sur le label Napalm Records. En Mai 2017, Cavalera Conspiracy entre aux The Platinum Underground Studios à Phoenix, Arizona, avec le producteur Arthur Rizk (Code Orange, Power Trip, Inquisition) pour enregistrer son quatrième album, "Psychosis", qui sort le 17 Novembre 2017 chez Napalm Records. En 2023, les frères Cavalera décident de réenregistrer de nouvelles versions de "Morbid Visions" et "Bestial Devastation" de Sepultura, lesquels sortent simultanément en Juillet 2023.

Discographie :

2008 : "Inflikted"
2011 : "Blunt Force Trauma"
2014 : "Pandemonium"
2017 : "Psychosis"
2023 : "Bestial Devastation" (EP)
2023 : "Morbid Visions"


Les chroniques


"Bestial Devastation"
Note : 15/20

Soyons honnêtes en général je n'aime pas que les groupes réenregistrent un album, qu'il ait des défauts ou non j'estime qu'il représente ce qu'était le groupe à ce moment-là et je préfère garder la spontanéité du premier jet. Dans le cas d'albums et EP aussi cultes que "Morbid Visions" et "Bestial Devastation" de Sepultura, c'est encore plus inquiétant puisque les deux sont cultes justement grâce à leur sauvagerie juvénile et leur imperfection liée à l'urgence déployée par les membres d'époque.

Toujours est-il que Igor et Max Cavalera ont réenregistré les deux et les sortent sous le nom de... Cavalera. Si l'objectif était de pisser autour des albums pour marquer son territoire en disant en gros "Vous voyez, le vrai Sepultura c'était nous", c'est un peu ridicule, mais bon on ne saura pas ce qui les a réellement motivés et on va donc parler musique. Et contre toute attente, il faut avouer que ça sonne plutôt bien et que si c'est évidemment bien plus propre et carré que les versions d'origine, les deux bougres ont réussi à y insuffler une bonne dose de sauvagerie qui fait plaisir à entendre ! On reste globalement assez fidèle aux versions d'origine avec évidemment un son plus puissant et bien plus actuel et on a droit à un morceau inédit des deux frangins sur chaque réalisation, à savoir "Burn The Dead" pour "Morbid Visions" et "Sexta Feira 13" pour "Bestial Devastation". On va donc commencer par ce dernier puisqu'il est sorti moins d'un an avant "Morbid Visions" et qu'il est logique de faire ça dans l'ordre chronologique. On se rend vite compte que le groupe a respecté l'original au point de refaire l'introduction "The Curse" qui se la jouait incantation de je ne sais quel démon. Mais c'est évidemment le démarrage avec le morceau-titre qui nous intéresse pour entendre ce que donne cette nouvelle version et franchement ça le fait ! Oui, le son est propre, c'est joué de manière bien plus carrée mais la brutalité est toujours là et les deux frangins font preuve d'une sauvagerie que l'on n'espérait plus entendre de leur part.

On perd la spontanéité et la fougue juvénile des enregistrements d'origine mais on garde une violence et une rage assez surprenantes et qui font plaisir à entendre. Ces nouvelles versions ne remplaceront jamais celles d'origine, il faut être clair là-dessus, mais c'est plutôt sympa d'entendre cette réactualisation qui se tient bien mieux que ce que je pensais. Même constat pour "Antichrist" qui envoie toujours autant le bois avec ses gros coups de boutoir à la batterie et ses riffs thrashy en diable. Globalement, tous les morceaux sont rejoués assez fidèlement avec un son qui met quand même de la réverbe sur le chant et pas mal de basses sur la batterie pour essayer de se rapprocher des productions de l'époque tout en gardant un son plus moderne et puissant.

Pareil pour les deux pochettes qui gardent les motifs d'origine mais qui sont repassées sous les mains décidément très douées d'Eliran Kantor qui nous donne de superbes nouvelles versions de ces pochettes griffonnées à l'arrache sur les versions d'origine. On arrive donc très vite au nouveau morceau "Sexta Feira 13" bien thrash lui aussi et sans pitié, pendant un peu plus de trois minutes le morceau prend des allures de rouleau compresseur et ne prend pas de gants. On y sent aussi une urgence issue du punk et il y a donc évidemment un esprit old school indéniable qui plane sur cet inédit plutôt plaisant et qui se fond bien avec les morceaux d'origine de "Bestial Devastation" même si les influences death metal naissantes à l'époque se font moins entendre ici.


