Le groupe
Biographie :

Dawn Of Ouroboros est un groupe de post-black / death metal progressif américain formé en 2018 et actuellement composé de : David Scanlon (basse / Deliria, Melek Taus), Ron Bertrand (batterie / Sentient Ignition, ex-Acridore), Tony Thomas (guitare, synthé / Sentient Ignition, Absent Society, ex-Among The Torrent), Chelsea Murphy (chant / ex-Among the Torrent, ex-Kinnefret) et Ian Baker (guitare / Red Rot, ex-Among The Torrent, ex-Absent Society). Dawn Of Ouroboros sort premier album, "The Art Of Morphology", en Mars 2020 chez Rain Without End Records, suivi de "Velvet Incandescence" en Avril 2023 chez Prosthetic Records.

Discographie :

2020 : "The Art Of Morphology"
2023 : "Velvet Incandescence"


Les chroniques


"Velvet Incandescence"
Note : 14/20

Entrer dans le monde du black metal n’est pas toujours chose facile même pour des auditeurs déjà adeptes des musiques extrêmes, tant ce dernier est un monde musical à part qui peut s’avérer repoussant si jamais l’on essaie d’y entrer avec des groupes trop difficiles d’accès aux premières écoutes, comme les fameuses formation issues du black circle norvégien ou encore même des formations plus récentes et très difficiles d’accès comme Portal et autre Wiegedood. Fort heureusement, il existe des groupes qui font un plus de concessions et permettent un entrée plus aisée dans le genre en le rendant plus accessible à travers une hybridation avec d’autres styles plus faciles d’accès. C’est le cas de nombreuses formations de post-black metal, black metal atmosphérique mais aussi de Dawn Of Ouroboros et son black metal progressif qui, s’il ne satisfera pas forcément tous les adeptes de black metal, saura au moins ouvrir des portes pour de possibles nouveaux encore réticents à découvrir pleinement le genre. Le groupe revient, en 2023, trois ans après le très bon "The Art Of Morphology", pour nous proposer un nouvel album qui, comme le précédent, ne va aucunement se poser de barrières par rapport aux genres en allant puiser ses inspirations un peu partout et graviter autour d’un black metal progressif tout à fait reposant sans pour autant aller complètement vers du black metal orienté post ou atmosphérique. On a ici plutôt affaire à un hybride qui va parfois nous proposer des riffs qui sortent de ces deux genres mais dont la production rappellera plus des sonorités allant vers le black metal mélodique et progressif, ce qui va induire une véritable dissonance entre les riffs délivrés et la façon dont on va les percevoir.

Pour ajouter à l’aspect très hybride du projet, on va avoir deux types de chant tout du long de l’album avec un chant clair et un chant hurlé, tous les deux supportés par une seule et même personne qui maîtrise à la perfection chacune de ces deux techniques. On retrouvera ce procédé dans tout l’album qui démarrera d’ailleurs avec un passage chant clair dans le morceau "Healing Grounds" qui se transformera ensuite en un chant hurlé qui n’est pas sans rappeler des formations comme Oubliette. Le tout se déroule sur un déferlement instrumental qui vient nous rappeler qu’on est quand même bien en présence d’une musique teintée de black metal ici. Côté chant clair, ce dernier va lui-même se décliner en plusieurs variations, pouvant être parfois très posé mais également adopter un ton plus énergique, parfois même très rock comme dans "Levitating Pacifics", qui viendra se poser sur des mélodies beaucoup moins agressives. On retrouvera également de temps à autre un chant de fond qui sonnera plus comme un cri solennel, presque parlé mais avec beaucoup plus de puissance et de conviction comme dans "Testudines". Là où le premier album de la formation nous délivrait un black metal mélodique allant parfois puiser dans quelques éléments death et doom, ce "Velvet Incandescence" va largement plus aller brasser des éléments qui sont de l’ordre du progressif notamment dans les riffs de second plan mais aussi dans les quelques solos de guitare que l’on pourra entendre comme dans "Iron Whispers" et "Rise From Disillusion". De manière étonnante, ces derniers vont profiter d’une production aux sonorités très heavy metal qui va complétement entrer en collision avec le reste de ce qui est proposé normalement sans pour autant être ressenti comme étranger au morceau, en venant parfaitement s’inscrire dans la continuité de ce qui a été mis en place auparavant. Dans le dernier morceau cité, il viendra cependant se terminer avec une coupure abrupte qui va nous replonger sur des plans mélodiques plus agressifs supportés par un chant hurlé, le tout n’étant pas parfois sans rappeler les maître en la matière que sont Ne Obliviscaris.

