"The Corruption Of Virtue"
Note : 17/20
Prêts pour un nouvel album de De Profundis ? Créé en 2005 en Angleterre, le groupe
composé de Craig Land (chant, Malignant Saviour), Shoi Sen (guitare, Monument Of
Misanthropy), Paul Nazarkardeh (guitare, Monument Of Misanthropy, ex-Phyrexia), Tom
Atherton (batterie, ex-Phyrexia) et Steve Woodcock (basse, Linear Sphere, ex-The
HAARP Machine) annonce la sortie de "The Corruption Of Virtue", leur sixième album, chez
Transcending Obscurity Records.
L’album débute avec "Ritual Cannibalism", une composition au son brut mais qui dévoile peu
à peu des éléments techniques ainsi qu’une basse qui ressort énormément dans le mix.
Côté chant, on reste dans des patterns très directs et efficaces pour accompagner une
rythmique accrocheuse tout comme sur "Sectarian Warfare" qui propose également des
passages massifs et des mélodies entêtantes et épiques. "Relentless March" prend la suite
avec une introduction lancinante qui se renforce peu à peu pour devenir beaucoup plus
puissante sans oublier cet aspect entraînant. On retrouve des mélodies envoûtantes comme
des riffs saccadés sur ce morceau qui laissera la place à "Weaponised Rape", un titre effréné
mais qui dévoile également une certaine dissonance. Les leads torturés de la guitare sont
suivis par cette basse folle et énergique avant de repartir dans la rage pure, puis sur
"Embrace Dystopia" et ses harmoniques entêtantes.
Le groupe dévoile à nouveau ses
influences prog sur ce titre saccadé et groovy qui reste tout de même assez old school,
puis l’agressivité brute refait surface avec "Desecrating Innocence" et ses riffs écrasants. Le
titre laisse également les mélodies hypnotiques hanter la rythmique tout en revenant sur ce
blast massif pour la partie finale, qui nous mène à "Religious Cancer" et ses sonorités
entêtantes, créant un contraste avec la base brute et agressive qui frappe en permanence.
L’album continue avec "Scapegoat" et ses tonalités sombres mais planantes qui laissent une
certaine liberté aux parties vocales, notamment avec l’addition des choeurs hurlés, puis les
influences prog reprennent le dessus avant que "The Sword Verses" ne vienne clore l’album
avec des tonalités martiales, qui collent parfaitement à l’agressivité du death metal ainsi
qu’à la folie créatrice des musiciens.
Réduire De Profundis à du death metal serait pure folie. Bien évidemment, le son du
groupe est agressif et lourd, mais "The Corruption Of Virtue" nous dévoile des mélodies et des
patterns aussi techniques qu’inspirés, en faisant un album riche.
"The Blinding Light Of Faith"
Note : 16/20
Si les techniciens cherchent toujours un son plus pointu, plus travaillé, certains n’oublient
pas la dimension musicale de leur démarche. De Profundis a commencé en tant que
groupe de doom metal, mais s’est finalement orienté vers un black metal progressif des
plus poussés. Le seul rescapé de la formation originale est le chanteur et fondateur Craig
Land, mais Soikot Sengupta (guitare) l’a rejoint en 2006. Le groupe a dû faire face, en plus
de sa nouvelle orientation musicale, à des changements de line-up, mais Arran
McSporran (basse / Seven7, Virvum ) les rejoint en 2009. Paul Nazarkardeh (guitare) et
Tom Atherton (batterie) seront les suivants, et le line-up s’est enfin stabilisé depuis 2014.