Murderworks
Septembre 2023




"Morbid Visions"
Note : 15/20

On arrive donc maintenant à la nouvelle version de "Morbid Visions" et le morceautitre qui ouvre l'album à grands coups de larsens nous confirme que là aussi la sauvagerie est toujours de mise, on reconnaît parfaitement le morceau qui reste toujours aussi brutal et direct et le son est évidemment le même que sur "Bestial Devastation" puisque les deux frères ont réenregistré les deux en même temps.

Bon, le fait d'avoir réenregistré le cultissime "Troops Of Doom" ne devrait pas effrayer grand-monde puisque le morceau a quand même été rejoué en live un nombre incaclculable de fois depuis l'époque et que l'on a l'habitude de l'entendre avec un autre son et joué à une autre époque. Comme le reste des morceaux, cette version passe très bien et reste sauvage même si là encore elle ne remplacera jamais l'originale. On ne va pas chercher midi à quatorze heures, le constat pour "Morbid Visions" est le même que pour "Bestial Devastation", de nouvelles versions plutôt sympa avec un son plus gros et plus propre, une interprétation plus carrée et une sauvagerie retrouvée qui fait plaisir à entendre. Tout ça n'était pas forcément nécessaire et encore une fois je ne connais pas les motivations qui se cachent derrière ces réenregistrements, d'autant que comme dit précédemment le procédé ne me plaît pas des masses à la base. Toujours est-il que ces nouvelles versions sont là et qu'elles font plutôt bien le boulot, donc même si je doute que qui que ce soit se mette ces versions en boucle dans les oreilles, il faut reconnaître qu'on est très loin du désastre que cela aurait pu être. Déjà que réenregistrer un album est rarement une bonne idée, mais le faire aussi longtemps après les versions d'origine et pour des albums qui sont devenus cultes par leur brutalité incontrôlée et leur fougue juvénile, c'est encore plus risqué ! Un mot tout de même sur l'inédit "Burn The Dead" qui apporte tout de même un petit plus à ceux qui achèteront ces nouvelles versions, un morceau qui dépasse à peine les deux minutes et ne perd donc pas de temps en palabres inutiles. Gros blasts, up-tempo énervé, un Max Cavalera qui en revient presque aux growls, bref un morceau teigneux et direct qui termine joyeusement l'album.

Au final, on est plutôt agréablement surpris par ces deux réenregistrements qui font entendre une sauvagerie bienvenue et à laquelle on ne pensait plus avoir droit de la part des deux frangins. Les versions d'origine resteront sur leur trône mais là où une catastrophe aurait pu arriver Cavalera s'en sort bien avec ces nouvelles versions d'un album et d'un EP devenus cultes depuis belle lurette.


Murderworks
Septembre 2023




"Psychosis"
Note : 16/20

Ah, Décembre ! Je l’aime ce mois ! Décembre, c’est… C’est le mois où la neige recouvre de son blanc manteau les pentes des terrils... euh, des montagnes, et celles des toits ; le mois où l’on reste sous un plaid à siroter du chocolat chaud au génépi ; le mois où l’estomac subit sa mue annuelle et devient subitement capable d’encaisser plusieurs kilos de raclette par semaine ; le mois où TF1 nous propose une 1214ème diffusion de la trilogie Sissi l’Impératrice suivi du “Bêtisier des animaux de compagnie d’animateurs TV”... Mais avant tout, c’est le mois de Noël ! Le sapin, les cadeaux, les remarques racistes et homophobes de Tonton Jacques bourré… Quelle nostalgie ! Et que serait Noël sans Père Noël, me direz-vous ? Certes, mon Père Noël à moi n’est pas vêtu de rouge, ne rentre pas par la cheminée, et ne débarque pas en traîneau tiré par des rennes, mais il n’en reste pas moins ventru, joufflu, barbu, et se fera un plaisir de descendre le petit verre de vin que vous lui aurez réservé ! Car oui, mon Père Noël à moi, c’est Max Cavalera ! Et cette année, il débarque avec un cadeau, le dernier album de Cavalera Conspiracy, "Psychosis" !

