Le groupe
Biographie :

Deftones est un groupe de metal alternatif américain, formé à Sacramento en 1988. Il est considéré comme le fondateur du nu metal, avec Korn, et est également considéré comme l'un des groupes les plus novateurs et les plus influents du genre. Le groupe a commencé sa carrière en jouant des concerts sans publier aucun album. Les chansons qu'ils ont jouées à cette époque avait un style pour la plupart à proximité du "heavy metal". Après avoir signé chez Maverick, Deftones a commencé à enregistrer en studio pour créer son propre style, mais n'a pas recueilli beaucoup de succès. Avec la sortie de "Around the Fur" et "White Pony", considéré parmi les meilleurs albums de la scène metal alternatif, Deftones a commencé à connaître un grand succès à la fois des critiques et du public, grâce aux éléments post-punk et new wave qu'il incorporait dans son propre style de metal et du fait et à l'utilisation de plus de mélodies. Le groupe répéta ce succès avec les albums "Deftones", "Saturday Night Wrist", "Diamond Eyes" et "Koi No Yokan". En 2008, le bassiste Chi Cheng fut victime d'un accident de voiture et resta dans un état de coma semi-conscient qui ne lui permit pas de continuer son travail de musicien. Il est alors remplacé par Sergio Vega pour une période indéfinie. Chi Cheng décédera le 13 Avril 2013.

Discographie :

1995 : "Adrenaline"
1997 : "Around The Fur"
2000 : "White Pony"
2003 : "Deftones"
2006 : "Saturday Night Wrist"
2010 : "Diamond Eyes"
2012 : "Koi No Yokan"
2016 : "Gore"
2020 : "Ohms"


Les chroniques


"Ohms"
Note : 16/20

Ah Deftones, longue histoire d'amour et de haine, de passion semée d'obstacles ; un vrai parcours du combattant, tant ce groupe à l'instabilité certaine m'a fait passer par toutes les émotions. Deftones, c'est le groupe que je cite souvent lorsqu'on me demande quel est le meilleur groupe de néo après Korn. "Adrenaline" et "Around The Fur" m'apparaissent encore aujourd'hui comme deux des albums qui ont le plus influencé mes goûts musicaux, lorsque j'étais encore puceau, et même après, lorsque j'ai eu 28 ans (bah quoi ?). Quand "White Pony" est sorti, j'ai vu les gens autour de moi se régaler, alors que je prenais tout doucement mes distances, malgré quelques bons titres (le clip "Back To School", je l'ai tellement souillé du regard...). La suite n'a été pour moi que tristesse et déception, à commencer par ce live au Cabaret Vert 2013 où je m'étais sévèrement fait chier, malgré une bonne quantité de Jager qui coulait dans mes veines. J'avoue avoir peu suivi la suite, notamment cet album sorti en 2016, "Gore" (le pire du groupe, pour beaucoup). Autant dire qu'en 2020, quand on m'a annoncé ce nouvel album, je n'en attendais rien... Et pourtant.

Oui, pourtant. Pourtant, Deftones semble avoir tiré les leçons du passé (comme Bertrand Cantat). On citera évidemment Monsieur Moreno, qui reconnait que "Gore" avait été bâclé. Je pense que c'est carrément les dix dernières années de Deftones qui ont été tracées avec le cul, mais passons. Aujourd'hui, on peut le dire : OUI, Deftones sort un nouvel album qui cogne. Alors certes, il ne nous martèle pas les intestins au marteau-pilon, mais bordel, ça fait du bien de retrouver les Californiens comme s'ils ne nous avaient pas quittés depuis "White Pony".

Les responsables ? Ils sont nombreux. Citons tout d'abord Terry Date, dont le CV a de quoi vous faire pâlir de jalousie jusque la rondelle, puisqu'il a effectivement bossé à la production avec Pantera, Slayer, Otep, Machine Head ou encore Soundgarden. Autant dire que le mec sait ce qu'il faut faire pour qu'un gratteux nous bourrine les tympans de riffs gras et solides. D'ailleurs, côté gratteux, quel plaisir de retrouver Stephen Carpenter, bordel de nom d'une pipe en bois ! Dès "Genesis", on retrouve ce son de guitare électrique si particulier, avec une distorsion unique, semblable à celle de "My Own Summer" (ouais, rien que ça). On l'entend bien également sur "Pompeji", c'est vraiment ce qui fait le charme d'à peu près toutes les mélodies... De là découle un inconvénient : quand la guitare n'est pas en train de foutre le feu aux amplis, on s'ennuierait presque. C'est dommage car Deftones possède cette triste habitude de calmer le jeu un peu trop souvent, ce qui offre un résultat parfois déséquilibré (genre "Error", qui frise les 5 minutes, alors que trois auraient suffi).

