Le groupe
Biographie :

Descend est un groupe de death metal mélodique progressif suédois formé en 2003 et actuellement composé de : Andreas Lindström (guitare), Alex Wijkman (guitare / ex-Preach), Nima Farhadian L. (chant), Raul Vicente (basse / Hyperion, Rest Area Effect) et Emil Nissilä (batterie / Deathbreed, Aelyas). Descend sort son premier EP, "The Reckoning", en 2009 et signe chez Supernova Records pour la sortie de son premier album, "Through The Eyes Of The Burdened", en 2011. Le groupe rejoint ensuite Inverse Records pour la sortie de "Wither" en Janvier 2014. Le troisième album, "The Deviant", sort en Juin 2020 chez Aftermath Music.

Discographie :

2009 : "The Reckoning" (EP)
2011 : "Through The Eyes Of The Burdened"
2014 : "Wither"
2020 : "The Deviant"


Les chroniques


"The Deviant"
Note : 17/20

Vous aimez le metal extrême ? Le progressif aussi ? Ben ça tombe bien puisque Descent fait du death progressif et nous amène son troisième album, "The Deviant". Six morceaux pour quarante-neuf minutes, je pense que cela suffit à vous faire comprendre qu'il va y avoir des morceaux à tiroirs et que les ambiances seront maîtresses chez ces Suédois.

On ne va pas se mentir, la plus grosse influence de Descent s'entend assez vite et on se dit que les premiers Opeth ont dû tourner une bonne paire de fois. Cela dit, Descent ne donne pas dans la repompe et s'émancipe de cette influence assez forte plus d'une fois pour créer son petit monde. La courte intro "Avalin" ouvre l'album et en moins de deux minutes les mélodies sont déjà sublimes et le talent de composition du groupe se profile l'air de rien et "Blood Moon" suit en débutant avec un riffs déjà bien technique et une ambiance assez sombre. Si l'influence d'Opeth est bien là, le groupe se montre plus dur, plus sombre, plus agressif et son don pour pour poser des mélodies magnifiques contribue encore un peu plus à la démarquer. Il y a une mélancolie sur ce premier morceau qui vous saisit à la gorge et qui rend ces sept minutes trente aussi poignantes que mouvementées. Les structures et le rythme changent régulièrement, les passages acoustiques en voix claire succèdent à la furie des gros riffs de bûcherons et au chant arraché presque black de Nima Farhadian L.. Comme je le disais, les morceaux sont à tiroirs et il est fréquent de passer d'une ambiance à l'autre de façon totalement fluide qui montre que Descent maîtrise son art. Le jeu de Emil Nissilä à la batterie est bluffant de technique et de subtilité et contribue beaucoup à la finesse de l'ensemble. "The Purest One" nous met à genoux avec ces mélodies superbes une fois de plus et ces chants clairs masculin et féminin qui se marient parfaitement et apportent quelques rayons de lumière au milieu des gros riffs et des ambiances pesantes. De bons gros blasts viennent contrebalancer tout ça histoire de mettre tout le monde d'accord juste avant de balancer un solo de toute beauté sorti de nulle part !

Malgré la longueur des morceaux qui tournent entre sept et douze minutes, ce nouvel album de Descend ne connaît pas le moindre moment de faiblesse et chaque note, chaque riff, chaque ligne de chant est soit techniquement bluffant soit d'une beauté à couper le souffle. Si la fameuse influence citée plus haut est fortement présente plus d'une fois, le spectre sonore exploré par Descend est plus large que ça et "Lily" par exemple n'hésite pas à flirter très franchement avec le black metal dans ses moments les plus agressifs. "The Deviant" est tout simplement ce que l'on appelle du travail d'orfèvre ! Le boulot effectué sur un morceau tout en ambiances comme "Wallow" est monstrueux et les dix minutes passent comme une lettre à la poste en plus de nous décrocher la mâchoire toutes les trente secondes ! Entre les différents soli, les mélodies quasiment stellaires, tout est fait pour nous faire voyager loin, très loin et c'est réussi. Je n'ai pas l'impression d'avoir entendu parler du groupe plus que ça et vu la qualité monstrueuse de l'ensemble c'est assez étonnant, Descend mérite clairement d'avoir bien plus de visibilité. Peut-être que le fait que l'influence d'Opeth soit souvent citée leur porte préjudice et j'invite donc tous ceux qui se limitent à ça à aller écouter sérieusement "The Deviant" et ses deux prédécesseurs car Descend a bien plus que ça à offrir. J'ose espérer que la curiosité des métalleux ne va pas s'effriter pendant cette période où le live est absent, ne passez pas à côté de groupes comme celui-ci ce serait dommage de rater une grosse découverte alors que sa musique est à portée d'oreilles.

On dit souvent que le cap du troisième album est capital, Descend vient de le passer d'une main de maître en balançant un album sublime et maîtrisé à tous les niveaux. Oui, l'influence d'Opeth s'entend encore mais Descend va bien plus loin que ça et son talent de composition suffit à balayer les comparaisons d'un revers de la main. Alors n'attachez pas trop d'importance à ce détail et n'hésitez pas à écouter "The Deviant", il mérite toute votre attention.