Pour être honnête, il y a encore de cela quelques temps, un nouvel album de Cavalera Conspiracy, je n’aurais pas vraiment appelé ça un “cadeau”. Et le chroniquer aurait plutôt relevé de la punition, de la corvée. J’avoue que j’ai même soupiré juste avant de démarrer la première écoute de ce "Psychosis". A sa sortie, "Inflikted" ne m’avait pas convaincu, pour être poli. Ouais bon d’accord, j’ai trouvé ça nul. Tellement nul que je n’avais que survolé de très loin "Blunt Force Trauma" et "Pandemonium". Alors c’est sûr, on ne pourra jamais reprocher à Max Cavalera son manque de productivité, entre tous ses différents projets, je n’ai pas compté mais la liste de ses albums doit être assez impressionnante. Mais comme bien souvent, quantité ne rime pas nécessairement avec qualité… Mais concentrons-nous sur la cuvée 2017 de la maison Cavalera, et son "Psychosis". L’album signe donc la quatrième production des frangins Max et Igor depuis leur départ de Sepultura, et ils y retrouvent le guitariste Marc Rizzo, leur fidèle acolyte depuis "Inflikted". Toujours sans bassiste fixe, c’est le producteur Arthur Rizk qui officiera à ce poste pour les sessions d’enregistrement, et Tony Campos (Static-X, Asesino, Fear Factory, etc), que Max et Marc ont également côtoyé dans Soulfly, pour les lives. Une histoire de famille au sens large, quoi...

Mais que nous propose donc tout ce beau monde, me demanderez-vous ? Eh bien, pour être tout à fait honnête, on a le droit avec ce "Psychosis" à 9 titres et un peu plus de 40 minutes de véritable plaisir musical, comme j’aurais beaucoup aimé en entendre plus de la part de l’ami Max ces dernières années ! Pas vraiment Sepultura, pas vraiment Soulfly, ce dernier Cavalera Conspiracy (en date) navigue dans de nouvelles mers et permet au groupe de se doter d’une véritable identité, et ça fait beaucoup de bien aux oreilles ! Une identité propre, certes, mais rien de redondant ni de répétitif. Au contraire, l’album est même plutôt varié d’une piste à l’autre, voire au sein du même titre, ce qui est fortement agréable pour l’auditeur que je suis, fort friand de ce genre de variations. On passe du très speed au bien groovy et inversement, avec nombre de subtilités et de nuances. Le résultat de tout cela est un album vraiment excellent, qui me permet de considérer enfin Cavalera Conspiracy avec un minimum de respect musical. Après la réconciliation avec Sepultura plus tôt dans l’année, grâce à leur formidable "Machine Messiah", c’est une année 2017 plutôt positive qui se clôture ainsi pour moi !

"Psychosis" commence de manière explosive par le bien nommé "Insane", qui nous met tout de suite dans le bain : des guitares lancées à fond pour ne presque pas ralentir de tout le morceau, une batterie déchaînée qui nous rappelle que Tonton Igor est toujours un cogneur sur lequel il faut compter dans la sphère metal, nous en mettant ici plein les oreilles comme il ne l’avait plus fait quasiment depuis "Arise", en 1991. Si on peut ne pas être d’accord sur une partie du message, on ne peut qu’admirer l’énergie déployée dans ce titre pour immédiatement calmer tout le monde d’entrée de jeu. D’autres morceaux sont tout aussi incisifs et percutants au cours de l’album, qu’il s’agisse tout simplement du suivant, "Terror Tactics", de "Crom", du break de "Impalement Execution", du début de "Excruciating", ou encore et surtout de "Judas Pariah". Ah, "Judas Pariah" ! Probablement un de mes morceaux préférés de l’album, presque une démonstration de ce dont Cavalera Conspiracy est capable lorsque le groupe repousse toutes ses limites. Plus speed et brutal que jamais, le titre nous attrape dès les premières secondes, pour ne plus jamais nous relâcher, et il est impossible de ne pas se briser les cervicales en l’écoutant. Minerve garantie ! Si Papa Max n’est plus franchement réputé pour ce genre de rapidité aujourd’hui, on le devine nettement plus à l’aise sur la seconde moitié du morceau.