Et bien sûr, comment évoquer un album de Deftones sans parler de Chino Moreno. Bon, il faut être honnête, depuis que son obésité transpire à la gueule des écrans, il a une légère tendance à m'ennuyer profondément sur scène. Mais voilà, même sans hurler comme au bon vieux temps (coucou "Hexagram"), notre chanteur-skateur préféré garde son côté totalement décalé, perché, à l'ouest. Ce mec vit vraiment dans un autre monde (souviens-toi de ce regard qu'il avait quand il est passé en live dans Nulle Part Ailleurs...). Je cite de nouveau "Pompeji", tellement la voix de Moreno nous hypnotise du début à la fin. On a toujours cette intonation imprévisible, ces cris maîtrisés et ce caractère à part qui viennent nous envoûter comme au premier jour. Bien sûr, on aurait aimé un peu plus de puissance au niveau des cordes vocales, mais ça va, ça passe, le mec sait encore y mettre du coeur ("The Spell Of Mathematics").

Bon, l'album est loin d'être parfait, on aura même droit à quelques moments chiants, voire un morceau 100% relou ("Headless"), mais l'essentiel n'est pas là. Non, l'essentiel, c'est qu'en 2020, Deftones sort un album réussi, et ça, putain, je n'y aurais jamais cru il y a encore quelques semaines. Que vous soyez d'anciens fans du groupe californien ou des néophytes qui veulent kiffer une belle découverte, nul doute que cet album ne vous laissera pas indifférents.


Grouge
Octobre 2020




"Gore"
Note : 14/20

Deftones sort un nouvel album après quatre ans d’attente pour les fans. Une attente qui fut longue pour ces derniers mais qui fut loin d’être totalement calme pour les Californiens, entre un changement au sein du line-up, le coma puis le décès de Chi Cheng qui ébranla tout le groupe et ses fondations. C’est donc avec "Gore" que Deftones revient en 2016.

Autant le dire tout de suite, le CD comporte son lot de plaisirs mais également de choses évitables. Deftones est désormais plus ambiant, rock, avec de grosses guitares saturées derrière, mais donc plus calme avec par ci par là des envolées avec de très bons riffs. Dans l’ensemble, la galette est loin d’être dégueulasse mais putain, Chino… arrête avec ton chant, il en devient CHIANT ! On perd en aspérité dans les morceaux. Si l’on se concentre sur le fond, l'instrumentation, on n'est pas déçu, on a des moments intéressants, des cassures osées, des ambiances franchement jouissives par moments et puis donc ce chant, reconnaissable, identifiable, pénible comme une huître pas fraîche, qui ne crie jamais… Ah, si, excusez-moi, on a de temps en temps un soubresaut mais en fait non, c’est lancinant, tellement bourré d’effets que ça en devient pathétique. On a la sensation que Chino chiale en permanence au lieu de chanter.

Passons ce détail qui a tout de même une importance capitale puisque mixé plus fort que l’ensemble des musiciens donc inévitablement, à moins de te concentrer sur la partie instrumentale, tu ne peux pas passer à côté du chant. Dommage. De temps en temps, comme dit plus haut, et comme sur "Doomed User", des cris se font entendre ici et là mais les effets rajoutés par dessus viennent tout gâcher. La voix du célèbre frontman serait-elle usée au point que l’on cherche à la dissimuler ?

Si l’on occulte ce chant dénué de toute vie, de tout intérêt, on trouve des passages ambiants, puissants, profonds et d’autres beaucoup plus catchy et intéressants, dans une veine metal. L’album s’écoute bien cependant. Petite confidence, j’ai eu du mal, beaucoup de mal. Excité comme un jeune puceau lors de sa première sortie en club de strip tease, j’ai mis la galette en route, et à la première écoute je n’ai pu aller au bout tant le chant, omniprésent, lassant, me gâchait tout plaisir. Et puis j’ai remis la galette, elle s’écoute, et même très bien, la production renforce les instruments, pour peu que l’on prenne le temps de tendre l’oreille, on a une batterie simple mais ultra efficace et des guitares sachant alterner le bon, le très bon, les solos et les breaks. On oubliera les ajouts d’effets et de samples, ils sont à proscrire... "Phantom Bride" est, quant à lui, un véritable bijou, le guitariste Jerry Cantrell d'Alice In Chains y apporte d'ailleurs sa patte.

