Le groupe
Biographie :

Death Engine est un groupe de noise-hardcore actif depuis 2011. Originaire de Lorient, le trio est à l’origine d’une démo éponyme en 2012 et de l’EP "Amen" en 2013 sorti sur Throatruiner Records, Basement Apes Industries et North Cul Records. Composé de Olivier R à la batterie, Eric L à la basse et Mik L au chant et à la guitare, le groupe sort en 2015 l'album "Mud". Death Engine nous laissera alors languir trois ans avant d’accoucher de "Ocean" sort cinq ans plus tard en Janvier 2023.

Discographie :

2012 : "Death Engine" (Démo)
2013 : "Amen" (EP)
2015 : "Mud"
2018 : "Place Noire"
2023 : "Ocean"


Les chroniques


"Ocean"
Note : 18/20

Death Engine est de nouveau en marche. Créé en 2012 en France, le groupe sort un premier EP, suivi par deux albums avant de tourner intensément, puis de disparaître progressivement. En 2022, après deux années de travail, le groupe mené par Mikaël Le Diraison (guitare / chant), Tony Bozanic (guitare), Sébastien Mollo (basse) et Tom Shannon (batterie) refait surface pour annoncer la sortie d’"Ocean", son troisième album, chez Code Records, son propre label, en collaboration avec Throatruiner. La batterie a été enregistrée par Joris Saïdani (Birds In Row).

"Hyperion" nous inonde de larsens avant de lâcher les premiers riffs dissonants, rapidement accompagnés par une base grasse et oppressante. Un chant torturé trouve son chemin dans ces vagues de sonorités brutes et travaillées qui nous écrase continuellement avant de soudain laisser place à "Leaden Silence" et ses mélodies envoûtantes. La rythmique s’embrasera à nouveau pour laisser des tonalités lancinantes et pesantes nous envahir en compagnie des hurlements persistants, puis "Pulled Down" nous autorise un court moment de répit avant que la rage ne se mêle à la douceur. Quelques parties de chant clair apportent une touche apaisante à la saturation lourde, puis un break aérien nous mène au dernier refrain ainsi qu’à "Lack", une composition bien plus agressive et énergique, notamment au niveau de la batterie.

Le morceau reste tout de même sombre et oppressant, tout comme "Mess" qui dévoile une mélancolie viscérale avant de laisser la saturation alourdir le son en lui donnant cette touche massive, mais en conservant tout de même les leads aériens sur les refrains, complétés par le break planant. "Dying Alone" développe une ambiance inquiétante grâce à sa section rythmique, qui sera complétée par des guitares chaotiques et un chant entêtant pour nous mener à "Empire", le dernier et plus long morceau, qui viendra refermer l’album avec un son progressif qui navigue habilement entre saturation et harmoniques planantes jusqu’à ce point d’orgue chaotique, qui fera ralentir le titre avant un final enjoué.

Lorsque Death Engine avance, quiconque se met sur son chemin se fait écraser par une saturation explosive, un chant lancinant et des influences lourdes. "Ocean" est aussi chaotique que travaillé, révélant un potentiel immense.


Matthieu
Janvier 2023




"Place Noire"
Note : 19/20

Le manque de temps nous fait malheureusement trop souvent nous contenter de la merde qu’on nous jette entre les dents, les oreilles, et tout le reste. On bouffe mal, on consomme en pensant que ça nous rend heureux, et tristement, la culture musical se réduit un choix de playlist sur une application à 12 balles par mois ou sur un zapping YouTube. Où est donc passé notre amour du vinyl et les moments au corps inerte mais au oreilles en effervescence sur un album complet ? Vite ! Vite ! Je fouille dans mon dossier "A faire". Il y a bien trop de choix. Il me faut un truc bon. Death Engine ! Les deux précédents font partie des albums que j’ai retenu dans ma carrière de chroniqueur.

Place Noire c’est un conglomérat de six titres pour une trentenaire de minutes. Place Noire c’est une entrée en matière dans laquelle on s’enfonce. C’est l’amuse-gueule d’un album astronomique. Si tu aimes l’entrée tu vas déguster toute la galette. Place Noire est une voix. Une voix d’une justesse dans l’interprétation qui est ahurissante. Place Noire est un monstre de hauteur et de puissance. Les instruments s’additionnent, s’imbriquent les uns dans les autres pour ne devenir qu’un seul monument. C’est surtout des émotions, souvent partagées, dans le sens où elles se confrontent sans cesse. Entre la colère et le désespoir, entre l’envie d’avancer et celle d’en finir, entre le tableau noir qu’on nous peint et ce qu’il reste de positif. Death Engine maitrise tout, création, interprétation et, paraît-il, performances scéniques. En plus de ça ils jouent avec les styles, les rythmes et surtout, ils adorent les dissonances. Place Noire fait partie de ces albums qu’il faut savoir déguster dans l’instant, puis y revenir. Une fois, deux fois, jusqu’à y découvrir des mélodies imperceptibles au début. Il y a tellement de niveaux d’écoute, qu’on en finit jamais de l’apprécier.

Place Noire c’est finalement l’album qu’on espère après trois ans d’attente, d’un groupe qui, dès le début, avait quelque chose de très abouti à proposer. Death Engine signe ici un impressionnant tour de force en continuant son évolution, j’entends par là qu’il reste ce pourquoi on aime, tout en continuant à nous surprendre.