Car oui, en véritable “démonstration technique” du talent de la bande aux frangins brésiliens, "Judas Pariah" ne se contente pas d’aligner des riffs bien speed pendant près de 4 minutes. Non, après nous avoir bien tabassé, la piste enchaîne sur une rythmique beaucoup plus groovy, qui ne ménage pas pour autant notre nuque. Car c’est cela aussi, Cavalera Conspiracy, une maîtrise hors normes du sens du rythme, des riffs qui invitent fortement au headbanging, d’un groove qui nous anime tout le corps. Et "Judas Pariah" (à force de me lire citer ce titre, j’espère que vous aurez compris à quel point je l’aimais et que vous vous êtes jetés sur son écoute) n’en est qu’un exemple, auquel pourraient s’ajouter le break très brutal de "Terror Tactics", "Impalement Execution" et son final grandiose, ou le génial "Spectral War" qui est lui aussi un de mes coups de coeur de l’album.

Mais la véritable originalité, la vraie surprise de ce "Psychosis", c’est bien évidemment le gigantesque "Hellfire", morceau aux influences indus, qui nous rappelle très ostensiblement, et avec beaucoup de nostalgie dans mon cas, que Max Cavalera a un jour été le frontman d’un groupe génial, j’ai nommé le regretté Nailbomb. "Hellfire", c’est LE titre qui marque à la première écoute de l’album, c’est un souvenir nailbombien sorti tout droit de l'esprit de Max, c’est une véritable pépite musicale au sein d’un album qui avait déjà son lot de grandes réussites. Il faut dire aussi que la présence de Justin Broadrick (Godflesh) en guest sur ce morceau explique également beaucoup de choses quant à sa tonalité... J’imagine que certains, voire beaucoup, seront surpris, parfois de manière désagréable, mais "Hellfire" a été pour moi un vrai moment de bonheur musical, un hommage à un groupe trop vite disparu à mon sens. Personne n’y restera indifférent, cela est une certitude. Avec ses percussions très métalliques, ses riffs saccadés, presque mécaniques, il est littéralement impossible de passer à côté, d’autant que le titre fait la part belle à l’utilisation massive de samples et de sons distordus, tout comme le long final de "Excruciating" ou encore "Psychosis", seul morceau entièrement instrumental, assez puissant, mais intervenant à mon sens trop tard dans l’album...

Evidemment, tout cela n’aurait pas été possible sans un ensemble de musiciens au top de leur forme. Et s’il est difficile de parler de la basse, très (trop ?) discrète pour cause d’absence de bassiste fixe au moment de l’enregistrement j’imagine (on se souvient tous de "St. Anger", dans le même genre…), ce qui est certain c’est que les trois autres étaient probablement en état de grâce en studio. Si j’ai déjà abordé plus tôt le cas d’Igor Cavalera, il me paraît vraiment important d’insister sur sa performance sur "Psychosis", tant il est d’une efficacité irréprochable, aussi bien dans les parties les plus groovy que quand il est question de vitesse et de tabasser sévère, en témoignent ses parties sur "Spectral War", "Crom" ou "Judas Pariah" (je vous ai parlé de "Judas Pariah" ?). Marc Rizzo se pose également en pilier du groupe, tant son jeu fait de lui un atout majeur dans la formation, comme on peut l’entendre dans ses riffs très inspirés, ses coups de médiator précis et incisifs, et surtout ses solos, notamment dans "Insane", "Impalement Execution", "Spectral War", "Crom"... enfin, quasiment tous les morceaux, finalement. Comme quoi, on peut avoir joué dans Ill Niño et être bon, en fait ! Quant à Papa Max, l’emblématique Max Cavalera, il nous revient ici en pleine forme, après une participation dont on se serait passé à l’excellent "Bloodlust" de Body Count, sorti en début d’année, sur le morceau "All Love Is Lost" (qu’on aurait préféré ne pas venir entacher un album absolument génial).