En comptant "The Blinding Light Of Faith", leur dernière sortie, ce sont cinq albums qui
composent la discographie du groupe et leur son s’affine à chaque fois. Je vous laisse
profiter…
Les Anglais commencent avec "Obsidian Spires", et les premières secondes de riffs sont
suffisantes à elles seules pour nous prouver que les choses sérieuses commencent tout de
suite. Si la basse d’Arran est chaude et douce, bien que très technique, les guitares de
Soikot et Paul sont agressives et tranchantes, et cette opposition leur donne un son très
particulier, qui se distille à travers de multiples parties lead qui viennent sublimer une
rythmique puissante avant un sample final. "War Be Upon Him" renoue avec un son plus
martial, qui me rappelle certains groupes venus de pays plus froids, mais la rythmique se
complexifie au fur et à mesure sous une avalanche de blast beats rapides, mais qui sait faire
place à des frappes plus lentes lors des passages chiadés. Jouant à fond la carte du metal
progressif, le groupe lance "Opiate For The Masses". Si le son devient plus criard, nous
aurons droit à tous les éléments classiques du style, comme un break à la basse avec des
guitares en son clair, mais le son saturé reviendra avec le chant puissant de Craig. Plus
directe et agressive, "Bastards Sons Of Abraham" est une composition qui sait également
prendre le temps de lancer des parties plus épiques pour coller à une rythmique hachée et
un chant motivant. Ce titre est pour moi le plus poussé et représentatif du groupe à l’heure
actuelle.
Ne mettez pas le son trop fort pour le sample introductif de "Martyrs", ou vous risquez d’être
fiché S en quelques secondes… Pour le reste, la composition incite au headbang, et les
nombreuses harmoniques savent parfaitement repartir sur une rythmique black poussée,
avant de revenir sur des sons plus abordables pour un public non initié. A côté de ça,
"Godforsaken" est beaucoup plus calme, voire même planant par moments, avec toujours cette
voix gutturale massive qui nous mène lentement vers le prochain titre. Je peux me tromper,
mais j’ai l’impression que certaines influences doom sont ressorties sur ce titre, alors que
"Beyond Judgement" n’existe que pour briser des nuques et des genoux dans le pit. Après
une introduction très rapide, le groupe se concentre sur un peu plus de technicité, sans
oublier cette part de puissance brute qu’ils ont su incorporer à leur mélange pour un résultat
burné et très appréciable.Le dernier morceau de l’album, "Bringer Of Light", est également
des plus planants. Plus long que les autres, il permet au groupe de développer tout un
univers qui oscille entre des sons mystiques, puissants mais surtout réfléchis et saccadés. Si
j’accroche cependant moins au côté prog de l’album, ce titre reste excellent.
Alors que je connaissais principalement De Profundis pour leur réputation dans la scène
underground ainsi que pour la participation d’Arran et Soikot (sous le nom de Shoi Sen) à
l’album de Demonstealer, je me rends compte que leur entière discographie est une mine
d’or. Jamais dans l’excès, les musiciens excellent dans la maîtrise de leurs instruments, et
prennent un plaisir intense à étaler leur talent devant nous sans jamais passer par la
“branlette de manche”.
"Kingdom Of The Blind"
Note : 16/20
Il y a des groupes de petits malins qui aiment compliquer la tâche des chroniqueurs, je crois que De Profundis en fait partie. Son nouvel album "Kingdom Of The Blind" est du genre à ne pas pouvoir tenir en place, autant prévenir tout de suite qu'il va falloir vous accrocher un minimum pour suivre la chose.
