Deathcult est un groupe norvégien de black metal qui fait son retour après 10 ans de silence. Sur le papier, le projet a des noms qui vendent du rêve pour tout amateur de black norvégien qui se respecte : Skagg, Thurzur, et Hoest en tant que line-up principal mais aussi de nombreux invités comme Dirge Rep ou encore Attila Csihar. Pour une fois, je suis ravie de pouvoir dire que je suis à jour sur le groupe, et que j’ai effectivement leur premier album rangé quelque part dans mon étagère. C’était alors du bon black bien bourrin comme on peut s’y attendre avec les personnages qui officient dans Deathcult, et c’était foutrement réjouissant. Et les voici donc de retour pour vénérer cette fois-ci une chèvre, et non pas un dragon. A ce rythme là, tous les animaux du calendrier chinois vont y passer. J’attends donc avec impatience la sortie en 2028 de "Cult Of The Rabbit".

Et l’album va jouer précisément dans les cordes de ce que l’on peut attendre d’un Deathcult. Dès l’ouverture avec "Climax Of The Unclean", on retrouve la recette classique mais gagnante d’un black qui assume ses racines et influences, et qui ne cherche pas à nous embrouiller. C’est authentique, et ça se ressent dans chaque note. Le travail sur les guitares est franchement agréable, et la petite partie un brin barrée et psychadélique en vocaux clairs est originale. Sur "Bloodstained Ritual", on retrouve un côté black / thrash hyper entraînant, et la fin du morceau est une joyeuse cacophonie de brutalité qui en réjouira plus d’un. Dont moi, oui. Suit "Ascension Rite", qui est pour moi le meilleur titre de l’album, et qui alterne entre les rythmes et les influences, et propose un rendu texturé au possible et foutrement jouissif. J’adore l’ambiance malsaine qui se dégage de ce morceau, ça fait effectivement bien rituel dégueulasse comme on peut s’y attendre de la part d’un bon groupe de black. Effectivement, niveau originalité thématique on repassera, sur "Man Versus Beast" il est ainsi question de l’Antéchrist. Rien de nouveau sous le soleil donc. Mais on ne va pas s’en plaindre, c’est le jeu ma pauvre Lucette ! Pourtant, Deathcult cherche à innover et prend davantage de risques que sur leur premier album. Citons ainsi le très bizarre "Laudate Hircum" dont l’introduction pourrait servir de bande originale à un dessin animé bien bizarre qui aurait été créé par des anonymes dans un coin obscur du DarkWeb. Ce côté tellement décalé instaure une véritable ambiance malsaine, et pour le coup je salue l’initiative, ça fonctionne vraiment bien. Il y a un côté assez... enfantin presque, mais qui mixé avec les cris et gémissements divers et variés donne un résultat très glauque. Finir l’album sur un tel titre est ambitieux, mais le risque paie.

Au final, Deathcult nous propose un album à la fois très fidèle aux origines du projet mais qui se permet aussi de sortir un peu des sentiers battus. On sent très clairement les influences des membres du groupe, et on sent l’envie de faire un black traditionnel et sans fioritures, mais tout en s’accordant l’espace nécessaire pour s’exprimer librement et explorer de nouvelles options créatives. Il y a des moments de bravoure dans cet album, ne serait-ce que pour citer ce dernier titre sorti de nulle part. Sans pour autant être un album qui entrera dans la postérité, c’est une production solide qui trouvera sa place dans la collection des amateurs de black norvégien.