"The Propaganda Machine"
Note : 19/20
Demonstealer est plein de ressources. Précurseur du metal extrême en Inde depuis 1998,
Sahil "The Demonstealer" Makhija (chant / guitare / composition, Solux Ex Inferis,
Demonic Resurrection, ex-Reptilian Death) se forge une réputation nationale, puis
internationale dans le death metal. En 2023, il signe avec Black Lion Records pour la
sortie de "The Propaganda Machine", son quatrième album solo.
L’homme ne reste pas seul, et s’entoure de musiciens renommés, comme Hannes
Grossmann (Tryptikon, ex-Obscura, ex-Necrophagist), James Payne (Kataklysm,
ex-Hour Of Penance, ex-Vital Remains), Ken Bedene (Aborted, ex-Abigail Williams) et
Sebastian Lanser (Obsidious, ex-Obscura) à la batterie, Anabelle Iratni (Devilment,
ex-Cradle Of Filth) aux claviers, Dominic Lapointe (First Fragment, ex-Beyond
Creation), Stian Gundersen (Blood Red Throne), Martino Garattoni (Ne Obliviscaris) et
Kilian Duarte (Abiotic) à la basse, ainsi qu’Alex Baillie (Cognizance), Dean Arnold
(Primalfrost, ex-Vital Remains) et Sanjay Kumar (Wormhole, Equipoise) à la guitare.
Avec "The Fear Campaign", le premier morceau, le musicien donne le ton d’un death metal
mélodique aux accents majestueux qui sait rester agressif, mêlant une technicité redoutable
et une efficacité brute. Les hurlements massifs rejoignent les vagues de rage, laissant
parfois quelques parties de chant clair inquiétant nuancer l’atmosphère pesante tout en
laissant la rage s’exprimer, suivie par un solo épique avant le final qui nous conduit à
"Monolith Of Hate", une composition assez similaire qui nous écrase immédiatement avec un
blast solide. Le tempo élevé permet aux musiciens de créer un véritable mur de son
impénétrable qui laisse des envolées entêtantes nous lacérer pendant que les parties plus
mélodieuses nous envoûtent, laissant la courte "The Propaganda Machine" nous piétiner à
son tour avec des riffs lourds. A nouveau, le mélange habile de technicité et de mélodies
accrocheuses est très efficace, laissant toutes les influences de l’homme se mêler avant que
"The Art Of Disinformation" ne propose des tonalités plus lancinantes, et que la violence ne
refasse surface dans les parties vocales ainsi que les riffs puissants.
Le chant clair alimente
le contraste saisissant entre tous les composants du morceau qui nous mène à "Screams Of
Those Dying", un titre agressif mais également très groovy qui nous fera facilement remuer le
crâne. Si quelques parties de chant clair fédératrices s’occupent du final, ce sont les
hurlements qui domineront la tornade, suivie par "The Great Dictator" et ses riffs furieux,
toujours accompagnés de cette précision ravageuse et de touches ambiantes plus douces et
entraînantes. On retrouvera également quelques passages plus calme aux racines prog
aériennes, puis "The Anti-National" viendra frapper avec une rythmique saccadée doublée de
patterns acérés. Les éléments majestueux s’intègrent parfaitement à l'agressivité ambiante,
renforçant même certains passages avant que "Crushing The Iron Fist" ne vienne sonner le
dernier assaut avec une rage évidente placée au service des éléments les plus bruts, mais
qui sait s’apaiser pour laisser chant clair et mélodies rythmer par moments la composition
tout en restant extrêmement cohérent.
Demonstealer a toujours su alimenter un univers riche avec des sonorités extrêmement
efficaces, mais il nous prouve également avec "The Propaganda Machine" qu’il sait s’entourer
pour donner à ses compositions une dynamique incroyable et dévastatrice.
