Je parie que vous ne connaissez pas Chronic Hate ! Eh bien jusqu’à il y a quelques heures,
moi non plus, mais maintenant c’est chose faite. Le groupe n’a visiblement pas eu de
chance. Formés en 2001, les italiens attendent trois ans avant leur première démo, puis
sortent un album live directement l’année suivante. Un EP en 2007, puis ils retombent dans
l’oubli jusqu’à une nouvelle démo en 2010, et enfin leur premier album en 2012 ! Une
nouvelle période de silence, et c’est "The Worst Form Of Life" qui paraît cette année. Côté
line-up, le groupe se base sur le trio formateur Marco S (basse), Marco C (guitare) et
Daniele T (batterie) auquel s’ajoute Andrea (chant) en 2014. Ils ont contenu leur rage si
longtemps, maintenant ça va faire mal.
On commence sur "Parasites" et ses harmoniques dissonantes. Les hurlements d’Andrea
correspondent parfaitement à la rythmique malsaine que ses camarades instaurent, sous
une pluie de blasts. On remarque que le chanteur maîtrise extrêmement bien son growl, qui
tranche avec les choeurs plus perçants. "Toxic" commence sur un sample oppressant avant
de revenir sur des riffs qui donnent à leur death metal une touche de modernité avec des
influences black et des hurlements aigus qui contrastent une fois encore avec le growl
puissant, alors que "Bearer Of Disease" est plus direct et compte sur des harmoniques
puissantes ainsi qu’une basse au son parfaitement bien mixé qui s’affirme tout en restant sur
la rythmique.
Après une respiration difficile, "Abstract Utopia" arrive en trombe. Jouant énormément sur le
son de basse qui prend de plus en plus d’ampleur au fur et à mesure, le groupe avance en
enfonçant toutes les portes, jusqu’au hurlement final. "Procreators Of Pain" et son introduction
lointaine revient sur une rythmique groovy qui reste cependant très mélodique, mais avec
un son toujours massif. Les musiciens rivaliseront d’ingéniosité pour faire de "Contaminations"
un titre avec une base simpliste mais agrémentées de petites touches de technicité tout en
gardant une patte personnelle. L’alternance entre blast imposant et harmoniques
dérangeantes est parfaitement représentée, et continuera sur "Repugnance". Les parties lead
qui s’ajoutent à des riffs déjà très bien ficelés peuvent paraître dissonantes, surtout sur le
solo final, mais ce court titre se révèle finalement être un petit bijou au son exceptionnel.
Quelques samples viendront aider à l’introduction énigmatique d’"Infected Breed", et si le titre
vous semble assez inégal, c’est surtout qu’il est différent des autres. Beaucoup de silences,
des riffs saccadés, mais toujours cette volonté d’envoyer une puissance brute intacte. On
revient sur une rythmique plus constante avec "Choose Your Bullet" et ses harmoniques
sanglantes. Un titre qui provoquera des ravages dans un pit de festival, quelle que soit
l’heure à laquelle le groupe jouera ! Il est déjà temps de clore cet album avec "Stato Di
Agonia", la dernière composition du groupe qui utilise une intro plus progressive et
hypnotique avant de revenir sur un break basse / batterie assez dément qui nous amène à la
véritable rythmique. Votre nuque se souviendra de ce départ canon, mais tiendra tout de
même tout au long du titre, qui va de surprises en surprises.
Un album au son original, avec des dissonances que l’on entend pas partout, c’est
dorénavant la condition sinéquanone pour un excellent album signé Chronic Hate. Il est fort
possible que "The Worst Form Of Life" soit l’album de la renaissance pour le groupe. Je me
permets tout de même de soulever que le groupe est italien, et qu’en Italie, quand on fait du
death metal, on ne le fait pas à moitié !
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