Pour le reste, l’album n’est pas mauvais, il serait même bon si l’on mettait de côté le chant. Après des années d'absence, le groupe revient avec de bonnes choses et, il faut le souligner, renaît doucement de cendres qui finissaient de se consumer… Maintenant il va faut voir si Deftones est un groupe qui peut repartir ou si ce n’est plus (malheureusement) qu'un groupe du passé avec un frontman ayant bercé mes années de lycée et qui n’est plus que l’ombre de lui-même.


Sam
Avril 2016




"Koi No Yokan"
Note : 18/20

Après la rafale "Diamond Eyes" sortie il y a maintenant plus de deux ans, on se demandait si Deftones serait capable de remodeler un album, bien que difficile à concevoir, encore plus clinquant et surproduit que le petit dernier, ou s’il jouerait plutôt la carte d’un retour aux sources. Attendu au tournant par la presse et les plus grands fans, "Koi No Yokan" se retrouve une fois de plus en Novembre dernier sur les bancs des grands, faisant instantanément parler de lui. Une chose est sûre, la team à Moreno frappe encore très fort, travaillant sur une dualité explosive de A à Z. Explications. Telle la rédaction d’une dissertation, cette chronique m’a amené à une scrupuleuse réflexion sur la composition d’un album loin d’avoir été conçu aveuglement.

Comptons d’abord cet alliage de retour aux origines et d’un Deftones au son ultramoderne. Car bien que les éléments White Ponyiens ne manquent pas dans la composition des titres, la production reste bien plus épaisse que celles des débuts puisque exécutée par Nick Raskulinecz qui s’était déjà engagé sur le mix d’un "Diamond Eyes" dont l’épaisseur n’avait laissé personne de marbre. Une dualité dans la forme donc mais également dans le fond, renforcée par la lecture du titre "Koi No Yokan" qui signifierait dans sa langue natale le ressenti de prémonition d’amour de deux personnes qui se rencontreraient pour la première fois. L’album tourne bel et bien tout du long autour de ce dualisme tantôt bienfaiteur, tantôt destructeur.

Autre lecture intéressante, celle des titres dans lesquels la fatalité de l’homme ("Swerve City", "Leathers", "Entombed"…) flirte avec une nature à la fois génératrice et hostile, bien plus solide ("Graphic Nature", "Tempest", "Gauze"…) devant laquelle il ne peut que s’incliner mais s’acharne pourtant à la détruire. Ce tandem belliqueux est représenté par la lourdeur rythmique qui symbolise la trivialité de l’homme et par le background des claviers incarnant le cosmique indomptable. Le chant obsédé se fait alors le témoin impuissant de cet affrontement. Rapport avec l’annonce d’une certaine fin du monde peut-être ? Au-delà du sens que chacun interprétera à sa manière, ce nouvel opus d’abord difficile d’accès lors d’une première écoute devient finalement l’un des fleurons du groupe mythique de Sacramento. Les composants qui ont fait leur réputation restent intact, le dynamisme des guitares / basse gonflées à bloc sont mises en avant dans un mix compressé à la perfection donnant ainsi une profondeur rythmique qui s’associe parfaitement avec les programmations de claviers célestes.

Les superpositions de nappes sonores mêlées d’arrière-plans chargent certains titres à la limite du débordement, sur "Gauze" par exemple au rendu compacte massif. D’autres comme "Tempest" préfèreront une rythmique dépouillée mais tellement efficace et spontanée qu’elle deviendra ma favorite. "Koi No Yokan" démarre sur les chapeaux de roue pour s’achever sur un final serein, mère nature semble belle et bien avoir repris sa place. Combat perdu par l’homme ou réconciliation de deux être qui se serait finalement compris, je me dirige vers la version finale pour décrire l’outro de "What Happened To You ?".

Un mix délicat dans lequel pas un cheveu ne dépasse, voilà ce que j’appelle une production de l’excellence. Toujours aussi novateurs et plus influents que jamais après 25 ans de carrière, Deftones n’a pas fini d’éblouir.


Angie
Janvier 2013


Conclusion
Le site officiel : www.deftones.com