Le groupe
Biographie :

Demande À La Poussière est un groupe de post-hardcore / black metal créé en 2017 et actuellement composé de : Edgard Chevallier guitare, programmation / ex-Würm, ex-Gloomy Hellium Bath), Simon Perrin (chant / Anthropovore, Muertissima, Mud, WeedBringer), Neil Leveugle (basse) et Vincent Baglin (batterie). Demande À La Poussière enregistre rapidement son premier album au Lower Tones Place Studio en Septembre 2017 pour une sortie un an plus tard chez Argonauta Records. Le deuxième album, "Quiétude Hostile", sort en Mars 2021 chez My Kingdom Music. "Kintsugi" sort en Mai 2024.

Discographie :

2018 : "Demande À La Poussière"
2021 : "Quiétude Hostile"
2024 : "Kintsugi"


Les chroniques


"Kintsugi"
Note : 19/20

Demande À La Poussière se reconstruit. Trois ans après son dernier album, la formation francilienne composée de Neil Leveugle (basse), Edgard Chevallier (guitare), Vincent Baglin (batterie) et son nouveau vocaliste Simon Perrin (guitare / chant, Anthropovore, Muertissima) dévoile "Kintsugi", son troisième album, chez My Kingdom Music.

"Inapte" ouvre l’album avec des sonorités inquiétantes, qui deviennent très vite dissonantes puis massives et entêtantes avant que les parties vocales n’interviennent. Les hurlements macabres et désespérés emplissent l’air tout en se faisant régulièrement interrompre, brisant la dynamique pour nous écraser avec la même puissance avant que "Kintsugi", le titre éponyme, ne prenne sa place en dévoilant une rage dévastatrice infusée au black metal qui crée un contraste avec les éléments plus mélancoliques. La complainte reprend de plus belle sur "La Parabole Des Aveugles", où des parties plus aériennes viennent nuancer la lourdeur de la rythmique pendant que le vocaliste place ses cris saisissants tout au long de ce chemin de douleur, puis c’est avec "Ichinawa" et ses leads lumineux que la route continue, explorant des territoires plus majestueux. Quelques racines old school plus agressives viennent donner un goût de violence à certains passages avant de laisser la rythmique se dépouiller pour s’enflammer à nouveau en rejoignant "Le Sens Du Vent" et son approche simple mais calme, qui s’assombrit après une minute pour devenir pesante en s’ancrer dans notre crâne pendant que le chant terrifiant nous mène vers "Vulnerant Omnes, Ultima Necat" où la fureur côtoie la langueur habituelle.

La diversité vocale rend le morceau très brut, à l’inverse des sonorités sinistres et travaillées d’"Attrition" qui compte sur des mélodies hypnotiques en arrière-plan avant que le blast ne fasse tout voler en éclats, alors que "Fragmenté" propose immédiatement des tonalités plus malsaines et pénétrantes qui n’hésitent pas à s’effacer pour que les samples déverse leur malaise sonore. La douceur refait surface avec "Miserere", mais elle se transforme naturellement en oppression persistante où les lamentations prennent vie, puis le groupe enchaîne avec "Brisé" où on ressent une certaine noirceur, doublée d’un pessimisme profond qui permet au morceau de naviguer à travers les ombres de ses riffs réguliers. Les musiciens referment ce troisième chapitre avec "Partie", une courte dernière composition qui laisse un voix claire hanter le souffle du vent et une guitare sinistre et apaisante, qui choisira finalement le silence.

Une nouvelle étape a été franchie pour Demande À La Poussière. Le groupe avait déjà démontré sa maîtrise de la lourdeur et de la noirceur avec ses précédents opus, c’est maintenant l’oppression et la mélancolie qu’ils illustrent avec "Kintsugi" et ses riffs étouffants.


Matthieu
Mai 2024




"Quiétude Hostile"
Note : 17/20

Il est toujours compliqué de retranscrire musicalement des émotions complexes et même parfois inexplicables. Pourtant c’est ce qu’essaient de faire bon nombre de musiciens que ce soit dans ou en dehors de la sphère metal. A ce titre, le post-metal est très souvent vecteur de sentiments très contradictoires, amenant une certaine légèreté dans des ambiances pesantes de manière assez inexplicable, le sujet de l’oxymore musicale s’associe donc parfaitement avec l’oxymore mentale présentée cette année par la formation parisienne Demande à la Poussière qui revient donc avec un nouvel album en nous proposant un mélange de black metal, de sludge et de post-metal avec cette touche française si reconnaissable. Comme souvent dans tout ce qui a une touche post-metal, les sujets évoqués dans l’album et les concepts mis en musique sont loin d’être manichéens. Ainsi, l’album nous présente une oxymore tant dans la musique que dans le texte, et qui se traduit directement dans le titre, "Quiétude Hostile".