Si l’album va globalement tourner autour des mêmes thèmes mélodiques et des mêmes dynamiques de composition, on pourra cependant découper l’album en deux parties distinctes. La première partie qui va s’étendre de "Healing Grounds" à "Rise From Disillusion" va nous proposer un metal progressif teinté de black metal, là ou les trois derniers morceaux, allant de "Castigation" à "Velvet Moon" vont plutôt passer de l’autre côté de la barrière pour proposer un black metal progressif, avec beaucoup plus de chant hurlé, ce dernier se voulant encore plus agressif et qui pourrait parfois même trouver sa place sur du blackened death metal. Cette coupure brusque ne vient d’ailleurs pas vraiment s’induire entre deux morceaux mais plutôt au sein même de "Rise From Disillusion" qui va, juste après son solo, nous proposer cette coupure dans l’album comme si l’on passait d’un plan astral à un autre avec une soudaine prise de conscience de quelque chose de bien plus violent et tourmenté, laissant derrière nous la candeur naïve pour nous fondre dans la complexité violente de l’univers, qui va venir prendre son apogée dans "Cephalopodic Void", qui va atteindre l’apex de violence de l’album pour ensuite redescendre un peu et nous mettre face à quelque chose de plus merveilleux bien que toujours agressif au sein de "Velvet Moon" qui viendra clôturer l’album comme pour signifier la fin d’un cycle. Cette idée de cycle étant largement suggérée par la pochette de l’album par ailleurs.

Si tout le monde ne trouvera pas son compte sur cet album de Dawn Of Ouroboros, notamment les fans d’un black metal plus traditionnel, il est incontestable que ce dernier parvient à distiller de nombreuses bonnes idées de compositions du genre avec des éléments plus accessibles et qui sauront probablement laisser ouverte une porte d’entrée vers le genre aux néophytes mais également satisfaire les amateurs d’hybrides de genre comme celui-ci. Le tout se démarque également par de remarquables démonstrations d’écriture et de technique tant pour le chant que pour les instruments même si on notera malheureusement moins de mélodies mémorables que dans l’album précédent.


Praseodymium
Juillet 2023




"The Art Of Morphology"
Note : 18/20

La sphère black metal, bien que très largement dominée par la Norvège et en général les pays européens, trouve cependant une certaine richesse en dehors de ces pays et notamment en Amérique (même si l’Asie est loin d’être en reste sur ce plan). On y trouve ainsi des formations qui s’éloignent souvent des piliers du black metal traditionnel et qui proposent des hybridations de genres tout à fait intéressantes. C’est le cas de Dawn Of Ouroboros qui délivrent leur premier album "The Art Of Morphology", qui propose un black metal à la fois très mélodique et progressif, empruntant également beaucoup d’éléments au death et au post-metal, il en découle un album à la fois très beau et très sombre.

Alternant entre riffs mélodieux accompagnés par une batterie et des claviers parfaitement mixés, et des blasts avec trémolos plus urgents, l’album sait poser plusieurs ambiances sans pour autant tomber dans le brouillon ou donner l’impression de ne pas savoir où il va, bien au contraire, chaque morceau semble poser un thème qui lui est propre et le développe avec brio, on sent par exemple une détresse et une angoisse toute particulière tout au long de "Serpent’s Charm" qui atteint son apogée à la toute fin quand les instruments s’arrêtent et que le silence n’est brisé que par un essoufflement terrifié, d’un autre côté on atteint un sentiment beaucoup plus fataliste résolu dans "Lunar Cathexis" avec son riff principal très mélodique qui se répète et semble toujours plus imposant, surmonté par un chant guttural puissant et écorché qui rivalise, au sein du même morceau, avec des parties acoustiques accompagnées par un chant clair d’une douceur déconcertante.

Comme il est mentionné plus tôt, certains morceaux ont une structure un peu plus complexe et empruntent volontiers une démarche très progressive comme "Sorrow’s Eclipse" ou "Spiral of Hypnotism", ces derniers se caractérisent par une durée significativement plus longue et également par une approche plus death metal, la basse y est nettement plus mise en avant et on y trouve moins de passages acoustiques ou même en introduction, ce qui semblait pourtant être assez courant dans les autres morceaux. On y trouve également plus de blasts et des riffs plus complexes, plus abrasifs, sans toutefois complètement quitter le black metal qui reste présent avec des trémolos et le chant guttural. Le chant clair, déjà présent auparavant, occupe également une place prépondérante dans ces morceaux mais sert une toute autre dynamique beaucoup plus rythmée que lorsqu’il accompagnait des parties acoustiques. Le morceau "Valiant Abscond" conclut l’album de façon très mélodique, uniquement instrumentale, qui rappellerait presque les mélodies froides d’Insomnium.

Avec "The Art Of Morphology", le groupe californien réussit le tour de force d’allier la froideur et le fatalisme du black metal avec la beauté du death metal progressif sans se perdre totalement. Proposant dans un même album les mélodies sombres d’Oubliette et des riffs abrasifs accompagnés de blasts, avec une alternance entre chant clair et chant guttural extrêmement bien équilibrée et maîtrisée, qui ne sont pas sans rappeler Ne Obliviscaris. Il en découle un album dune rare intensité qui nous fait traverser tous les états possibles sans pour autant nous perdre complètement dans un mélange d’ambiances brouillon.


Praseodymium
Avril 2020


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/dawnofouroboros