Un "Psychosis" explosif, donc, que Cavalera Conspiracy nous offre en cette fin d’année 2017. Bon, c’est sûr qu’entre Tino Rossi et Vaughn Monroe, ça risque de surprendre beaucoup de monde dans vos playlists de réveillons, mais quand un album comme celui-ci sort, ce serait criminel de le garder pour soi et de ne pas en faire profiter les autres. Alors en lieu et place de l’esprit de Noël cette année, répandez la psychose des frères Cavalera, la garantie de plus de 40 minutes d’un metal intense, qui ne vous épargnera à aucun moment. Certains ne pourront malheureusement pas s’empêcher de comparer la nouvelle bande de Max Cavalera avec Sepultura, ceux qui n’ont toujours pas digéré ni accepté la rupture et pour qui les deux noms resteront à jamais indissociable, mais il serait ridicule de mettre leurs dernières sorties respectives côte à côte. Si "Machine Messiah" a ouvert l’année de la plus magistrale des façons, "Psychosis" la referme de manière fort agréable, et clôture une année 2017 riche en sorties de qualité en s’ajoutant à la liste. Bonnes fêtes de fin d’année à tous !


Nico
Décembre 2017




"Pandemonium"
Note : 17/20

Cavalera Conspiracy est un groupe de metal fondé par les deux frères Cavalera : Max et Igor, aussi à l'origine de Sepultura. La fratrie est une icône du metal depuis 1983 mais la grande époque de Sepultura prend fin en 96, date à laquelle Max quitte le groupe pour former Soulfly. 10 ans plus tard, c'est au tour d'Igor de tourner le dos au projet. Ainsi, les années passent et heureusement les frères renouent en oubliant leurs conflits. Troisième album studio pour le groupe, produit par John Gray qui a également travaillé pour Soulfly : "Pandemonium" sort sur le label "Napalm Records. La pochette de l'album a été dessinée par Stephan Doitschinoff, artiste brésilien dont la plupart des œuvres sont influencées par des éléments religieux et urbains. Cet artiste est également à l'origine de la pochette de l'album "DanteXXI" de Sepultura.

On peut dire que ce nouvel opus marque par sa pesanteur. C'est bien le plus violent de la saga Cavalera Conspiracy. Max a voulu imposer sa puissance et a fait rejouer Igor comme à l'époque de l'album "Arise" de Sepultura ! Que du rapide ! On avait pu découvrir en Août un premier titre en écoute via YouTube, "Bonzai Kamikazee", qui traite notamment des pilotes japonais et de leur acte de sacrifice : leurs missions-suicide. Avec ses airs de grindcore, on assiste bien à une violente résurrection de la part du combo. Max a su apporter le soutien et la dynamique nécessaire à des compositions qui exaltent et dont l’exécution et la rapidité d'Igor atteignent la concrétisation souhaitée. Igor, qui retrouve une jeunesse dans les pattes, a su nous bluffer. Il a suivi les conseils de Max : pas de groove, que du speed.

C'est un retour aux origines ! Les deux frères attaquent sévèrement les mauvaises langues qui étaient restées sur leur faim avec les deux derniers albums qui, il faut le dire, tournaient un peu en rond. "Plus rapide, plus thrash", l'effet désiré est bel et bien là et ça fait plaisir de voir cette reconnexion entre les deux protagonistes. Quant à Marc Rizzo, c'est incontestablement un grand guitariste. De son jeu émane des riffs remplis de férocité. La structure des morceaux avec leurs diverses formes et phases nous fait peu à peu sombrer dans un univers obscur. La plupart des titres commencent par un solo de guitare. Le son est clair et heavy / thrashy à l'ancienne. "Cramunhao" est un exemple de cette lourdeur et de ces riffs endiablés. On retrouve donc au milieu des passages de mitraillage intensif une bonne dose de solos.

Le son est plus sale qu'à l'accoutumée et la voix d'outre-tombe de Max est remplie de charbon ardent. "Pandemonium" correspond tout à fait à sa définition même : la capitale de l'enfer, là ou l'on prépare l’apocalypse. Seraient-ce douze titres qui émergent tout droit de la grande porte des ténèbres ? La mysticité de Max est très révélatrice mais encore faut-il la comprendre, vouloir la comprendre, et rechercher cette petite touche magique qui fait de chaque composition un enchantement si intéressant à décortiquer. Dans "The Crucible" (chanson sur les sorcières de Salem), le chant et et la basse sont assurés par Nate Newton (bassiste de Converge) et je suis subjuguée par sa voix. Après quelques recherches, je découvre qu'il est aussi chanteur dans un groupe de heavy metal nommé Doomriders, à Boston. Bref, un retour positif et ultra violent pour Cavalera Conspiracy qui saura susciter à nouveau de l'engouement et de la furie dévastatrice autour de lui.