Et c’est dans tout l’album que nous allons retrouver ce contraste, tant dans les variations d’ambiances que dans le chant. On a parfois des riffs rapides accompagnés par des blasts et plus tard, dans le même morceau, une lourdeur beaucoup plus lente et imposante qui vient complètement couper ce rythme, sans pour autant briser complètement ce qui a été instauré. La présence d’un chant clair presque en spoken words dans les moments les plus calmes viennent également contraster un chant guttural très black metal, et qui traduit ainsi un profond mal-être, on le remarque particulièrement dans "L’Oubli Du Contrasté". Cependant, malgré des ambiances très différentes, on en ressort le même ressenti, cette complaisance dans la solitude et le désespoir.

De manière assez inhabituelle, on trouve dans cet album une certaine brutalité assez peu commune dans le sludge, et qui ne se retransmet pas à travers les influences black metal qui sont apportées, on citera notamment parmi les éléments qui font ressortir cette brutalité une batterie martelée dans "Un Léger Goût De Soufre" qui vient porter le chant. On remarque alors que dans la plupart des morceaux, les sonorités des instruments comme le chant sont présentés de manière à se contraster les uns les autres dans un ensemble qui ressortira finalement très cohérent. C’est à travers cela que l’on perçoit cette quiétude hostile qui fait figure de titre et que tant de groupes essaient de saisir. Cette beauté dans la violence qui semble pourtant si difficile à interpréter. Les touches black metal rendent le tout un peu plus inhumain, montrant ainsi le caractère presque inaccessible de la combinaison de ces notions pour un esprit rationnel. Cet aspect très inhumain est largement mis en lumière à travers le chant dans "Quiétude Hostile" qui peut parfois rappeler celui d’Inquisition : un chant qui ne se veut ni hurlé, ni chanté, mais complètement distordu afin de lui enlever toute humanité, le tout étant porté par une guitare très en retrait et une batterie très lente, ce qui insinue une présence insidieuse et folle au sein d’un esprit qui semble déjà bien tourmenté.

Le morceau "Perdu" se présente comme une réelle coupure au sein de l’album, c’est clairement le titre le plus post-metal de ce dernier. A dominante très largement instrumentale, il propose un riff long, triste et mélancolique d’une beauté spectaculaire qui rappelle presque les meilleurs morceaux d’Amenra : les fans du morceau "Diaken" dans "Mass VI" seront ravis tant ce morceau emprunte une structure similaire sans en être une pâle copie. Il vient ainsi se poser comme une véritable transition dans l’album, une errance avant l’acceptation de l’esprit. Cette transition sera marquée plus tard par une évolution vers un chant plus lourd et une production plus massive pour la deuxième partie de l’album. Ainsi, le plongeon ultime dans cette violence et la sérénité apportée par ce dernier vient directement s’illustrer dans la fin de l’album et notamment à travers les passages en spoken words déjà mentionnés, notamment celui dans "Bois De Justice". Le dernier morceau de l’album, "Expiravit", vient marquer la folie qui s’empare progressivement de celui qui arrivera à contempler la beauté dans la violence, cette folie s’exprimant à travers des instruments jamais entendus jusque là dans l’album et qui viennent apporter une touche très dansante à des riffs cinglans et une batterie lente et lourde. La superposition de ces éléments amène ainsi un final tout à fait singulier et chaotique, enveloppant le chant hurlé d’un être qui semble complètement désorienté et plongé dans la folie et la colère.

La formation parisienne nous délivre donc un deuxième album puissant et original sur un propos pourtant bien exploité dans le metal en général. L’association de sludge et de black metal se fait de manière très harmonieuse et le chaos amené par cette hybridation est parfaitement mis en contraste avec des éléments post-metal qui sont plus que bienvenus au sein de l’album afin de mettre en lumière une vision de la douleur et de la violence cathartique et lumineuse.


Praseodymium
Mai 2021




"Demande À La Poussière"
Note : 17/20

Voici le premier album de la formation parisienne, un méfait contenant huit morceaux pour un style qui oscille entre le post-rock / hardcore mais aussi le sludge, le doom, le tout teinté d'un esprit très black metal. Déjà, rien que cela, ça me parle énormément.

J'ai de suite accroché à cet album de par l'ambiance malsaine qu'il s'en dégage et, comme je le disais plus haut, le côté black metal / doom est relativement bien retranscrit, l'ambiance se veut lourde, très pesante, tout simplement bien crade, les guitares sont assassines, et le chant tortueux. Les morceaux sont bien composés, ils prennent le temps de monter en puissance, et c'est là que la face atmosphérique du groupe est mise en valeur, comme sur "Etranglé". La musique de Demande À La Poussière n'est jamais rapide mais est plus axée sur un côté lent et mid-tempo, le groupe préfere travailler ses ambiances et ne privilégie pas quelques chose de brutal en particulier, ce qui tabasse ici c'est la lourdeur et ce côté lourd, la formation française les maîtrise bien et cela crée une très bonne symbiose avec les multiples ambiances glauques que renferme se premier méfait.

Peu de choses à dire mis à part que c'est un bon premier jet qui s'adresse aux fans de doom, de post-black metal et à quelques chose de surtout sombre et malsain, les ambiances font mouche et je suis convaincu que ce groupe a un énorme potentiel. Vivement la suite.


Julien
Juin 2019


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/dalpdoom