Vous aimez Fear factory ? Ben ça tombe bien parce que les Russes de Conflict aiment aussi ! "Decision Code" est la quatrième sortie du groupe mais son troisième véritable album puisque "Take Cover!" était un album de reprises comme son nom l'indique. Cette fois, ce sont bien des composition originales que vous allez avoir et Conflict n'a pas été radin puisque "Decision Code" dépasse l'heure.

On ne s'embarasse pas d'intro chez Conflict et c'est donc "2048" qui ouvre le bal avec des riffs qui rappellent évidemment Fear Factory dans ce délire syncopé à coup de guitares sous-accordées et d'arrangements electro. Il y a tout de même quelques différences avec l'influence principale du groupe qui permettent à Conflict de ne pas non plus verser dans le plagiat total et la première d'entre elles est que c'est une chanteuse qui assure le chant hurlé et clair ici, Et croyez-moi que quand il s'agit de gueuler, Anna n'a rien à envier aux autres hurleuses de la scène ! Pour le chant clair, vous vous doutez bien que la demoiselle ne va pas donner dans le lyrique sur des riffs pareils, en tout cas elle assure autant dans les deux registres et ça passe tout seul. L'autre différence principale avec Fear Factory est la longueur des morceaux puisque Conflict aime poser ses ambiances et étire donc régulièrement ses titres jusqu'à cinq ou six minutes. Bon, il faut être honnête, l'influence Fear Factory s'entend quand même beaucoup et on sent que les membres de Conflict ont fait tourner leurs albums en boucle, d'autant qu'ils en ont repris plusieurs morceaux sur de précédents albums. Cette influence est tellement forte que Burton C Bell apparaît en guest sur "The Architect", la boucle est bouclée ! Les ambiances sont peut-être un peu plus sombres ou froides et certains passages évoquent un monde en ruines ou plongé dans le chaos total, par ailleurs illustré par la pochette de l'album. Les mélodies sont inspirées et tapent juste au milieu de tous ces riffs tranchants et syncopés et le son, sans être aussi gros et puissant que les grosses machines du genre, fait bien le boulot et se démarque de toutes les productions surcompressées qui pullulent de nos jours.

On trouvera juste dommage que Conflict ne s'émancipe pas un peu plus parce que quand il choisit de s'éloigner de sa plus grosse influence, ça donne quelque chose de plus sombre, glauque et intéressant comme sur "Art Of Resistance". On sent que le groupe a plus que ça sous le pied, il lui suffit juste d'affirmer sa personnalité et de peut-être mieux digérer ses influences. Par contre, si vous cherchez sciemment un groupe dans la lignée de Fear Factory, vous avez trouvé un bon client ici parce que les morceaux sont vraiment bons dans le genre. Conflict saupoudre toujours ses riffs puissants et bourrins de mélodies accrocheuses et de lignes de chant plus mélancoliques ou simplement sombres. Les ambiances se font elles aussi plus froides que chez qui vous savez et on sent que le groupe a quelque chose à creuser de ce côté-là aussi. D'ailleurs, l'instrumental "Megapolis", avec son petit saxo, évoque très bien un monde à la Blade Runner et prouve que Conflict arrive à pondre des ambiances prenantes. On note bien quelques longueurs sur certains morceaux mais rien de bien méchant, d'autant que sur un album de soixante-cinq minutes c'est quasiment inévitable. "New Industrial Order" ferme l'album avec huit minutes qui flirtent presque avec le doom par moments et un lead qui me rappelle "Procession Of The Dead Clowns", le dernier morceau de "The Work Which Transforms God" de Blut Aus Nord ! Une preuve supplémentaire que si le groupe s'affirme un peu plus à l'avenir il y a moyen que ça monte sérieusement d'un cran.

Un nouvel album très marqué par Fear Factory une fois de plus mais qui montre par moments ce que Conflict pourrait donner s'il s'affirmait un peu plus, on va donc espérer que c'est ce que fera la groupe les prochaines fois. En l'état, "Decision Code" est un bon album dans le genre et si la proximité avec Fear Factory ne vous gêne pas, vous pouvez y aller ça fait clairement le boulot.