Passé une petite introduction fort judicieusement nommée "Overture", on se prend "Kult Of The Orthodox" dans la face qui attaque directement avec du blast et un riff hérité tout droit de chez Dissection, pour embrayer ensuite sur un riff qui pue le black old school et primaire, puis des passages plus atmosphériques, des relents de death et des soli de guitares bien branlés, bref c'est le bordel d'entrée de jeu ! "Illumination" suit avec une intro bien technique et pesante à la fois, suivie là encore par du gros blast avec une basse fretless toujours bien présente et un feeling plus death mélodique cette fois. Bref, vous l'avez compris, De Profundis aime vous balader un peu partout sans ménagement, quitte à prendre le risque de vous perdre au milieu de la route. En tout cas, force est de constater que c'est toujours bien foutu et que si le niveau technique est plutôt élevé, le groupe ne tombe jamais dans l'outrance, on a toujours des riffs bien gras ou de bonnes mélodies pour accrocher l'oreille. Toujours est-il qu'il va falloir un minimum d'ouverture d'esprit pour apprécier ce "Kingdom Of The Blind" parce que même si De profundis n'invente rien, on trouve tellement de styles différents mélangés qu'il faut être assez éclectique pour en profiter pleinement. Paradoxalement, le format des morceaux est plutôt homogène, on tourne globalement entre 5 et 6 minutes pour un total de 51 minutes.
Et la qualité des compositions fait que l'écoute est plaisante plutôt qu'éprouvante, ce qui n'était pas gagné d'avance au vu du nombre d'influences présentes sur cet album. Le groupe sait où il veut aller et construit par conséquent de vrais morceaux cohérents et non pas des patchworks pondus à l'arrache histoire d'en mettre plein la vue. Et mine de rien (ou de crayon c'est selon), c'est plutôt balèze de réussir à créer une musique personnelle en puisant dans des recettes sonorités qu'on est habitués à entendre, parce que je le redis, si De Profundis n'invente rien on ne peut quand même pas comparer sa musique à celle d'autres groupes même si on identifie bien certaines influences. Je pense qu'il est facile de comprendre pourquoi je disais au début de cette chronique que De Profundis aimait nous compliquer la tâche, il est en effet bien difficile de poser une étiquette précise là-dessus et finalement ce n'est pas plus mal. Un morceau comme "All Consuming" se permet même un break bien jazzy avec une basse fretless bien mise en valeur et accompagnée par de la guitare acoustique. Alors certes des groupes qui pondent des sonorités jazz dans du metal en ce moment ce n'est pas ce qui manque, mais le côté assez gras et old school que De Profundis arbore assez souvent lui rajoute une certaine saveur qu'on ne retrouve pas souvent.
Au final, me voilà bien embarrassé pour vous résumer à quoi ressemble ce nouvel album de De Profundis ! Il mélange allègrement du gros death qui tache, du black, des sonorités jazz, un feeling old school, une basse fretless héritée du death technique des années 90, des passages acoustiques, bref il y a de tout là dedans. Ce que je peux vous dire par contre c'est que si le mélange des genres ne vous gêne pas outre mesure, vous avez là un bon spécimen, jamais barbant ni démonstratif et n'oubliant jamais en plus d'envoyer le bois comme un groupe de metal se doit de le faire !
"The Emptiness Within"
Note : ???/20
Me voici pour la première sur French metal sur la chronique d'un album autre que black metal. Le nouvel opus de De Profundis, groupe de death progressif.
Alors alors, voyons cela plus en détail. Passé une introduction mettant dans une ambiance plutôt étherique, le constat est fait. C'est effectivement du death prog. Pas de rentre-dedans façon old-school, ici les ambiances sont planantes, aériennes... Cet album s'écoute avec une certaine sensibilité, donc pas vraiment pour les gros bourrins. On s'éloigne également des riffs trop courants façon death mélodique caca-boudin.
Cependant, le côté planant de la galette a plutôt tendance à m'endormir. Je me suis peut-être un peu trop cantonné au metal vraiment extrème et incisif pour apprécier ce groupe à sa juste valeur. Voilà pourquoi j'estime ne pas être à même de mettre une note. Bon, un peu de positivisme, ça reste quand même sympa et tout. L'ensemble est très loin d'être mauvais, les fans de groupes atmosphériques recherchés devraient grandement apprécier. La basse est ardemment travaillée sinon, ce qui a le mérite d'être réjouissant. Les musiciens maîtrisent leur art, incontestablement. L'album est clairement intellectuel et donc surtout orienté pour des auditeurs initiés.