Murderworks
Octobre 2020




"Wither"
Note : 16/20

Défraîchir, faner, sécher, décliner, dépérir... Tel est le sombre projet animant les Suédois de Descend au travers de leur récente sortie "Wither" (24/01/2014, Inverse Records) placée sous des auspices des plus ténébreux, des oracles des plus obscurs et mystérieux et développée près d’une heure durant, le long de cet opus des plus inspirés...

Cela commence avant tout par un histoire visuelle, celle de l’artwork. Ce dernier, réalisé par Emil Maxén, ne présente, à première vue, que peu d’intérêt, habillant sans réelle surprise, de la façon la plus conventionnelle qui soit, à grands renforts d’arbres morts, corbeaux et autres sinistres éléments codifiant le genre, le bijou se cachant dans ce triste écrin. Pas de réelle originalité donc, sur ce point-là, mais une réalisation malgré tout efficace, la sureté y gagnant ce que la fantaisie y perd, ce visuel reposé, ouvre, néanmoins, la porte de cet univers annoncé comme éthéré, sombre et mélancolique...

Vient ensuite le tour du contenu !... S’attarder sur l’illustration n’étant pas le but premier, nous allons donc nous abandonner au Monde de Descend, par le biais de "Confined By Evil", et nous y laisser conduire par une introduction respirant l’aisance et la modernité. Reposant sur un habile, contraste entre introduction/pont instrumental, éthéré et profond, et une reprise de voix sombre (balançant entre death réfléchi et black ambiant) ce titre d’ouverture se verra rapidmeent trouver assise et lourdeur. Ce morceau frappera par la maturité de sa composition, sur laquelle s’enchaînent riffs ciselés et rythmiques abrasives pour un résultat Melodeath d’une rare efficacité !...

La suite, "The Rancorous Paradigm", s’inscrira elle aussi comme la preuve de la maîtrise instrumentale de l’ensemble. Axée sur une introduction plutôt orientée prog’, cette dernière se voit revêtir des allures de "The Crusade" (Trivium) sur une vive accroche guitaristique. Le titre vibrera ainsi au travers de la technicité du combo nordique, à ceci près que la voix, elle, semblera peiner quelque peu à trouver son amplitude dans les graves, le phrasé et le souffle de Nima Farhadian L. (chant), laissant l’auditeur sur sa faim concernant une éventuelle vague de lourdeur vocale... Suivant la désormais ferme structure de cet opus, ce second titre laissera, par son outro filée sur le troisième morceau, glisser l’auditeur vers un nouveau «volet» ambiant issu des fertiles cerveaux du quintet avec "In Hours Of Dispair".

Entamant la piste par une simple boucle pickée mais si ingénieusement arrangée que la transition technique s’y fera de façon naturelle vers un titre profond, les fans de formations tels que Before The Dawn, ou encore Insomnium n’auront aucun mal à saisir (notamment sur les segments aériens, encadrant milieu et fin de titre, alliant voix clair et mélodie profondément réflexive) la portée melodeath moderne qui est souvent celle du groupe, et ce malgré de toujours légères mais présentes faiblesses vocales. Passeront ensuite les différenciants "Severance", à l’approche intensément plus death / technique (à l’instar de Bloodshot Dawn par exemple) et au risque rythmique plus évident à la vue du travail plus groovy et syncopé de certains échanges basse / batterie (respectivement Jonathan Persson et Justin Biggs), mais également : "Wither". Le reposant titre éponyme à la profondeur acoustique soutenue par d’ambiantes parties électriques, sera également assuré par une ornementation somme toute assez classique, mais permettant de rompre une nouvelle barrière d’expression, celle-ci sans besoin de saturation...

La suite n’en sera que plus éclatante, puisque vient le tour de "Diabolic" et "From Grace To Grave". Le premier se démarquant par de plus sombres intonations et un travail plus "malfaisant" facilement observable aussi bien sur l’introduction que sur les riffs structurant le titre ou même la voix (de façon plus générale), faisant évoluer l’auditeur vers un univers plus torturé mais amputé du panache qui était le leur jusqu’à présent. Le second, plus contrasté, nous parvenant à la suite d’une hypnotique dérive d’outro sur "Diabolic" et puisant sa force dans ses premières mesure teintées de folklore hispanique, suivi d’une évidente montée en puissance mais retombant légérement sur un phrasé et une gestion mélodique peut-être plus linéaire que ce qu’il était possible d’envisager avant de venir à bout de ces 8 titres... Mais voici désormais que "Sundown", titre semblant avoir été pensé pour que la voix s’imbrique sans encombre avec le reste de la réflexion mélodique, nous est présenté. Ultime pièce de cet opus, cette annonce du crépuscule synthétise les points forts de ce combo nous ayant déjà proposé un tel voyage rythmico-mélodique... !

La découverte "Descend" une fois consommée, faire état de l’ingéniosité, de la vigueur technique et de la puissance instrumentale déroulée par le quintet nordique paraît essentielle, seules resteront marquées comme ombres à cet album les quelques malheureux soucis d’amplitude vocale et de linéarité de certaines pistes. À noter également que la riche composition de ce "Wither", posée entre melodeath / progressif et technique-ambiant n’a, chose rare, pas été entachée par la présence d’affreux claviers trop souvent associés au genre !...

...Une intense découverte sur laquelle il fait bon rêver et dériver !


E.L.P
Février 2014


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/descendofficial