Pour certains, la Datura est une plante exotique tropicale tantôt reconnue pour certaines vertus thérapeutiques, tantôt utilisée de façon plus «traditionnelle» pour son caractère psychotrope... Mais, pour d’autres, Daturha n’est ni plus ni moins qu’un habile carré de groove / death originaire du 91, et composé de Benoît à la batterie, de Vincent et Alexis respectivement à la basse et à la guitare lead, mais également de Max, officiant au chant ainsi qu’à la guitare rythmique. Ces quatre talents ainsi réunis nous arrivent donc en cette période de fêtes, avec leur très bon "Beyond The Reason", soigneusement emballé dans le visuel du groupe crée par Ludovic Cordelières alias Rusalka Design (auquel on doit, notamment, les visuels de T.A.N.K ou encore Vise Versa) et dont la sortie est prévue pour ce 20 Décembre 2013 !

Amis amateurs de groove prenez place ! Voici "Beyond The Reason"... !

Et nous entamons donc cette découverte avec "The Stalemate", premier des cinq morceaux présentés sur cet EP, pendant (chose assez rare en ces temps de titres avoisinants les 3 minutes de durée) plus de 25 minutes ! La proposition ainsi faite par ce titre d’ouverture pourrait donc sembler être celle d’une «Impasse», et pourtant !... Le groupe nous plongera, dès les quarante premières secondes, dans un univers profond, mélodiquement abouti et torturé... C’est donc avec une introduction instrumentale aussi ambiante que groovy, se prolongeant jusqu’aux environs d‘1min45 en une ode à l’obscurité et à la solidité, que Daturha nous invite à pénétrer dans son univers. Oscillant entre un chant clair manquant peut-être encore de technique, d’accomplissement, et des cris de haute volée, l’auditeur se sentira ainsi irrésistiblement aspiré par l’énergie déployée par Max (guitare / chant), le tout enrobé dans une brillante batterie de Benoît comme sur le breakdown d’outro de cette bien efficace mise en jambe ! Vient ensuite le tour de "Beyond The Reason", titre éponyme de l’EP, démarrant tout en violence avec un ensemble rythmé, puissant et harmonieux, ponctué d’une profonde litanie de voix claire maîtrisée. Il faudra également noter la hauteur prise par les parties instrumentales (notamment les guitares de Max et d’Alexis entre 2min25 et 3min00) toujours plus percutantes sur ce titre calibré pour un public Death averti que les amateurs de K.A. auront à coeur de reconnaître... Mais voici qu’un soleil rouge se lève, car "Red Sun" fait son entrée, portée, elle, par la fraîcheur d’une facette djent (façon Meshuggah) assumée au travers d’une batterie bien plus tonique, ample et syncopée qu’auparavant ! Se refermant sur une habile outro mélodique, nous quitterons donc ce morceau à la voix claire certes plus "agile" mais encore trop retenue, en direction d’«Antumbra», avant-dernier titre de cet EP jusqu’à lors brillant ! Le titre peut-être par moments plus orienté vers un melodeath moderne et technique surmontera de son atmosphère colérique et explosive le reste de ce 5 titres, en repoussant toujours autant les limites de l’harmonie entre death et groove, et allant jusqu’à aiguiser la curiosité des plus fervents amateurs, aussi bien de Sepultura et Soulfly, que de Textures, Mnemic ou Soilwork n ! S’attendre à recevoir une nouvelle claque en ce délicat moment de dernier titre n’est donc que pure logique alors qu’"Another End" se fait entendre. Et c’est une nouvelle fois Vincent (basse) et Benoît (batterie) qui en seront les messagers, avec un titre chargé de maturité, éclipsant son tout aussi virulent prédécesseur...

Ainsi s’achève, sur cet ultime fade-out d’outro instrumentale, le voyage proposé Daturha au travers de "Beyond The Reason"...

Cet EP aura donc, malgré un démarrage dont l’éclat aurait peut-être put se faire plus vif, su séduire, se déployer et monter en puissance pour enfin aboutir à cette production nerveuse, explosive et soignée. Des morceaux aussi carrés et groovy qu’"Antumbra" ou "Another End" se poseront en en parfaits exemples, de cette composition originale, reposant sur le pivot du carré qu’est l’alchimie entre un scream brutal, des riffs taillés à la serpe et un ensemble rythmique aussi lourd que puissant ! Seuls restent, donc, à pousser, les clairs mais aussi le relief des compositions pour en accentuer la profondeur et ainsi polir ce diamant brut méritant amplement l'intérêt qui lui est consacré ici... À écouter donc, d’urgence, pour les amateurs de brutalité et de technicité de notre bel hexagone !

Si vous cherchiez encore une raison de soutenir la scène française après Inner Reflections, voici aujourd’hui Daturha qui ne pourra qui vous y inviter davantage !..