On croyait Papi Max un peu trop engourdi, eh bien quelle belle réponse que ce gros retour en force ! On retrouvera le côté tribal propre au groupe sur "Porra" de par ses notes positives et dansantes. Faut-il comprendre que le bien triomphera toujours du mal ?... Ainsi soit-il.


Jenny
Novembre 2014




"Blunt Force Trauma"
Note : 16/20

Cavalera Conspiracy, rien que le nom Cavalera est suffisant pour faire pousser des boutons à certaines personnes ces dernières années... Il suffit de voir les critiques du dernier album de son groupe principal, "Omen". Par curiosité, j'ai regardé d'autres critiques du dernier CC et évidemment les gens crachent dessus, j'ai même lu un truc du style "les nouveaux métalleux pourront peut-être aimer tandis que les vrais métalleux n'écouteront pas cette merde". J'ai 32 ans, j'écoute du metal depuis mes 12 ans alors je ne sais pas si je peux me qualifier de "vrai métalleux" mais je vais tout de même essayer de donner mon avis sur cette galette.

Cet album s'appelle "Blunt Force Trauma" et réunit encore une fois les deux frères Igor et Max de feu Sepultura, car oui, pour moi, Sepultura n'existe plus... Le groupe qui tourne sous ce nom n'a rien à voir avec celui qui a splitté en 1996 et ils auraient dû changer de nom mais ça c'est un autre débat. Je ne vais pas y aller par 4 chemins, "Blunt Force Trauma" est un album primitif mais est ce vraiment une mauvaise chose ? L'album s'ouvre sur "Warlord", un titre mid-tempo qui s'accélère sur les refrains, chanson très lourde (dans le bon sens du terme) et enchaîne sur "Torture" où ça va beaucoup plus vite et fait un peu genre coup de poing dans la gueule. Riff rapide et batterie tel un metronome au programme. Cavalera Conspiracy reste fidèle à son premier album, mélangeant thrash old school avec un sacré côté punk "je-m'en-foutiste", en effet ici on n'est pas là pour faire dans la dentelle. Max est fidèle à lui-même, vociférant à tout va, beuglant, il n'a jamais fait dans la dentelle et il n'est pas près de commencer. Marc Rizzo est aussi reconnaissable entre mille avec ses solos bien particuliers, certains n'aiment pas, d'autres oui. J'ai même lu une fois que ses solos ressemblaient à des sons de jeux vidéo, ce à quoi je répond qu'il faut s'acheter des oreilles... Je ne suis pas over fan des solos de Rizzo mais ils sont suffisamment efficaces pour me faire plaisir. Igor frappe juste avec un bon groove, je regrette le manque de double pédale mais ça, c'est la même chose que sur le premier album, peut-être pour garder le côté punk, je ne sais pas. Roger Miret, leader d'Agnostic Front, fait un duo sur le titre "Lynch Mob", excellent titre au passage. Si on devait résumer cet album, je citerais le titre "I Speak Hate", cet album est un concentré de haine et de rage, n'en déplaise à certains. A noter la cover de "Electric Funeral" de Black Sabbath, je n'ai pas été très convaincu, mais je n'aime pas des masses l'original non plus donc...

Alors oui, certains reprocheront à Max de toujours faire la même chose, certes mais il le fait bien. J'ai rarement entendu des gens reprocher ce genre de chose à AC/DC par exemple, alors qu'ils sortent le même album depuis 20 ans et il y en a d'autres. Alors si vous voulez un album primaire, agressif et violent, je vous conseille de jeter une oreille sur cette galette, ce n'est pas l'album de l'année mais c'est du bon matos. Pour les autres, ceux pour qui cracher sur Max est devenu une mode je rappellerai le dicton : "Adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré".