"The Last Reptilian Warrior"
Note : 18/20
Il a été le premier musicien indien à sortir un album de metal dans son pays, mais
également à créer un label de metal. C’est bel et bien Demonstealer (aussi connu sous le
nom de Sahil Makhija, chanteur / guitariste / bassiste / batteur qui officie également dans
Demonic Resurrection et Solus Ex Infernis, ex-Workshop, ex-Reptilian Death) qui nous
offre aujourd’hui son dernier chef d’oeuvre, "The Last Reptilian Warrior". Le projet a vu le jour
il y a vingt ans, mais le premier album a dû attendre 2008. Et dix ans après, Sahil en remet
une couche. Sur scène, ses actuels ou anciens compères de Demonic Resurrection,
Ashwin Shriyan (basse, Blood Meridian), Virendra Kaith (batterie, Exhumation) et
Nishith Hedge (guitare, ex- Albatross) l’accompagne, mais pour cet album en partie financé
grâce au crowdfunding, l’homme a choisi la crème de la scène metal : Kevin Paradis
(Benighted), Stefano Franceschini (Hideous Divinity, Aborted), Krimh (Septicflesh),
Rami H. Mustafa (Nervecell), Arran McSporran (Virvum, De Profundis), Romain Goulon
(Necrophagist, ex-Benighted), David Diepold , Shoi Sen (De Profundis), Mendel bij de
Leij (Aborted, Mendel, Escadron), Dan Presland (Ne Obliviscaris) et Yatin Srivastava
se succèdent à leurs instruments respectifs pour jouer avec Sahil. La rencontre d’autant de
talents ne peut laisser indifférent.
On commence avec le premier titre, "The Grand Collapse Of Humanity". Dès les premiers
riffs, on comprend que les musiciens sont déterminés à en découdre. Après une première
phase où une rythmique death metal imposante permet à Sahil de hurler, d’utiliser des
choeurs ou de chanter en voix claire, la technicité se fait plus présente. Certains passages
emprunteront même au death mélodique voire atmosphérique afin de transmettre toutes les
émotions qu’il souhaite, notamment avec une partie lead calme. On repart sur une rythmique
très saccadée et martiale avec cependant quelques harmoniques lacérantes pour "Sculpting
The Archetype" et un chant hurlé parfois doublé d’un scream plus aigu sur une batterie
nerveuse. Ce mélange ne se calmera qu’avec le solo pour repartir de plus belle, tout en
laissant une place plus importante à la basse. "The Perspective Of Evil" accélère
soudainement le tempo avec également des riffs plus chiadés et une basse au style très
différent qui se démarque grâce à de petits sursauts de son. Vers la fin du titre, c’est un
metal atmosphérique de toute beauté qui nous fera planer avant de s’énerver à nouveau,
puis de nous amener à "The Human Pestilence". Nettement plus brute, cette composition
prend un rythme assez particulier vers le milieu grâce notamment à un discours en arrière-plan, puis au chant qui revient à la charge.
"No Victory In War" se déleste dans un premier temps du côté progressif pour des riffs
imposants et rapides, alors que cet aspect que le maître à penser maîtrise si bien revient sur
la deuxième partie du titre. Les amateurs de violence pure et dure vont apprécier "The Weak
Shall Perish" autant que les adeptes du petit détail qui fait passer un riff de “sympa” à
“vraiment intéressant”, grâce aux harmoniques étranges qui le composent. La basse suit
également ce chemin avec de petites percées timides. "The Last Reptilian Warrior" est le titre
le plus calme de l’album, mais également celui sur lequel Sahil utilisera le moins de
saturation dans sa voix. A noter que le musicien a enregistré seul chaque instrument de
cette merveilleuse composition, qui est parfaitement illustrée avec la pochette de l’album.
Cette balade terminée, nous attaquons "Rebel In Space", le dernier titre. La précision
effroyable de la batterie n’a d’égal que l’atmopshère à la fois joyeuse et inquiétante des
harmoniques de ces riffs réfléchis.
Pour ses 20 ans de carrière musicale, Demonstealer s’est offert un florilège d’invités pour
huit morceaux d’une qualité exceptionnelle. Si chacun ajoute sa pierre à l’édifice, donnant
parfois une touche différente à chaque titre, c’est bel et bien Sahil que l’on sent sur chaque
morceau de "The Last Reptilian Warrior". S’il semble difficile d’égaler une telle performance, je
lui fais confiance pour nous concoter d’autres surprises par la suite !
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