Kévin
Juin 2018




"Mud"
Note : 16/20

L’année de la sortie de l’album, j’avais chroniqué l’EP sorti en 2013. Je ne saurais vous dire si c’est moi qui ai un temps de retard dans mes chroniques ou eux dans leur promo mais toujours est-il que me voilà avec le dit album entre les mains, nous sommes en 2016.

Fidèles à eux-mêmes les mecs de Death Engine distillent une nouvelle fois un noise-hardcore tout autant mélodique que bruitiste. L’album se découperait même en deux parties, la première allant de "No Hope" à "Amen", la seconde de "Organs" à la fin avec une transition aux origines screamo assurée par "Medusa".

Dans un premier temps, Death Engine se montre assez lancinant, sans réel pic d’intensité. Le chaos se consume, inlassablement, et ne faiblit que très rarement. La musique s’apparente à un tas de braises sur lesquelles le loup use son souffle, sans jamais le reprendre. Plus incisif, plus hardcore, la seconde moitié se révèle bien plus torturée. On y trouvera entre autres l’apogée instrumentale de l’album avec "Organs", suivie de "Cure" et sa voix plus fragile. En somme, une deuxième partie plus contrastée.

L’enregistrement est en adéquation avec le paysage de feu sur lequel le groupe nous traîne. C’est plutôt sale, ça sature, ça éclate les tympans et la tête à forte écoute, et même si cela participe au rendu final, on aurait peut-être parfois souhaité quelque chose de plus lourd, d’un peu plus rond, sans devenir trop lisse.

Bien qu’extrêmement agréable à découvrir, "Mud" navigue dans un univers déjà appréhendé de multiples fois. A quand une véritable évolution pour que je fasse une chronique élogieuse avec deux ans de retard ? Toujours est-il que j’aime qu’on me serve ce genre d’ambiances pessimistes. Venir chercher du réconfort en écoutant Death Engine, c’est comme aller chercher une bonne tranche de rire à un spectacle de Pierre Palmade, c‘est raté d’avance.


Kévin
Avril 2016




"Amen"
Note : 17,5/20

Quand tu perds ta copine, l’appartement qui allait avec, que tu dois quitter ton travail par la force des choses et qu’en plus de tout ça un connard fout ta moto par terre, il ne te reste que tes yeux pour pleurer, ta bouche pour boire, beaucoup, et tes oreilles pour souligner de musique la vie qui t’entoure et l’état d’esprit dans lequel tu es. Alors évidemment je ne conseille à personne, dans ces moments, d’écouter l’EP "Le Pré Où Je Suis Mort" où tu vas te morfondre dans tes propres malheurs et en allonger la durée voire ne jamais en sortir. Je ne conseille pas non plus un des albums ensoleillés de Sum 41, bien trop optimiste dans de telles circonstances. Non, le hasard a voulu qu’on me donne l’EP "Amen" de Death Engine à chroniquer et je dois dire qu’il tombe à pic.

Le principe même d’un EP c’est un format court, et nous avons ici quatre titres pour environ quinze minutes de musique et dans de tels moments il faut que les choses aillent vite, que ça bouge, les pincettes on verra plus tard, frappe dans le lard. Trois formats court, un format long pour clôturer le tout.Voilà ce qu’on appelle l’Equilibre. En plus de ça, il ne faut pas une musique qui nous fasse nous apitoyer sur nous-mêmes mais qui ne nous jette pas non plus de la poudre aux yeux et pour ça Death Engine frappe juste. Le groupe transpire la mélancolie mais en fait une force, la transforme en rage, en énergie, envoie tout valser sans aucune demi-mesure et ça fait du bien. Lève toi, bouge ton cul, c’est pas en restant assis dans ton canapé que les choses vont bouger ! Outre l’ambiance, le noise-hardcore qu’expédie le groupe est carré, se joue des dissonances, se révèle extrêmement puissant, juste et impitoyable pour le cerveau. Rien de tel que le premier titre de l’opus "No Hope" pour avoir envie d’envoyer la table basse dans la télé et du titre suivant "Dallas" pour envoyer voler la télévision explosée par la fenêtre même pas ouverte… Avec "Gun", le temps des sonorités assourdissantes s’allonge sans faiblir pour autant, on range les vieux souvenirs dans de petites boîtes hermétiques et on s’apprête à en construire de nouveaux, dans la confusion certes, mais avec plein de bonnes intentions.

C’est un véritable feu d’artifice qui nous pète à la gueule, pour finalement se trouver supplanter par un bouquet final qui implose, lui. "Amen", où pendant quasiment huit minutes on se fait littéralement aspirer par la musique jusqu’à ce que le cerveau se laisse guider par elle sans résistance aucune. Pour faire simple, sur cet EP, Death Engine ne fait pas du tout l’effet d’un lait après solaire quand tu a été assez con pour t’exposer toute la journée alors que t’es blanc comme un cul de bonne soeur. Non, Death Engine prend tes coups de soleil, les efface à la râpe à bois et fait cicatriser le tout au bourbon. Ca fait du mal, ça fait du bien, ça fait du mal… ça fait finalement toujours du bien…


Kévin
Juin 2015


Conclusion
L'interview : Mikaël Le Diraison

Le site officiel : www.facebook.com/deathengine.net