Danivempire
Mars 2011




"Inflikted"
Note : 11,5/20

Mars 2008. Les frères Brésiliens Cavalera sont de retour en haut de l’affiche. Ensemble dans un même line-up pour la première fois depuis 1996 et l’album "Roots" de Sepultura, dernier du groupe auquel participa Max, l’aîné. L’instant est historique, et pour les fans, de Sepultura comme de Soulfly, cette grande nouvelle ne peut passer inaperçue. Les plus rêveurs attendent du lourd ; les pessimistes, eux, voient là un gros coup marketing (et donc une bouse musicale). Pour tout avouer, j’étais moi-même fébrile à la première écoute. Ce d’autant plus que Max et Igor ont recruté dans les rangs des frenchies les plus incontournables du moment, j’ai nommé Gojira. Notre Joe Duplantier national y assure en effet les lignes de basse, et ce quart de sang hexagonal dans les veines du combo justifie cette chronique ici.

D’abord, il faut le concéder, "Inflikted", le premier bébé de cette réconciliation, est énergique et efficace ("Inflikted", "Nevertrust", "The Doom Of All Fires"), même brutal (un atout chez les Cavalera, qui on le sait, n’ont jamais fait dans la dentelle). Il livre quelques perles. "Black Ark" par exemple ravit les fans de Sepultura, avec la voix éraillée de Richie, beau-fils de Max, qui apporte un peu de répit à nos oreilles et de cachet à la chanson, et au sein de laquelle on retrouve les accents tribaux chers à Igor ; quant à sa fin, elle frôle un son doom bien senti, qui se poursuit sur une sorte d’incantation et un solo de toute beauté… "Ultra – Violent" nous offre un très joli clin d’œil au style death mélodique de Gojira (avec Joe au chant et à la gratte et Rex Brown, ex-Pantera, Down, à la basse) Si la performance à la basse du Français reste somme toute assez discrète, son apport dans la composition ainsi que sur les backing vocaux est donc non négligeable. Enfin, le soulflyesque "Bloodbrawl" nous colle une jolie claque, avec son passage acoustique très doux à la fin et sa "petite touche flamenco" et salsa, et se clôture sur un didgeridoo prompt à nous rappeler les origines indigènes revendiquées par la musique cavaleresque. Marc Rizzo, virtuose, épatant, déchire à la rythmique ; ses solos sont époustouflants quand on leur laisse un peu de temps, quoique malheureusement surmixés.

Certains titres sortent donc du lot, mais au final, l’album n’est pas une réussite. D’abord, malgré le "retour" d’Igor, qui a quitté Sepultura en 2006, on n’y retrouve pas (assez) la puissance, mais surtout la noirceur et la rythmique lourde (et tribale) d’un "Arise" ou d’un "Chaos A.D.". Raté, le retour aux "bloody roots". Ensuite, pas mal de morceaux sont assez faibles car manquent d’originalité : "Terrorize", "Hearts Of Darkness", "Must Kill"… Les fans d’old school et de hardcore sont donc déçus (quoique "Sanctuary", "Hex", "Nevertrust" les toucheront), les amateurs de metal groovy plus moderne (ce que typiquement tout le monde a reproché à Max avec Soulfly) juste un peu moins… parce que, quoique l’album oscille entre l’un et l’autre, le mélange Sepultura – Soulfly penche nettement en la faveur de ce dernier, et quoique sous ma plume ça ne soit pas une critique. De ce point de vue, c’est surtout la puissance de l’écriture qui fait défaut : où sont donc passé les lyrics entêtants, et cette révolte, cette haine de tout et de tous qui habituellement détruit tout sur le passage d’un Cavalera ? Du bon, donc, au vu de ce que Soulfly avait produit avant cela, du moins bon quand on pense à tout le barouf de Roadrunner Records autour de la réunion "miraculeuse" des deux frangins, et quand on écoute le dernier Soulfly, sorti en Août.

Six mois après, où en est-on ? L’album a reçu un accueil plutôt mitigé. En Août, le groupe, nom de code Cavalera Conspiracy, a été obligé d'annuler des dates Australiennes et Néo-Zélandaises en ouverture de Judas Priest… L’album n’a même dépassé dans aucun pays du monde la 20ème place des charts (et est resté bloqué à la 72ème aux Etats-Unis).


Cookie
Septembre 2008


Conclusion
A écouter : Sanctuary (2008)

L'interview : Max Cavalera

Le site officiel : www.cavaleraconspiracy.net