Pour ce qui est de la jaquette, elle est plutôt torturée, mais visuellement travaillée et certainement pleine de sens que je ne saisis pas d'emblée.
En bref, je n'estime pas vraiment nécessaire que je m'attarde plus longtemps sur cet album. Je peine à le chroniquer, sincèrement. Ce que je peux dire, c'est que les fans apprécieront la performance. Mais les amateurs de riffs vraiments agressifs et incisifs resteront largement sur leur faim. Du très bon travail, toutefois.
"A Bleak Reflection"
Note : 12/20
Avec un palmarès tel que celui là, on en vient à se demander pourquoi le groupe De Profundis n’est pas plus connu par nos contrées. Avant de rentrer dans le vif du sujet ce "Bleak Reflection", petit retour en arrière sur la genèse du groupe.
Créé en 2005, De Profundis nous vient d’Angleterre. A l’origine du projet, Craig Land le vocaliste et Romain Subbotin l’un des guitaristes. Après la sortie de leur premier album "A Beyond Redemption", De Profundis embarque alors pour une tournée en Angleterre qui s’achèvera en Inde aux côtés des vétérans d’Iron Maiden. Un véritable honneur pour le groupe et l’opportunité de jouer devant plus de 20 000 personnes.
Ouais bon plutôt génial pour le groupe mais musicalement parlant, De Profundis est très loin d’un Iron Maiden. Même si l’on peut compter de nombreuses lignes de mélodies sur ce deuxième opus du groupe, avec quelques bons solos bien ficelés, De Profundis officie définitivement dans le registre du doom metal. L’ambiance générale de ce "A Bleak Reflection" se fait lourde, pesante voire étouffante et ce grâce à un tempo qui nous traine lourdement et ces guitares qui semblent prendre le temps de la réflexion à chacun des riffs. Pourtant le titre "Nocturnal Splendor" démarre sur les chapeaux de roue nous offrant un blast (mollasson ?) en ouverture… vous l’aurez compris l’intensité retombe très vite mais en même temps c’est le style qui veut ça vous me direz.
L’une des caractéristiques marquante de cet album est cette basse ronflante ou ronronnante. Bien mise en avant, les mélodies de basse apportent une légère touche jazzy à ce "A Bleak Reflection" et ce côté hautain qui donne un certain caractère à cet album.
Avec une moyenne de 7 minutes par titres, les compositions du groupe sont variées ayant une véritable progression pour un album qui respire le professionnalisme et les influences bien choisies. Le titre "The Mourner" se rapproche grandement d’un Opeth. De très bonnes rythmiques, un chant guttural à souhait et des mélodies bien accrocheuses. D’ailleurs si le vocaliste nous gratifie de quelques chants criards façon black metal (je pense au titre "Crimson Black Bleeding"), le timbre de Craig Land se rapproche bien plus d’un Mikael Akerfeld au final.
Côté production il n’y a franchement rien à dire, mis à part la basse qui ne mériterait pas tant d’attention sur tous les morceaux, la production dessert parfaitement le doom metal progressif de De Profundis. Mais le doom n’est-il pas censé être dépressif ? Certes l’intro au violon nous offre ses mélodies les plus sinistres mais la plupart des morceaux insufflent bien plus une énergie positive que négative. Mais peu importe non ? Tant que la qualité est au rendez-vous !
Malheureusement je ne suis pas la mieux placée pour parler d’un album de ce style et pourtant je me suis quand même laissée séduire par quelques titres. "Cease To Be" est pour moi l’un des morceaux les plus sombres et profonds de cet album avec "Cold As Grave". Le titre "Crimson Black Bleeding" nous livre ses meilleurs passages rythmiques et mélodiques.
Pas très convaincue par le tempo assez lent de l’ensemble de cet album, je tenterai tout de même l’expérience en live au mois de Juin à Paris, affaire à suivre.
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